LA PETITE COMMUNISTE QUI NE SOURIAIT JAMAIS, de Lola LAFON
Publié le 16 Mars 2016
Roman - Editions Audiolib - 7.41H d'écoute - 22.90 €
Parution en audiolib : juin 2014
L'histoire : 1976 ! J.O de Montréal ! Le monde découvre Nadia Comaneci ! Le jeune gymnaste roumaine défie la loi de gravité et pulvérise tous les records, au point d'affoler les ordinateurs.
La narratrice revient sur ce destin extraordinaire, entre médailles et sacrifices avec, en fond géopolitique, la Guerre Froide.
Tentation : Blogo, médias, le sujet
Fournisseur : Sylire, merci pour le prêt
Lu avec excellence par Chloé Lambert
Mon humble avis : Petite et ado, je rêvais secrètement de ressembler à ces jeunes gymnastes, qui semblent pouvoir faire ce qu'elles veulent de leur corps. Hélas, raide comme un piquet, le simple grand écart restait pour moi l'inaccessible étoile ! Il n'empêche, 30 ans plus tard, ces athlètes sont celles qui me fascinent le plus et toujours autant... rendant ce roman incontournable pour moi.
La petite communiste qui ne souriait jamais m'a donc passionnée, qui me permettait d'entrer dans les coulisses sportives et humaines de la gymnastique de haute volée, voire de haute voltige !
Certes, il y eu des longueurs lors de mon écoute, des passages qui me semblaient répétitifs, et quelques égarements chronologiques, mais pas en suffisance pour gâcher mon plaisir.
Lola Lafon, que l'on peut facilement imaginer comme la narratrice de cette histoire, use d'un procédé littéraire bien particulier : Alternance du fruit de ses recherches d'archives presse écrite, télé etc ; de vérités historiques et de dialogues téléphoniques totalement imaginés entre elle-même et Nadia Comaneci. Lors de ceux-ci, la narratrice interroge Nadia, afin de démêler le vrai du faux, d'éteindre des rumeurs désobligeantes, et d'avoir la version (même si imaginée) de la championne. Ainsi, par ces interrogations, Lola Lafon pose des questions "à voix haute" qui s'adresse à chacun de nous, sur la vision des femmes dans notre société et notamment dans le monde du sport, sur l'enfance "gâchée" aux yeux des autres, sur les choix individuels ou collectifs, sur le surmédiatisation et l'acharnement médiatique, sur le courage, sur la passion, sur le dévouement, sur le surpassement de soi, sur ce que l'on fait de la liberté une fois celle-ci acquise alors que l'on n'est pas né sans !
Il est bien évidemment question de l'instrumentalisation de ces jeunes génies au nom d'une marque, d'une idéologie, d'une nation. Car bien sûr, à l'époque, la jeune Nadia Comaneci faisait figure de modèle pour la jeunesse communiste et était le porte-drapeau de la Roumanie de Ceaucescu. On n'imagine plus l'impact qu'eurent les exploits de Nadia tant à l'Est qu'à l'Ouest dans l'entrainement des sportifs et les rêves des petites filles d'alors.
Toutes les questions (et les réponses) qui sont levées ici sont donc soit intéressantes, soit passionnantes, vous n'avez que l'embarras du choix. Il n'empêche que les informations données sur le contexte historique de la guerre froide sont une bonne piqûre de rappel et parfois aussi un bon enseignement, car je crois que nous autres occidentaux de notre époque, nous ne pouvons imaginer ce que fut la vie quotidienne sous ces régimes communistes de l'Est.
Enfin, tout au long de cette lecture, on ne peut que se révolter contre la condition des femmes dans le monde, qu'il soit sportif ou autre. Car pour réussir, ces jeunes filles étaient soumises à des privations alimentaires ahurissantes. Mais surtout, sitôt que leur puberté s'annonçait, elles recevaient dès lors des injures (grosse vache and co pour 40 kg toutes mouillées), les regards et l'intérêt se détournaient d'elles sitôt qu'elles étaient réglées. Bref, le monde attendait d'elles qu'elles restent des petites filles parfaites. Et le pire, c'est qu'il l'exige encore... au cinéma, dans la mode etc...
Bref, un roman avec tant de richesses qu'il est impossible de toutes les énumérer sur un simple billet !
Je vous invite à cliquer sur ce lien pour revoir les exploits 1976 de Nadia Comaneci