LE PAYS DES PHRASES COURTES, de Stine PILGAARD
Publié le 5 Février 2024
Roman - Editions 10/18 - 308 pages - 8.30 €
Parution en mai 2023
L'histoire : Elle vient de s'installer avec "son chéri" dans une petite ville de l'ouest Danois. Son chéri est professeur dans une Hojskol* (voir note en bas de billet). Avec leur bébé sans prénom, ils vivent donc une vie assez communautaire, où tout le monde se connaît. Mais elle n'est qu'une pièce rapportée... Aussi il faut s'intégrer, s'occuper... Elle répondra donc au courrier du journal local, entre 2 biberons et 3 leçons de conduite... Il lui en faudra plus de 90 pour obtenir son permis, avec interdiction de rouler en arrière...
Tentation : Le billet de Keisha
Fournisseur : La bib de St Lunaire.
Mon humble avis : De la littérature Danoise, ce n'est pas tous les jours par ici ! J'ai vu ce roman de façon quasi simultanée sur le blog de Keisha et sur l'étagère "nouveautés" de ma bibliothèque. Donc hop, on y va.
Je m'attendais à plus envoûtant et plus hilarant que ce que l'annonce la mention en couverture. Certes, c'est barré, touchant, distrayant, ironique, piquant, socialement et humainement intéressant. Les réponses qu'elle donne au courrier des lecteurs sont parfois très sensées, preuve d'une analyse humano /sociale éprouvée, mais toujours sur un ton caustique. Parfois, elles semblent hors sujets... Ces réponses s'insèrent entre deux chapitres, ainsi que quelques chants de tradition danoise. Mais voilà, aux deux tiers de ma lecture, je me suis lassée du choix narratif. Il passe un peu du coq à l'âne. Et au milieu de beaux passages et de réflexions clairvoyantes (teintées d'un humour bien senti) sur notre époque et notre espèce il laisse un peu trop d'espace à des moments plus brouillons et longs. Je me suis interrogée sur leur utilité... ou sur ma mécompréhension.
Le titre était bien alléchant et j'espérais qu'il en soit plus sujet dans ces pages, que cela amènerait plus de situations incongrues et vraiment drôles. Les sujets : la vie, la parentalité, le couple, la vie en société, l'hypocrisie et les inepties du système.
Mais... mais... "Elle" (dont on ne connaîtra jamais le prénom), m'a touchée et bien souvent fait penser à moi. Pas par rapport au permis de conduire que j'ai eu du premier coup avec le minimum de leçons requis, mais dans ses difficultés et complexes relationnels... Toujours à dire ce qu'il ne faut pas, pas quand il faut, pas comme il faut... A chercher quoi dire, à faire et être comme les autres sans y parvenir. Bref, le relationnel est source de stress pour elle, et ceci veut dire beaucoup. Quand j'étais au collège, j'avais demandé à une amie d'alors de me faire des listes de conversations possibles, pour me donner des idées... Dans ce pays des phrases courtes, elle prend des cours de conversation avec un célèbre animateur de documentaires télé. Ses leçons privées et spontanées au bord d'un fjord par exemple m'ont été délicieuses.
Un regard lucide et ironique sur notre monde où entre autres, tout doit être "certifié", un divertissement original et intéressant mais imparfait à mes yeux.
* Pas d’examens, un rythme propre à chaque étudiant, un emploi du temps libre : les Højskole proposent une éducation hors compétition, et sans diplômes, qui permet à l’élève d’exprimer sa créativité et de vivre en communauté. Un laboratoire éducatif "Made in Danemark"