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Publié le 20 Janvier 2025

Nouvelle - Editions Folio - 118 pages - 2 ou 3 €

Parution d'origine en 1800

Mon pitch : En Suède... Les jeunes Ernestine et Herman s'aiment à la folie. Le père d'Ernestine promet la main de sa fille à Herman. Oui mais voilà, chacun des deux amants se voient devenir l'unique objet de désir de deux êtres vils qui s'unissent... Le comte Oxtiern veut emmener Ernestine à Stockholm et la prendre pour épouse, quand Mme Sholtz espère ravir le coeur de son caissier, Herman.

L'amour triomphera-t-il de la vilénie ?

Tentation : Le challenge Bonnes nouvelles

Fournisseur : Ma PAL 

 

 

Mon humble avis : Comme je suis loin de mes terres de prédilection avec cette nouvelle que j'ai refoulée si longtemps dans ma PAL de peur m'y confronter. Et pourtant, comme je me suis régalée de cette lecture, autant de son contenu que de mon étonnement devant mon propre plaisir. Vraiment, une très belle découverte qui me fait dire "mieux vaut tard et au bon moment que jamais" !

Ernestine est une nouvelle très modérée, soft du sulfureux libertin Marquis de Sade. En effet, le paroxysme de l'érotisme y est atteint lorsque nos deux amoureux passionnés échangent leur premier chaste baiser...

Certes, il m'a fallu m'habituer à la plume d'un autre temps et aux expressions désuètes. Mais une fois entrée dans l'histoire et le rythme acquis, j'ai profondément savouré notre belle langue française dans son expression la plus raffinée.

Ernestine est extraite d'un recueil "Les crimes de l'amour", paru en 1800. C'est une histoire tragique, vraiment où la vertu côtoie le vice, et qui est parsemé de trahisons, de mensonges, de crimes de sang. Et comme de tout temps, le combat entre le bien et le mal est bien inégal. C'est aussi une bataille entre les petites gens et les puissants qui ne manquent ni de moyens, ni de connaissances ni d'immoralité pour parvenir à leur fin.

Le plan du comte est de la Scholtz est vraiment machiavélique. Au fil des pages, la tension augmente, on tremble pour nos deux tourtereaux que Sade n'épargne pas.

Mais les petites gens, aussi victimes et naïves soient elles, ont quelque chose en elles qui est bien inconnu de leurs bourreaux.... La grandeur d'âme et l'intelligence du coeur. Et c'est par celle-ci que Sade conclut ce conte en espérant que le monde et l'homme en sorte ennobli...

Plus de 200 ans plus tard, force est de constater que si la forme a bien changé, (on ne se provoque plus en duel à l'épée), le fond de l'humanité est toujours aussi vicieux.

Une nouvelle très prenante à découvrir, vraiment !

La question maintenant est de savoir si je lirai d'autres écrit du Marquis de Sade ?! A suivre !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 16 Janvier 2025

Recueil de nouvelles - Editions le livre qui parle - 1h d'écoute -9 €

Parution d'origine fin 19ème siècle

Mon pitch : 4 nouvelles qui ont en commun de se dérouler aux alentours d'Etretat, dans cette Normandie qui a tant inspiré Guy de Maupassant, et dans lesquels il livre une description de la multitude que forment ses contemporains en un lieu précis.

Tentation : Mon écrivain classique préféré + le challenge de Jelisjeblogue

Fournisseur : Ma PAL audio

 

Mon humble avis : Quelles sont savoureuses ces quatre histoires courtes ! Elles me rappellent pourquoi j'ai tant dévoré les oeuvres de Maupassant à une époque de ma vie et ont été écrites entre 1880 et 1882.

La première nouvelle présente Etretat et sa fréquentation bigarrée, depuis les indigènes jusqu'au estivaux en passant par des célébrités, le lieu ayant inspiré nombre de poètes, écrivains, peintres. Il y question des habitudes des uns et des autres, mais surtout, des cancans et des on-dit, et de quelques personnes qui se tournent en ridicule. Tout cela est finement observé et narré.

La deuxième histoire traite d'une paysanne haute en couleurs et caractère, qui tient une pension de famille dans la campagne cauchoise. Même Victor Hugo a évoqué La belle Ernestine dans ces écrits. Alors des curieux viennent dans le coin pour voir la belle... qui avec les années, s'est fanée. Cela donne lieu à des situations cocasses qui disent beaucoup sur les petites et les grands de ce monde.

Vient ensuite une chronique sur un poète Anglais excentrique qui vivait alors à Etretat avec un singe. Ce texte ci m'a moins séduite.

Enfin ce recueil se clôt sur un récit plus mélancolique, mais qui m'a beaucoup plus et m'a beaucoup parlé. Maupassant y évoque l'aspect "tourisme de masse" dans une station balnéaire. Et comme je vis dans une station balnéaire 150 ans plus tard, forcément, cela m'évoque des choses qui n'ont pas tant changé que cela en fait.  En septembre, les riches repartent, ce sont les plus pauvres qui restent. Chaque année, c'est le retour immuable aux mêmes dates des mêmes qui sont partis quelques mois plus tôt... Il y a les célèbres parce qu'ils sont académiciens, et il y a ceux qui tirent leur renommée de leur bain de mer quotidien. Il y a les parisiens qui fuit la chaleur estivale de la ville, qui viennent sur la côte et y retrouvent... Paris... Avec les élégantes etc... Et lorsque le gratin est parti, alors peuvent se nouer les mariages "pauvres", ceux de fin de saison...

On retrouve dans ces textes la finesse psychologique, l'ironie, le thème de l'obsession de paraître cher à Maupassant et son style simple et élégant, qui va droit au but, sans grandiloquence ni fioriture inutile, bref, toutes les qualités qui ont mené Maupassant au Panthéon des écrivain du 19ème siècle, et tout ce que j'aime. A (re)découvrir !

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 14 Janvier 2025

Recueil de nouvelles  - Editions Livre de poche - 124 pages

Parution en 2012

Mon pitch : Solitude, obsession amoureuse, désenchantement... Six nouvelles dans des univers différents, où les personnages vont voir un jour leur vie basculer pour le meilleur ou pour le pire.

Tentation : Le challenge de Je lis je blogue "Bonnes nouvelles"

Fournisseur : Ma PAL

 

 

 

 

Mon humble avis : Ce livre, je l'ai acheté il y a 10 ans, au retour d'un voyage à ... Amsterdam ! Même si, évidemment, dans ces pages, on ne passe que très peu de temps dans cette ville que j'ai beaucoup aimée, le Challenge Bonnes nouvelles était l'occasion idéale pour le sortir de ma PAL.

Après quelques lectures qui m'ont demandé un réel effort d'endurance, ce recueil est finalement tombé à pique, même si le format nouvelle est loin de ma zone de confort. En fait, ici, les pages se sont tournées toutes seules, avec un réel plaisir dopé par la plume agréablement fluide de Tatiana de Rosnay.

Sur les 6 nouvelles, une seule ne pas vraiment plus : "Constat d'adultère", même si elle est bien menée et la chute ouverte bienvenue, qui m'a laissée décidée de l'avenir du couple.

Dancing Queen, très courte, m'a émue. Un veilleur de nuit, depuis "sa cage", danse en observant sur les écrans une femme de ménage qui danse comme une reine sur les bureaux accompagnée de l'aspirateur. Aucun des deux ne sait qu'il est observé et... !

Dans La tentation de Bel Ombre, l'autrice interroge une de ses aïeules qui au XVIIIème siècle a quitté Paris pour la Réunion puis l'actuelle Ile Maurice. Pourquoi ?

Il est aussi question de l'obsession amoureuse d'une jeune fille pour l'auteur qu'elle adule, et elle sera prête à tout pour s'immiscer chez lui. Cette nouvelle est proche d'un court thriller.

Un romancier anglais vieillissant et aigri s'envole pour Amsterdam avec son épouse, à l'occasion de son anniversaire.  Et enfin, une jeune fille s'ennuie dans une soirée très VIP... pour mettre un peu de piquant dans sa solitude, elle s'engage sur un chemin dangereux, sans imaginer les conséquences de notre époque... qui s'étaleront sur son mur Facebook.

Six nouvelles qui exploitent les travers de notre société actuelle... L'ultra moderne solitude, les réseaux sociaux, la quête identitaire, l'envie de sortir de sa condition sociale, la précarisation des étudiants etc...

Bien agréable, touchant et divertissent, je recommande entre deux lectures plus conséquentes.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 10 Janvier 2025

Roman - Editions Rivages - 296 pages - 20.90 €

Parution en août 2024 : Rentrée littéraire

Mon pitch : Antonio Borjas Romero fut abandonné lors de son troisième jour de vie sur les marches de l'église d'une rue qui aujourd'hui porte son nom. Recueillie par une mendiante surnommée "La Muette", il épousera quelques années plus tard Ana Maria, qui devint la première femme médecin  de Zulia, Etat du Venezuela.

Antonio et Ana Maria sont les grands-parents de l'auteur, et ce livre est leur histoire.

Tentation : Le nom de l'auteur

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : En 2024, Le rêve du Jaguar a remporté le prix Femina et a été nommé "Prix du roman de l'Académie Française", entre autres. Je voulais lire ce livre bien avant cette pluie de récompense, car depuis mon énorme coup de coeur pour Sucre noir et la découverte de la plume et de l'univers de Miguel Bonnefoy, je recherche dans chacune de ses parutions la même révélation... En vain, hélas.

Et pourtant, d'entrée de jeu, tout y est, tout ce que j'aime chez Miguel Bonnefoy... Le côté fresque familiale généalogique, la verve inégalable de conteur, la superposition de la Grande et de la Petite Histoire, les légendes, l'Amérique du sud, les extravagances, la poésie, l'imagination débridée, les coups de théâtre, le réalisme magique propre à la littérature latino-Américaine.

C'est donc avec allégresse que j'ai lu le premier tiers, suivant les (mes) aventures d'Antonio, son enfance, son adolescence pleine de rebondissements, sa rencontre avec Ana Maria et le début de leurs carrières de médecins. Le récit était très foisonnant, et peut-être trop d'ailleurs. Les personnages se multiplient, et l'importance de certains dans ce texte est à discuter. J'ai cru remarquer des contradictions, des anachronismes et le choix de l'ordre narratif m'a souvent désarçonnée... Par exemple, la mort d'un personnage est évoquée et quelques page plus loin, on revient sur celui-ci en pleine action. J'ai trouvé des longueurs, des répétitions, et vu la densité de l'histoire, et bien la notion de survol m'est apparue, et la description des personnages sont pour moi rester bien trop factuelle, comme un peu superficielle, m'empêchant en fait de m'y attacher et éprouver de profondes émotions. C'est donc à grande peine, avec un intérêt bien émoussée que de la page 100, je suis parvenue à la page 240 environ.

Et puis, j'ai retrouvé mon allant, les repères historiques sans doute plus proches de mon époque, et surtout plus précis (malgré la mention de la date du décès de Che Guevara qui ne correspond pas, ou alors j'ai mal lu). Et là, le roman m'est redevenu tout à fait passionnant, me permettant de comprendre l'Histoire récente du Venezuela, faite de révoltes, de révolutions, de coups d'Etats, et de crises économique qui se succèdent. Miguel Bonnefoy explique ici  succinctement mais clairement la genèse de celles-ci, ainsi que de celle de sa vocation d'écrivain.

Une lecture en demie teinte pour moi donc, mais qui a ravi XXL une dame de mon club de lecture.

Il n'empêche que le destin d'Antonio est complètement inouï et ahurissant !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 21 Décembre 2024

Roman - Editions Lizzie - 4h54 d'écoute - 19 €

Parution Editions Le tripode et Lizzie en 2019

4ème de couv : Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n'a d'autre solution pour survivre que d'avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d'une quête qui, au-delà des vastitudes de l'espace arctique, va lui révéler son monde intérieur et faire d'elle une femme.

 

Tentation : La blogo lors de sa sortie

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Dernier billet de l'année (une petite pause pour le blog jusqu'à la rentrée 2025) avec cette couverture qui devrait être de saison et un roman ô combien merveilleux... et qui prend encore une autre dimension avec cette version audio formidablement interprétée par Marianne Denicourt. D'autant que son récit est accompagné de "bruitages" (mot affreux alors qu'a l'oreille ce livre est si doux)... Le ruissellement de la banquise qui fond l'été, les tambours, les oiseaux, les phoques, les chants des esprits et des dieux et des anciens. C'est simple, ce livre audio est un véritable voyage sensoriel, une séance de méditation, une expérience aussi galvanisante qu'apaisante. Si vous avez déjà lu ce roman dans son format papier, je vous encourage de tout coeur à le redécouvrir un casque audio sur les oreilles.

Quant à l'histoire elle-même, initiatique, elle est sublime. Même si elle n'élude pas les rudesses de la vie, elle en déploie toute la beauté, la force. Elle nous initie aux rites, aux croyances, aux coutumes, au quotidien Inuit. On pense ce roman atemporel, en un sens il l'est. Mais il s'ouvre sur un temps immémorial, puisque nous suivons Uqsuralik, puis sa fille, et le livre se clôt sur les enfants des enfants des enfants... de sa fille. 

La très talentueuse et documentée Bérengère Cornut nous offre une immersion dans le peuple inuit, tout en poésie, délicatesse et spiritualité. Dans ce décor majestueux qui parait blanc et vide dans son immensité, l'autrice nous livre une histoire très foisonnante, où il est question de transmission, de deuil, de survie, de parentalité... On est dans l'existentialisme, l'ésotérisme, le chamanisme... Mais aussi de préoccupations plus terre à terre : chasser, manger, lutter contre la famine, soigner l'enfant malade...

De pierre et d'os a aussi une grande portée écologique... Car les Inuits ne chassent et pêchent que le strict nécessaire, respectent leurs proies et leur cycle de vie... Et puis, surtout, la modernité et les envahisseurs commencent à menacer cette terre immaculée... Un roman profond sur le rapport de l'homme à la nature et une lecture enchanteresse et universelle.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 18 Décembre 2024

Roman - Edition Ecoutez lire - 6h04 d'écoute - 17.99 €

Parution Gallimard et Ecoutez Lire en 2020

Mon pitch : Dans les années 60, quand on demande à son père s'il a des enfants, il répond : "non, j'ai deux filles". Car Laurence et sa soeur Claude ont eu le tort de naître filles, lorsque des garçons étaient tant attendus, dans une époque où les filles et femmes ne sont riens. D'ailleurs, cela commence dès l'échographie, quand le médecin dit, je ne vois "rien".  C'est la vie de Laurence que nous suivons, dans une famille et une société patriarcale sur plusieurs décennies. Jusqu'à ce qu'elle devienne mère elle-même, et que sa fille la plonge dans l'évolution de la société.

 

Tentation : envie de découvrir l'autrice

Fournisseur : La bib de Betton , merci Cécile

Mon humble avis : Je suis ravie d'avoir enfin découvert la plume de Camille Laurens, je me suis régalée. Cet ouvrage est une autofiction bouleversante à plus d'un point. Parce que Camille Laurens sait aller au coeur des sentiments, des non-dits et des dits tout aussi violents et explorer l'infini de leurs conséquences tout au long de la vie d'une fille, puis d'une femme.

Laurence a le tort de naître fille quand il eut été beaucoup plus simple d'être garçon. Au fil des pages, c'est la non place du sexe féminin dans la société qu'explore l'autrice et ses non-droits, en dehors de celui de se taire, d'obéir aux dictats tant patriarcaux que familiaux. Tout est dit avec une telle puissance, une telle dextérité, une telle délicatesse ou une telle violence, sans jamais se départir d'une certaine ironie et d'humour qui apportent quelque pointe de légèreté. Et pour être juste, Camille Laurens n'élude pas la difficulté et le poids des attentes sociales qui pèsent sur les épaules masculines. Il est aussi beaucoup question de précision de vocabulaire féminin/masculin... Les idiomes féminins étant souvent issus de terme masculin amputé de quelques lettres et qui de ce fait, prennent un tout autre sens, forcément péjoratif et dénigrant... par exemple... Garçon... Garce...

Même si la société a encore de gros progrès à faire, "Fille" montre le sexisme, la misogynie, les préjugés, la bêtise et l'ignominie que subissent les filles, depuis l'agression sexuelle à taire absolument, jusqu'aux insultes et propos méprisants juste parce que l'on est "fille". Et le père de Laurence est simplement abject de suffisance.

Certains passages sont à couper le souffle et nouer la gorge, notamment lorsque Laurence perd son enfant juste né et qu'elle ne reçoit le soutien de personne... Ni du médecin responsable de l'erreur médicale, dépassé, ni de ses parents, ni des institutions... Il n'y a qu'une sage-femme qui aura envers elle quelques mots justes. C'est si peu, quelques mots... Partout, ce qui compte, c'est de soutenir l'homme et sa réputation. On est abasourdi plus d'une fois... Et en tant que femme, forcément, il y a de nombreuses situations, de nombreux mots que j'ai reconnue, pour les avoir vécus, entendus... Oh, je n'ai rien subi de gravissime mais ces petites phrases assassines qui germent insidieusement et compénètrent plus profond de l'être, au point de modifier un épanouissement, une confiance en soi et peut-être une trajectoire, ça oui.

Bref, un roman magnifique et dense, qui parle autant de la condition féminine, que de la société et des rapports parents/enfants, que j'ai écouté avec autant d'intérêt, d'émotions, de révolte que de plaisir... tant pour son contenu que pour l'extrême qualité et le rythme vivant de son écriture aussi juste, qu'incisive que drôle.

Et la conclusion, c'est qu'une fille, c'est bien aussi... Voire même qu'une fille s'est aussi bien !

PS : J'y ai un peu retrouvé ce que j'avais adoré dans "Les années", d'Annie Ernaux.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 12 Décembre 2024

Roman - Editions Albin Michel - 240 pages - 17.90 €

Parution le 30 octobre 2024

L'histoire : Arthur a cinq ans lorsque sa mère lui révèle un immense secret : elle va bientôt partir en mission dans l'espace, sur une planète pour fabriquer des étoiles. En attendant le grand jour, elle passe le plus de temps possible avec son fils, pour combler le manque quand ils seront éloignés.

Fournisseur : Service Presse, merci Gilles Paris pour l'envoi

 

 

 

 

Mon humble avis : Me voici mal à l'aise pour rédiger ce billet. Certes, j'ai eu un coup de coeur à la rentrée pour Tenir debout, ma première lecture de Mélissa Da Costa, pour lequel j'avais également bénéficié d'un service presse. Du coup, sans que j'en émette l'envie, j'ai reçu La faiseuse d'étoiles. Et le problème pour moi, et que ce style de roman n'est pas du tout ma tasse de thé. Je ne suis pas du tout sensible aux histoires qui donnent la parole à un très jeune enfant, même si celui-ci a grandi.

Voilà pourquoi je ne mets pas mes petites pattes de chats de notation de mon plaisir de lecture sur ce billet.

Mais j'ai tout de même lu La faiseuse d'étoile pour vous en parler et respecter mon "engagement". Et puis parce que ce livre est une édition spéciale, voire même une réédition collector dans un très beau format brochet, avec rabats, dorures etc. Vraiment un bel objet pour compléter une bibliothèque. Melissa Da Costa a un large lectorat, cette histoire peut plaire aussi à bien d'autres personnes et à l'approche des fêtes, ce livre peut être un chouette cadeau de Noël.

Arthur s'apprête à devenir père... Alors, il se rappelle ce qui s'est passé lorsqu'il n'avait que 5 ans. Sa mère lui annonce qu'elle va bientôt devoir s'absenter, pour devenir gardienne des merveilles sur la planète Uranus. Avec la complicité de ses proches, Clarisse invente tout un univers pour que cette histoire devienne réelle pour Arthur et lui évite la confrontation avec la brutal réalité. Car nous lecteurs adultes, nous comprenons très vite qu'en fait, la Maman d'Arthur est atteinte d'une maladie grave... L'imagination de cette Maman pour construire cet univers merveilleux est sans limite et admirable. Les lecteurs peuvent se poser la question : ce mensonge est-il une bonne idée, faut-il mentir à un enfant, même pour son bien... La réponse n'est pas si simple que ça, nous le voyons bien quand Arthur découvre la vérité.

Cette histoire est bien conçue et bien menée, avec le style approprié... Ce style enfantin maîtrisé qui ne me convient pas. C'est mignon, mais je ne sais pas si c'est parce que je ne suis pas mère, cela ne me bouleverse pas et ce n'est pas ce que je prends plaisir à lire.

Par contre, si vous êtes une fan de Mélissa Da Costa ou que vous en comptez dans vos proches, n'hésitez pas. Comme sa version d'origine en poche, ce roman est toujours vendu au profit de l'UNICEF. Donc il y a aussi une bonne action à la clé.

Antigone a beaucoup aimé

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 6 Décembre 2024

Roman - Editions Flammarion - 352 pages - 22 €

Parution le 14 août 2024 : Rentrée littéraire

L'histoire : Malgré tous les récits qu'elle a entendu enfant, Tass n'a jamais bien su où commençait l'histoire des siens ni expliquer la Nouvelle Calédonie à Thomas, son compagnon resté en métropole.  Revenue à Nouméa, Tass retrouve son poste de professeur de Français. Dans l'une de ses classes, deux jumeaux, Kanaks, l'intriguent... Que signifie le petit tatouage qu'ils portent sur la main. Un signe de ralliement indépendantiste. Quelque temps plus tard, les deux jumeaux disparaissent. Tass part à leur recherche, sans savoir que ce chemin la conduira à l'histoire de ses ancêtres.

Tentation : Le sujet

Fournisseur : La bib

 

Mon humble avis : J'étais enthousiaste à l'idée de découvrir enfin la plume d'Alice Zeniter, et de partir avec elle en Nouvelle Calédonie, et c'est avec élan que je me suis lancée dans cette lecture... L'écriture m'a vite parue agréable, soignée, et les descriptions de la vie, des décors et de la végétation ultramarines me ravissaient. Puis, puis j'ai commencé à trouver le temps long, la disparition des fameux jumeaux annoncée en quatrième de couverture n'advenant qu'à mi roman. Je pensais que celle-ci génèrerait une sorte de quête, avec moult rencontres et témoignages, mais pas du tout, ou très peu.

Avec Frapper l'épopée, Alice Zeniter nous soumet des clés pour appréhender un peu mieux la complexité sociale de la Nouvelle Calédonie, et sa fracture politique. On en apprend énormément sur "le caillou", depuis le premier drapeau Français planté en son sommet sans se soucier de ses habitants premiers : les Kanaks. Très vite, l'archipel est devenu une colonie pénitentiaire de plan B... Pour pallier la Guyane où les prisonniers mourraient trop vite à cause du climat. C'est toute l'histoire et le peuplement de la Nouvelle Calédonie qu'Alice Zeniter balaie ici, à travers la vie d'un ancêtre de Tass. Cet ancêtre, algérien qui s'est rebellé contre le colon a été condamné au bagne et aux travaux forcés en Calédonie. Le passé des aïeuls de Tass lui est livré de façon très particulière, à laquelle je n'ai pas adhérée et qui s'appuie sur les croyances kanakes très fortes. Ces révélations durent quatre plus de quatre-vingt pages, m'ont paru interminables. J'ai eu la sensation que ma lecture devenait laborieuse, avec l'envie d'en finir au plus vite sans en trouver l'énergie.

Et je m'interroge... Comment un roman peut-il être aussi intéressant et instructif tout en étant aussi peu passionnant et captivant. A mes yeux, cette histoire manque d'allant et de force narrative. Je ne me suis pas attachée aux personnages, et leur histoire, qui nous garde à distance sans réelles émotions, ne m'a semblé qu'être un prétexte bien secondaire pour placer la grande Histoire. Je trouve ce roman plutôt maladroit dans son objectif qui reste flou pour moi. A part le panorama kaléidoscopique passé et présent de la Nouvelle Calédonie, où a voulu me mener l'autrice à travers ce que vivent ses personnages, et surtout Tass, l'héroïne ?

Première rencontre avec Alice Zniter plutôt manquée pour moi, même si j'ai appris énormément au cours de ma lecture sans avoir à lire un essai encyclopédique, forme littéraire pour laquelle je ne suis hermétique.  Vraiment intéressant, mais pas du tout captivant, j'ai l'impression que c'est une première pour moi un tel ressenti.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 28 Novembre 2024

Roman - Editions du Seuil - 160 pages - 18 €

Parution le 19 août 2024 : Rentrée littéraire

L'histoire : Iran, Chiraz, automne 2022. Au coeur de la révolte "Femme, Vie, Liberté, une jeune femme grimpe sur une benne à ordure et est prête à mettre le feu à son foulard sous les encouragements. Elle n'a que 16 ans. Son père l'a nommée Zahra, mais sa mère, c'est un tout autre surnom qu'elle lui donne : Badjens. Mot à mot, cela désigne le "Mauvais genre" mais en persan de tous les jours, Badjens cela signifie "Effrontée, espiègle". Un surnom comme un premier signe d'émancipation ?

Tentation : Le sujet d'actualité + le billet de Violette 

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Voici un roman qui se lit en apnée, et qui, une fois la dernière page tournée, vous laisse K.O et sans voix.

Ce n'était qu'il y a deux ans, et pourtant, on n'en parle plus ou presque. D'ici il semble que la fatalité des lois islamiques de l'Iran ait eu raison du courage et de la détermination de millions de femme qui ont fait la révolution dans les rues, suite au décès de Masha Amini, une iranienne arrêtée par la police des moeurs pour quelques cheveux qui dépassaient du voile.

L'autrice franco iranienne Delphine Minoui nous replonge au coeur de cette période, période dans laquelle elle nous conduit pas à pas à travers la vie de la jeune narratrice, depuis sa naissance jusqu'à ce jour où elle ôte son voile au milieu de la foule.

Le ton est vite donné...  "J'ai 16 ans et je suis morte le jour où je suis née".  Parce que Badjens est une fille. Quelques mois avant, lors d'une échographie, l'obstétricienne s'était excusée.  "Désolée, c'est une fille". Un avortement est envisagé, mais trop cher...

Zahra sera donc invisible aux yeux de son père autoritaire et inflexible. Mais Badjens pourra compter sur l'amour et la complicité de sa mère qui lutte discrètement contre le patriarcat, chez elle, dès que son mari a le dos tourné. Plus tard, la mère luttera depuis son balcon, en applaudissant les cortèges de manifestantes.

Badjens nous narre donc son quotidien, celui de son enfance, de son adolescence, ses copines, leurs secrets, et leurs moyens et échappatoires pour contourner les interdits patriarcaux qui font d'elles des sous individus sans droits, juste avec des devoirs... Celui de porter le voile, de se taire, celui d'obéir, celui de subir, notamment les agressions sexuelles... Ce roman montre vraiment l'hypocrisie et la misogynie de la constitution iranienne et de la plupart ses citoyens masculins.

Un roman court mais uppercut sur le courage et l'émancipation des femmes iranienne. Cette quête de liberté individuelle et collective bouleversante est servie par une forme, un ton et des mots qui claquent, remarquablement adéquates. Une histoire grave, mais une lecture que je n'ai pas trouvée plombante. Car il y a l'énergie, l'envie, la détermination. Un livre nécessaire, incontournable, qui me fait dire une fois de plus ma chance d'être née en France. Certes, le droit des femmes a encore beaucoup de progrès à faire, mais au moins, dans l'absolu, le grand tyran dans ce domaine-là n'est pas l'institution qui écrit les interdits. Le bafouage des droits de la femme est je pense chez nous, plus une question de mentalité générale et d'éducation individuelle. Dans l'absolu, en France, en tant que femme, j'ai autant de droits légaux que mon voisin masculin.

Ce roman est là pour que ne tombent pas dans l'oubli toutes ses femmes iraniennes qui se sont rebellées contre le sort que leur réserve leur pays, qui se rebelleront encore, en Iran ou ailleurs. Entre espoir et désespoir, Badjens est un magnifique roman. Puissant, qui va droit au but.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 26 Novembre 2024

Roman - Editions J'ai Lu - 160 pages - 7 €

Parution J'ai Lu 2020 (Editions Noir sur Blanc 2019)

Le sujet : "Raconter Vivian Maier, c'est raconter la vie d'une invisible, d'une effacée.  Une nurse, une bonne d'enfants. Une photographe de génie qui n'a pas vu la plupart de ses propres photos. Gaëlle Josse dresse le portrait et narre la vie de Vivian Maier, décédée dans la misère dix ans avant la parution de ce livre. Et maintenant, Vivian Maier est considérée comme une sommité mondiale dans l'art de la photo de rue. Et ce que l'Histoire, les témoignages et les traces ne disent pas, Gaëlle Josse le suppose...

Tentation : Mon goût pour la photo de rue et ma "pratique" de celle-ci

Fournisseur : Bib de St Lu

 

 

Mon humble avis : Il y a un peu plus d'un an, le nom de Vivian Maier m'était complètement inconnu. Et, depuis que j'essaie de pratiquer au mieux la photo de rue et fréquente des groupes Facebook qui lui sont consacrés, et bien j'en découvre des patronymes de maîtres dans cet art... Dont Vivian Maier... et l'autre jour, sur le chariot des retours de la médiathèque, ce livre... Aussitôt pris.

En septembre, j'ai lu la BD Vivian Maier : A la surface d'un miroir. Que j'avais apprécié mais sans plus, la trouvant trop elliptique et "en surface". Et bien un conseil, lisez d'abord le roman de Gaëlle Josse, puis la BD que vous apprécierez bien d'avantage. Le roman vous permettra de combler les ellipses de la BD... Et la BD vous permet de mettre un visuel sur le roman. Les deux se retrouvent donc judicieusement complémentaires.

Une femme à contre-jour s'ouvre sur les derniers jours de Vivian Maier, son décès... Le box ou Vivian Maier entreposait ses effets n'est plus payé... John Maloof, un jeune agent immobilier, achète aux enchères un lot de photos, planches contacts, de bobines de film... pour la modique somme de 400 €.... Alors que le contenu de ses cartons vaut maintenant des millions. Après un travail monstre de tri, d'impression etc, il se battra pour faire reconnaitre le travail de Vivian Maier. Ainsi né la légende de cette femme invisible, qui a traversé la vie des autres sans vraiment la marquer, et qui passait la sienne à arpenter les rues de New York, puis de Chicago, son appareil photo autour du cou. Et de son Rolleiflex, elle saisit et fige pour l'éternité les laissés pour compte, la misère, les femmes, les personnes de couleurs, les enfants qui trainent les rues... Et plus que tout, ses photos sont maintenant de formidables témoignages des époques qu'elle a traversées. Et parfois, Vivian Maier apparait sur ces clichés, via un ou plusieurs reflets dans des miroirs, une ombre... Toujours discrètement, toujours avec une expression neutre et austère, l'expression de celle qu'on ne voit pas, de celle qui est à contre-jour pour ceux qu'elle photographie.

Gaëlle Josse met sa sublime et ô combien agréable plume au service du portrait de cette femme si complexe et ambigüe, qui malgré toutes les recherches et les documentations existantes, gardera toujours une part immense de mystère. Née à New York en 1926 d'une mère Française et d'un père américain, Vivian Maier subira les violences d'une famille dysfonctionnelle, subira les déracinements, subira les abandons pour ensuite abandonner elle-même tout ce qui la rattache à sa famille toxique. En femme libre bien avant celles de son époque, elle voyagera, ne se laissera pas marcher sur les pieds et exercera le métier qui lui laisse le plus de temps pour errer dans les rues et ruelles, jamais sans son Rolleiflex entre les mains. Une question demeura toujours sans réponse... Pourquoi, de son vivant, Vivian Maier n'a jamais présenté son travail à un journal, à une agence, à un éditeur ? Pas peur d'être une fois de plus rejetée, ignorée ? On ne le saura jamais. Vivian Mayer s'est éteinte avec son mystère... Mais a laisser des dizaines de milliers de clichés...

Un ouvrage que je vous recommande chaleureusement. Même si la photo de rue vous laisse de marbre, ce roman est avant tout un beau portrait de femme, et surtout, une photographie d'une certaine Amérique du vingtième siècle à travers des personnages qui pour qui le rêve américain n'est resté qu'une chimère.

Photos de Vvian Maier

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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