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Publié le 11 Octobre 2022

Roman - Editions Notabilia - 215 pages - 7.50 € 

Parution Notabilia 2021 (Poche 2022)

L'histoire : Ce matin là, sa voiture ne démarre pas. Ce ne pourrait être qu'un agacement, mais pour Clara, c'est comme la fissure d'un barrage... de l'eau, l'inondation, la noyade... Le Burn Out. Des mois la tête sous l'eau, jusqu'à ce qu'une envie revienne, une étincelle, une lumière...

Tentation : Nom de l'auteur et blogo

Fournisseur : La déchetterie (hé oui !)

 

 

 

Mon humble avis : Ma vie de lectrice change. Il fut un temps où je ne pouvais lire que des romans neufs et qui m'appartiendraient à jamais. Et là, j'ai lu un exemplaire trouvé à la déchetterie, dont les pages étaient gondolées et piquées de moisi... Certains livres sont vraiment malmenés. Mais malgré son apparence peut attirante, ce roman a eu comme un effet magnétique sur moi... Je l'ai dévoré autant que j'ai pu, j'avais toujours très envie de m'y replonger.

Et pourtant, je reconnais que le sujet (dépression et burn out) peut être rebutant pour certains, comme à priori pour moi d'ailleurs, maintenant que je me suis sortie de cette spirale qui semblait infernale. Et bien en fait, le texte de Gaëlle Josse est doux, et assez lumineux dans un sens.

Nous accompagnons Clara, trentenaire comme il en existe des centaines de milliers... Un petit ami, un travail valorisant dans une société de crédit, et même une récente promotion. Voilà pour la façade. A l'intérieur des murs, une vie contrariée dix ans plus tôt et un changement de direction, d'axe, loin des projets d'origine. Et puis l'usure, la fatigue du sourire de circonstance, de l'obéissance aux injonctions professionnelles et sociétales de notre époque.

C'est donc la noyade pour Clara, dans un tourbillon qui l'emmène dans le fond. Cela n'est pas pesant à lire, car c'est très humain, on a tous eu droit à cet état ou on l'a tous frôlé. Et Gaëlle Josse a un talent incommensurable pour décrire avec une finesse extraordinaire cette période où tout s'écroule, où plus rien ne nous anime, plus aucune envie, même pas la faim. Et l'entourage qui ne comprend pas, ne supporte pas, impuissant qu'il est. Tout de devient étranger, même soi-même. Mais le burn out, c'est aussi une situation où l'on regarde plus autour de soi, pour essayer de comprendre, de trouver, de se retrouver une place dans cette violence sociétale que l'on subit, notamment dans le monde du travail, et qui nous amène à agir à l'encontre de nous-même, à nous maltraiter, à nous violenter. Tout cela est parfaitement analysé par Gaëlle Josse, tout comme le retour d'une première envie : un bouquet de tulipe, qui sera suivi d'un besoin de voir la mer, et d'une invitation à la campagne... Petit à petit, une renaissance à soi-même et au monde, mais pas tout à fait celui d'avant, celui que l'on choisit en conscience, calmement, en liberté, par envie. Car oui, le Burn out peut ou la dépression, aussi douloureux soient ils peuvent être une occasion de repartir dans la bonne direction, sur le bon axe, celui de l'équilibre.

Ce matin-là est magnifiquement écrit, avec une poésie et des couleurs qui apaisent le lecteur et rendent ce texte doux à lire et prétexte à s'interroger sur ce qui est essentiel et vital pour nous, tout en se respectant. Une histoire, celle de Clara, qui montre que pas à pas, il est possible de se réinventer, en puisant dans ce qui fait notre base et notre ADN, même si la vie nous a parfois obligé à oublier nos envies, nos projets, on peut toujours y retourner, même des années plus tard. C'est un texte littéraire, qui n'est pas fait pour être brut de pomme et plombant, mais beau et humain.

Je suis très contente des moments passés avec la sublime plume de Gaëlle Josse, que j'avais perdue de vue depuis quelques années.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 7 Octobre 2022

Roman - Editions Folio - 244 pages - 7.80 €

Parution Folio Juin 2022 (Gallimard 2020)

L'histoire : Léo a disparu depuis 6 mois, suite à une bonne dépression elle même liée à un accident de dentiste qui l'a laissé défiguré pour un moment ou plus.

Nul doute que Léo s'est réfugié dans un monde meilleur, celui des séries télé... dans une chambre noire sans fenêtre ni miroir. Des épisodes à longueur de journée, toute la nuit, jour après jour... Des centaines de personnages à voir sans être vu.

 

Tentation : la 4ème de couv'

Mon fournisseur : Ma CB

 

Mon humble avis : Titre et 4ème de couv' m'ont tellement intriguée que j'ai acheté ce livre direct, d'autant qu'il y était promis une bonne dose d'humour et d'imagination. Je m'attendais donc à l'éclate totale pour quelques heures... qui se sont éternisées en bien plus d'une semaine, tant j'ai peiné à atteindre la dernière page, peu motivée que j'étais à retrouver les X personnages, qu'ils soient héros, anti héros, ou les deux, narrateur...

Bref, je me suis emmêlée dans cet imbroglio de fictions, de fiction dans la fiction, de roman dans la fiction et de roman fictif !

Augustin Trappenard évoque ce livre comme " une déclaration d'amour à la fiction sur toutes ses formes". Par moments oui, mais ce n'est pas flagrant, peut-être juste avec le personnage de l'écrivain et du riche homme d'affaire la semaine / pauvre le week-end. 

Certes, Tonino Benacquista évoque notre rapport aux personnages... ici ceux de séries télévisées qui s'étirent en épisodes et en saisons... Ces personnages qui nous deviennent intimes, que l'on connaît mieux et pour qui l'on s'inquiète bien plus que pour nombre de personnes dans notre entourage quotidien. Moi j'ai plutôt vu dans ces pages un doigt pointé vers l'addiction qu'entrainent ces séries, et les vies vécues par procuration plutôt qu'à l'air libre.

Evidemment, et heureusement, il y a la plume de Tonino Benacquista et quelques envolées fulgurantes qui rattrapent l'intérêt déserteur pour quelques lignes qu'on trouve excellentes, avant de repartir dans l'embarras et l'ennui dans ces bribes d'histoires. Elles se suivent et s'intercalent sans cesse et n'ont semblé, à mes yeux, ne mener nulle part, en tous cas à aucune conclusion limpide mais à un "tout ça pour ça" ! C'est peut-être pour reproduire la frénésie saisonnière des spectateurs de séries que Bénacquista a mené ainsi son roman... Mais pour moi, en version lecture ce fut assez indigeste. Dommage, l'idée me semblait originale et très prometteuse...

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 22 Septembre 2022

Roman - Editions Albin Michel - 198 pages - 18.90 €

Parution le 17 août 2022 : Rentrée littéraire

L'histoire : Celle de Tristane... Petit fille née de la passion dévorante de ses parents... Et qui toujours sera secondaire, ignorée, voire dérangeante dans l'intimité du couple...  Une enfant qui grandit dans l'indifférence parentale et qui apprend à être terne... jusqu'à ce qu'elle devienne grande soeur, et prenne l'éducation de sa cadette très à coeur, pour combler le vide parental. En effet, les parents de Tristane ont accepté de lui faire un petit frère ou petite soeur si elle s'engageait à s'en occuper. Une cadette qui née donc comme arriverait un chien dans une famille, et qui n'aura pas beaucoup plus d'attention de ses parents... mais qui aura toute celle de sa soeur...

Tentation : MON RDV annuel depuis si longtemps

Fournisseur : Cadeau de ma Maman

 

 

Mon humble avis : Celles et ceux qui me suivent et me connaissent savent qu'à chaque rentrée littéraire, le jour J de la parution du nouveau Nothomb, je suis au rendez-vous ! Je n'ai pas failli cette année... et l'ai lu dans la foulée... Mais alors, pourquoi tant tarder à publier mon billet ?!

Flémingite, très beau temps, une autre lecture entamée juste après ?! Il y a certainement tout cela, mais aussi une relative déception... A moins que cela s'appelle une lassitude ?

Ma lecture fut un plaisir car évidemment, on retrouve dans ces pages tout ce qui fait qu'Amélie Nothomb est unique en son genre : le léger qui se superpose au grave, les situations et personnages assez rocambolesques, un vocabulaire hors du commun et une plume qui n'appartient qu'à elle. Bref un univers.

Oui mais voilà, j'ai eu l'impression qu'avec ce Livre des soeurs, c'est Amélie Nothomb qui fait du pur Nothomb, sans surprise, sans déviation (alors que ces derniers titres en comportaient certaines)... En général, les situations farfelues auxquelles Amélie Nothomb restent relativement crédibles... Elles ne le sont pas pour moi cette fois ci... 

J'aime l'univers d'Amélie Nothomb, mais le problème est qu'ici, toutes les galaxies et planètes nothombiennes sont présentes : le conte cruel, la surdouance de l'enfant et même du nourrisson, le nourrisson qui perçoit, comprend, retient et analyse tout, le suicide, l'anorexie, le champagne, la littérature, les pneus, les relations fusionnelles, l'homosexualité... Bref, j'ai un peu eu l'impression d'un fourre-tout aux niveaux des sujets évoqués qui, de par leur multiplicité, m'ont semblé plus survolés qu'approfondis.

Je pense que les fidèles d'Amélie Nothomb peuvent donc avoir un sentiment de déception, mais celles et ceux qui n'ont jamais lu la plus célèbre romancière belge pourraient être bien agréablement surpris par toute cette fantaisie.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 20 Septembre 2022

Roman - Editions JC Lattès - 198 pages - 19.90 €

Parution en Mai 2022 

L'histoire : Marseillette, dans le sud... Dans le café familial, Carmen pleure sa nièce chérie morte en couches. A plus de 40 ans, Carmen se rappelle les méandres depuis la fuite du franquisme alors qu'elle n'était qu'une enfant, et les personnes qui l'on faite, ou défaite, puis reconstruite. Parmi elles, ces soeurs... Et peut-être peut-elle commencer à croire à un autre destin.

Tentation : J'aime Olivia Ruiz

Fournisseur : La bib de Dinard

 

Mon humble avis : J'admire beaucoup Olivia Ruiz pour ses talents, son intelligence, son indépendance et surtout... sa plume !

On retrouve ici les sujets chers à la romancière déjà abordés dans son magnifique premier roman "La commode aux tiroirs de couleurs" : l'exil, l'identité, l'intégration, la force du travail et de la solidarité à toute épreuve, la pugnacité... Et l'on retrouve Rita, qui était la grand-père défunte, et qui est dans ce nouveau titre la soeur de Carmen, la narratrice.  On ne peut pas dire que Ecoute la pluie tomber soit une suite, mais plutôt un complément à ce qui ressemble déjà à la saga d'une famille de femmes qui n'ont pas tout choisi dans la vie, mais qui se sont battues pour garder honneur et tête haute.

On retrouve parfaitement aussi le café, certains personnages et l'atmosphère délicieusement animée décrite dans la chanson "J'traine les pieds", qui figure dans le deuxième album d'Olivia Ruiz. Elle leur donne tellement vie ici qu'on aimerait aller y passer un moment, s'accouder au comptoir, taper le carton, donner un coup de main, écouter les histoires, partager un moment de la vie, même si pas toujours heureuse, de cette famille. Bref, faire partie du clan ! Olivia Ruiz n'a pas son égal pour nous embarquer et nous intégrer dans une micro société, telle celle d'un café restaurant hôtel, et d'un village, où tout le monde se connait, se soutient. Où tout le monde appartient, et joue un rôle.

Que dire de Carmen, la benjamine de la fratrie exilée, qui toute sa vie se cherchera jusqu'à se perdre, qui toute sa vie se rebellera, qui toute sa vie sera toujours plus ou moins dans l'ombre de ses soeurs. Ses soeurs qui sont néanmoins ses ancrages pour revenir et ses poteaux pour se redresser. Elle est très touchante cette femme fantasque, qui se rêve indépendante mais ne parvient pas à l'être, que nous quittons ici dans la quarantaine, à l'aube d'une nouvelle vie... J'ai apprécié ses propos tantôt lucides ou drôles, tantôt naïfs sur le monde qui l'entoure, son égoïsme insouciant noyé par l'amour qu'elle porte à sa famille, et cet amour parfois aussi noyé par cet égoïsme qui est pour elle une manière d'être différente des autres, de s'affirmer, d'exister pleinement... mais finalement, douloureusement.

Je n'octroie "que" 4 pattes à ce roman car j'ai un peu peiné à y entrer vraiment au début, et j'ai eu du mal à me repérer dans les ellipses et dans les personnages principaux qui composent cette famille... Avant de me dire, peu importe, c'est l'histoire et ce qu'elle dit qui importe, et non la précision du lien familial. Et ici, Olivia Ruiz nous dit que nos actes personnels peuvent avoir des répercussions graves sur notre entourage, et qu'il faut donc parfois se méfier de notre propre enthousiasme...

Si vous n'avez pas encore lu Olivia Ruiz, et bien il est temps ! Vous découvrirez une plume dont on ne se lasse pas, qui émerveille, amuse, transporte, surprend de tant d'inventivité, qui bouleverse aussi, qui transperce, qui berce de poésie, qui sait aussi bien réchauffer que refroidir en un quart de tour ! Une valeur sûre qui vous prend dans les bras pour partager joies et peines... qui me fait dire qu'il y aura un troisième roman, qui donnera sans doute la place principale à l'un des "seconds" rôles d'Ecoute tomber la pluie ! Je pense que l'histoire de la famille d'Olivia Ruiz lui offre un beau terreau pour nous en raconter encore bien d'autres !

 

L'avis d'Antigone et de Violette

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 12 Septembre 2022

Roman - Editions Albin Michel - 240 pages - 19.90 €

Parution en Janvier 2022 

L'histoire : En juin 1944 à Montpellier, Mainou, 9 ans, perd sa mère morte en couches. Son père, combattant, ne peut s'occuper de lui et l'envoie donc dans sa famille de Lorraine, en zone occupée. Mainou passera donc la zone de démarcation caché dans une charrette à foin. Puis, c'est caché dans une chambre ou dans la cave qu'il attendra la fin de la guerre entre sa grand-mère, son oncle Emile et sa tante Louise. Pour l'instant, ça vie va devenir une suite de "pourl'instant" et ces "pourl'instant" vont durer trop longtemps. Mainou est le père de Mathias Malzieu.

 

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : La bib de Dinard 

Mon humble avis : Un énorme coup de coeur pour ce roman empreint de tendresse dans un monde brutal... 

Ce coup de coeur ne m'étonne pas, je m'y attendais, c'est toujours comme cela avec Mathias Malzieu. Il nous charme, nous enveloppe de sa prose tellement unique, émouvante, délicate, émerveillée, imagée. Ici, il nous fait vivre les derniers mois de guerre en zone occupée, et pas n'importe laquelle - La Lorraine- à hauteur d'un enfant, qui subit, s'interroge, lutte contre les crises d'angine de questions qui font mal à la gorge dans une situation qui le dépasse bien sûr, mais où les adultes font tout pour l'épargner et le protéger... Comme il doit demeurer caché et ne sortir sans aucun prétexte de la maison, le jeune Mainou écrit tout dans un cahier...  Et ce "tout", c'est ce qu'il murmure tout bas à sa mère défunte. Les conversations familiales, les sirènes qui résonnent et intiment de descendre à la cave, la peur, les petites joies, les bigoteries de Tante Louise, les escapades ratées, Marlène Dietrich (son cigogneau qui lui tient compagnie), les nazis qui rodent, le danger, l'oncle Emile qui manie bien la bonne humeur pour faire oublier le reste... Et surtout, l'habitante secrète du grenier. Pour Mainou, écrire sera aussi faire son deuil.

C'est tout cela que nous vivons et partageons avec Mainou, petit bonhomme très attachant, que l'Histoire va mener à grandir trop vite, à se retenir, à se contenir, à se taire, à s'interroger à un âge où tout ne devrait être qu'insouciance, joie et découvertes. Mais, malgré le contexte historique et grâce à sa plume signature, Mathias Malzieu parvient à nous émouvoir autant qu'à nous faire rire au travers de Mainou et de ses réflexions enfantines. Ces pages sont un éloge à l'évasion de l'esprit, à l'imagination, à la créativité et une ode à la liberté, celle de penser, celle de rêver ou de se souvenir quand le reste est interdit et qu'il faut se méfier de tout et de tout le monde. Et ce livre est aussi un formidable hommage au Guerrier de Porcelaine, qui n'est autre que le père de l'auteur. Ce dernier lui raconta cet épisode de sa vie il y a quelques années, alors que Mathias Malzieu combattait une terrible maladie et attendait une greffe en restant en chambre stérile (épisode de la vie de Malzieu qui a donné naissance au roman :journal d'un vampire en pyjama).

 Sans éluder les horreurs de la guerre, Mathias Malzieu parvient à faire de ce roman un nid, un cocon de poésie joyeuse et magique où il fait bon se réchauffer le coeur. Malzieu est vraiment un magicien des mots et de l'humour doux, qui nous mène du sourire aux larmes d'émotion. Je suis une fois plus plus terriblement conquise par cette lecture, et c'est très très chaleureusement que je vous conseille de faire la connaissance de ce Guerrier de Porcelaine.

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 28 Août 2022

Roman - Editions Anne Carrère - 298 pages - 19.90 €

Parution le 20 août 2021 

L'histoire : Dans un commissariat parisien, comme chez des experts, comme dans les cours de justice, il est un rapport qui rend fou quiconque tente de le lire. Il fait 1084 pages et s'intitule le Rapport Chinois... Il est issu de l'étrange cabinet Michard & Associé et a été rédigé par Tudgual Laugier. Ce roman est l'histoire de celui-ci.

Tentation : Le billet de Luocine (plus enthousiaste que moi)

Fournisseur : La bib de Dinard 

 

 

Mon humble avis... ou mon rapport sur le Rapport chinois !

Le rapport rend fou, et le livre presque autant ! Et pourtant, il y a du génie dans ce roman de Pierre Darkanian... En effet, je pense que c'est à dessin que l'auteur use de la vacuité pour évoquer le grand vide sur lequel repose notre monde et notre époque... 

L'histoire débute quelque temps avant la crise des Sub primes... A Paris, Tugdual, jeune homme sorti des études, est embauché suite à une étrange procédure, comme consultant dans un grand cabinet de conseil parisien, qui brasse des millions. Le salaire net de Tudgual : 7000 € par mois... Il prend son poste... et tout se passe dorénavant comme s'il était dans une quatrième dimension, bien balisée par le règlement intérieur qui prône la discrétion et le secret à outrance. Difficile d'en dire plus sans spoiler et le déroulement de l'histoire et l'atmosphère très particulière qui y règne.

L'idée est franchement bonne, maintenant, je suis un peu plus mitigée sur son développement. Nous y côtoyons des personnages qui sont des crétins XXL, des abrutis de première classe, tant dans leur comportement que dans leur mentalité. Alors au début, c'est drôle, et puis ça lasse tant c'est haut perché et ubuesque... C'est une plongée profonde dans l'absurdie. Mais j'ai trouvé cela très répétitif et trop scatologique...Les dialogues de nos abrutis sont très récurrents et tournent en boucle... trop longtemps, trop souvent pour ne pas m'avoir agacée. Ils m'ont même horripilée ! Après, comme je le suppose, c'est peut-être un effet de style de l'auteur pour montrer que l'on peut tout remplir, tout vendre, tout justifier avec du "vide".

Ce que Pierre Darkanian dénonce ici, ce sont les bulles spéculatives, les mouvements bancaires, financiers et fiscaux loin d'être étiques mais légaux ou accessibles en jonglant avec les failles du système, le tout "rapport" ou "commission" qui règne dans notre pays de bureaucrates, les salaires mirobolants du milieu de la finance, la lenteur du système judiciaire, le machisme, l'égocentrisme, la cupidité, la crédulité, la vacuité... Du monde, du système, des vies de certaines personnes qui misent tout sur leur réussite professionnelle et financière.

C'est poussé à l'extrême dans la loufoquerie, à force de cynisme et de sarcasme au 3ème degré, mais c'est certainement très réaliste hélas !

J'ai aimé le fond et les ressources d'idées, mais suis bien mitigée sur la forme, qui souffre de maladresse de dosage à mes yeux, et qui, de ce fait, ne m'a pas fait rire comme prévu. Mais je reconnais que c'est très bien écrit,

Et force est de constater que cette phrase majeure du roman est bien vraie : le monde ne repose que sur des promesses de "plus".

"Zhou l’avait initié à sa conception de l’économie : l’argent était qu’une croyance, qui n’avait ni plus ni moins d’existence que Dieu, la démocratie où les droits de l’homme. Si personne n’y croyait, l’argent n’existerait plus. Mais puisque l’essence même de l’argent était une croyance, il n’y avait rien de malhonnête à faire croire qu’on en avait. À force d’y croire, les gens finissaient par vous en accorder, espérant en recevoir davantage en retour, et vous donnaient ainsi raison. Une banque prêtait bien de l’argent qu’elle n’avait pas sur la seule certitude qu’on lui en rendrait d’avantage". 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 24 Août 2022

Roman - Editions au Diable vauvert - 224 pages - 18 €

Parution le 25 août 2022 : Rentrée littéraire

L'histoire : Bientôt cinquantenaire, Diego Lambert n'a jamais rien réussi dans la vie. Une fois de plus à court de liquidités, il n'a d'autre choix que de se présenter devant Antoine Lambert, son infecte père, PDG d'une multinationale. Ce dernier lui promet 50 000 € s'il accepte de remplacer la DRH malade d'une de ses entreprises du Pas de Calais, et de procéder à la restructuration prévue, à savoir licencier 15 personnes. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu, pour les uns comme pour les autres.

 

 

Tentation : Le pitch

Fournisseur : Gilles Paris, merci pour l'envoi.

Mon humble avis : Voici un roman rondement mené, qui nous embarque dans une folle histoire sans temps mort, sans surplus ni remplissage inutile, le tout servi par une prose efficace, très fluide, et évidemment férocement teintée d'humour et de cynisme, mais dosés à la perfection.

Nous faisons la connaissance de Diego Lambert, qui nous fait hésiter entre le héros et l'anti héros dans toute sa splendeur ! Looser invétéré, mais fantasque, doux rêveur, et plein de ressources si l'occasion lui est donnée de les manifester. Profondément humain, il trouvera un stratagème pour retourner la mission que lui a confié son affreux père... mais ce dernier, grand manipulateur, à d'autres tours dans son sac. Alors, seul l'irréparable protègera Diego de devenir un salaud de plus dans l'univers impitoyable du business et du Dieu monétaire.

Avec Crédit Illimité, Nicolas Rey use de la farce pour montrer du doigt les dérives de notre époque actuelle, du capitalise à outrance, de la priorité donnée aux actionnaires et directoires face à des petits ouvriers qui font vivre l'entreprise mais qui restent quantité négligeable quand il n'est question de profit à tout prix. Sont dénoncés les licenciements de masse dans des entreprises en bonne santé financière et bien placées sur le marché. Nicolas Rey donne aussi la parole à ces "petites gens" qui ne demandent qu'à travailler et garder leur poste.

En parallèle, afin d'ajouter une réelle légèreté dans ce livre, Nicolas Rey y développe une peut-être improbable romance haute en couleurs et en imagination entre Diego et sa psy !

Un roman qui divertit autant qu'il dénonce le drame de notre époque et qui pose des questions auxquelles on peine à répondre en fin de lecture :  Même le pire monstre est il tout à fait mauvais ? Est-ce moral que l'innocent d'un fait soit condamné alors qu'il ne l'est pas pour des fautes graves commises mais inconnus de la justice... Est-ce si aisé d'haïr jusqu'à la moëlle quelqu'un qui nous a pourri la vie ?

Je m'arrête là, car depuis tout à l'heure, je jongle avec les mots pour ne pas spoiler cette histoire et ses personnages hors du commun ! A lire, vous passerez un vrai bon moment de lecture !

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 20 Août 2022

Roman - EditioAudio - 4h15 d'écoute

Parution d'origine en 2008 chez Julliard

L'histoire : Los Angeles, début des années 90... Un meurtre. D'un côté, le narrateur, un flic qui mène l'enquête. De l'autre, Jack, acteur réputé, est entendu comme témoin dans l'affaire. Entre eux, c'est un coup de foudre, et le début d'une passion dévastatrice.

 

 

Tentation : Ma PAL audio

Fournisseur : La bib de Rennes

Mon humble avis : Deux hommes qui n'auraient jamais dû se rencontrer, et qui mènent chacun de leur côté la vie qu'ils ont jusque-là choisie. L'un est policier et attend un premier enfant avec sa compagne, l'autre acteur célèbre. La passion sera fulgurante autant qu'elle devra rester secrète... Pour éviter de faire la une des tabloïds et protéger sa carrière, l'autre parce qu'il mène l'enquête sur le meurtre et qu'il est en couple hétérosexuel. Et aucun des deux n'imaginait l'ampleur que prendrait leur relation... Que jamais ils ne regretteront, quoiqu'il en coûte.

Philippe Besson nous conte ici l'histoire de deux hommes bousculés par leur vie, et révélés à eux même par une rencontre accidentelle, une rencontre qui chamboulera tout et une relation, qui les feront surfer sur le fil du rasoir, qu'ils seront prêts à tout pour la protéger, la nourrir.

J'aime Philippe Besson... J'aime le regarder, bel homme, j'aime l'écouter à la télé dans les émissions littéraires, et j'aime le lire, mais je ne suis pas friande des sujets de ses romans qui ne me touchent pas tant que cela... Sans doute parce que j'ai du mal à concevoir que l'on se mettre autant dans le pétrin par amour quand on est conscient des risques encourus... Et l'idée de double vie et de mensonges à ce point n'entre pas dans ma galaxie.

Mais il n'empêche, je bois les textes de Philippe Besson car ils sont toujours magistralement construits. Et surtout, j'aime ses mots, sa poésie, sa façon de dire les choses, de les taire ou de les suggérer. Une délicatesse, une précision d'une efficacité remarquable. Si vous êtes sensibles aux histoires de passions amoureuses, ce livre vous plaira encore plus qu'à moi. Sinon, plongez-y tout de même, pour le plaisir de nager dans une écriture raffinée, qui rend hommage à notre belle langue française.

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 7 Juillet 2022

Roman - Editions Livre de poche - 264 pages - 7.70 €

Parution Poche en mars 2022 (Calman Levy)

L'histoire : Août 2018... Tess part rejoindre en Toscane sa fille Sienna qui y est déjà en vacances avec son oncle Sacha. En chemin, elle s'arrête chez une amie qui vit près du pont de Gênes... Mais le pont s'écroule et Tess est portée disparue sous les décombres... Pendant les recherches, Sacha doit tout faire pour que la petite Sienna ne sache rien de la catastrophe... et sans doute se préparer à être père... Sauf qu'en fait, Sacha n'est pas du tout l'oncle de Sienna, mais un comédien engagé depuis 3 ans par Tess pour apporter un visage paternel rassurant dans l'environnement chaotique de l'enfant... Des secrets enfouis vont être mis à jour... Il va falloir réagir, et sans doute très vite.

Tentation : Une envie soudaine !

Fournisseur : Ma CB

Mon humble avis : Près des caisses, une PLV de livres de poche avec les offres estivales... 3 achetés un offert... Ca m'a pris soudainement, j'ai saisi le titre de Julien Sandrel, attirée sans doute par cette couverture lumineuse et la promesse d'une lecture simple et agréable. De Julien Sandrel, j'ai déjà lu "La chambre des merveilles" et "La vie qui m'attendait"... Je savais donc ce que j'allais trouver dans ces pages...

Et je n'ai pas été déçue, puisque ce roman, je l'ai dévoré avec plaisir. 

Julien Sandrel prend la catastrophe réelle de l'effondrement du pont de Gène comme cadre de départ de ce roman... Et il tisse une très belle histoire, parfois dure, souvent lumineuse et joyeuse comme un enfant insouciant, et avant tout, tendre. Une histoire qui joue sur nos nerfs, mais aussi sur nos sentiments. En même temps, l'écrivain nous offre un petit road trip italien bien sympathique, pas très approfondi, ce n'est pas ici le sujet, mais qui met l'eau à la bouche ! Un dépaysement bienvenu !

Mais ce qui intéresse avant tout l'auteur dans ce texte, ce sont les relations humaines... Il y a les "blessés" de la vie qui se sont reconstruit tout en craignant les conséquences de l'attachement, donc fuyant les situations qui pourraient amener trop de sentiments. Il y a la complicité entre un adulte et un enfant, l'apprentissage de la parentalité, le choix d'un enfant ou d'un parent dans lequel on se reconnait, les responsabilités etc. Il est aussi question des handicaps invisibles dont les manifestations et conséquences sont souvent sous estimées. En effet, la petite Sienna souffre d'anosmie... Ce qui veut dire qu'elle ne perçoit ni les odeurs ni les saveurs. Elle ne prend pas de plaisir à manger. Et le goût et l'odorat sont aussi des sens d'alerte face aux dangers... Elle ne sentirait pas une odeur de gaz, elle ne remarquerait pas qu'un aliment est avarié etc... Mais comme la petite est une vraie battante, elle se lance de sacré défis dans la vie...

Des personnages très attachants (les principaux mais aussi les secondaires qu'on aurait bien envie de rencontrer aussi), un rythme qui ne faiblit pas, un grand huit d'émotions, une écriture très fluide, bref, les bons ingrédients pour une chouette lecture d'été, une lecture qui fait du bien !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 29 Juin 2022

Roman - Editions Livre de poche - 318 pages - 7.30 €

Parution en 2001

L'histoire : Depuis 2 000 ans, les chrétiens contemplent et vénèrent un Christ toujours représenté comme grave, douloureux, tragique. Aucune oeuvre d'art ne le montre souriant. Pourtant, Jésus se rend aux noces, partages escapades et repas avec ses disciples et annonce des messages radieux... mais point de sourire dans les textes.

Après une relecture passionnées des évangiles, Didier Decoin réécrit l'histoire du Christ, mais d'un Christ qui rit, qui sourit, qui est heureux !

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

Didier Decoin est lauréat du prix Goncourt en 1977. En 1995, il est élu à l'Académie Goncourt, dont il devient le président en 2020 :)

Mon humble avis : Curieuse expérience pour moi que de lire une histoire dont je connais la fin, et plus encore, la plupart des détails ! Ce qui fait que oui, j'ai trouvé parfois quelques longueurs.

Ayant reçu une éducation religieuse catholique (jusqu'à l'overdose), je n'ai pas appris grand-chose sur la vie publique de Jésus... Tout juste quelques piqûres de rappel, puisque j'ai déserté les bancs de l'église depuis pas mal d'années maintenant. Mais j'ai vivement aimé cette version qu'en propose Didier Decoin, version qui s'adresse à tous : croyants, athées, agnostiques ou simple lecteur curieux. Point de blasphème dans ces pages, bien au contraire. Didier Decoin ne fait pas mystère de sa foi.

Je dirais que le romancier va plus loin que les Evangiles...  Il commence avant et finit après les passages qu'il narre, les principaux miracles de Jésus. Il les introduit, et les poursuit après que les Evangiles y aient mis un point final. Supputation ? Imagination, recherches historiques ? Sans doute un peu tout ça à la fois, ce qui fait que ce texte est autant un roman qu'un essai.

Et là, j'ai appris, visualisé ce sur quoi les textes religieux font souvent l'impasse. En effet, Didier Decoin replace vraiment Jésus et sa vie dans son contexte d'époque en décrivant et expliquant son environnement : l'occupation romaine, les us et coutumes d'alors, la pauvreté, le climat, la végétation, les différences culturelles et religieuses entre juifs, samaritains, pharisiens, le rôle des scribes etc... Il nous donne à voir Jésus racontant ses paraboles, mais ne se contentant pas de la parole, qui certainement, les mimait aussi. Didier Decoin rend Jésus vivant et réel, profondément humain, espiègle et gourmand même si, évidemment, super humain (héro) sur certains points !!! Et ceci, sans occulter le divin bien sûr ! Il ne remet rien en cause, qu'on se le dise.

Mais surtout, Didier Decoin humanise les personnages en décrivant leurs doutes, leurs peurs, leurs joies, leurs rires, leur humour, leurs préoccupations quotidiennes, leur journée types, leurs sentiments, leurs interrogations, quand il n'y glisse pas les siennes propres quand il intervient dans le texte en tant qu'auteur. 

Le tout avec une plume alerte, vivante, joyeuse, grâcieuse, raffinée, très plaisante à lire, loin du ton sentencieux et, soporifique des Evangiles lues par un prêtre. On sort de ce livre avec la sensation d'avoir reçu une belle leçon d'amour, de courage, de vie, de bonté, de bienveillance, de persévérance, de liberté, de tolérance. Alors que quand je sors d'une Eglise après un office, c'est plus souvent le dogme, l'obligation, la culpabilité, l'intolérance et la morosité qui m'étouffent. Ce roman me fait dire que vraiment, l'interprétation qu'est faite des textes sacrés par l'Eglise est erronée, et n'est là que pour maintenir les croyants dans la peur et dans la domination... Ce qui est aussi très politique en fait, une question de pouvoir, une fois de plus.

Didier Decoin ne fait ici aucun prosélytisme et ne cherche à convertir personne. Il raconte à sa façon, une histoire connue de tous ou presque, une histoire que chacun est libre de croire réelle ou inventée depuis l'aube de notre ère, tout en respectant les convictions des autres, convictions qui normalement ne devraient faire de mal à personne.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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