Publié le 19 Février 2025
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Je mets ce blog en pause pour une durée interminée, le temps de sortir de l'enfer qu'est devenue ma vie depuis un mois, depuis l'agression du berger allemand de mes voisins dont j'ai été victime sur mon paillasson. Ma vie se retrouve dans une impasse totale et inédite dont je ne sais comment me sortir, et pourtant, des épreuves, j'en ai eu dans ma vie. Le pire dans tout ça, c'est que, alors j'ai consacré plusieurs années de ma vie à la protection animale et à promener tous types de chiens à la SPA, je ne pensais pas qu'un jour mon pire ennemi et ma terreur serait un chien...
J'ai vécu 4 gros problèmes de santé qui ont bouleversé ma vie dont un qui l'a complètement reconfiguré.... Mais ma vie, je l'ai reprise, apprécié et croquée plus ou moins à pleines dents, selon les périodes et les écueils. Parce que les maladies, c'est du pas de chance, c'est de la faute de personne. Et qu'une fois remise et soignée sur le long court, le danger s'écarte ou alors, il est vite pris en compte par les services hospitaliers. Alors que là, il est quotidiennement près de moi.
Pour l'instant, je n'arrive plus à lire, à me concentrer. Je n'ai plus envie de rédiger des billets avec des points d'exclamation, de belles émotions, des pointes d'humour et tout le toutime, de faire croire que la vie continue et que tout va bien alors que non. La seule chose que je parviens à faire, c'est de trier mes photos et en poster quelques unes chaque jours, c'est un de mes rituels, de mes repères journaliers. Et j'ai eu plaisir à en prendre quelques unes dans le quartier de ma mère, chez qui je suis allée passer deux nuits, et lors d'une balade familiale à 1.5 km/h dans un Cancale quasi désert.
De même dans la vraie vie, quand on me demande comment ça va et que je réponds que ça ne va pas, je sens bien la motivation d'en face se fissurer. Pour avoir sa place dans le monde, il faut sourire. Que ce soit à l'oral ou à l'écrit. Si je dis vraiment le fond de ma pensée, je deviens chiante... Donc je donne le change, mais ça aussi, je n'en peux plus.
Certes, la cicatrisation de mes plaies se passe bien. Certes, je récupère un peu de capacité de marche, mais cela m'épuise vite, et en gros il me faut une demie heure pour faire un trajet de 10 mn. Mes journées à sillonner la nature ne sont pas pour demain.
Et depuis un mois, je dépends des autres pour tout déplacement. Donc je ne fais pas tout quand j'en ai envie ou besoin, puisqu'il faut que les autres soient dispo. Ma vie est donc complètement déréglée.
Et il y a surtout que c'est la boule au ventre que je sors de chez moi et rentre chez moi... De peur de croiser le Berger allemand près de mon immeuble, dans l'ascenseur, sur mon palier. Alors qu'indépendamment des autres, je pourrais aller marcher tout doucement dans mon quartier, je ne le fais pas, pour cause de boule au ventre. Cette dépendance d'autrui et ce manque de liberté sont on ne peut plus contraires à mon caractère et mon comportement.
Et puis il y a la colère parce que malgré mon dépôt de plainte à la police nationale, ma rencontre avec la police municipale, mes multiples appels implorants de l'aide urgente à mon bailleur HLM et la mairie de ma commune... Rien, le chien est toujours mon voisin... La mairie me conseille d'aller voir un psy pour avoir des médocs et mon bailleur suggère de me déplacer d'appartement, ce que suggère aussi la mairie.... Tout cela pour respecter la loi et la procédure face à un chien mordeur, qui a déjà provoqué plus de 52 points de suture (20 sur moi, et 32 sur une autre voisine l'en dernier, le reste de ses blessures, en bouillie, n'était pas suturable). Et pourtant, par un arrêté, le maire pourrait obliger à un éloignement / placement définitif du chien loin l'immeuble. C'est dans son pouvoir. Mais non, on me propose de déménager.
Le chien a suivi le protocole.... 3 visites vétos pour vérifier qu'il n'était pas porteur ou incubateur de la rage... Non il n'a pas la rage. Donc son sort n'a pas été réglé..
Le chien a aussi été évalué par un vétérinaire comportementaliste. Il est donc déclaré chien dangereux de niveaux 3 sur 4.
- Niveau 3 : Le chien présente un risque de dangerosité critique pour certaines personnes ou dans certaines situations.
Je le sais car j'ai appelé moi même la clinique véto pour avoir le résultat, puisque la police municipale et ma mairie, qui ont reçu les résultats, ne jugent pas nécessaire de les partager avec moi pour l'instant. Il sera sans doute demandé au maître du chien de suivre quelques cours d'éducation canine, et puis sa vie reprendra, jusqu'à la prochaine victime. C'est ainsi que va la loi... On donne une deuxième chance à un chien mordeur (qui a gravement mordu 2 fois), alors qu'on n'en laisse pas à un chevreuil qui n'est responsable d'aucune blessure, qui ne représente aucun danger, et qui est pourtant poursuivi par une escouade de chasseurs armés dans la forêt, sur son territoire.
En fait, il aurait mieux fallu que le chien me tue, là, les pouvoirs publics auraient bougé rapidement.
Il aurait mieux valu que je sois une enfant, là aussi les pouvoir publics auraient bougé rapidement et l'opinion publique aurait été révoltée. Mais là, la société dans laquelle je vis me fait bien comprendre qu'à 52 ans, femme célibataire, sans enfant et en situation de handicap et sans emploi, je suis une citoyenne de seconde zone, voire une merde. Puisque 45 jours d'ITT - ce qui signifie aussi bien incapacité temporaire de travail que incapacité totale temporaire, si tu n'as pas de travail, ça emmerde bien moins la société et cela passe bien plus inaperçu.
Il aurait mieux valu que je me fasse agresser par un humain. Là, c'était "simple "! 45 jours d'ITT, on passe au pénal, au tribunal de grande instance, possibilité de peine de prison... Mais on ne met pas un chien en prison...
Il aurait mieux valu que je me fasse mordre dans la rue, dans l'espace public. là, dans une HLM, on est dans un espace semi public, ce qui complique tout, même si le résultat est le même.
Enfin, pour que la police puisse retirer immédiatement le chien à son propriétaire, il faudrait que le chien soit pris en flagrant délit de morsure. Oui, voilà tout ce qui m'a été dit... On marche sur la tête. En fait, il aurait fallu que la police emmène le chien immédiatement après ma morsure.... Mais à ce moment là, police et pompiers étaient préoccupés par mon état, mon transfert aux urgences etc.
Bref, depuis un mois, la société et la justice française me demande de vivre tranquillement à un 1.50 mètre de la porte de mon agresseur, et sans faire de vague... Dans l'immeuble tout le monde a peur de ce chien que tout le monde sait dangereux, mais seule une locataire s'en est plainte au bailleur. Je vis dans un monde où les gens ferment leur "gueule" pour ne pas avoir de problème... Puisque même la première victime n'a pas osé porter plainte pour ne pas avoir de problème...
Donc là, je vais passer à l'étape suivante... Courrier A/R au maire, au procureur de la république pour leur signaler qu'ils sont bien au courant qu'il y a un chien dangereux qui a déjà fait deux victimes, et qu'en cas de 3ème victime, leur responsabilité se trouvera bien engagée. Et puis ensuite, si ça ne bouge pas, il y aura les médias. Je veux vivre en sécurité dans mon immeuble et dans ma ville. Seul mon appart porte fermé est pour moi sécurisant, et j'aime mon appart qui me correspond en tous points.
Moi qui ai tout fait pour mener une vie la plus tranquille et sereine possible, en éliminant un maximum de sources de stress (puisque je ne gère plus ni stress ni émotion) pour que mon handicap soit supportable, ce que je vis depuis un mois va complètement à l'encontre de ce que j'ai mis en place et de mes besoins pour être relativement équilibrée dans ma tête.
Voilà où j'en suis actuellement, un peu plus d'un mois après cette maudite journée du 16 janvier.
En plus de mes blessures, moi qui suis une personne éprise de justice, et bien j'ai juste perdu mes dernières illusions en la justice et en l'Etat qui est sensé me protéger alors que le danger est avéré et reconnu.
Désolée si ce billet vous déprime, mais là, j'avais juste besoin de l'écrire de façon cathartique, de le crier. Ce billet est un cri, avant je l'espère tout de même encore un tout petit peu même s'il va me falloir dépenser une énergie délirante que seule la colère me permettra peut-être de trouver, de revenir sereinement ici.
Je veux juste retrouver ma liberté, mon indépendance, ma sécurité, préserver mon intégrité physique et évoluer sans danger dans les dizaines de mètres autour de mon immeuble, et même sur mon paillasson.
Et qu'importe si mes écrits me portent préjudice, je n'ai plus rien à perdre. J'avais vraiment besoin de dire ce que j'ai sur le coeur et qui envahit tout mon être.