Publié le 31 Août 2024
Récit de voyage - Editions Gallimard - 128 pages - 23 €
Parution mai 2024
Mon pitch : Le narrateur s'est violemment disputé avec son épouse, a quitté le domicile familial en griffonnant un mot : "Je reviens dans une semaine". Dès lors, ses pas le guident vers la gare, dans un train qui, direction plein Nord, le mène à un autre, puis à un bus... Et voilà notre narrateur parvenu à destination : l'Ecosse, les Highlands, et la petite auberge qu'il fréquenta jadis, avec ces parents, lors des vacances. Ne lui reste plus qu'à retrouver le lac sans nom... Le voilà parti dans la lande, dans la tourbe... Et le ciel change...
Tentation : La blogo
Fournisseur : Auteur + bib
Mon humble avis : Un récit de voyage étonnant... tout comme le chemin qui l'a mené chez moi... Tout d'abord, des billets sur les blogs des copines, des commentaires de ma part, et Jérôme Magnier-Moreno qui me contacte. Il souhaite envoyer un exemplaire d'Highlands à ma médiathèque, pour que je puisse le lire et le chroniquer et qu'ensuite, l'exemplaire profite à nombre de lecteurs. J'ai aimé cette démarche inédite dans "l'histoire de mon blog".
Cet ouvrage pourrait aussi être un roman, d'ailleurs, peut-être l'est-il. Et quand l'auteur est aussi peintre sous le nom de Rorcha, cela donne comme une hybridation originale entre récit et galerie d'art. En effet, de temps en temps, une pleine page est consacrée à une toile issue de ce voyage. Deux arts se rencontrent pour raconter. Il y a les couleurs apposées par le pinceau, et les couleurs posées par les mots. Il est question de couleurs partout, que ce soit dans les titres des chapitres, dans les choses décrites et les mots choisis, et sur la page qui fait face au texte.
C'est un voyageur qui regarde à l'intérieur, c'est introspectif. Mais il regarde aussi autour, les choses, les gens. Et enfin, ses yeux se portent au loin, sur les paysages qui défilent derrière la fenêtre, l'horizon. J'y ai vu une analogie, si c'est le terme... Avec un regard porté sur le présent, sur hier et sur l'enfance et ses souvenirs. Avec un lac comme Madeleine de Proust. Et un message aussi, peut-être... Ne pas trop se retourner aveuglément sur le lointain passé, ni le sublimer, au détriment de la vie actuelle, au risque de... sombrer... et se dire que le brouillard finit toujours par se dissiper. Car l'issue de ce voyage ne sera pas celle fantasmée par notre écrivain... Et cette errance dans le passé va provoquer son désir fou de retrouver son présent.
L'écriture est belle, poétique, sensible, colorée, sans exagération de style. C'est une belle immersion des sens, pour le meilleur et pour le pire, puisque même la peur du narrateur devient la nôtre. En effet, avec ce récit qui ne se déroule que sur quelques heures, et une destination en fait accessible à presque quiconque, Jérôme Magnier-Moreno nous invite à prendre sa place, dans le paysage de notre choix, et les souvenirs qui sont les nôtres et nous importent. C'est ainsi que j'ai lu et perçu ce bel ouvrage... une incitation à la pause, au ralentissement, même si ce n'est que pour quelques heures... pour mieux repartir. Oui, partir pour mieux repartir en revenant, en l'ayant choisi, sans le subir.