EN DEHORS DE LA GAMME, de Cathrine BOMANN

Publié le 25 Avril 2024

Roman - Editions La peuplade -396 pages - 23 €

Parution en septembre 2023

L'histoire : Anna et Shadi sont deux étudiantes en psychologie que tout oppose mais obligées de travailler ensemble sur leur mémoire de fin d'étude. Son sujet : peut-on traiter le deuil comme une maladie, et donc le soigner par un médicament ? D'autant que Danish Pharma est sur le point de mettre sur le marché une petite pilule, la Collocaïne, qui lutte contre les effets du deuil prolongé ou deuil thérapeutique. Sauf qu'avec Thorsten, leur tuteur de thèse, elles découvrent que les statistiques ont été trafiquées pour cacher l'un des effets secondaires du médicament... La perte drastique potentielle de souvenirs et de toute notion d'empathie... Dont les conséquences pourraient être très grave...

 

 

Tentation : la blogo

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Etrange, 2ème roman danois pour moi cette année, par hasard ! Et mon impression est un peu la même que pour "Le pays des phrases courtes"... Des pitchs très alléchants et prometteurs, et au final des romans qui, à mes yeux, ne sont pas aboutis et passent presque à côté du sujet.

Pourtant, j'ai lu En dehors de la gamme rapidement (ce qui est bon signe) et sans déplaisir. Ce roman pose de bonnes questions.... Le deuil prolongé peut-il être diagnostiqué et donc traité comme une maladie via la voie médicamenteuse, alors que le deuil fait ou fera partie de la vie de tous. Sommes-nous dans une époque où tout doit être soigné, même la plus naturelle des épreuves ? Nos souffrances morales ne sont-elles pas ce qui nous définit aussi comme être humain, les effacer ne risque-t-il pas de nous ôter cette identité... Autre question générée par cette histoire : Qu'est-on prêt à sacrifier de soi pour traiter une pathologie, une souffrance psychique, vu que presque tout médicament comporte des effets secondaires indésirables (il n'y a qu'à voir, par exemple la prise de poids liée aux anti dépresseurs) ? Cet aspect-là du roman est vraiment intéressant, bien posé, mais dommage qu'il ne soit pas plus approfondi.

On en vient ensuite à l'intrigue elle-même, présentée soi-dit en passant comme un thriller, ce qu'elle n'est pas, où alors juste pendant quelques pages. Cependant, elle est bien pensée et assez captivante, qui dénonce aussi les dérives de l'industrie pharmaceutique, à taire certains effets indésirables, quitte à trafiquer les résultats des études, pour la renommée, l'argent, l'égo, et être le premier à proposer une telle nouveauté révolutionnaire. Ici, c'est la perte d'empathie, liée à la prise de la Collocaïne qui est mise sous le tapis... A trop vouloir effacer la souffrance d'un individu, c'est son nature empathique que l'on ampute également... Et l'opposé de l'empathie, c'est la psychopathie... Donc imaginons les conséquences possibles si chaque année, des centaines de milliers de personnes prenaient ce médicament... Hélas, cet aspect là n'est que très peu développée dans le roman, même lors de la joute finale entre les deux étudiantes et la créatrice de ce médicament.

J'ai trouvé aussi ce roman un peu brouillon, et le style très inégal. Peut-être est-ce dû à la traduction, mais la construction des phrases est parfois très étrange et du coup, j'ai buté dessus, à chercher leur sens. Et même temps, dans les remerciements, il y a cette phrase surprenante de l'autrice : "merci à mes relecteurs qui se sont attelés à mes phrases mal bâties pour tenter de leur donner un sens"... Et bien objectif non atteint. Enfin, pas mal de répétitions  inutiles. Et j'aurais aimé que l'autrice, qui est psychologue de profession, termine par une synthèse de son sujet, puisqu'au fil des pages et suivant le point de vue et l'évolution des personnages, nous avons une thèse, puis une antithèse.

Au final, un roman plutôt agréable et sans ennui, original, qui pose de bonnes questions éthiques, mais qui reste trop en surface sur son sujet, et plutôt maladroit sur certains points. Dommage.

A savoir : Au Danemark, quand l'autrice a commencé à rédiger son roman, un diagnostic du deuil pathologique venait d'être mis en oeuvre. Les reste de l'histoire n'est que pure invention.

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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F
Je n'ai aucun souvenir d'avoir vu passer ce livre sur la blogo, mais peut-être que le sujet a fait bouclier d'office pour ma part.
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G
Je ne l'ai vu que sur un blog, et je ne sais plus lequel ! La blogo ne veut pas dire tous les blogs !!!
P
Je ne connais pas, mais apparemment, il n'est pas nécessaire que je m'y attarde...
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S
Moi, j'avais bien aimé Le pays des phrases courtes, mais j'avais trouvé que la 4e de couverture en rajoutait beaucoup trop ("hilarant" alors que c'est un humour plutôt à froid, etc.).
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L
je me fie à ton avis et je ne me frotterai pas à ce roman danois
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A
J'ai abandonné "le pays des phrases courtes", je ne vais pas me lancer dans celui-là vu ton avis.
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M
Dommage que tu ne sois pas plus emballée que ça, je n'ai encore pas lu cet auteur.
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S
Dommage parce que le sujet est plutôt tentant.
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