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Publié le 3 Février 2025

BD - Editions Casterman - 88 pages - 20 €

Parution en septembre 2022

L'histoire :  Le ministre d'Etat chargé à la Culture convainc le président De Gaulle d'exposer La Joconde à New York en signe d'amitié. Le projet est risqué car il faut escorter le trésor du Louvre pendant la traversée à bord du France, le nouveau fleuron des chantiers navals français... Sauf que très vite, la Joconde disparait de son sarcophage sécurisé et que le ministre d'Etat la retrouve... dans sa cabine.

Tentation : Envie de détente !

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Puisque récemment, j'étais au Louvre et avec les oeuvres d'art dans la BD "Le Grand incident", je me suis dit, poursuivons dans le même domaine !

Le Ministre & la Joconde remplit sa mission : divertir quelques temps, et nous amuser, puisqu'il s'agit ici d'une comédie. Mais comme le fond historique est réel, on y apprend quelques petites choses jamais sues de nous, ou alors oubliées.

En 1963, la France a prêté la Joconde aux Etats-Unis, pour une période d'exposition de trois mois (à New York et à Washington) qui a réuni 1.6 millions de visiteurs. Pour le plaisir de Kennedy, le président de Gaulle y a vu la possibilité d'un geste diplomatique pour apaiser les tensions entre les deux nations.

A l'époque, il existait dans la hiérarchie gouvernemental un ministre d'Etat, un titre honorifique, qui plaçait son titulaire juste derrière le premier ministre. En 1962/1963, période où se déroule notre histoire, ce ministre d'Etat chargé de la culture était... André Malraux, aventurier et écrivain déjà récompensé par le prix Goncourt. C'est donc lui qui accompagne la Joconde durant les 5 jours que durait alors la traversée de l'Atlantique, sur le flambant neuf paquebot "Le France". Evidemment une équipe de sécurité est aussi du voyage, où mille et une précautions sont prises pour le transport de Mona Lisa !

Ne connaissant pas personnellement André Malraux, je ne peux dire si le portrait qui est dressé ici de lui est réaliste, en tout cas, il n'est pas vraiment flatteur ! Atteint de grosse fatigue, il se voit confié par le médecin de bord quelques amphétamines... Il en abuse et le voilà parti en crise de délire, de paranoïa etc. Certaines planches frôlent alors le psychédélique ! Il est décrit aussi comme prétentieux et plutôt insupportable ... Bref, il apparaît plutôt comme un bouffon !

En tout cas, on est ici dans une bonne farce, aux situations cocasses et burlesques, le tout servi par des dessins bien agréables. On passe un bon moment, mais rien de transcendant non plus et il me semble qu'au final, on ne sait pas bien comment la Joconde a atterri dans la cabine de Malraux. Un ensemble sympathique, mais qui reste anecdotique notamment par la légèreté de son intrigue et son aspect peu abouti, ou pas assez développé.

Contournable donc !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 24 Janvier 2025

BD - Editions Futuropolis - 128 pages - 23.50 €

Parution en août 2023

Mon pitch : Une crise sans précédent au Louvre l'oblige à fermer ses portes quelques mois. En effet, toutes les femmes sculptées ou peintes nues disparaissent aux yeux des visiteurs.

C'est qu'elles en ont marre, ces muses, des attouchements, et des réflexions désobligeantes dont elles sont victimes au quotidien.

C'est de Térésa, femme de ménage et confidentes de ces femmes statufiées qui sera la porte parole de leurs revendications auprès du directeur du Louvre. Celles-ci vont à jamais changer la vie du célèbre musée, et peut-être le regard sur la nudité et l'inégalité qu'elle génère.

Tentation : la blogo

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Voici une BD sacrément culottée, ou plutôt sacrément déculottée ! Car on le sait très vite (par la réputation qui précède cet ouvrage et par la couverture), les muses nues du musée devenues invisibles n'accepteront de retrouver leur visibilité qu'à l'unique condition que tout homme majeur qui visitera ses allées devra être lui-même nu !

Vous le comprenez tout de suite, Le grand incident est une fable "fansticocomique". Fantastique car la réalité ne rejoindra jamais la fiction et comique parce que oui, on rit bien devant moult situations farfelues. Mais pas que. Le fond de cet ouvrage est bien plus profond que son apparence. C'est une mine de constats et de réflexions sur le genre, la nudité et son interprétation systématiquement sexualisée, l'inégalité sexuelle, le sexisme l'irrespect face au corps et ses (im)perfections, le harcèlement qu'il soit physique ou verbal, les insultes etc...

On visite aussi certaines ailes du Louvre, ce qui est l'occasion de quelques cours d'histoire de l'art sur la nudité dans l'art au cours des siècles (sujet qui est bien plus approfondi dans le cahier final). Pour cela, Zelba a reproduit certaines oeuvres illustrant les propos.

Les planches sont bi chromiques... Tantôt en rouge et noir, tant en bleu et noir. J'ai lu que c'était pour différencier les scènes de nuit de celles de jour... Cela ne m'a pas frappée lors de ma lecture. Et j'avoue que je n'ai pas été fan du graphisme, notamment celui alloué au directeur du Louvre et à sa soeur/secrétaire, avec ce nez pire qu'une péninsule. L'absence de réelles cases m'a fait dire que mon plaisir de lecture était plus dans le fond et les textes que dans la forme.

Mais peu importe, cela ne m'empêche pas de louer l'originalité et l'audace de ce Grand incident, et surtout le questionnement qu'il soulève. On ne peut qu'espérer que cette oeuvre participera au changement des mentalités et des comportements indélicats... voir irrévérencieux, vulgaires et obscènes. Aussi n'hésitez pas à la lire, et à l'offrir, notamment à la gente masculine.

Les billets de Violette et de Fanja

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 22 Janvier 2025

BD - Editions L'oeuf - 115 pages - 16 €

Parution en novembre 2023

Mon pitch : Depuis toujours, Géraldine dessine. Son temps libre, elle le passe à faire des fanzines, qu'elle écoule dans les commerces de quartier, sur des salons etc. Mais en elle trotte l'idée d'une histoire plus longue, et rêve que celle-ci soit publiée par une vraie maison d'édition qui la rémunèrerait.

Nous accompagnons donc Géraldine dans ses premiers pas dans le monde de l'édition jusqu'à l'accomplissement. Et même si chacun y va de sa passion, il n'est sans dire que tout cela se révèle très laborieux.

 

 

Tentation : Ai-je besoin de la préciser ?!!!

Fournisseur : Ma CB

 

Mon humble avis : J'ai acheté cette BD au salon du livre de Rennes en mars dernier. J'étais dans les allées du salon, avec les blogo copines bretonnes... Et juste au moment où je disais "on est vachement plus raisonnables qu'avant... pour ma part je n'ai encore rien dépensé !" que mon regard tombe sur ce titre, évidemment incontournable pour moi !

Après lecture, je dois dire que même si l'héroïne s'était prénommée Gwendoline ou Francine, mon enthousiasme aurait été le même ! 

Car avec l'autrice Mara Kabar, vous avez les réponses à tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le monde du livre sans oser le demander. Ceci, dans une forme distrayante, illustrée, dynamique, directe, qui ne se perd pas dans les détails.  Et en fin d'ouvrage, un glossaire rappelle tous les idiomes professionnels en usage. Si vous avez du talent dans les doigts et une bonne histoire à raconter, vous serez près à vous lancer dans la création de votre première BD, tant chaque étape y est ici bien décrite, depuis les premiers croquis jusqu'au lecteur qui se délecte de cet ouvrage. Avec Géraldine, nous rencontrons toutes les compétences nécessaires à la naissance d'un livre, sans prise de tête. Les différents types d'éditions sont expliquées, avec les coûts, les pourcentages d'à valoirs, les droits d'auteurs. Des illustrations camembert découpent part de revenu sur un livre de 20 € à maillon de la chaîne qui participe à sa réalisation et à sa vente. Car oui, la fabrique d'un livre c'est une mutualisation d'une multitude de compétences et de métiers, depuis la dessinatrice, en passant par la graphiste, la correctrice, l'imprimerie etc... C'est en gros, deux ans d'un sacré labeur pour tout le monde. Mais une fois l'objet existant, encore faut-il qu'il rejoigne les étals et trouve ses lecteurs... C'est une autre étape où se mettent en branle commerciaux, distributeurs, attachés de presses, libraires, bibliothécaires, organisateurs de salons etc... C'est vraiment énorme, et personnellement, j'ai tendance à l'oublier quand je suis sous la couette à tourner des pages.

Une lecture aussi passionnante que divertissante et instructive, avec une héroïne qui ne manque pas de peps dans le texte et d'expressivité dans les dessins. Et un livre objet bien sympa à avoir dans sa bibliothèque, de la taille d'un livre papier, avec une couverture aussi douce au toucher qu'agréable au regard.

A lire, à offrir à vos ami(e)s quel que soit leur prénom, et encore plus vous connaissez des Géraldine. L'essentiel que la personne à qui vous l'offrirait aime les livres avec passion !

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 16 Décembre 2024

BD - Editions Lombard - 104 pages - 19.95 €

Parution le 6 septembre 2024

L'histoire : Années 70. Toute sa vie, Christine a couru pour se libérer des chaînes. Celles du deuil, du patriarcat ou de la colère. Et puisqu’il n’y a que dans la course qu’elle se sent libre, elle décide de s’inscrire au Marathon de France. Mais elle ignore encore que les femmes n’ont pas le droit d’y participer car ce sport leur est interdit. Pour elle, les obstacles seront bien plus nombreux que les 42 kilomètres qui la séparent de la victoire…

Tentation : le billet d'Antigone

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Après une telle lecture, j'ai presque honte de détester la course à pied ! Autant j'aime marcher, autant courir m'achève au bout de 100 mètres. Peu importe, ce n'est pas de moi dont il s'agit dans cette très belle et intelligente BD, mais de toutes les femmes qui se sont battues pour avoir le droit de courir au même titre que les hommes, sur les mêmes distances, et pour que le marathon féminin devienne discipline olympique. 

Aux J.O de1928, les femmes ne sont autorisées qu'à courir sur 800 mètres, droit qui leur est retiré l'année d'après. En 1966, une jeune américaine de 23, Bobbi Gibb décide de participer en cachette au Marathon de Boston. L'année d'après, c'est la Newyorkaise Katherine Switzer qui s'inscrit au Marathon de New York, sans préciser son sexe. Quand l'organisateur de la course le découvrira, il voudra violemment sortir Katherine de la course, Katherine qui sera vivement défendue par son conjoint et les amis avec qui elle court. Cette scène, photographiée et filmée, et devenue célèbre et Katherine terminera donc la course. En 1972, le Marathon de Boston accueille officiellement les femmes. Et en 1984, à Los Angeles le Marathon féminin se court enfin aux J.O. Que de chemin parcouru, que de destins bouleversés, quelle évolution de la société. En 2024, quand on voit le nombre de participantes aux Marathons ou simplement le nombre de femmes qui effectuent leur jogging quotidien, on n'imagine même pas qu'il y a à peine 50 ans les personnes qui couraient de longues distances étaient considérés comme des excentriques et que pour les femmes, le droit de courir fut gagner par une lutte pugnace. Et force est de rappeler que dans quelques pays et certaines cultures, ce droit leur est toujours refusé. Et dire qu'au XXIème siècle, la course à pied est fortement recommandée par les médecins pour garder une bonne santé, ce qui était loin d'être le cas avant. Tout cela est rappelé par très intéressant cahier qui clôture cet album.

Quant à l'histoire "d'une femme dans la course", elle est évidemment fictive mais les autrices se sont inspirées de celles des pionnières de la course à pied et leur rendent ainsi un magnifique hommage. Ici, nous sommes en France, dans la Creuse dans les années 70, et la jeune Christine doit travailler à la ferme et poursuivre ses études. Elle et subit autant la tyrannie patriarcale de son père que le deuil de sa mère. Mais depuis toujours, Christine s'évade et trouve sa liberté dans la course en pleine nature... jusqu'au jour où elle décide de monter à Paris pour le Marathon.

Les dessins sont magnifiques, tant pour représenter les corps dans l'effort de la course, que nous immerger dans la nature que Christine parcourt sans relâche près de chez elle, puis en montagne pour parfaire son entrainement. Elle est bien attachante cette volontaire et pugnace Christine. Nous alternons entre les kilomètres foulés sur le pavé parisien et des flash-backs sur l'enfance, la jeunesse de Christine, 'entrainement et toutes les épreuves qu'elle a dû surmonter pour participer à l'épreuve ultime. De très belles émotions durant tout ce parcours, où il y a de l'entraide, de l'encouragement, et une société entière qui découvre qu'une femme peut courir sur 42 km, ce qu'organisateurs de courses, médecins et scientifiques déclaraient physiologiquement impossible...

Un album que je recommande à toutes et tous, que vous aimiez ou pas courir. L'essentiel étant d'aimer vibrer avec des personnages qui vont au bout de leurs idées, de leurs envies, de leur énergie, qui se ibère des carcans et gagnent leur liberté.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 30 Novembre 2024

BD - Editions Glénat - 48 pages - 14.50 €

Parution en 2013

Le sujet : Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse, est choisi en 1783 par le roi Louis XVI pour diriger une expédition autour du monde visant à compléter, entre autres, les découvertes de l’Anglais James Cook. Même si l’impétueuse Navy anglaise est toute-puissante sur les mers et les océans, la Royale a aussi son rôle à jouer. Alors si elle ne peut gagner ses lettres de noblesse dans le combat naval, elle les gagnera dans le domaine de la science, des découvertes et du commerce…

 

 

Tentation : Le sujet, parfait pour le Book trip en mer

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Nous suivons La Pérouse, les deux frégates La Boussole et l'Astrolabe et leurs équipages durant une partie de leur tour du monde à visée scientifique... L'île de Pâques, l'Alaska, puis dans les îles qui s'appellent maintenant les îles Samoa, mais qui étaient les iles du navigateur à l'époque; la Nouvelle Hollande (l'Australie)... Le tout entre à partir d'avril 1786, pour au moins 3 ans.

Sauf qu'en 1792, La Pérouse et ses hommes ne sont toujours pas revenus en France, et sont portés disparus. Une expédition de recherche, commandée par le contre-amiral Bruny d'Entrecasteaux est montée à la demande du roi Louis XVI. Les deux navires de cette expédition mouillent longuement à Pondichéry, comptoir que se disputent depuis toujours la France et l'Angleterre. Bon ça c'est en résumé.

Les pages de cette BD alternent donc entre l'expédition de la Pérouse et celle bien statique d'Entrecasteaux.

Ce qui se déroule vraiment entre les protagonistes en place, on a bien du mal à le comprendre, tant tous les personnages se ressemblent et que bulles et dialogues, assez plats, ne nous éclairent guerre vraiment.  Donc sur ce plan-là, cette BD n'est pas franchement intéressante ni passionnante, puisqu'elle laisse sur le quai je pense quiconque ne serait pas féru et grand connaisseur d'Histoire. Manque de limpidité pour le profane. J'ai d'ailleurs mis du temps à comprendre que le type qui va monter sur la guillotine place de l'actuelle Concorde n'est autre que Louis XVI ! Au début, je pensais que c'était le héros de cette BD... Car oui, pendant que les grands navigateurs parcourent les mers au nom du roi, et bien celui-ci se fait couper la tête à Paris, donc cela a bien quelques conséquences dans l'autre hémisphère. Bref, tout cela apparait de façon plutôt brouillonne et plutôt survolée. Nous n'apprenons pas grand-chose sur les îles où débarquent La Pérouse et ses hommes, je pense qu'il est aussi fait référence à une bataille importante (celle de la Cheasapeak), mais tout cela est très confus.

Google m'a appris que les restes du naufrage de La Pérouse ne seront retrouvés qu'en 1826, et les épaves de La Boussole et de l'Astrolabe seront localisées dans les années 1960 par des plongées sur site dans les îles Salomon, au Nord Est de l'Australie.

Même si je suis très mitigée par cette lecture, je ne la regrette pas, puisqu'elle m'a incitée à taper La Pérouse sur google ! Et puis, franchement, les dessins de marines et de paysages sont vraiment splendides et valent bien le détour, rien que pour le plaisir des yeux !

24 points + 1 = 25 points

Me voici "Maître" !!!💥

Et c'est en qualité de "Maître" que j'achève ce book trip en mer, qui se termine ses jours ci.

N'hésitez pas à cliquer sur le logo et les liens si vous voulez voir tout ce qui a été lu sur le thème de la mer par les blogueurs/blogueuses. Si vous cherchez une lecture inspirante sur ce thème, vous trouverez certainement celle qu'il vous faut !

Et merci à Fanja d'avoir organisé ce challenge de lecture qui a été bien motivant et sacrément bien suivi !

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 18 Novembre 2024

BD - Editions Futuropolis - 126pages- 20 €

Parution en 2014

L'histoire : Cuba, début des années 50. Depuis 84 jours, le vieux pêcheur Santiago rentre bredouille de sa journée. Il partage ses repas, sa passion pour le baseball, ses souvenirs d'Afrique, sa solitude, avec Manolin, un jeune garçon qui lui rend visite régulièrement. Le 85ème jour, Santiago reprend la mer... Il ne rentrera que trois jours et trois nuits plus tard, après une lutte homérique contre un espadon d'une taille jamais vue.

Sa dignité est retrouvée.

 

 

Tentation : Les dessins + le challenge Book trip en mer

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Ce magnifique album est pur enchantement !

Sa couverture précise qu'il est la libre adaptation du célèbre roman éponyme d'Ernest Hemingway... Roman que j'ai lu au collège, donc voici bientôt 40 ans. Hum hum... Je me souvenais juste de cette lutte acharnée contre le poisson géant, à mon que ce soit la renommée de ce classique qui ait comblé ma mémoire. Aussi, je ne suis pas en mesure de dire à quel point l'ouvrage de Thierry Mura est fidèle à l'original.

Peu importe. Cet album nous emmène loin, dans un style épuré, parfois minimaliste, parfois proche de l'esquisse qui représente parfaitement l'immensité de l'océan et la solitude du vieux. Ce vieux qui porte un chapeau de paille qui cache son regard qu'on ne verra qu'une fois. Manolin est souvent qu'une ombre, un profil, une présence... dans la cabane du pêcheur, ou dans son esprit quand celui-ci est en mer. A la toute fin, Hemingway est mis en scène, qui reçoit l'histoire du Vieux de la bouche de Manolin, puis se met tout de suite à sa machine à écrire... D'ailleurs, la typologie de cette machine est là dans les textes, qui décrivent l'action, ou les quelques dialogues ou monologues du vieux... mais sans bulles. Les couleurs sont tantôt chaudes (ocres), tantôt froides (bleus) suivant que l'on soit sous un soleil de plomb, au coeur de la nuit, au jour naissant. Les plans sont très larges ou au contraire, très serrés. Quoiqu'il en soit, ils sont grands et donnent parfois de pages pleines ou alors, pas plus de trois cases.

Avec si peu de détails et de textes, Thierry Murat nous fait ressentir tant... De l'empathie pour ce vieux pêcheur moqué, de l'admiration pour sa ténacité, du respect pour sa philosophie de vie, une profonde estime pour sa déférence envers sa proie, aussi tenace que lui. Ensemble ils partagent la bravoure.

J'ai lu quelque part que cette lutte entre le vieil homme et le poisson symbolisait le combat de l'homme et de la nature. J'y vois aussi une allégorie de l'humanité, qui est un monde de requin... Tant que vous échouez, vous n'êtes rien aux yeux des autres qui vous méprisent, vous délaissent... Sitôt que votre persévérance vous ramène le graal, chacun veut sa part et alors, tout le monde vous admire et vous choie... Ici, les requins humains sont mis en image par les véritables requins des mers.

Une magnifique histoire de persévérance, et une atmosphère subliment rendu sous les traits de crayons et les textes de Thierry Murat. Je recommande chaleureusement.

Cet album donne vraiment envie de relire Le vieil homme et la mer d'Hemingway. Pour rappel, ce titre a valu à l'auteur le prix Pulitzer en 1953 et le prix Nobel de littérature en 1954.

 

23 points + 1 = 24 points, toujours "Second maître"

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 12 Novembre 2024

BD - Editions Futuropolis - 120 pages - 20 €

Parution en avril 2018

Mon pitch : Au large du Finistère, se dressent des écueils féroces sur la route des grands ports d'Europe du Nord où sont échangées les trois quarts des marchandises mondiales. Marseillais, Jonathan arrive à Brest pour embarquer, en qualité de lieutenant, sur le Bourdon, ce fameux Saint Bernard des mers. Pour assurer la sécurité et veiller à l'intégrité de ce littoral très exposé, l'Etat a missionné un des plus puissants remorqueurs de haute mer... Jonathan intègre donc la fameuse "unité Bourdon".

 

 

Tentation : Le sujet... parfait pour leChallenge Book trip en mer

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : L'intérêt de tenir l'accueil d'une médiathèque quelques heures par semaine, c'est de voir les ouvrages qui sortent et qui rentrent, et de découvrir des ouvrages dont on ignorait l'existence !!! Dont Fortune de mer, la belle aubaine !

Les deux auteurs de cette BD très peu romancée sont tous deux issus de la profession du sauvetage en haute mer, aussi, ils maitrisent leur sujet.  L'intérêt de Fortune de mer est indéniable. J'y ai appris plein de chose. On découvre déjà le quotidien, au rythme des quarts, des hommes à bord du Bourdon, la hiérarchie très distincte entre les gradés et les hommes d'équipages. De cela naissent pas mal de conflits humains, de revendications etc... Les protagonistes sont assez rugueux, comme l'est la vie dans des éléments déchainés.  Les dessins de mer sont parfaits, par contre, j'ai eu du mal avec ceux des personnages, pas toujours facile à distinguer pour moi, et pas toujours aisé pour moi de saisir certains détails. Pas mal d'astérisques accolés aux expressions ou vocabulaire marins amènent à un glossaire en fin d'album. Je les aurais préférés en bas de pages pour garder une fluidité de lecture.

Entre les périodes d'attente et d'action, la tension est palpable. S'il ne se passe rien, pas de prime de remorquage pour le personnel de bord. Et surtout j'ai été ahurie d'apprendre ceci : le capitaine du navire en peine doit donner son autorisation pour être remorqué... De là découlent d'interminables négociations... Et si, entre temps, des remorqueurs anglais ou... grecs (avec du personnel philippins) arrivent sur zone, et bien le sauvetage va à celui qui proposent le prix de plus bas... Et comme les philippins sont payés une misère, le marché revient alors au remorqueur grec... J'ignorais que des remorqueurs grecs pouvaient venir dans nos eaux territoriales... Faudrait que je fasse des recherches de droit des mers, je n'en n'ai pas le courage.  Et évidemment, certains navires croisant au large de la Bretagne ont une cargaison plus que douteuse, ceux-là n'ont pas du tout envie d'être remorqués, puisque l'on imagine aisément les conséquences d'une mise à quai.

Une BD docu/fiction vraiment intéressante, mais une lecture en demi-teinte pour moi cependant, par manque de clarté du déroulé de certains événements et ces aller-retour incessant entre la page en court et le glossaire en fin d'album. Néanmoins, je recommande cette lecture, qui nous emmène là où l'on ne va pas, dans ces moments où l'on préfère rester sur la terre ferme. Et Fortune de mer est aussi un bel hommage à ces hommes qui sauvent des vies, et qui protègent nos côtes de potentielles marées noires, et la mer d'une pollution certaine en cas de naufrage de navires surchargés !

22 points + 1 = 23, toujours "Second maître".

sauveteurs en haute mer.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 2 Novembre 2024

BD - Editions Glénat - 72 pages - 17 €

Parution en avril 2024

L'histoire : En 1718, Ann Cormack débarque à Nassau, sur l’île de New Providence, aux Bahamas. Arrivée de Caroline du Sud, cette jeune irlandaise qui fut élevée comme un garçon par un père procureur, rêve d’une autre vie que celle que sa condition de femme lui impose. Pour échapper à son destin, elle épouse un pirate de petite envergure, James Bonny, à condition de devenir son quartier-maître ! Grâce à cet accord Ann Bonny prend la mer. Travestie en homme, elle est prête à écumer les océans !

 

 

Tentation : Le thème parfait pour le challenge Booktrip en mer

Fournisseur : Bib de St Lunaire

Mon humble avis : A la médiathèque où je suis bénévole, ma responsable me dit, à propos d'Ann Bonny : "erreur d'achat, cette BD ne sort pas". Ni une ni deux, je m'en empare, le feuillette... book trip en mer, et comprendre pourquoi cet insuccès auprès des lecteurs, et sans doute y remédier.

Et bien ce sacré bout de femme qu'est Ann Bonny mérite largement le détour, même s'il me faudra attendre la parution du tome 2 pour suivre ses aventures picaresques, épiques, trépidantes et romanesques.

Ann Bonny a réellement existé, c'était une jeune femme pirate, née Irlandaise, amenée aux Etats-Unis par son père qu'elle a voulu fuir. Une femme libre, éprise d'indépendance, qui ne s'en laisse pas compter, stratège, qui compose avec son temps tout en étant bien en avance sur celui-ci... Et qui ne respire vraiment qu'en pleine mer. Rebelle, elle veut sa place dans un monde d'hommes.

Sa vie est connue par les légendes et aussi les documents officiels laissés par les pirates d'alors.

Nous sommes à Nassau, aux Bahamas où Ann débarque. Très vite, elle épousera le petit pirate James Bonny pour obtenir sa protection et un poste de quartier-maître sur son navire. Mais James Bonny la livrera en "pâture" à ses hommes... Ann n'aura donc de cesse de lui échapper par tous les moyens... et de se venger.

Une bien belle BD, avec des dessins clairs et nets, détaillés. Soignés, autant pour les personnages que pour les décors, ils évoquent parfaitement la vie de l'époque au Bahamas... La chaleur, la végétation tropicale, les plages blanches, la mer turquoise... pour l'aspect carte postale. Sinon, il y a aussi les bordels, les bouges, la violence, les armes, les trafics, l'esclavage, les règlements de comptes, l'alcool qui coule à flots... C'est moins glamour... Et les pirates, sans foi ni loi. La condition des femmes de l'époque est largement développée.

On accompagne Ann en mer, à l'abordage d'autres navires à la cargaison convoitée. L'auteur, titulaire de l'Académie des Arts & des Sciences de la mer a pris soin de respecter scrupuleusement ce à quoi ressemblaient les embarcations pirates, ainsi que la vie menée à bord... et sur terre... Où l'argent des piratages étaient immédiatement consommé en alcool et en filles de joie.

Une BD aussi divertissante qu'intéressante et dépaysante, dont le rythme ne faiblit pas, qui nous conte l'histoire d'une héroïne sacrément attachante. J'émets un petit bémol sur le choix du papier... Je l'aurais pris plutôt "brillant" et que "mat". De même, les planches où les couleurs chaudes dominent (le jaune, l'orange) ont un aspect un peu vieillot, cela fait plus BD des années 80 que nouveauté moderne, comme le laisse penser la couverture. Les planches "bleutés" en mer ne donnent pas du tout cette impression, étrange.

 

21 points + 1 : 22 points, toujours "second-maître".

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 23 Octobre 2024

BD - Editions Futuropolis - 160 pages - 26 €

Parution en Mars 2011

Mon pitch : En mars 2010, le bédéiste Emmanuel Lepage est accepté à bord du Marion Dufresne... Ce célèbre bateau part quelques fois par an depuis St Denis de la Réunion pour réapprovisionner les TAAF : Terres Australes et Antarctiques Françaises. Entre carnet de voyage et reportage, cette bande dessinée est le récit de cette épopée jusqu'à Crozet, les iles Kerguelen, les îles Saint Paul et Amsterdam. Des lieux aussi pittoresques que désolés. Des flots tumultueux, des vents cinglants qui décident ou non de la réalisation des manoeuvres de débarquements... Et surtout et aussi, des hommes et des femmes, rencontrés à bord ou sur ces terres isolées.

 

Tentation : Sujet + auteur + challenge book trip en mer

Fournisseur : Achat à la braderie de la médiathèque de St Lunaire

Mon humble avis : Cette BD est sortie en 2011, et ce n'est que depuis une année que je louche dessus. Comment un tel chef d'oeuvre a pu m'échapper si longtemps ?

On se régale vraiment au fil des pages et sur chacune d'elles. Les dessins sont somptueux le plus souvent, parfois restés au stade de croquis améliorés, parfois en couleurs, ou en noir et blanc (le tout, avec des matériaux variés...) Voire même dans des teintes sépias quand la grande Histoire est évoquée. On est sur le Marion Dufresne avec Emmanuel Lepage, avec son frère photographe, avec deux réalisateurs et quelques touristes payants acceptés à bord. On est tellement sur le bateau que le mal de mer peut nous saisir, en tous cas, on le sent : par moment les dessins penchent !!! 

Tout y est parfaitement bien rendu... La mer qui, de bleu turquoise, devient noire dans les eaux australes. Le vent, les tempêtes, les embruns... les côtes qui apparaissent... Les oiseaux marins, les manchots, les pétrels, les albatros, les lions de mer, les otaries... Et quelques cabanons... Les scientifiques qui vivent là sur plusieurs mois. D'ailleurs, ce trajet du Dufresne est aussi pour assurer la relève des "hivernants".  Une communauté se crée sur le bateau, une communauté aux origines variées, mais avec beaucoup de mots qui se terminent en "ogue" !!!  Ornithologues, météorologues, géologues etc...

Sur les îles, il en est de même, ce sont de véritables communautés qui se créent au fils des mois, rythmées par des rituels, qui possèdent leur propre langage (à force d'acronymes ou de diminutifs). On ne peut être qu'admiratifs devant ces hommes et femmes de tant de savoir qui vivent si longtemps dans des conditions si peu humaine, si loin de tout, avec si peu... parce que c'est leur métier, ou leur passion... ou les deux. Et que dire de ces marins qui naviguent sans cesse dans ces quarantièmes rugissants, qui débarquent du matériel par tonnes malgré des flots déchaînés, de ces pilotes d'hélicoptère qui transportent des containers malgré des vents qui seraient qualifiés de grosses tempêtes en Bretagne. Admiration... Depuis notre petite métropole, on est loin d'imaginer tout ce qui se déroule dans ces petits bouts de France au coeur de cette immensité liquide.

On apprend beaucoup sur ces iles, leur passé, leur présent, leur avenir... Elles sont désormais dans la plus grande réserve naturelle de France, très protégées. Désormais, tous les déchets sont rapatriés à la Réunion, au fil des voyages, le Marion Dufresne ramène aussi ceux de ces dernières décennies. Le gros problème qui se pose, pour préserver la biodiversité locale déjà bien abîmée par l'intervention humaine, ce sont les espèces animales et/ou végétale qui y ont été importées au 19ème et au 20ème siècle (comme le lapin, le rat, les vaches, les moutons). Désormais, il est impossible pour les hommes vivant là-bas de cultiver quoique ce soit, sous peine d'importer des insectes qui ne sont pas endémiques. Il y a aussi la fonte des glaciers, particulièrement remarquable là-bas. 

En plus de tout cela, cet album est une magnifique galerie de portraits d'hommes et de femmes, des spécialistes, des scientifiques, des marins, des capitaines, des politiques, des journalistes. Et surtout, les portraits de ces gens qui vivent au part, sur des petits bouts de bout du monde. Et là, me vient l'indémodable chanson de Voulzy : Et c'est l'eau c'est l'eau qui vous sépare, et vous laisse à part.

Un album enrichissant, passionnant et magistralement réalisé !

20 points + 1 : 21 points, toujours "Second maître".

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 20 Septembre 2024

BD - Editions Steinkis - 151 pages - 22 €

Parution en novembre 2021

Le sujet : Plongez dans l'œil même du photographe ! New York, 1953. Joanna et Lawrence Ward engagent une nouvelle nourrice pour leur fille Gwen. Très secrète, un peu étrange et parfois sévère, Vivian Maier trouve pourtant les faveurs de la petite fille qui la suit dans ses pérégrinations urbaines et l'observe capturer le monde qui l'entoure à travers l'objectif de son Rolleiflex. À mi-chemin entre fiction et biographie, Paulina Spucches nous entraîne de Brooklyn au Champsaur, imaginant le contexte que pourrait renfermer chaque cliché de Vivian Maier, génie de la photographie de rue.

 

Tentation : Le sujet Vivian Maier

Fournisseur : la bib de St Lunaire

Mon humble avis : Il y a un an encore, le nom de Vivian Maier m'était inconnu, tout comme la définition assez précise de la photo de rue, même si les amateurs du genre sont rarement d'accord sur celle-ci. 

Photo de rue ou Street photographie, c'est un courant de photographie... Les photos doivent être prises sur le vif dans un lieu public, qui peut aussi bien être un hall de gare, qu'une plage, un parc. Ces photos ne doivent pas être posées et impliquent une présence humaine directe ou suggérée (comme une ombre humaine, une partie de corps etc). J'en faisais un peu avant sans le savoir, et j'en fait maintenant sciemment en prenant beaucoup de plaisir.

Vivian Maier est l'une des plus grandes photographes de rue du XXème siècle, sa réputation... post mortem fait l'unanimité. Cet album raconte donc sa vie, ou du moins, des portions de sa vie, alternant ses souvenirs d'enfance et des étapes de sa vie d'adulte. Cette BD n'est pas bavarde, laissant place surtout aux dessins, qui répondent, en miroir, à l'art photographie. D'ailleurs, nombre de dessins usent d'angles de cet art, et imagine les situations dans lesquelles Vivian Maier pouvait se trouver lorsqu'elle appuyait sur le déclencheur. Le miroir... Egalement parce que Vivian Maier est aussi connue pour ses autoportraits.

En surface, je dirais parce qu'hélas, cet album y reste trop, usant de nombre d'ellipses entre son enfance et sa vie d'adulte, nurse stricte qui se balade toujours avec son appareil photo au cou. Les dessins ne m'ont pas convaincue, car trop confus, et trop criards... D'ailleurs les personnages secondaires sont parfois difficilement reconnaissables d'une case à l'autre. Il est plus sujet de la vie de Vivian que de ses photos, c'est un peu dommage à mes yeux. La postface est à mes yeux plus intéressante, qui permet de mieux saisir l'essence de Vivian Maier et de son oeuvre.

Mais cet album, même s'il ne m'a pas emportée, me donne vraiment envie d'approfondir ma connaissance de cette illustre photographe et de son travail. Donc c'est déjà pas mal ! Et je pense me procurer dès que possible "Une femme à contre-jour", roman de Gaëlle Josse.

                                       @Vivian Maier

                                        @Vivian Maier

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