Publié le 7 Juin 2024
Bonjour,
Cela fait quelque temps que je ne vous ai pas présenté d'espèce aviaire. Alors aujourd'hui, parlons du Gravelot à collier interrompu.
Par chez moi, le seul endroit où il s'observe, c'est dans la Baie du Mont Saint Michel, où il revient nicher à chaque printemps. Pour combien d'années encore ? C'est une bonne question car en France, c'est une espèce en danger d'extinction en liste rouge. Il ne resterait que 1500 couples nicheurs sur nos côtes françaises.
Sur la photo d'accueil, vous avez le mâle. Et juste ci-dessous, la femelle.
Suivant son lieu de vie, le Gravelot à collier interrompu (GCI pour faire rapide !!!) peut être migrateur ou sédentaire. Il peut lui arriver, localement, d'hiverner sur notre territoire s'il ne migre pas vers l'Afrique.
Il se rencontre dans les milieux sablonneux ou vaseux. Plages, étangs, lagunes, prés inondés, plages de galets, marais salants etc. Il est surtout répandu en Méditerranée.
C'est une espèce grégaire qui peut se vivre avec d'autres espèces, comme le Grand Gravelot et les Bécasseaux. Cet oiseau est très nerveux, il court, il court, il court tout le temps et fait des courtes pauses pour picorer le sol à la recherche de nourriture. Il consomme des petits invertébrés.
Pour distinguer le mâle et la femelle en plumage nuptial est assez facile. Le mâle va porter une calotte rousse, une barre noire sur le front, et son demi collier est noir également. La femelle est de couleur plus "uniforme". C'est un oiseau qui mesure 18 cm, son envergure est de 42 à 45 cm et son poids de 40 à 60 gr. Sa longévité peut atteindre 10 ans, dans le meilleur des cas.
Le nid se fait à même le sol, dans une petite cavité. Sur 3 jours, la femelle pond 3 oeufs qui ne seront couvés que lorsque le 3ème oeufs sera pondu. La couvaison est assuré par la femelle et le mâle durant 3 à 4 semaines. Les petits sont nidifuges, ils naissent "prêts à l'emploi" et suivent immédiatement leurs parents sur la plage à la recherche de nourriture. Ils sont si petits que l'on pourrait croire à une boule de coton poussée par le vent. Ils ne s'envolent que vers le 26ème jour.
Vient le moment pour moi de faire ici un grand encart de prévention / information / sensibilisation...
Comme je l'ai dit plus haut, cet oiseau est en France sur la liste rouge des espèces en voies d'extinction. Il est donc hyper surveillé et protégé par les professionnels, les bénévoles, les associations etc... Peut-être ne le connaissez vous pas, où n'y avait jamais prêté attention.
Si cet oiseau est en danger d'extinction, c'est majoritairement à cause du dérangement humain, puisque l'homme colonise toutes les plages à la saison où le GCI aurait besoin d'un peu de tranquillité.
Si vous allez sur des plages où nichent des couples, en général il y a des panneaux qui l'annoncent, panneaux plus ou moins grands suivant la (bonne) volonté des communes, et des piquets de bois encerclent souvent une zone protégée où se trouvent sans doute des nids.
Déjà, prêtez attention à ces zones et respectez les et surtout, attachez votre (éventuel) chien. Essayer de marcher sur des sentiers ou des zones bien damées par le passage des tracteurs de pêche ou des humains. Evitez le sable sec plein de coquillages concassés ou les zones caillouteuses. Car à l'oeil nu, le nid ne se voit pas et les oeufs non plus, si on ne le sait pas. Et puis s'il y a dérangement, l'adulte peut partir... et ne pas revenir.
Certaines associations posent des cages autour des nids pour les protéger de la prédation animale. Ne pas s'approcher des cages. De même, en période de reproduction et de présence de poussin ne pas s'approcher de ses petits oiseaux... Si vous êtes trop près, l'un des parents va voler comme s'il était blessé pour attirer votre attention et l'éloigner de sa progéniture. C'est un signe qui ne trompe pas.
Les associations et professionnels se démènent donc pour protéger cette espèce, mais que faire devant la connerie, la bêtise et la méchanceté humaine. Là où je vais observer ces oiseaux, c'est souvent l'occasion de papoter avec des protecteurs, qui racontent... les nids sont volontairement saccagés par les humains résidents alentours qui râlent parce que pendant 2 mois, sur 500 mètres, ils doivent attacher leurs chiens. C'est à pleurer...
En avril, des protecteurs venaient de poser une cage autour d'un nid, et avec l'un d'eux, j'ai pu m'approcher de la cage puisqu'il savait qu'il n'y avait qu'un oeuf et que la femelle n'était pas là.
Pour prendre ces photos, je suis allongée et immobile sur la plage, je shoote au 600 mm et laisse éventuellement les oiseaux venir vers moi, mais j'espère éviter tout dérangement. Et mes photos sont cropées (ce qui veut dire bien recadrées)
Toutes les photos sont miennes et interdites d'usage ou de reproduction sans mon autorisation préalable.
Toutes réalisées dans la Baie du Mont Saint Michel côté 35 (4 d'entre elles avec mon ancien appareil photo, dont celle du poussin)
Le texte est inspiré du site oiseaux.net, de mon guide ornitho Belin et de moi et de mes observations et conversations avec les protecteurs.