LA RIVALE, d'Eric Emmanuel SCHMITT
Publié le 23 Avril 2024
Roman - Editions Albin Michel - 144 pages - 16.90
Parution le 27 septembre 2023
L'histoire : Enzo, jeune mélomane et guide touristique à Milan, rencontre accidentellement, dans la Scala, une très vieille dame, une certaine Carlotta Berlumi. Alors qu'ils se retrouve régulièrement pour partager un verre et un moment, Carlotta lui évoque son passé... Elle était bien meilleure cantatrice que Maria Callas, qui bien que sans talent, fut sa rivale toute sa vie et ruina sa carrière... Vraiment ?
Si si, tout le monde le disait à l'époque... "Bientôt, plus personne ne se souviendra de la Callas..."
Tentation : Envie d'un Schmitt
Fournisseur : la bib de St Lunaire7
Mon humble avis : Mes lectures d'Eric Emmanuel Schmitt me sont toujours des parenthèses agréables, douces, qui mènent à de belles réflexions philosophiques, comportementales ou sociétales. Même si ce court roman ne m'a pas transportée, j'y ai passé un très bon moment.
Il faut que j'avoue tout d'abord que je n'y connais rien à l'opéra, certes, je sais qui est la Callas, mais ma culture, mon intérêt, ma sensibilité ne vont pas plus loin. Aussi, je pense que les mélomanes pure souche trouveront un délice supplémentaire dans ces pages.
Car à travers ce "duel" entre deux divas, Eric-Emmanuel Schmitt nous en dit beaucoup sur la nature humaine
Je mets bien des guillemets à "duel" car il semble bien qu'il n'y ait eu qu'une participante à celui-ci, l'autre, Maria Callas, traçant à priori sa route sans s'en préoccupant. C'est donc les conséquences de la rivalité et de la jalousie qui sont ici développées... la haine qui devient si fortes qu'elle n'est plus qu'obsession, centre de la vie, et presque moteur. Cette haine qui se transforme en mauvaise foi perpétuelle. Cette haine qui ôte tout discernement, toute autocritique. Le sujet de cette haine devient le bouc émissaire jugé coupable de chute du jaloux. L'aigreur ne mène à rien de bon.
Car oui, c'est bien sa haine de Maria Callas qui ruinera la carrière de Carlotta Berlumi et sa plongée dans les limbes de l'oubli, alors que sa rivale brille encore au dans le firmament.
J'ai apprécié aussi la mise en abyme d'un portrait de la Callas dans cet ouvrage bien documenté sur le milieu et les pratiques de l'opéra. Et l'affrontement entre deux visions du chant lyrique. L'un très classique, l'autre qui apporte de la nouveauté, du jeu d'actrice en même temps que le chant. L'une se repose sur ses lauriers, l'autre travaille sans cesse pour grandir. L'une qui produit le contre ut, l'autre qui en est incapable.
Bien évidemment Carlotta, qui devient très vite détestable mais somme toute bien amusante dans sa mauvaise fois, est un personnage fictif.
La fin est assez jubilatoire ! Une façon originale et agréable de rappeler la vie et la carrière de Maria Callas. A ne pas bouder !