Articles avec #livres autres - divers tag

Publié le 6 Novembre 2025

Récit - Editions Pug Les Arènes - 267 pages - 20.90 €

Parution en mai 2023, existe déjà en format poche

Mon pitch : Johnny et Jean sont deux gamins picards, qui grandissent pas loin de la Baie de Somme... L'un parce que son père y est berger et chasseur, l'autre, fils du pharmacien, par passion.

Un jour, sur le chemin de l'école, survolé par des goélands, Jean répond à leurs cris et réalise alors qu'il les imite à merveille, puisque ces derniers y réagissent fortement. 

Quelques mois plus tard, il décide de s'inscrire au concours annuel de chanteurs d'oiseaux d'Abbeville. Pour s'entrainer et s'améliorer sur d'autres espèces, Jean fait appel au père de Johnny. Johnny se sent alors exclu et pour redevenir l'attention centrale de son père, il commence à s'exercer aux sifflements et autres cris aviaires...

C'est le début d'une vie d'apprentissage, de concours, de concurrence et d'admiration.

Tentation : Le sujet

Fournisseur : Cadeau de ma soeur 

 

Mon humble avis : Après mon enthousiasme pour l'ouvrage Eloge des oiseaux de passage, je poursuis en lecture ornitho... Ornitho mais pas que, car Chanteurs d'oiseaux n'est pas que cela, c'est aussi un récit de deux enfances parallèles, d'origine sociales différentes, qui se rejoignent de temps en temps autour d'une passion et d'un talent qui les unissent autant qu'ils les séparent. L'un vit sa passion et son parcours globalement seuls, quand l'autre Johnny bénéficie du soutien total de son père, de son coaching et de son immense fierté parfois pesante... Johnny a parfois l'impression d'être la bête de cirque de son père.

Je connaissais de réputation les deux auteurs et avais déjà vu à la télé un extrait de leurs prestations. J'étais un peu dubitative avant d'entrer dans ces pages...  Car imiter les oiseaux... C'est aussi une technique de chasseurs pour tromper leurs cibles. C'est aussi, via la repasse d'enregistrements youtube, une technique peu scrupuleuse de certains photo-ornithos qui veulent LA photo de l'espèce rare... Et les oiseaux victimes de ces tromperies sont bien chamboulés, pensant trouver un concurrent sur son territoire, ou une femelle etc... Et non, rien qu'un humain.  Mais rien de cela dans ce livre. J'ai trouvé chez les auteurs une réelle communion avec la nature, et des ambitions naturalistes sérieuses.

Ce livre est vraiment très agréable à lire. Les chapitres alternent le récit de chacun des auteurs, ses souvenirs, ses ressenti, sa version. Jean et Johnny sont de tempérament différent, aussi, ils sont très touchants tous les deux. Et chaque chapitre est ouvert par le dessin d'un oiseau, qui dit à qui l'on a affaire... Pour Jean c'est celui d'un Goéland argenté, pour Johnny, celui d'un Merle noir... Leurs oiseaux totem, ceux qu'ils imitent à la perfection. Et là, tous les deux nous emmènent sur leurs ailes, tantôt dans le bosquet, tantôt dans le marais, ou encore en bord de mer en fonction des espèces imitées. Car évidemment, tous les noms d'oiseaux ou presque y passent ! Donc selon que vous les connaissiez ou pas, votre lecture peut -être un peu plus longue si la curiosité vous pousse sur Google pour visualiser l'espèce dont il s'agit !!! Et même encore plus longue si vous vous aidez de youtube pour y trouver des enregistrements sonores de trilles, de cris, de mélodies, de chants aviaires. Au-delà de la description des chants et cris, on apprend pas mal de choses sur les oiseaux, sans que cela vire au savoir encyclopédique.

Ce livre est en tout cas un superbe témoignage de passion, d'assiduité, de persévérance, de réajustement face aux changements de la vie (et oui, Jean finit par muer...). Jean et Johnny sont maintenant mondialement connu et se produisent sur scène un peu partout sur la planète !

Allez petit extrait des oiseaux que vous rencontrerez, découvrirez, imaginerez, écouterez dans ces pages : Alouette des champs, Tadorne de Belon, Canard Siffleur, Pinson des arbres, Goéland argenté, Merle noir, Huitrier pie, Chevalier gambette, Courlis Cendré, Courlis corlieu, Gorgebleue à miroir, Chevalier aboyeur, Chevalier guignette, j'en passe et des meilleurs ! C'est un festival et une véritable bande son que nous propose Jean et Johnny dans ces pages où je me suis sentie si bien.

Je recommande... que vous soyez amateurs, néophytes ou étrangers à la culture ornithologique. Ce livre ne peut avoir qu'une bonne influence sur vous... Lors de vos prochaines balades, dans votre jardin, en bord de mer, désormais, vous ouvrirez grand vos oreilles et vous entendrez... ce que l'on écoute plus !

Pour voir ces deux chanteurs d'oiseaux sur Youtube, c'est ici

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

Repost0

Publié le 16 Octobre 2025

Récit - Editions Equateurs - 168 pages -  18 €

Parution en mars 2023, existe maintenant en poche.

Le sujet : Enfant, Jean-Noël Rieffel était un rêveur comme le cancre de Jacques Prévert. Il contemplait la nature par la fenêtre. Au fil des années, il est devenu un fou d'oiseaux, un ornithologue amateur. Il nous raconte dans ce livre l'état de poésie permanent inspiré par cette passion.

Tentation : Le sujet pardi !

Fournisseur : Mon amie Chantal, merci pour le long prêt 

 

 

Mon humble avis : Voici un ouvrage ornithologique qui s'adresse à tous, vraiment ! De la personne la plus ignorante en matière de gente ailée jusqu'aux plus avertis, voire professionnels, des pratiquants de cette science, qui est élevée au rang de religion, parfois même de sacerdoce par ses adeptes.

Eloge des oiseaux de passage incite à s'extraire de notre quotidien aux occupations artificielles, matérielles, bruyantes, épuisante... Quittons les écrans ! Reconnectons-nous à la nature et regardons, écoutons ! Jean-Noël Rieffel invite même à fermer les yeux pour redonner place à notre ouïe et détecter un "pttti", un "tijou" un "Pschit", un "quedistu",un "ouhuit" trahissant la présence de l'invisible. L'invisible qui se dévoile ensuite si l'on prend le temps de s'arrêter et d'observer vraiment... jusqu'au moindre mouvement de feuilles qui peut annoncer la présence d'un roitelet huppé par exemple.

Je suis tombée dans le chaudron de l'ornithologie, via la photo, voici bientôt 5 ans, à la faveur d'un nouvel an confiné... Donc levée tôt, givre et verglas... Sortie avec mon appareil photo pour prendre la nature givrée dans mon quartier... Et me voilà à rester plus d'une heure devant une mangeoire d'un fond de jardin, à photographier chichement mes premiers pinsons des arbres, rougegorges familiers, moineaux domestiques, mésanges bleues etc... Et à m'ébahir de découvrir soudainement une telle diversité naturelle si près de chez moi. Je me suis ouverte et cela a changé ma vie et mes appareils photos. Je ne vais pas bien, je prends mon appareil et je file dans un coin de nature. Je vais bien, je fais de même... Et quelle que soit l'humeur de départ, celle de retour est bonne. Et me voilà atteinte du "birding compulsive disorder" !!! (autrement dit une névrose obsessionnelle des oiseaux). Mais une névrose bien positive ! Mais oui, je suis toujours au taquet, je détecte le moindre mouvement ou le moindre son qui qu'il y a telle ou telle espèce pas loin, je suis capable d'interrompre une conversation parce qu'un pic vient de lancer son chant tout près !

L'écriture est sublime, soignée et poétique. Au fil des pages, l'auteur évoque d'autres ouvrages artistiques illustrant la beauté des oiseaux, leurs symboliques, leurs usages, les croyances qui les entouraient à travers le temps : grands peintres, poètes, chansons, romans, livres ornithos . Tous témoignent désormais du bien-être, de la sérénité, qu'apporte l'observation des oiseaux, une façon parmi d'autres de se reconnecter à la nature. Même les expériences scientifiques confirment les bienfaits de l'ornithologie autant sur le corps que sur l'esprit humain, donc sur la santé. On gagne aussi en vertus... Car c'est qu'il en faut de la patience (j'ai encore de gros progrès à faire), c'est qu'il en faut du courage (là je suis encore novice, alors que bien de mes potes ornito se lèvent à point d'heure pour être sur site avant le lever du soleil, je savoure la chaleur de ma couette...), l'attention aux détails, pour avoir la chance d'observer telle espèce. 

L'ornithologie évolue avec la technologie... il y a des balises posées sur certains migrateurs pour étudier leur trajet, le site internet Faune France et son appli permet à n'importe quel ornitho amateur de signaler la présence d'une espèce rare à tel endroit (présence comptabilisée scientifiquement, c'est aussi ce que l'on appelle la science participative... Un effet secondaire qui peut devenir perverse, qui attire d'un seul coup des dizaines de (photo)ornithos à ce même endroit. De même il existe la "tribu" des cocheurs, ces hommes et femmes prêts à traverser 3 fois la France et même aller plus loin pour potentiellement passer 10 mn à observer une espèce rare, tout en faisant bien fi de leur empreinte carbone.

De même, cet ouvrage ne pouvait passer sous silence le "silence des oiseaux"... Ces campagnes devenues silencieuses car désertées par les oiseaux, faute de haies, pour cause de d'agriculture intensive et d'usage de pesticides... Le pépiement des oiseaux qui disparait dans les villes, tant toute habitation est rénovée, lissée, n'offrant plus la possibilité de nicher etc...  En France, depuis 30 ans, la population aviaire a chuté de 38 % en milieu agricole et de 29 % en milieu urbain.

Observer les oiseaux nous reconnecte aussi à nous même, à nos souvenirs, et active notre mémoire. Ainsi, je me souviens parfaitement de ma première Sittelle Torchepot, de mes premiers Plectrophanes de neiges, de mon premier (et unique) Cochevis huppé, de mes premiers Bécasseaux sanderling, de ma première (et unique) Talève sultane, ou de tel Alouette auprès de qui j'ai passé un long moment etc... Je me souviens du quand, quoi, comment, avec qui, et de l'émotion et l'excitation qui m'ont alors envahie. Après 4 ans et demi de photo-ornitho et donc de milliers de photos, pour la plupart - et même pour les oiseaux les plus courants, je sais dire "où", dans telle circonstance. Observer vraiment les oiseaux ça marque.

C'est tout cela que Jean-Noël Rieffel nous raconte ici. Aussi, lire cet éloge aux oiseaux de passage fut un véritable festin de souvenirs, d'images, de moment et un régal de promesses à venir, tant il me reste encore de belles observations inédites qui se réaliseront quand Dame Nature m'en jugera digne, dans un jour, dans 1 an, dans dix ans...

Prenez donc le temps de lire ce magnifique ouvrage. (si besoin, aidez-vous de google pour visualiser toutes les espèces citées) Et quand vous en aurez tourné les dernières pages, en matinée ou en fin d'après-midi, allez vous balader tranquillement dans la nature, près d'un étang ou d'une rivière. Regardez, écoutez, et vous verrez alors comme vous n'avez jamais vu, et même si cela ne changera pas forcément votre vie, vous vivrez ce moment dans l'instant précis, pleinement connecté mais très loin de la wifi. Et vous aurez envie d'en vivre d'autres, de moment comme ça. Et si vous êtes déjà ornithophiles, et bien "souvenirs souvenirs", en apprendre encore, et non, vous n'êtes pas seul !

Encore un billet bien long, mais comment résumer au maximum ce livre si riche en savoirs, en connaissances, et en sagesse ?

Ci dessous, en cadeau, une photo d'un Gobemouche noir, photographié à Dinard mi septembre.... Un oiseau de passage, le Gobemouche noir n'est habituellement pas présent en Bretagne... Mais c'est un migrateur.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

Repost0

Publié le 25 Juin 2025

Essai - Editions Gallimard - 160 pages - 19.90 €

Parution en avril 2025

Le sujet : "Aujourd'hui, l'heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d'une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l'épée". Ce petit livre est le récit de cette conquête, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d'un monde, au moment où il sombre dans l'abîme, et l'emprise glacée d'un autre, qui prend sa place." Giuliano da Empoli nous guide de l'autre côté du miroir, là où le pouvoir s'acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l'affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l'IA s'avère incontrôlable... 

 

Tentation : La lecture de "Le mage du Kremlin"

Fournisseur : Prêt par une dame rencontrée lors de l'inauguration d'une nouvelle librairie !

Mon humble avis : J'avais tellement aimé "Le mage du Kremlin", qui m'avait aidé à mieux appréhender la mentalité russe, Poutine et l'actualité qui en découle, que j'ai voulu lire ce nouvel ouvrage de Giulino Da Empoli. Si "Le mage" était un roman, "L'heure de prédateurs" est un essai... Et les essais je n'en lis quasiment jamais, ne trouvant pas assez d'accroche pour être captivée et tourner les pages sans m'en rendre compte...

Voilà donc un texte bien dense et exigeant et bien copieux. Mais la plume alerte et agréable l'auteur, l'aspect "vulgarisation" en font un livre très intéressant, passionnant et relativement facile à suivre... Même si je ne suis pas sûre d'avoir tout intégré et de tout retenir à l'avenir, j'ai l'idée générale avec des exemples précis, je me coucherai donc moins bête et hélas, guère plus optimiste quant à l'avenir de notre civilisation.

Da Empoli s'appuie sur moults documents consultés mais surtout son expérience de conseiller politique qui lui fait fréquenter les hautes stratosphères. Car ce journaliste, écrivain et prof à Science Po Paris traîne aussi ses baskets dans les couloirs de l'ONU etc... Il était donc présent dans nombre de scène qu'il décrit dans ces pages.

Les prédateurs... Ce sont les créateurs, et les dirigeants autocrates des plateformes, les fameux Gafas, les Elon Musk et consorts, les dieux de la technologie, des bases de données, de l'IA (cet accélérateur de pouvoir), qui s'immiscent partout et prennent le pouvoir par leur influence... La tech américaine. C'est une nouvelle aire de la politique, où seule compte la fin, pas les moyens.  Ces Etats Nations qui croissent sans règles alors que l'équilibre du monde se base sur quelques règles communes.

Dans ce livre, on comprend que la première élection de Barak Obama est bien due au discours politique. Sa réélection est obtenue grâce au numérique et à la gigantesque base de données créée à l'époque par d'Ex Google and co...

On comprend aussi une des raisons du retour de Trump à la Maison Blanche... Les démocrates sont un parti d'avocats et de règles... Les républicains sont composés d'autocrates, d'investisseurs etc... Et deviennent sans règles, comme notre époque tend à l'être.

On comprend aussi, par exemple, que depuis Trotski, révolutions et coups d'état n'ont plus besoin d'une armée de rebelles pour parvenir à leur fin, mais juste d'une poignée d'hommes parfaitement organisée et dirigée.

On réalise aussi, avec effroi, que nos grands-parents avaient cent fois moins d'informations que nous, mais qu'ils pouvaient prédire leur avenir. Alors que maintenant, demain est incertain et après-demain peut ne plus ressemble du tout à hier...  Tant tout va très très vite chez les prédateurs.

Da Empoli explique aussi pourquoi certains temps sont plus paisibles et d'autres bien plus guerrières... Parce que selon les périodes, les armes défensives coûtent plus chères que les armes offensives... Donc plutôt que devoir peut-être se défendre, déclarons la guerre. C'est un peu l'idée, avec mes mots. Egalement, pour ne pas imploser, mieux vaut exporter et déplacer le chaos pressenti.

Bon, évidemment, je n'ai mis ici que les exemples les plus limpides à mes yeux. Mais ce livre est une mine d'informations, Juliano Da Empoli détricote vraiment bien notre époque pour nous la rendre plus lisible, faute de nous la rendre plus agréable et optimiste. Et encore, ce n'est que le début, personne en fait, ne sait où l'on va, ni même les prédateurs, créateurs de chaos... L'IA bientôt décidera pour nous et ceux qui feraient leurs propres choix devront s'en défendre.

Une excellente analyse géopolitique d'aujourd'hui et des perspectives de demain. Et qui souligne parfaitement l'importance des enjeux, même si, dans notre petit quotidien, on n'en n'est pas toujours conscients. Des réponses donc, mais aussi beaucoup de questions qui restent sans, évidemment...

 

Des extraits et citations, qui vous donneront le ton !

le chaos n'est plus l arme des rebelles, mais le sceau des dominants.

Tant que la compétition politique se déroulait dans le monde réel, les coutumes et les règles de chaque pays en déterminaient les limites mais quand il déménage en ligne, le débat se convertit en foire d'empoigne où tout est permis et où les seules règles sont celles des plateformes.

(au sujet de l’IA)

Les technologues ne voient pas où est le problème. Puisqu’ils ne s’intéressent ni à l’histoire ni à la philosophie, ils ne se rendent pas compte que leur proposition équivaut à un retour à l’époque d’avant les Lumières, à un monde magique, incompréhensible, régi par l’IA que l’on priera comme les dieux de l’Antiquité.

Partout, le principe reste le même. Trois opérations simples : identifier les sujets chauds, les fractures qui divisent l’opinion publique ; pousser, sur chacun de ces fronts, les positions les plus extrêmes et les faire s’affronter ; projeter l’affrontement sur l’ensemble du public, afin de surchauffer de plus en plus l’atmosphère.

Trump n'est au fond que l'énième illustration de l'un des principes immuables de la politique, que n'importe qui peut constater : il n'y a pratiquement aucune relation entre la puissance intellectuelle et l'intelligence politique. Le monde est rempli de personnes très intelligentes, même parmi les spécialistes, les politologues et les experts, qui ne comprennent rien à la politique, alors qu'un analphabète fonctionnel comme Trump peut atteindre une forme de génie dans sa capacité à résonner avec l'esprit du temps.

Au cours des trois dernières décennies, les responsables politiques se sont comportés face aux conquistadors de la tech exactement comme les Aztèques du XVIe siècle.
Confrontés à la foudre et au tonnerre d'internet, des réseaux sociaux et de l'IA, ils se sont soumis dans l'espoir qu'un peu de poussière de fée rejaillirait sur eux.

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

Repost0

Publié le 22 Mars 2025

Biographie - Editions Fayard - 342 pages - 20.90 €

Parution en octobre 2024

Mon pitch : Maryse Burgot est un visage et une voix bien connus des journaux télévisés de France 2.  Elle est grand reporter et sillonne la planète pour couvrir les événements dramatiques, politiques etc...

Depuis son enfance dans le milieu paysan breton, en passant par l'école de journalisme de Strasbourg, elle est devenue au fil des années, l'une des figures féminines incontournables du grand reportage français.

Ce livre retrace ces trente années de carrière, à travers des faits majeurs qui forment l'Histoire.

 

 

 

Tentation : Le sujet

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Par tradition familiale depuis ma jeunesse, c'est sur France 2 que je regarde le journal télévisé de 20h... Aussi, cela fait plus de trente ans que je vois les reportages de Maryse Burgot, que je reconnais sa voix même sans la voir et que grâce à elle, je comprends un peu mieux ce qui se passe dans le monde. Elle est toujours claire, nette et précise... Tout en articulant parfaitement. Et pourtant, ce n'était pas gagné... En école de journalisme, puis dans ces débuts dans le métier, tout le monde lui déconseillait la presse audiovisuelle tant sa voix ne semblait pas adaptée à ce format. Elle y a cru, a suivi quelques séances d'orthophonie et s'est imposée. Le résultat est là : elle est une voix incontournable.

Et pourtant, en début de carrière, elle a connu le pire cauchemar pour un journaliste... Otage 7 semaines à Jolo, aux Philippines, en 2000. Après sa libération et un mois de vacances, elle repartait sur le terrain. Par passion de l'information. Nous la suivons avec ses différentes équipes, nous apprenons comment fonctionne ce métier et toute la chaine humaine indispensable (dont les fameux fixeurs) pour réaliser un reportage au plus près du sujet, que ce soit sur un front de guerre ou dans une ville ravagée par une séisme. Maryse Burgot y va de ces certitudes, de ses convictions, de ses intuitions, de son empathie, de ses doutes, de sa générosité, de ses concessions, de sa curiosité, de son professionnalisme, de ses révoltes, de son impuissance, de sa pugnacité, de sa neutralité, de son infatigabilité. Pour informer, pour témoigner, pour expliquer... Pour que le pire et le meilleur du monde ne reste pas sans trace et dans un puit d'oubli.

Le tout en étant mère de famille... Deux garçons, qui sont toujours sa priorité... Même après avoir échappé à un bombardement en Ukraine, elle décroche à l'appel de son fils qui lui demande comment on cuit le riz... Et elle lui explique cela malgré le coeur qui bat encore à 100 à l'heure.

En 25 années, depuis sa Bretagne natale, Maryse Burgot nous emmène aux Philippines (pour couvrir le commerce d'otages dont elle devient victime), en Haïti (lors du séisme meurtrier de 2010, en Inde (pour entre autres une épidémie de peste), au Kosovo, à New York en 2001, en Asie du Sud Est (en 2005, le Tsunami), en Syrie et en Irak, en Afghanistan pour le retour des Talibans. Elle ne compte pas les aller-retours vers l'Ukraine, puis vers Israël, depuis la fatidique date du 7 octobre 2023.

Entre temps, elle est aussi correspondante à Londres, à Washington (elle y couvrira aussi l'affaire DSK) et sera attachée France 2 à l'Elysée durant 3 ans, à l'époque Hollande. Ce qui ne fut pas son expérience préférée, elle qui piétine devant le protocole présidentiel. Il lui faut du terrain. Et puis il y aura aussi le Covid, et les reportages dans des Ehpad ou les résidents se meurent d'isolement et de solitude...

Tout cela est très intéressant et instructif à lire. Avec cet ouvrage, on revient sur des événements passés mais majeurs que l'on a tendance à oublier (tant l'information est dense et recouvre la précédente). Cela permet donc de se rappeler, et de parfois mieux comprendre ce qui a pu nous échapper à l'époque.

Maryse Burgot est décidément un sacré bout de femme. Mais son livre est éminemment tourné vers l'autres, vers les autres. Elle ne parle pas que d'elle, elle n'oublie jamais ceux qui forment ses équipes, et ses confrères et consoeurs qui font le même métier. Et malgré les horreurs du monde dont elle est témoin, elle rend ici un vibrant hommage à tous ceux qui sont sur le terrain, volontairement ou involontairement...et qui ne lâchent rien. Qu'ils soient journalistes, soldats, victimes, envahis, privés de liberté fondamentale, otages, résistants, soignants, bénévoles, survivants, défunts, résilients. Et malgré les conséquences de la laideur d'une partie de l'humanité qu'elle côtoie, il y a, de temps en temps, une note d'espoir, une lumière. Quelque part au bout du monde, une petite initiative individuelle, une association locale, un mot dit à la bonne personne au bon moment, permettent parfois de sauver quelques vies, dont celles d'enfants innocents.

Aussi poignant qu'instructif, à lire évidemment.

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

Repost0

Publié le 31 Août 2024

Récit de voyage - Editions Gallimard - 128 pages - 23 €

Parution mai 2024

Mon pitch :  Le narrateur s'est violemment disputé avec son épouse, a quitté le domicile familial en griffonnant un mot : "Je reviens dans une semaine". Dès lors, ses pas le guident vers la gare, dans un train qui, direction plein Nord, le mène à un autre, puis à un bus...  Et voilà notre narrateur parvenu à destination : l'Ecosse, les Highlands, et la petite auberge qu'il fréquenta jadis, avec ces parents, lors des vacances. Ne lui reste plus qu'à retrouver le lac sans nom... Le voilà parti dans la lande, dans la tourbe... Et le ciel change...

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : Auteur + bib

Mon humble avis : Un récit de voyage étonnant... tout comme le chemin qui l'a mené chez moi... Tout d'abord, des billets sur les blogs des copines, des commentaires de ma part, et Jérôme Magnier-Moreno qui me contacte. Il souhaite envoyer un exemplaire d'Highlands à ma médiathèque, pour que je puisse le lire et le chroniquer et qu'ensuite, l'exemplaire profite à nombre de lecteurs. J'ai aimé cette démarche inédite dans "l'histoire de mon blog".

Cet ouvrage pourrait aussi être un roman, d'ailleurs, peut-être l'est-il. Et quand l'auteur est aussi peintre  sous le nom de Rorcha, cela donne comme une hybridation originale entre récit et galerie d'art. En effet, de temps en temps, une pleine page est consacrée à une toile issue de ce voyage. Deux arts se rencontrent pour raconter. Il y a les couleurs apposées par le pinceau, et les couleurs posées par les mots. Il est question de couleurs partout, que ce soit dans les titres des chapitres, dans les choses décrites et les mots choisis, et sur la page qui fait face au texte.

C'est un voyageur qui regarde à l'intérieur, c'est introspectif. Mais il regarde aussi autour, les choses, les gens. Et enfin, ses yeux se portent au loin, sur les paysages qui défilent derrière la fenêtre, l'horizon. J'y ai vu une analogie, si c'est le terme... Avec un regard porté sur le présent, sur hier et sur l'enfance et ses souvenirs. Avec un lac comme Madeleine de Proust. Et un message aussi, peut-être... Ne pas trop se retourner aveuglément sur le lointain passé, ni le sublimer, au détriment de la vie actuelle, au risque de... sombrer... et se dire que le brouillard finit toujours par se dissiper. Car l'issue de ce voyage ne sera pas celle fantasmée par notre écrivain... Et cette errance dans le passé va provoquer son désir fou de retrouver son présent.

L'écriture est belle, poétique, sensible, colorée, sans exagération de style. C'est une belle immersion des sens, pour le meilleur et pour le pire, puisque même la peur du narrateur devient la nôtre. En effet, avec ce récit qui ne se déroule que sur quelques heures, et une destination en fait accessible à presque quiconque, Jérôme Magnier-Moreno nous invite à prendre sa place, dans le paysage de notre choix, et les souvenirs qui sont les nôtres et nous importent. C'est ainsi que j'ai lu et perçu ce bel ouvrage... une incitation à la pause, au ralentissement, même si ce n'est que pour quelques heures... pour mieux repartir. Oui, partir pour mieux repartir en revenant, en l'ayant choisi, sans le subir.

Site du peintre Rorcha

 

 

 

 

 

 

L'avis de Manou, d'Aifelle

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

Repost0

Publié le 14 Mai 2024

Récit - Editions Flammarion - 416 pages - 24 €

Parution en octobre 2023

Mon pitch : Faut il encore présenter Thomas Pesquet ? Vous voulez savoir comment on devient le plus jeune français à partir vers la station spatiale internationale ? Et bien lisez ce livre.

Thomas Pesquet raconte "sa vie", depuis son enfance en Normandie, jusqu'au retour de sa 2ème mission. Sa vie sur terre, dans la station, et entre les deux !

Tentation : Thomas, my love ! (LOL)

Fournisseur : Muriel, merci pour le prêt 

 

 

Mon humble avis : Thomas Pesquet, l'une des personnalités préférées des Français, le gendre idéal pour certains, le mari rêvé pour d'autres (en plus pas souvent là !), l'amant sublime aussi pourquoi pas... mais pour tout le monde ou presque, le fantasme... Mais surtout, un être de chair, de sang et de neurones exceptionnel !

J'ai mis du temps à lire ce livre (j'en ai d'ailleurs lu d'autres en parallèle) : il est copieux, grand, gros, des pages bien pleines... bref, un pavé pour moi, et qui plus est pas un roman.

Il n'empêche, Ma vie sans gravité est très intéressant, captivant, fascinant...  On est abreuvé d'images réelles ou purement cinématographiques, et pourtant, en lisant Thomas, j'ai eu bien souvent l'impression d'être dans un ouvrage de Science-Fiction. Déjà par le vocabulaire (vaisseau etc) et par les exploits humains, scientifiques, techniques (etc) que représentent ces missions aérospatiales. Les mots donnent une réalité plus percutante que les images je trouve. En tous cas, pour ce sujet.

Il y a beaucoup d'acronymes et d'astérisques et de notes en bas de pages... Libre à chacun de les lire ou pas. Au début, je m'y suis accrochée, puis j'ai décidé que mon importance ne se tenait pas là.

Ce livre est évidemment conçu pour un large public, pour que chacun y trouve son compte, son intérêt, sa fascination. De mon côté, les passages assez ardus liés à l'ingénierie ont chahuté mes neurones et mon attention, avant que je me décide aussi à les considérer comme "secondaires". Par contre, tout ce qui touche à l'humain et à l'humanité, aux personnalités de ces astronautes, à leurs conditions de vie dans l'ISS, à leurs choix de vie qui comporte pas mal d'abnégation et de sacrifices pour réaliser et expérimenter l'exceptionnel, tout cela m'a vraiment captivée. J'ai vivement apprécié, entre autres, que Thomas explique les expériences scientifiques menées dans l'espace, et en quoi celles-ci pourraient changer notre vie, où celles de quelques un dans l'avenir, en fonction de l'évolution climatique, médicale, sociétale, humaine, énergétique etc.

Après cette lecture, Thomas et la vie spatiale n'ont plus de secret pour nous, sauf ce qui reste de sa vie toute privée et intime. Il se livre tout de même pas mal sur ce sujet, mais en toute pudeur évidemment. Mais comme on peut s'en douter, un tel métier a de fortes répercussions sur l'entourage, et la vie de couple.  On sait aussi tout sur les conditions d'hygiène dans les vols jusqu'à la station et durant les longs mois passé en impesanteur. Car oui, tout le monde se demande comment se passe pour ce qui touche au confort corporel, aux besoins primaires (genre ce que l'on fait tranquillement sur nos toilettes terrestres) etc...

C'est admirative que je suis sortie de cette lecture. Admiration pour tous ces gens qui travaillent pour que ces expéditions soit possibles, admiration pour ces collaborations internationales qui fonctionnent, et surtout, admiration pour Thomas Pesquet : son intelligence hors norme, sa mémoire hors norme, sa soif d'apprendre hors norme, son hyper activité hors norme, sa robustesse et sa résistance hors norme, son sang-froid hors norme, sa finesse d'esprit hors norme, son parcours hors norme, son courage hors norme, sa ténacité hors norme. Bref, un homme hors norme et pourtant profondément humain, qui sait rester simple, enthousiaste, qui amène l'espace dans notre chambre. Et un homme très "tatasse", ça ne n'est pas moi qui le dit !

Evidemment que c'est un livre à découvrir, à offrir etc !

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

Repost0

Publié le 7 Février 2024

Récit - Editions Stock - 270 pages - 20.90 Euros

Parution Stock mars 2023 (Existe maintenant en poche)

Le sujet : Une histoire d'amour universelle, qui se passe de mots puisque les deux protagonistes ne parlent pas la même langue, n'étant pas de la même espèce. Et pourtant, le lien est là, infaillible... A la vie, à la mort.

Les 13 ans de vie commune entre Cédric (humain) et Ubac (Bouvier bernois)... depuis la rencontre avec ce petit être tout pataud, jusqu'aux adieu, et au manque, à l'absence de son odeur après la pluie.

Entre les deux, mille aventures, mille découvertes, mille craintes, mille joies, la vie simple et extraordinaire à la fois de deux êtres qui veillent l'un sur l'autre...

 

Tentation : les médias

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 Mon humble avis : La déco de mon blog parle pour moi, je suis une amie des animaux... Je n'ai pas de chien, car ma vie n'est pas adaptée aux besoins canins, mais 3 chats... Et, lorsque j'étais au lycée, ma famille a adopté un chien... L'histoire s'est hélas tragiquement terminée, mais des 3 enfants, j'étais la seule à promener d'Artagnan par plaisir, bien au delà du minimum syndical... On partait loin tous les deux, plusieurs heures... Et puis j'ai adopté un chat, un 2ème et un 3ème. J'ai trappé et sauvé quelques dizaines de chats errants/sauvages/abandonnés/perdus... Et j'ai promené des chiens aussi, à la SPA... 

Alors, forcément, ce livre au succès fulgurant, il me fallait le lire. Un chat n'est pas un chien et vis et versa, mais le rapport humain /animal de compagnie, confiance, amour, responsabilité est là.

Ce n'est pas un livre sur un chien, ni sur un homme, mais sur le lien justement entre les deux. Et  celui-ci est merveilleusement bien décrit... Depuis l'apprivoisement de l'un et de l'autre, la relation quasi exclusive, les balades, les jeux, les choix de vie, les inquiétudes, la protection, l'arrivée d'une damoiselle dans la vie de l'auteur. C'est touchant, émouvant, bouleversant aussi et par moment drôle. L'homme redécouvre la vie et le monde à hauteur de chien, et cela l'élève, jusqu'à une certaine sagesse... Mais la vie d'un chien passe vite, donc il ne faut pas en perdre une miette.... Un chien est d'abord votre enfant, puis votre frère, enfin votre père ou grand-père... Une année en vaut à peu près 7 pour lui...

Mais "Son odeur après la pluie" est encore plus que tout cela, que ces 13 années de vie commune. C'est aussi un grand bol d'air dans les bois et sur les chemins de montagne, une invitation à ralentir, à sentir, à regarder autour de soi, une méditation sur notre aire et les valeurs de la vie que nous choisissons.  Une incitation à la philosophie et une véritable philosophie de vie... Et bien sûr, une injonction au respect de nos animaux de compagnie (entre autres animaux), de leurs besoins et de leur attachement à nous, leurs maîtres.

Mais "attention", nous sommes loin du livre "feel good, développement personnel, mon chien ce héro, mon chat du hasard qui me sauve la vie et tralala et tralala". De tels livres, j'en ai lus et j'en ai encore dans ma PAL. Ils sont mimi tout plein mais cela ne va en général pas plus loin que la lecture divertissante. Avec "Son odeur après la pluie, nous avons ici un ouvrage absolument littéraire. L'écriture est ciselée, magnifique dans les termes choisis etc... le style m'a par contre un peu moins convenu... tout simplement dans la structures des phrases choisies par l'auteur, structure particulièrement littéraire. Cela s'est traduit pour moi par un manque de fluidité dans ma lecture qui m'a donc demandé une attention à laquelle je ne m'attendais pas. Rien de bien grave, puisque c'est moi qui ne suis pas adaptée à cette qualité de style, et puis j'ai fini par m'y habituer...

Un magnifique hommage aux compagnons à quatre pattes qui partagent un bout du chemin de notre vie.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

Repost0

Publié le 13 Septembre 2023

Récit - Editions Audiolib - 6h29 d'écoute - 20.45 €

Parution Audiolib et Editions de l'Olivier en 2021

Le sujet : Ce livre est le récit d'un crime. Celui de Catherine Burgot, postière à Montréal la Cluse dans l'Ain, assassinée de 28 coups de couteau sur son lieu de travail. En ce 19 décembre 2008, elle était enceinte de 5  mois. 

Sept ans de recherches et de rencontres furent nécessaires à Florence Aubenas pour faire le récit de ce "fait divers", qui ne connut son "épilogue judiciaire" que 13 ans plus tard.

 

Tentation : Curiosité

Fournisseur : La bib de Dinard

Mon humble avis : Je me demandais à quoi ressemblaient les livres de la journaliste Florence Aubenas qui rencontre un vif succès en librairie. Ce titre disponible en format audio à la bibliothèque m'a permis de découvrir son travail.

L'inconnu de la poste se lit comme un roman mais n'en n'est pas un, puisque c'est le récit méticuleux d'un tragique fait divers et de la très longue enquête qui a suivi... Les faits divers ont souvent la particularité de nous marquer un temps, puis de tomber dans l'oubli, d'autant que certains de ces crimes restent à jamais irrésolus. Mais comme dans un roman, il y a des personnages, des rebondissements, du suspense (pourvu que l'on ne connaisse pas l'histoire dont il est question, ce qui est mon cas).

Mais ce n'est pas un roman, aussi, la lecture ou l'audio-lecture, même si elle est intéressante, reste moins agréable... Car le style est très factuel et journalistique. En même temps, cela évite de longues digressions ou des tonnes de descriptions inutiles. Mais cela empêche d'aller en profondeur dans les sentiments. L'écriture est belle, soignée mais académique... Elle ne cherche pas à séduire, juste à raconter, à témoigner sans chaleur particulière. Je pense que c'est cette froideur, qui, même si tout à fait adaptée, m'a fait le plus bizarre dans cette lecture expérimentale. J'ai aussi reproché quelques longueurs.

Néanmoins, j'ai développé une certaine empathie envers le suspect principal, alors que le texte de Florence Aubenas reste assez neutre envers lui (même si l'on sent son attachement) et ne nous permet pas de nous dire si c'est un bon gars, un pauvre type, un paumé, un malchanceux. Peut-être un peu tout cela à la fois, mais qui pourrait le juger ? Ce qui est sûr, c'est qu'il manquait de bases et d'entourage solides dans la vie pour appréhender correctement les épreuves qui l'attendaient. Il s'agit de Gérald Thomassin, qui fut acteur césarisé pour son rôle dans le film "Le petit criminel" de Jacques Doillon en 1990. Il eut bien d'autres rôles ensuite, mais il s'est "éparpillé" dans certaines addictions et relations peu recommandées. Sa vie, déjà pas joyeuse, sera irrémédiablement gâchée par cette affaire. Thomassin est un personnage aussi bad boy que fragile, et touchant.

Avec l'Inconnu de la poste, Florence Aubenas dresse aussi le portrait d'une certaine classe sociale, et d'une région, et même de quelques communes à priori peu attrayantes, où y être muté est synonyme de punition... Elle dénonce aussi une justice injuste, qui s'acharne sur un suspect sans aucune preuve tangible. Une justice qui n'a pas honte d'elle-même et de ses incohérences... Il était en effet prévu que, dans cette affaire, deux suspects qui ne se connaissaient pas paraisse à la barre lors du jugement... Comme si deux hommes distincts que rien ne relie avait commis le même crime... Comme si la justice ne savait pas se décider, et demandait aux jurés de le faire pour elle...C'est assez ahurissant, et même déconcertant.

Je n'ai pas adoré, cette lecture ne m'a pas emportée, mais je ne la regrette aucunement !

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers, #Livres audio, lectures audio

Repost0

Publié le 5 Juillet 2023

Témoignage - Editions Harper Collins - 188 pages - 18 €

Parution en octobre 2022

Le sujet : Le témoignage de Paul El Kharrat, qui s'est fait connaître en gagnant 152 fois l'émission des 12 coups de midi sur TF1 sur son autisme Asperger... Depuis sa prime enfance déjà particulière, en passant par sa difficile adolescence jusqu'à son âge actuel (24 ans), avec entre les deux, le diagnostic qui explique tout mais ne résout pas grand chose, puis la célébrité, et les Grosses têtes. Le tout, au quotidien.

 

 

 

Tentation : Le sujet évidemment

Fournisseur : Ma CB

 

 

Mon humble avis : Evidemment, je ne pouvais que lire le témoignage de Paul El Kharrat, puisqu'après des années d'errances psy, de sur-médicamentation et de diagnostics erronés, j'ai également été diagnostiquée autiste Asperger entre ma 47 et ma 48ème année.

C'est bien qu'un autiste devienne célèbre, car il attire les projecteurs sur ce syndrome handicapant tellement méconnu, et si vite mal résumé. Après, il n'y peut rien, mais le "hic" je dirais est que Paul est tout de même un autiste hors du commun, avec une hypermnésie exceptionnelle (il retient TOUT ce qu'il lit), donc un don particulier... Et de ce fait, c'est ce que retiennent "les gens"... Autisme asperger = don exceptionnel, génie, savant... Et pourtant, même Paul ne fait pas partie des autistes savants, même s'il s'en approche. Or l'autisme Asperger (par "opposition" à l'autisme de Kanner), est "juste" un Trouble du Spectre Autistique (TSA) sans déficience intellectuelle et cognitive. Et ça, même ma généraliste ne le sait pas, puisque lorsque j'ai évoqué ce livre, elle m'a dit "oui, mais lui, il est Asperger".

Or il y aurait environ 700 000 autistes en France, et pas autant de génies, ça se saurait ! Nous sommes donc des milliers comme moi, autistes invisibles, dont le diagnostic est soit mis au ban du doute par l'entourage et les connaissances, soit pas pris en compte quand il vient tardivement (ben on t'a toujours connue comme ça). Sauf que... j'aimerais parfois pouvoir me reposer ou me lâcher, ne pas être dans la surcompensation maintenant que je sais que c'est de cela qu'il s'agit. Et que certains de mes défauts ne soient plus perçus comme caprices par exemple, puisque je n'y peux sans doute rien.

Si vous lisez ce livre, vous comprendrez beaucoup de choses sur l'autisme et les comportements qui en découlent. Il y a autant d'autismes qu'il y a d'autistes, et en général, l'autisme féminin se manifeste bien différemment du masculin... Tout simplement parce que les filles / femmes savent mieux surcompenser, étant donné le rôle social que l'on attend d'elles.

De ce que je connais de l'autisme, d'après mes lectures et mon vécu, Paul s'approcherait bien de l'autisme féminin. Il parle, beaucoup, il prend de la place !

Je me suis retrouvée dans bien des points que Paul développe au fil des pages... La difficulté face aux changements que je n'ai pas décidé, l'incertitude angoissante devant un agenda qui ne se précise pas ou qui bouge sans cesse, l'angoisse ou l'impossibilité devant d'un choix, même le plus banal qui soit, les difficultés relationnelles (même si je suis sociable et socialisée), la fatigue d'avoir un cerveau en surchauffe continuelle, qui pense H24 ou presque, et amène donc aussi de gros troubles du sommeil, le besoin de connaissances, la pensée en arborescence systématique ou presque sur n'importe quel sujet et que personne ne comprend ou supporte, les manies qui rassurent (lui ses "petites" listes) la colère face à l'absence de vérité ou ce qui me parait illogique, les doubles pensées, la solitude entourée de monde, la rigidité, le besoin de tout comprendre, les surchauffes sensorielles diverses, l'usage de l'humour parfois envahissant et pas toujours maitrisé pour tenter de se trouver une place dans un groupe et camoufler la "panique" intérieure, l'incompréhension variable du système de pensée neurotypique et les périodes de crises générées par trop de colère ou trop de surcompensation. 

Paul est décidemment un garçon sympathique ( qui fait tout pour l'être en tout cas, même s'il est bien conscient de ses maladresses), intéressant et intelligent. Il s'interroge sur nombre de sujets sociétaux. Il est aussi très touchant dans ce témoignage, notamment lorsqu'il évoque la recherche de sa princesse pour la vie, ce qui n'est pas simple. On sent surtout une profonde sincérité dans ses mots, et un sacré réalisme. Il n'idéalise pas, n'élude ni ses limites ni ses défauts, et encore moins les difficultés pour son entourage à le supporter (dans tous les sens du terme) au quotidien. De plus, comme Paul est un gros lecteur doublé d'un amoureux des mots, son style est soigné, agréable, fluide. Et il ne cherche pas non plus à en mettre plein la vue.

Un témoignage à lire évidemment... En oubliant un peu le côté hyper mnésique de Paul pour approcher ce qu'est l'autisme Asperger (ou de haut niveau) en général. Sachant que certains sont bien plus atteints que Paul (avec donc encore plus de difficultés) et que d'autres le sont moins (c'est mon cas). Il y en a chez qui l'autisme transpire à l'extérieur, pour d'autres, ça transpire à l'intérieur, souvent à l'insu de tous. En tout cas, c'est un témoignage accessible à tous, qui ne manque pas d'autodérision non plus et d'un aspect un peu divertissant. Rien de rébarbatif !

 

"Quand les gens me disent : « Mais Paul, calme-toi, repose-toi, vide-toi la tête ! », ils ne comprennent pas que ça m’est impossible. Physiologiquement, psychologiquement impossible. Alors, je ne réponds pas. Ou bien je ris."

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

Repost0

Publié le 22 Septembre 2021

Daniel Tammet, autisme, savant, livre, avis, chronique, autobiographie

Autobiographie - Editions les Arènes - 238 pages - 7.60 €

Parution d'origine 2006 - 2007

Le sujet : Daniel Tammet est un autiste savant, un génie des nombres. Il est même parvenue à retenir les 22 514 premières décimales du nombre Pi. Il est aussi synesthésique...  Chiffres, nombres et mots ont pour lui formes et couleurs.

Il nous raconte sa vie, depuis sa plus petite enfance jusqu'à son âge adulte où il parvient l'autonomie et aussi, à la célébrité.

 

 

Tentation : Je suis concernée par le sujet, étant TSA (Trouble du Spectre Autistique)

Fournisseur : Prêt d'une amie de ma mère

Mon humble avis : J'ai lu ce livre dans son édition d'origine paru en France en 2007... Il a été réédité depuis, notamment aux Editions J'ai Lu... version que je n'ai pas lue et qui je l'espère est un peu différente, remaniée.

En effet, j'ai été agacée durant ma lecture par le style très plat de Daniel Tammet, les erreurs de syntaxe, de grammaire, d'orthographe, les répétitions d'idiome dans une même phrase...  J'attendais mieux de la part de cet homme qui se dit amoureux des mots. Après, ce texte a été écrit il y a plus de 15 ans.... Sans doute a-t-il travaillé sa plume depuis... Et quand je regarde des vidéos de Daniel Tammet, nul doute qu'il a beaucoup évolué, muri et progressé depuis, ne serait-ce qu'en aptitudes sociales. S'il réécrivait ce livre maintenant, nul doute que celui-ci serait mieux structuré et plus approfondi. Autre hypothèse : manque de correction, mauvaise traduction, coquille d'impression ? Je ne sais pas, mais cela a en partie gâcher mon plaisir de lecture.

Ensuite, je suis toujours un peu gênée, sceptique devant des adultes qui ont des souvenirs très précis de leur toute petite enfance, et surtout de leur ressenti... Comme si tout avait été noté à l'époque, comme si les parents se souvenaient du moindre détail.

Il y a aussi des passages que j'ai sautés... Parce que je suis imperméable aux chiffres. Aussi, les explications de sa synesthésie et sa mise en pratique me sont royalement passées au-dessus de la tête, de même que la méthode de Daniel Tammet pour apprendre les décimales du nombre Pi.

Mais là n'est pas l'essentiel de ce livre... En fait, cette synesthésie est presque anecdotique dans ces pages... Certes, elle concourt à l'hypermnésie de Daniel Tammet, à la curiosité bienveillante que celui-ci provoque, et aux découvertes sur le fonctionnement du cerveau qu'elle permet.

Ce qui compte par-dessustout, c'est le récit d'un petit garçon, puis d'un ado, puis d'un jeune adulte différent des autres... Tout d'abord rejeté et moqué avant qu'il ne développe publiquement des capacités hors du communs. C'est donc son trajet de vie pour se comprendre, comprendre le monde et en faire un minimum partie, tout en se protégeant, en adaptant le monde à ses possibilités sociales. Daniel Tammet force l'admiration devant son obstination à acquérir son autonomie.

C'est donc l'exemple d'un autisme que développe ici Daniel Tammet. Car il y a autant d'autismes qu'il y a d'autistes, impossible de dresser un portrait type. L'autisme Asperger signifie autisme sans déficience mentale et le syndrome savant de Daniel Tammet est très rare dans le TSA. Les Asperger ne sont pas tous savant, loin de là... Il ne faut pas faire d'amalgame. Daniel Tammet a grandi à une époque où l'autisme était encore très mal connu. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a été diagnostiqué autiste asperger si tardivement. A ce propos, j'ai trouvé dommageable qu'il n'évoque pas plus l'étape de son diagnostic, étape d'importance capitale pour tout concerné, et étape qui questionne beaucoup.

Enfin, ce livre, publié en Angleterre en 2006 a sans doute été écrit en 2005... Il y a donc 16 ans. Aussi, mieux vaut ne pas tenir compte des statistiques autistiques qui y sont notées, elles sont pour la plupart erronées (en tous cas, dans la version d'origine française). En effet, d'autres découvertes ont été faites depuis sur l'autisme... notamment sur l'autisme spécifiquement féminin, et bien plus présent qu'on ne le pensait à l'époque.

Quoiqu'il en soit, toute personne, famille ou parent concerné peut trouver ici quelques réponses à ses questions, des conseils comportementaux. Le témoignage de Daniel Tammet peut aussi permettre une relecture d'une enfance autiste non diagnostiquée.

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

Repost0