Publié le 2 Juillet 2024
Roman - Editions Phébus - 214 pages - 19.90 €
Parution en mars 2024
Mon pitch : De retour de France où il a découvert la vérité sur ses origines, Elias brûle toute possession qu'il considère comme superflu, dont la maison où il a vécu avec ses parents adoptifs.
Il se construit une cabane dans les montagnes enneigées du Montana, où il espère vivre paisiblement, juste en dépendant de la nature qu'il connait si bien. Mais à quelques pas de là, la forêt est outragée par les engins de déforestation de l'entreprise Drumm. Et à la tête cette exploitation, il y a Caryl Drumm, qui a épousé Elisa, durant le voyage d'Elias. Le retour d'Elias sur la terre de ses ancêtres de coeur ne va pas être si calme que cela.
Tentation : mon coup de coeur pour Pur sang
Fournisseur : La bib de St Lunaire
Mon humble avis : Après Pur sang, Âpre monde est le tome 2 de ce qui est pour l'instant annoncé comme un diptyque (La marche du rêveur), même si, une fois celui-ci fermé, je verrais bien cette histoire devenir un triptyque.
Elias est de retour dans les grands espaces de l'Ouest américain. J'étais contente de passer à nouveau du temps avec lui, aussi court soit-il... Car ce roman se dévore encore et j'en suis étonnée car dans l'absolu, il n'est toujours pas dans ma zone de confort. Aussi, je soupçonne vraiment Franck Bouysse de posséder une potion magique pour m'envouter à ce point de sa plume, de ses atmosphères, de ses dialogues réduits à quelques mots, dont aucun n'est superflu. On est dans le détail des gestes, du silence, du regard, des pas, dans l'immensité, la nature, la neige qui étouffe les sons. Il y a la petite ville, le shérif, la droguerie, deux vieilles filles un peu barrées et surtout la richissime famille Drumm. Et Elias qui découvre des kilos de pépites d'or dans des tombes éventrées suite à un glissement de terrain.
D'un point à l'autre, on y va à cheval ou en pick up... Une parfaite ambiance de Far West. D'autant que, comme dans "L'homme peuplé", on sent que le danger rode et le tension monte.
Et parfois, entre les chapitres contemporains, se glisse la voix de Markhus, un déserteur de la Guerre de sécession, qui vient d'enterrer son deuxième compagnon de fuite, et qui rencontrera d'ici peu, la tribu des Nez percés... Le sujet des amérindiens, des massacres et des spoliations dont ils furent victimes, et de leur enfermement dans les réserves. On sent parfaitement la colère de l'auteur face à cela, et l'hommage qu'il veut rendre ici à ces hommes et femmes.
Je serais moins dithyrambique dans ce billet que je ne l'avais été pour Pur sang. Certes, la plume est toujours aussi belle, les passages qui nous ramène en 1885 sont sublimes et les dialogues entre le Shérif Botica et Elias, minimalistes et tellement empreints de sagesse, laissent une sacrée trace. Mais cet opus m'a semblé plus convenu que le précédent, et l'issue un peu trop annoncée par avance. J'espérais quelque chose plus fort comme semble le promettre la quatrième de couv, et aussi, que le sujet de la déforestation soit plus exploité.
Malgré ces petits bémols, j'ai vraiment adoré la compagnie d'Elias et la caresse de la plume de Franck Bouysse. J'espère vraiment qu'il y aura un troisième tome.