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Publié le 5 Juillet 2012

 Roman - Edtions Robert Laffont et Audiolib - 8h d'écoute - 21.90

 

 

Parution du roman le 29/03/2012

 

 

 L'histoire Andrew Stillman, grand reporter au New York Times, se fait assassiner le lendemain de son mariage quelque peu mouventé. Mais il reprend connaissance 3 mois plus tôt... Il a donc 3 mois pour changer le cours des choses et surtout, découvrir qui sera son assassin. Une intrigue pleine de suspens qui, des rues New York, nous entraine aussi au fin fond de la Chine et de l'Argentine.

 

 

 

tentatrice ; Chloé, d'Audiolib

Fournisseur : Audiolib, merci pour l'envoi.

 

 

 

 

 

 

 

étoile3etdemi

 

Mon humble avis : Les vieux adages ont la peau dure. Genre, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, ou ne jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau mais pour l'instant, je n'ai pas soif... j'en suis, avec ce roman, la preuve vivante.

Mes dernières lectures de Marc Levy m'avaient tellement déçue, que l'année dernière, je décidais de tourner la page sur cet auteur. Et puis voici qu'Audiolib me propose le dernier Levy en partenariat, et je dis oui, car j'aime les livres audio et me suis dit, tiens, une autre façon de lire l'auteur, donc peut-être de le ressentir.

Ah ah, bien m'en a pris car j'ai vraiment apprécié cette lecture écoute ! Je pense que le lecteur n'y est pas pour rien, car il met vraiment une vie vive dans ce roman, vie et rythme que ma propre lecture n'aurait peut-être pas apporté. Il faut dire que Michelangelo Marchese, dont j'ai déjà apprécié la voix dans "Le mec de la tombe d'à côté" (billet à venir), sait parler à son auditeur. Une voix grave et chaude. J'adore. Il m'a raconté une histoire huit heure durant. Franchement, en cette période de vacances, je recommande le livre audio à tout ceux qui : prévoient un voyage en train, en avion, des après midi sur les plages bruyantes. Difficile dans ces conditions de se concentrer sur un livre. Avec l'audiolib, en fermant les yeux, il est possible de se croire seul au monde au beau milieu d'une foule et d'être ainsi au calme, à écouter et suivre une histoire. Autre avantage de ce format sur la plage : pas d'ombre du livre sur le corps, donc bronzage intégral !

A propos de l'histoire, qu'ai-je pensé du nouvel opus de Marc Levy ? Bon, très bon. De tous petits bémols sur de toutes petites longueurs, sur une fin que j'aurais préféré autre (mais bon, c'est strictement personnel !) et parfois, un style qui se fait, en quelques occasions, un peu gnangnan et cassant ainsi le rythme. En effet, l'usage du terme "automobile" dans un dialogue entraîne chez moi un certain blocage de désuétude. Bagnole, voiture, auto, caisse, tire, carrosse, Fiat, Peugeot ou Ford, mais pas automobile Monsieur Levy ! Ca m'a vraiment fait drôle dans la bouche d'un personnage d'à peine 30 ans. De même, il me semble bien qu'un Scanner ne fait pas de bruit de martellement, par contre, un IRM oui, ç'est pire qu'un marteau piqueur.

Cela mise à part, cette histoire, à priori rocambolesque, est savamment construit, les personnages très humains, avec défauts et qualités, donc très attachants. Le suspens est double. Que va-t-il advenir de la romance entre Andrew et Valérie (bluette qui devient presque secondaire), et surtout, qui est le futur assassin d'Andrew. Alors s'il avait eu des pages, mon livre audio aurait été un page turner.

Dans ce roman, j'ai l'impression de retrouver en partie le Marc Levy "Des enfants de la liberté". En effet, sous prétexte d'une forme romanesque, l'auteur dénonce des fais avérés, historiques et graves. Il est en effet question de vol d'enfants par le gouvernement chinois pour les mettre à l'adoption et générer des devises... Et des conséquences sur les familles adoptantes lorsque ce scandal est révélé par la presse sous la plume d'Andrew Stilman. Puis, le journaliste est confronté à d'autres vols d'enfants, dans un contexte historique qui tend à disparaître de nos mémoires et que Marc Levy remet à sa juste place : La dictature Argentine de la fin des années 70, avec ses disparus, ses torturés, les mères de la place de Mai et ses tortionnaires impunis. Certains passages sont même durs à écouter. Alors franchement, je trouve que Marc Levy a ici écrit un livre qui peut réunir bien plus de monde, lecteurs à la recherche de livres léger pour les vacances mais aussi, lecteurs qui aime qu'on lui rapelle certaines vérités. Je pense que l'auteur pourra regagner certains lecteurs perdus, même si je ne me suis jamais inquiété pour ses ventes !

Dernières petites ou grosses questions soulevées dans ce livre... Les journalistes qui dévoilent des scandales (etc) sont ils en droit de le faire s'ils ruinent la vie de milliers d'innocents. Jusqu'où va le devoir de vérité de la presse.... Et autre question; s'il vous était donné la chance de revivre les événements, voire de les modifier, que feriez vous ? En tout cas, Si c'était à refaire, et bien je relirais (écouterais) ce livre sans hésitation !

 

 

  

 N'hésitez pas à consulter le catalogue bien fourni d'Audiolib !  http://www.audiolib.fr/

                                                                                  https://www.facebook.com/audiolib

 

  Et puis si la force de la persuasion n'a pas été assez avec moi, glissez votre prise de casque sur votre PC, fermez les yeux et écoutez cet extrait !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 27 Juin 2012

Roman - Editions Albin Michel - 455 pages - 22.30€

 

 

Parution en août 2011 - Rentrée litt septembre 2011

 

 

L'histoire : Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale de Sigmund Freud, Anny à Hollywood de nos jours. Toutes trois se sentent différentes de leurs contemporaines; refusant le rôle que leur imposent les hommes, elles cherchent à se rendre maîtresses de leur destin. Trois époques, trois femmes: et si c'était la même?

 

 

Tentation : La conférence de l'auteur à laquelle j'ai assisté

Fournisseur : La bib

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mon humble avis : Ce billet risque d'être court car ma lecture remonte à fin février et la vie fait que je ne le rédige que mi mai, soit 3 mois plus tard. Ce sera donc plus un billet souvenir et ressenti.

Je sais que j'ai adoré ce livre, que j'en ai fait un livre hérisson plein de petits post it avec des citations que j'ai recopiées. L'écriture d'Eric Emmanuel Schmitt m'a une fois de plus été douce,naturelle et soignée, poétique et imagée. Bref, une écriture qui me plait et me touche beaucoup.

Le livre m'a bouleversée à plusieurs reprises, tant je me suis sentie proche de ces 3 femmes, malgré nos différences sociales, culturelles et séculères certaines. Toutes 3 se posent des questions existencielles sur l'amour, la mort, la vie, leur devoir conjugal, la maternité, le regard et les attentes du monde sur elles. Alors, chacune va, à sa manière, tenter de prendre les choses en main pour rester maitresse de sa vie quitte a bousculer l'ordre préconçue ou même sa petite vie tranquille.

Anne, dans le Bruges de la Renaissance, est celle qui m'est la plus lointaine par son mysticisme qui par moment m'a dépassée. Hanna dans le Vienne de Freud, m'a fascinée avec sa découverte de la psychanalise et de son bien fait. Anny m'a émue, car elle vit dans mon époque. Nos difficultés ne sont pas les mêmes, mes les résultats se rapprochent, même si je ne suis pas une star Hollywoodienne, je partage certain de ses démons finalement.

Eric Emmanuel Schmitt, par ce livre, voulait montrer à quel point être une femme libre était dur, quelque soit la période, sachant que chaque époque a proposé ou propose, face au mal être, à la révolte ou à une certaine "hérésie", son remède : la religion à la Renaissance, la psychanalyse au 20ème siècle, et les solutions chimiques, légales ou non, au 21ème siècle.

Et moi, femme de mon époque, et bien j'avoue user des deux derniers remèdes, suite à une overdose du premier !

Schmitt admire la femme dans ce livre et lui offre un miroir à travers l'Histoire (qu'aurai-je été en ces temps là), et chaque époque est extrêmement bien décrites. Le cynisme et l'humour qui décrivent l'univers impitoyable d'Hollywood apportent des moments truculents.

Chacun des personnages devient bien plus complexes qu'aux premiers abords. Les 3 femmes prennent la parole, à leur façon, à tour de rôle au fil des chapitres, ce qui est parfois cruelle pour le lectrice que je suis et qui aurait bien lu l'histoire d'Hanna d'une traite, sans l'interrompre par le destin des deux autres. Mais, bien sûr, le destin des 3 se rejoindra... Surprise et fin sympatique, bien trouvée.

C'est un livre aussi passionnant qu'émouvant à lire. Et puis derrière chaque livre de Schmitt, il y a une bonne dose de philosophie qui donne toujours à réfléchir à son propre niveau. Une philosophie universelle, accessible à tous. Le chemin vers soi est long, est pas toujours confortable. Par contre, cette lecture est délicieuse et enrichissante, je ne peux donc que vous la conseiller.

 

 

 

 

 

« Oui, celle qui rédige ces pages ne sait plus quoi penser. Je crains d'être différente. Affreusement différente. Pourquoi ne puis-je me contenter de ce qui enthousiasmerait une autre ? » Hanna

 

« je ne sais pas être la femme que notre époque exige. Je peine à m'intéresser aux sujets de notre sexe, les hommes, les enfants, les bijoux, la mode, le foyer, le cuisine et... ma petite personne. Car la féminité ordonne qu'on porte un culte à soi, à son visage, à sa ligne, à ses cheveux, à son apparence. » Hanna

 

« Simple fillette égarée au pays des femmes et contrainte à mimer l'adulte, je vis dans l'imposture. » Hanna



 « Plus le prodige se reproduisait, moins il l'intriguait. La rareté crée le miracle, la répétition l'efface. » Anne.

 

« Pourtant, je comprends bien : une part de moi souffre. J'ai l'impression d'être une erreur. Une erreur complète. En fait, je ne me hisse à la hauteur de rien, ni de ce que la vie m'offre, ni de ce qu'elle attend de moi ». Hanna

 

«  Anny, le public t'adore pour l'histoire que tu lui racontes. Pas pour ce que tu es. » Anny



 « je suis gaie, oui, mais je ne suis pas heureuse. Les autres me considèrent comme une fille marrante, une fêtarde sans complexes, mais cette agitation cache ma vérité. Un maquillage. En général, les gens qui se badigeonnent de fond de teint dissimulent une vilaine peau. » Anny.

 

« Je crois que ma tristesse a un rapport avec l'amour. J'ai besoin d'aimer, d'aimer plus, d'aimer vraiment. J'ai l'impression que je n'y suis pas arrivée. » Anny


 « Avec le recul, il explique pourquoi Hanna ne s'accordait ni avec elle même ni avec les autres. Elle s'estimait toujours en situation d'imposture. Elle se voyait à distance, se blâmait, se condamnait »

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 15 Juin 2012

Roman - Editions Flammarion - 336 pages - 19.90 €

 

 

Parution : 16 mai 2012

 

 

 L'histoire : Noam n'a pas 5 ans lorsque sa mère est renversée par une voiture, devant lui qui courrait pour traverser le passage piéton. Un témoin dira "C'est la faute de l'enfant".

Cette culpabilité rongera l'enfant, l'ado et l'adulte qui, même s'il réussit sa vie professionnelle, lutte contre les cauchemars et son obsession de la mort, ne s'attache à personne, ou presque. Une vie sans but, sans sens, vécu ou plutôt subie au jour le jour

Jusqu'au jour où sa petite nièce lui glisse à l'oreille qu'il mourra du coeur en même temps que 5 autres personnes. Aidé de sa psychothérapeute et d'autres personnages qui feront leur entrée dans cette histoire, Noam se lance à coeur perdu dans une quête qui le mènera à Jérusalem, en Hongrie, aux Pays Bas... Pour trouver une réponse qui était si près...

 

 

 

 

 

Tentation : L'auteur of course

Fournisseur : Gilles Paris et Flammarion, merci pour l'envoi.

 

 

 

 

 

 

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Mon humble avis : Pas si simple que cela. Le pitch, la quatrième de couv et les hautes études que j'ai faites sur l'auteur (3 livres lus et 3 interviews), m'ont incitée à réserver ce livre pour mes vacances, me persuadant que ce serait la période idéale pour me glisser dans ces pages. Vacances, oui, mais tout dépend du style de vacances. Et là, je plaide coupable, j'ai réalisé qu'une croisière en catamaran aux Seychelles ne s'accordait pas du tout avec la lecture. De ce fait, je n'ai lu "Si tu existes ailleurs" qu'en dilettante, 10 pages par ici, 5 pages par là et n'ai pu alors en apprécier la substantifique moelle à sa juste valeur. Dans le train, dans le bus, dans l'avion ou sur le bateau, me manquait toujours le crayon à papier pour apporter mes petites croix dans la marge, ces croix qui me permettent de revenir sur les passages que je juge essentiel dans un livre. L'auteur m'excusera, car en contre partie, je lui ramène une bonne vingtaine de photos de son livre prises sur les plus belles plages du monde !

Toujours est il que sous une couv et un ptich d'apparence plutôt légère (que l'on peut trouver dans le livre si on le souhaite), se cache un livre profond qui amène le lecteur à de multiples réflexions sur sa façon de penser sa vie, de la mener aussi et surtout, d'appréhender la mort. Pour cela, l'auteur a recourt à différentes philosophies, croyances, religions, méthodes thérapeutiques officielles ou... parallèles. Des explications très enrichissantes mais jamais envahissantes sont données sur tout ceci. Et c'est là que je pêche, car passionnée par tous ces domaines, mon dilettantisme exceptionnel ne m'a pas permis de suivre correctement la cohérence et l'évolution du parcours de Noam.

C'est donc un livre à emporter en vacances, oui, mais en prévoyant le lire quasiment d'une traite !

Bien sûr, le personnage de Noam m'a touchée car il me ressemble. Heu non, c'est moi qui me trouve des similitudes en lui. Il a 35 ans, ne s'est remis ni d'un grave accident ni d'une rupture amoureuse, il travaille mais sa vie sentimentale, voire relationnelle se révèle désertique... Sans compter son obsession et sa peur viscérale de la mort. C'est à peu près tout moi sauf que j'ai 5 ans de plus et qu'à priori, je crains plus la souffrance que la mort (je parle par expérience de la première). Il s'agit d'être à un carrefour de sa vie, et de devoir prendre une nouvelle direction sans se renier afin d'accepter de vivre et d'aimer pleinement, sans peur et "sans reproche"

Thierry Cohen nous emmène donc dans une quête qui se déroulera dans une Jérusalem merveilleusement décrite, dans une famille hongroise où l'amour domine et à Amsterdam où... Mysticisme, logique, manipulation, où se trouve la vérité quand tout semble dépasser la raison ?

La romance est secondaire dans ce roman dont la question principale est presque : voudrions nous connaitre notre heure, et que ferions nous si nous la connaissions. Question presque aussi bateau que "Et si je gagnais au loto", sauf que Noam est véritablement confronté à cette situation et que cela change tout. Surtout que la prophétie de sa nièce lui annonce cinq morts simultanées, et qu'une jeune autiste désignera ces personnes... que Noam ira rencontrer. Le temps pressera-t-il ou pas ? Réponse en fin du livre !

On retrouve le sujet fétiche que l'auteur décline au fil de ces romans avec un certain degré de mysticisme. L'Amour. Universel, personnel, conjugal, filial, parental, amical. L'Amour comme solution. L'Amour comme évidence nécessaire.

Si tu existes ailleurs.... n'a pas bénéficié de ma concentration. Néanmoins, pour être honnête, je dirais qu'une lecture plus suivie m'aurait tout de même fait préférer les 3 premiers romans de Thierry Cohen.

 

 

 

TC Félicité 1

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 11 Juin 2012

Roman - Folio Editions - 111 pages - 4.60 €

 

 

Parution sous format poche : Décembre 2002

 

 

  L'histoire : Le narrateur est l'homme. L'homme qui sombre. Qui fait naufrage et qui dit pourquoi. Il le dit à sa fille d'à peine deux ans. Il lui explique la mort de sa mère, son travail, le monde, la société. Non, vraiment il n'en peut plus. Il a baissé le bras. Et si la lueur venait de l'inattendu ?

 

 

 

 

Tentation : Le sujet et l'auteur

Fournisseur : Ma PAL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

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Mon humble avis : Non, ce n'est pas un énième livre sur la dépression. Comme il y a 10 000 raisons de tomber en dépression, il y a moult façons de la vivre et d'y survivre et donc autant de manières de traiter le sujet. Philippe Claudel a choisi une version aussi bien intérieure qu'extérieure, presque factuelle et surtout le moment fatidique de l'abandon : plus envie de se battre. Le narrateur explique les raisons qui lui font baisser les bras, mais ne détaille pas la douleur. Il constate ce qui le rend étranger à lui même et aux autres. Comme s'il laissait au lecteur le soin de l'interpréter, de la ressentir, de l'imaginer en fonction de son être profond. D'ailleurs, il me semble qu'aucun personnage n'est prénommé dans le texte, ce qui permet à chacun de se l'approprier où d'y voir qui il veut.

Notre homme subit la vie comme un rouleau compresseur. Sa femme est décédée d'un accident de voiture, lui laissant leur fillette encore bébé à élever. L'extérieur l'agresse, que ce soit la vulgarité gratuite de notre société, la bêtise humaine, l'indifférence, et pire que tout la haine qui semble le caractère le plus naturel de l'Homme. Et son travail... Il supporte toute la sainte journée un collègue que l'on pourrait qualifier de bourrin. A eux deux, ils sont des hyennes. A l'hopital, lors d'un accident mortel ou d'un décès, ils appellent la famille. Leur rôle, par un procédé bien rodé : pousser la famille dans la douleur de la nouvelle a accepter le don d'organe. "Nous sommes là pour prendre aux morts et donner aux vivants" Notre narrateur est donc chaque jour en contact avec la mort. Pas de mort, pas de travail... Concept pas facile à vivre, surtout quand son collègue bâcle la mission pour aller supporter, en déguisement de supporter de foot, le PSG lors d'un match.

C'est un texte aussi violent que doux. Violent car presque froid dans ce constat incompris. J'ai lu sur certain blog que le narrateur était psychotique. Je ne le crois pas. Il est bien conscient de ce qu'il vit, il cherche juste une branche à laquelle se retenir.

Et doux car l'homme parle à sa fille, lui parle de ses caresses, de ses nuits de veille quand elle est malade, de ses premiers mots, de ses cuisses potelées, de ses rires. Mais elle est tellement trop jeune pour l'aider.

Cette confession se déroule presque en temps réel, même si l'esprit du narrateur voyage entre son appartement, un couloir de métro ou un bar pour revenir dans "le confessionnal". Où pendant 3 heures, son collègue et lui tentent de conduire "une cliente" effondrée par la mort de sa fille d'accepter le don d'organe. Notre narrateur sort du protocole, lâche prise, pète les plombs et alors, peut-être trouvera-t-il la main qui le relèvera.

Tout est dit avec un ton extrêmement juste. Mon seul bémol irait au personnage de la babysitter que je trouve bien trop déjanté et peu crédible. Car si j'étais parent, même usée jusqu'à la corde, je crois que jamais je ne confierais mon enfant à une fille aussi vulgaire, disjonctée, très peu clean et pas concernée du tout par son rôle.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 7 Juin 2012

Roman- Editions Livre de Poche - 272 pages - 6.50 €

 

 

Parution en poche en avril 2009

 

 

L'histoire : Mercredi 23 mai, Justine reçoit un appel. Malcom, son fils de 13 ans est à l'hôpital, dans le coma. Sur un passage piéton, il a été fauché par une voiture qui ne s'est pas arrêtée. Des témoins ont relevé une plaque d'immatriculation incomplète.... Alors que le coma de Malcom se prolonge, Justine n'a plus qu'une idée en tête.... Retrouver celle qui a fait ça (un témoin : elle avait les cheveux blonds) et comprendre pourquoi, pourquoi et comment elle a pu ne pas s'arrêter...

 

 

 

Tentation : L'auteur + ma PAL

Fournisseur : Ma PAL !!!

 

 

 

 

 

 

 

  

 

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Mon humble avis : Et bien il est mitigé. Bien sûr, le sujet est prenant et révoltant. La lâcheté des uns, la douleur d'une mère atteinte dans la propre chair par l'intermédiaire de son adolescent de fils, plongé sans un profond coma.

La souffrance de la mère, Justine est extrêmement bien décrite, tout comme celle de son mari, Andrew et la différence dans laquelle celles ci s'expriment, créant un espace de plus en plus béant entre eux. Chacun s'enferme dans son cauchemar qui est pourtant commun à l'autre. Et puis il y a l'entourage aussi... Celui qui réagit "comme il faut", et l'autre qui baisse les yeux pour ne pas affronter la détresse des blessés. Il y a la vie quotidienne, professionnelle qui prend tantôt l'aspect d'un refuge, tantôt celui d'un envahissement secondaire.

J'ai apprécié aussi la double nationalité francobritanique de cette famille, qui amène de l'espace, une autre langue pour dire l'indicible et qui explique encore un peu plus la disparité des réactions. Et puis cela donne quelques expressions anglaises bien placées (et dieu sait que cette langue m'est savoureuse) et des traductions de chanson que l'on fredonne souvent phonétiquement. Enfin, le personnage de la belle mère Anglaise m'a bien plu.

Pour l'instant, j'encense.... Alors... Alors voilà, c'est la mère, Justine, qui m'a agacée. Ses plaintes, ses doutes, ses révoltes, ses questions, même si légitimes, sont bien trop récurrentes dans le roman que j'ai donc trouvé très redondant dans son ensemble. Son lymphatisme a lâché mon intérêt. Non que je ne le comprenne pas, non que je le juge (toujours l'éternelle question de qu'aurais-je fait à sa place).... Mais la quatrième de couv, décidément souvent coupable m'annonçait "Seule contre tous ou presque, Justine veut découvrir la vérité, jusqu'au bout et à n'importe quel prix"..."Tatiana de Rosnay entraîne son lecteur dans un étourdissant suspens psychologique...". Et bien tout cela, je ne l'ai pas vu, pas ressenti, ce qui fait que je suis un peu restée extérieure à cette histoire, même si, évidemment, je n'étais pas insensible à la fin que l'auteur allait me proposer. D'ailleurs, là aussi... Il y a un coup de théâtre... Je l'ai vu tout de suite, ses conséquences me sont apparues clairement en une seconde, bien avant que les protagonistes ne saisissent l'ampleur de ce qui se passe devant eux. Cela n'ôte rien à l'horreur de la situation, mais cela n'a pas apporté pas beaucoup de frémissements à la lectrice que j'étais et qui reste partagée par cette sensation d'impatience, d'ennui malgré toutes les qualités que ce roman renferme.

Tatiana de Rosnay a fait bien mieux et refera bien mieux, j'en suis sûre. 

 

L'avis d'Esmeraldae, de Stéphie, de Lasardine

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 29 Mai 2012

Roman - Editions Pocket - 292 pages - 7 €

 

 

Parution en pocket en mai 2011

 

 

4ème de couv : Et si l'adulte que vous êtes devenu rencontrait l'enfant que vous étiez ? Enfant, il vole les ombres de ceux qu'il croise... et chacune de ces ombres lui confie un secret. Malgré lui, il entend les rêves, les espoirs et les chagrins de deux qu'il aime. Que faire de cet étrange pouvoir... ? Quelques années plus tard, le « voleur d'ombres » est devenu étudiant en médecine... Est-il encore capable de deviner ce qui pourrait rentre heureux ses proches, comme Sophie avec laquelle il étudie la médecine, ou Luc, son meilleur ami, qui voudrait changer de vie ? Et lui, sait-il où le bonheur l'attend ? Amour d'une mère. Inoubliable premier amour. Amour qui s'achève... Amitié longue comme la vie... Le voleur d'ombres est une histoire d'amour au pluriel.

 

 

 

 

Tentation : La 4ème + envie de légèreté

Fournisseur : Achat compulsif de moi même !

 

 

 

 

 

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Mon humble avis :La douceur de la couverture, la 4ème de couv, l'approche des vacances et l'envie d'un livre doudou furent autant d'arguments pour acheter ce livre et vite le glisser dans mes valises.

"Et si l'adulte que vous êtes devenu rencontrait l'enfant que vous étiez ? Enfant, il vole les ombres de ceux qu'il croise"...

L'introduction de cette 4ème était si prometteuse de rêve, d'un soupçon de paranormal, de rencontre entre l'adulte et l'enfant.... Je pensais retrouver l'originalité, l'onirisme, la fantaisie et le suspens des premiers Levy qui avaient été vraiment source de plaisir pour moi.

Comme vous le voyez, je m'exprime à l'imparfait.... A quelques passages près, ma lecture ne m'a pas captivée. Il y avait pourtant matière à une chouette histoire et bien non. Rien n'est exploité, approfondi, abouti. Aussi, j'ai lu une histoire d'une platitude assez agaçante, sans rebondissement, ni coup de théâtre final. Rien. Au point que la 4ème de couv m'est parue publicité mensongère (vous me direz, ce n'est pas une première). A part pléthore de bons sentiments, je n'ai pas trouvé beaucoup de vraies émotions, ni même la légèreté recherchée. Quelques jours après, j'ai l'impression que même l'auteur ne croyait pas plus que ça à son histoire pour ne pas l'avoir plus travaillée. C'est une suite d'ingrédients sensés efficaces (ceux de Marc Levy sont tout de même reconnus), sans sauce ni cuisson. Bref, je suis déçue et je pense que je vais reprendre ma distance envers Marc Levy. Autant en lisant le Musso de l'an dernier, j'avais décelé le véritable respect et le plaisir de l'auteur d'écrire pour ses lecteurs, autant ce voleur d'âmes me fait l'effet d'une imposture. En tout cas, il m'a franchement volé mon temps !

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 9 Mai 2012

Roman - Editions J.C Lattès - 186 pages - 16 €

 

 

Parution le 1er février 2012

 

 

L'histoire : Jocelyne est une femme simple qui mène une vie modeste à Arras. Elle est mercière, tient un blog de couture, son mari travail à l'usine, ses deux grands enfants ont quitté le nids familial. Et il y a les jumelles, ses deux copines coiffeuses qui la tannent pour qu'elle joue, comme elles, au loto.  Jocelyne cède... Et la voici à la tête d'une fortune de 18 millions d'Euros. Jocelyne garde la tête froide, fait la liste de ses besoins, de ses envies, de ce qu'elle a à gagner, de ce qu'elle a à perdre...

 

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : La bib

 

 

 

 

 

 

 

 

  

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Mon humble avis : Un véritable coup de coeur ! Comme j'aime ces livres très bien écrits, assez courts, qui pourraient presque nous parler de nous et nous faire changer d'avis sur nos certitudes !

Au début, l'histoire semble légère et Jocelyne nous est tout de suite sympathique. Son mari, Jocelyn, n'a pas toujours l'art et la manière, mais tous deux sont amoureux, même si la vie ne les a pas épargnés.

Et puis arrive les fameux 18 millions d'Euros gagné au loto. Et là, quelle intelligence de la part de l'auteur, car rien ne se déroule comme la logique le laissait deviner, même si un drame est difficilement évitable. Mais Jocelyne est une femme si intelligente, si sensée, si aimante, heureuse de ce qu'elle a. Une femme normale direz vous ? Je ne sais pas, en tous cas, une héroïne à priori banale de roman qui se déroule dans le Pas de Calais... C'est en fait une femme bien plus fine que la majeure partie d'entre nous, une femme d'esprit, mais une femme discrète et modeste.

Elle dresse tout d'abord la liste de ses besoins : un tapis de douche, deux poêles Tefal, un couteau économe, bref, que des petites choses dérisoires quand on est millionnaire sans y être habitué. Puis la liste des envies : une nouvelle couette, un billet pour aller voir sa fille à Londres, un petit poste radio.... Des petites choses toutes aussi dérisoires devant une telle fortune.

Que fera Jocelyne de cet argent, et que fera l'entourage de Jocelyne pourtant très discrète sur son gain ? Tout cela, vous le saurez en lisant ce livre magnifique qui rappelle que le plus important dans la viene s'achète pas : la santé, l'Amour.

Ce livre prévient des dangers de la richesse inattendue, du changement dans la vie, remet l'argent à sa place et les valeurs humaines au centre. Bien sûr, il n'empêche pas d'ouvrir la porte au rêve car quiconque lira ce livre dressera ses listes pourtant mille fois dressées dans des songes ou des conversations entre copines. Mais peut-être que ce livre modifiera un peu la teneur de la liste de chacun. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que l'argent, même s'il peut soulager les épaules, il ne remplit pas le coeur.

La liste de mes envies : un livre intelligent, parsemé d'humour et de drames, touchant, subtil et écrit d'une très belle écriture. Etonnant d'ailleurs qu'un homme ait pu se glisser autant dans le corps d'une femme rondelette qui se regarde dans le miroir... Une lecture bien plus qu'agréable, un petit bijoux d'émotions pour moi ! Et Jocelyne, un personnage qui restera en moi très très longtemps  !

 

 

 « Être riche, c'est voir tout ce qui est laid puisqu'on a l'arrogance de penser qu'on peut changer les choses. Qu'il suffit de payer pour ça."

 

"Détruire la liste des besoins et se dire ça y'est, je n'ai plus que des envies maintenant. Que des envies. Mais ça n'arrivera jamais. Car nos besoins sont nos petits rêves quotidiens"

 

"J'ai rêvé d'une histoire d'amour absolu, j'ai rêvé d'innocence, j'ai rêvé que j'avais des ailes, j'ai rêvé d'être aimée pour moi sans que j'aie besoin d'être bienveillante"

 

"Réaliser les rêves des autres, c'est prendre le risques de les détruire".

 

"Je possédais ce que l'argent ne pouvait pas acheter mais juste détruire"

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 3 Mai 2012

 

 

Roman - Editions Gallimard - 219 pages - 16.90 €

 

  

Parution en septembre 2011. Rrentrée littéraire

 

  

L'histoire : Fadila fait le ménage quelques heures par semaine chez Edith, dans le Paris huppé. Edith réalise que Fadila ne se sait ni lire ni écrire et entrevoit à quel point le quotidien de Fadila est compliqué dans ces conditions. Comment prendre le métro quand on ne lit pas le nom des stations, comment connaître le prix d'un aliment au marché, et comment remplir les papiers administratifs.... Alors Edith entreprend d'apprendre la lecture et l'écriture à la vieille marocaine. Elle s'arme de courage et de patience mais n'imagine pas un instant l'ampleur de la tâche qui l'attend. Et entre les deux femmes, c'est une toute autre relation qui va naitre, un relation où chacun rencontre l'autre et apprend à la connaitre, voire à la comprendre jusque dans un système de pensée on ne peut plus opposé.

 

   

Tentation : la blogo

Fournisseur : La bib

 

 

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 Mon humble avis : A force de lire, on en oublie que l'on sait lire. Et que ce n'est pas le cas pour tout le monde. Nous avons la chance de pouvoir lire pour le plaisir, quand d'autres n'ont pas ce don qui permet la liberté, l'indépendance et une vie quotidienne qui ne s'arrête pas au premier panneau routier incompréhensible. Le personnage du livre, Fadila, ne peut prendre le métro : elle ne sait lire ni les directions, ni le nom des stations. "Avec le bus, c'est mieux, j'reconnais mieux les chiffres"

Les amandes amères m'ont passionnée, captivée, touchée et interrogée sur par mal de choses.

Edith entreprend d'apprendre la lecture et l'écriture à Fadila, sa femme de ménage marocaine de 65 ans, dont le français est déjà parfois à peine compréhensible. Les démarches entreprises par Edith sont extrémement bien décrites et expliquées et son investissement force le respect. Elle recherche la bonne méthode, se renseigne, tente de trouver des cours d'alphabétisation. Finalement, c'est chez elle et entre elles deux que l'apprentissage se fera. Il sera long, laborieux, et même décourageant. Le résultat au bout de 18 mois est hallucinant. Et pourtant, Edith ne se décourage pas, ne perd pas patience. Car Edith découvre surtout Fadila et son histoire. Mariée de force à 14 ans au Maroc, battue, puis vendue à un autre mari etc... Et une vie en France dans une chambre de 4m² où tout est si étroit que Fadila a des crises d'angoisse. Edith apprend aussi les us et coutumes des relations familiales dans les familles maghrébines. Car Fadila n'est pas seule, elle a 3 enfants en France avec elle. Et pourtant, elle souffre d'une solitude effroyable. Fadila en vient même à surprendre Edith par des propos butés, extrémiste, intolérants qui la poseraient plus dans les rangs de la droite très à droite quand dans les rangs de gauche. Et pourtant, beaucoup de clairvoyance aussi de la part de Fadila sur "l'eden" que représente la France pour les prétendants à l'immigration. Les Amandes amères offrent donc un oeil et la parole à une de ces femmes émigrées, un regard sans complaisance mais très surprenant. La relation entre les deux femmes est donc très intéressante, même si je ne la qualifierais pas d'amicale comme le fait la 4ème de couv. Elle est faite de respect, d'attachement, de curiosité, d'apport mutuel.

Mais revenons en au sujet principal du livre : l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Fadila est très peu réceptive car elle n'a jamais été à l'école de sa vie, donc ne s'est jamais trouvée en situation de répétition, d'apprentissage, de récitation, de recopier. Alors d'une semaine sur l'autre, Fadila oublie ce qu'elle a appris. Elle ne reconnait pas les lettres. Ecrire son prénom lui prend des semaines. Alors oui, dans le livres les situations se répètent beaucoup. Certains pourraient y voir des longueurs. Et bien non, ces répétitions sont juste du réalisme nécessaire, pour faire comprendre au lecteur le temps, les semaines, les mois nécessaires pour apprendre quelques mots à quelqu'un.

Je suis sortie de ce livre bien sûr bouleversée et bien remuée mais surtout, admirative pour 4 personnes.... L'auteur pour son talent.... Edith pour sa patience.... Fadila pour son courage tout au long de sa vie difficile.... Et pour mon petit cerveau qui, il y a longtemps, a réussi a apprendre à lire et à écrire et qui me permet de partager tout cela avec vous !

 

 

 

L'avis de Gambadou, Clara, Antigone

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 21 Avril 2012

 Roman - Livre de poche Editions - 253 pages - 6 €

 

 

Parution en poche en août 2007

 

 

 

L'histoire : Dans les années 50, Jacques, écolier de 12 ans, n'est pas comme les autres. Il est bègue. Des mots se refusent à lui, sont trop violents à prononcer... Avec son ami de coeur Bonzi, il cherche par tous les moyens à guerir. Quitte à goutter toutes les herbes des environs, à croire son père disparu, à inventer des mensonges qui le dépasseront, qui l'obligeront à se dépasser avec l'aide bienveillante d'un instituteur lui aussi, pas comme les autres.

 

 

 

Tentation : Un auteur et une histoire qui ne pouvaient que me toucher

Fournisseur : Ma CB, au salon de Rennes, avec une dédicace magnifique, mais que je garde pour moi !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

étoile3etdemi

 

 

Mon humble avis :Parfois, quand on lit un livre, on ne visualise rien ou l'on se crée un univers de toutes pièces, mais au plus proche des descriptions données par l'auteur sur les paysages, les personnages... Dans le Petit Bonzi, celles ci n'affluent pas, où restent discrètes. Mais dans mes yeux, je voyais des clichés de Doisneau et dans mon coeur, il régnait une atmosphère "à la guerre des boutons".

Le Petit Bonzi est le premier roman de Sorj Chalandon, un premier roman qui annonce déjà le sublime de la suite. Une histoire qui raconte déjà de l'homme lui même, celui qui s'est dissimulé dans Retour à Killibegs, pas là où il s'y est posé officiellement. L'auteur s'est inspiré de sa jeunesse : le bègue, c'est lui. Le père violent, c'est le sien. Le reste est littérature. Et quelle littérature ! Pas comme les autres. Poétique déjà ! Une littérature où les mots ont une importance capitale, où le style mêle adroitement les pensées et les ressentis d'un enfant et le talent d'un adulte pour rendre ce récit cohérent, rythmé. L'auteur est là pour montrer ce que l'enfant ne voit pas, pour aider le lecteur à déduire sans forcément prendre la parole et sans trahir l'enfant qu'il était. Oui, une écriture singulière où il m'a fallu prendre mes marques : ce n'est pas l'enfant qui parle et pourtant l'auteur homme semble tout de même s'effacer devant l'enfant... En fait, ça y'est, j'ai les mots de mon impression. L'auteur met en scène (il ouvrit la porte etc...) et l'enfant parle à travers le stylo de Sorj Chalandon quand il pense, regarde, craint, espère. Suis-je plus claire ? Si non, lisez le livre, si oui, lisez le aussi !

Le sujet maintenant.... Jacques est bègue. Les mots ne veulent pas sortir. Il n'y a qu'avec son copain Bonzi qu'il ne bégaie pas. Ces parents ne semblent pas s'en préoccuper plus que ça. Alors, on suit Jacques et Bonzi dans leurs rêves, leur quête de l'herbe qui guérit. Et l'on découvre avec émotions les efforts secrets que réalise ce petit gamin. Il s'exerce devant la glace à prononcer des mots compliqués. Il tient un cahier qu'il complète avec des mots de rechange qui contiennent moins de Pppp, bbll, ttttrrrr. Moi, ça m'a remuée tout au fond. Car il y a 3 ans, j'ai souffert soudainement de gros troubles de langage et parfois, ou systématiquement suivant les situations, ceux ci me reprennent, avec moins d'intensité bien sûr, mais tout de même. Et je sais quand ils vont venir pour dire sans doute "fragile, à manier avec délicatesse", ou " A peur", ou "n'en peut plus, panique à bord".

Autre intérêt de ce roman : une plongée dans les années 50, dans le monde de l'enfance (ses rêves, ses rivalités, ses bêtises, ses mensonges, son imagination), et de l'école d'alors. Une école de garçon. Et un instituteur qui aime tout ses élèves, ne montre aucune préférence, mais garde un oeil prévenant et protecteur sur les plus faibles, sur Jacques, entre autres. Et son salut, Jacques finira par lui devoir dans un final haletant, qui noue le coeur, tant on craint pour l'un, tant l'autre nous éblouit par sa hardiesse et altruisme, sa bonté, son sens du devoir...

Un livre qui vient du coeur, qui dit sans doute tout ce que l'enfant n'a pu dire à l'époque, mais avec pudeur et délicatesse. Un ancien bègue qui a sans doute appris de ce fait à dire l'essentiel, à ne pas dire les mots de trop, à ne pas mettre de mots sur ce qui se devine. Alors faisons comme lui, n'en disons pas plus...

Un livre très encourageant aussi. L'auteur était cet enfant bègue. Quand on voit l'homme, le journaliste et l'auteur qu'il est devenu, il peut être un exemple très convaincant de victoire contre les troubles du langage qui emprisonnent tant d'enfants et leur famille.

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 17 Avril 2012

Roman - Editions Arléa - 189 pages - 18 €

 

 

Parution le 5 avril 2012 - Nouveauté.

 

 

 

L'histoire : Clarisse se retrouve dans un avion, direction Houston puis Tucson en Arizona. C'est la première fois qu'elle s'éloigne de son mari et de son fils pour des raisons autres que professionnelles. Elle doit régler, pour son père, une histoire d'héritage d'un membre lointain de la famille. Pour tromper sa peur et son ennui, Clarisse parle de tout, de rien, à son voisin : Léonard. A l'arrivée à Tucson, il fait si chaud, tout lui est inconnu, il fait si chaud, et tout autour, ce désert....Ailleurs, on est autre. Va-t-elle rester debout et solide ou fondre et devenir poussière.

 

 

 

Tentatrice : L'auteure (Auteure également de Manhattan)

Fournisseur : L'auteure et les éditions Arléa, merci pour l'envoi

 

 

 

 

 

étoile3etdemi

 

Mon humble avis :Cette fois ci, Anne Révah raconte une histoire à la 3ème personne du singulier. Elle n'est plus la narratrice qui ressent, mais l'oeil extérieur qui observe, déduit, décrit. De ce fait, ce roman est moins intimiste que son précédent (Manhattan).  D'ailleurs, je dirais que l'histoire en elle même est relativement secondaire et assez fréquente dans le fond. Elle est en fait prétexte à étudier minutieusement l'intime, donc l'unique, de personnages ordinaires. Et comme dans Manhattan, Anne Révah s'intéresse à la fragilité derrière la force apparente. Est-ce son sujet de prédilection ??? Nous verrons, deux romans, c'est trop peu pour encore pour qualifier et "classifier" oeuvre et sujets chez un auteur.

Clarisse est dans l'avion lorsqu'elle réalise qu'elle a perdu (comme à son habitude) son téléphone portable, son cordon ombilical avec son fils et son mari. Son mari qui est son tout, son repère, son assurance, son miroir, son rocher... Alors pour combler ce vide soudain et ce vide aérien de 10 km sous ses pieds et qui l'angoisse, Clarisse fait tout pour entrer en contact avec son voisin de siège, Léonard. Comme moi, sauf que quand je prends l'avion, c'est par curiosité, pour savoir qui j'ai à côté de moi et quel enrichissement je peux en espérer. Et j'avoue que dans les premiers temps, Clarisse m'a plutôt exaspérée à toujours se plaindre d'être loin des siens, de la chaleur, de ne pas pardonner à son mari de ne pas être frais comme un gardon quand elle l'appelle à 1h du matin heure de Paris. Je l'ai trouvé plutôt capricieuse. Et puis.... Et puis il y a l'Arizona, le bout du monde, la chaleur, le décalage horaire, l'ailleurs, le bouleversement climatique qui vous change autant un homme qu'une femme....

Anne Révah développe alors tous ses talents et force est de constatée que son héroïne me ressemble de plus en plus dans ses angoisses, ses interrogations, ses craintes, ses réflexions. En fait, on a l'impression que Anne Révah s'est saisi d'une loupe et étudie un grain de sable du désert, deux ou trois même. Elle décrit admirablement l'infiniment petit, le minuscule, l'invisible mais qui pourtant est, qui pourtant nait. L'attraction entre deux êtres qui n'en sont pas conscients. La genèse, le primitif d'une évidence. Et pour qu'il y ait naissance et épanouissement d'une évidence, et bien ici, c'est au détriment d'une autre certitude, abîmée par la distance, par un autre regard... Clarisse en veut à son mari... C'est ainsi que l'auteur commence son analyse de la fin d'un tout, de l'immense : L'amour. Anne Révah relève les premières fissures de la forteresse qui vont peu à peu mener à l'écroulement de l'édifice. Et pour cet aspect là du livre, Anne Révah utilise de nouveau l'écrit... Pas le livre ! Mais l'écrit que Léornard, écrivain à ses heures libres, a tendu à Clarisse en quittant l'avion. Presqu'une lettre en fait (point commun avec Mahattan)Dans ce texte, Léonard y écrit une histoire d'amour ou plutôt le détricotage d'un amour, dès son premier indice.

Ce n'est pas tant l'histoire qui m'a touchée dans ce roman, mais  l'exploration de l'infiniment petit en amour comme en désamour et finalement, le personnage de Clarisse qui s'était attaché à son mari comme à un rocher, pour ne pas dériver. L'écriture est sublime et soignée, pas si éloignée m'a-t-il semblé de celle de Régine Détambel ou Carole Martinez. On y sent en tout cas la même qualité de travail, le même soin, la même obsession de ce mot et pas un autre malgré moult essais. La justesse des émotions et les détails dans leurs descritptions sont admirables. Je suis très peu douée pour décrire et détailler le ressenti d'un personnage et ses interprétations, aussi, j'aime ce don trouvé chez les auteurs que je lis.

Pour le reste, je ne vous en dit pas plus, sinon, je raconterai le livre. Par contre, je peux dire la fin, puisqu'elle vous appartient. Oui, Anne Révah tend la plume au lecteur qui choisira la direction !

En tout cas, si Anne Révah garde le même cap et la même qualité d'écriture, nul doute que son nom se faufilera de plus en plus dans vos lectures (livres, magazines, articles). Je pense qu'Anne Revah est un pôle magnétique pour celles et ceux qui aiment la belle littérature.

 

 

"Gabriel devait tout entendre. S'il lui prenait de faire remarquer à Clarisse, même affectueusement, qu'elle était en train de se plaindre, elle ne comprenait pas ce qu'il voulait dire, ce n'étaient pas des plaintes. C'était son état, la vie en elle, ses détours, et toutes ses sensations dont elle ne savait que faire..."

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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