Publié le 12 Avril 2014
BD - Editions Casterman - 1044 pages - 17.00 €
Parution : le 29 mai 2013
Le ptich : De nos jours, une jeune femme se suicide dans son appartement… mais ce n’est que le début de son histoire. Sous le regard d’un chat complice, manifestement capable de continuer à la voir, elle se met à hanter l’immeuble où elle a vécu, témoin involontaire mais intéressé du quotidien intime de ses anciens voisins
Tentation : L'auteur
Fournisseur : Ma CB, pour mon anniv'
Mon humble avis : Je me suis offerte cette BD en sortant de ma rencontre avec l'auteur Guillaume Sorel, le jour de nos anniversaires ! Nous avions évoqué durant celle-ci cet Hôtel Particulier, Guillaume Sorel précisant que c'était sa BD la plus personnelle.
Une couverture en couleurs, un intérieur en noir et blanc, avec parfois l'impression de sépia. Le graphisme est somptueux, soigné, j'y reconnais maintenant le pinceau de l'auteur ! L'absence de couleur accentue l'atmosphère mystérieuse régnant au fil des planches. Et puis les saynettes étant principalement vécues de l'au-delà, le noir et blanc se révèle vraiment propice à cette histoire de fantôme.
On retrouve le chat qui figuera aussi dans le Horla, qui n'est autre que feu le chat de Sorel lui même. Le chat, qui perçoit ce que l'humain ne voit pas... Parce qu'il est un mystère lui même depuis la nuit des temps, et parce qu'il erre discrètement un peu partout !!
L'immeuble où vivait Emilie, cette jeune femme qui se suicide dans les premières pages, semble on ne peut plus banal. Pourtant, au fur et à mesure qu'Emilie, invisible, s'invite chez ses anciens voisins, et bien l'on réalise qu'il n'est occupé que de gens particuliers. La symbolique est assez forte. Guillaume Sorel semble nous dire que si l'on prend le temps de se pencher sur chacun, on remarque que personne n'est commun. Ainsi, nous découvrons un homme qui invite chaque soir à sa table d'illustres personnages de la littérature ou de l'Histoire, un peintre malheureux qui cache ses biens dans une armoire secrète pour leur éviter l'huissier, un couple soit disant adultérin mais avec un mari mateur, une vieille folle qui met les chats dans une casserole... Bref, finalement tout un petit monde bien étrange, qui vit côte à côte sans ce soucier de l'autre tant que celui ci ne le dérange pas.... Tiens tiens, cela résume bien notre "art" de vivre au XXIème siècle...
Le sujet principal cette BD, c'est bien sûr le miroir. Le miroir dans lequel a plongé Alice, le miroir sans teint, le miroir qui nous renvoie notre image et l'image que les autres nous donnent d'eux même, voire de nous. Des images à chaque fois biaisées. Je pense que dans cet oeuvre, Guillaume Sorel nous dit d'une façon originale, poétique et à renfort d'allusions littéraires, qu'il ne faut pas se fier aux apparences, voire qu'il faut ce méfier de notre façon de les interprêter.