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Publié le 14 Août 2018

Roman - Editions Arléa - 264 pages - 10.50 €

 

Publication en septembre 2011

 

L'histoire : Quelque part dans le Finistère Sud, une femme est là, sur la plage, seule. Anne attend. Dans une semaine, son amant viendra la rejoindre. Anne espère et dans cette expectative, elle observe ce qui se déroule autour d'elle, comme au fond de son esprit.

Elle décompte les jours qui la sépare des retrouvailles, et se cramponne à son téléphone , aspire à entendre sa ridicule sonnerie, annonciatrice de la voix de son Amour, qui viendra, c'est sûr. Sauf si...

 

Tentation : Sylire + le sujet

Fournisseur : Ma PAL

 

 

 

Mon humble avis : Comme j'ai aimé ce livre, si bien écrit, si délicat et intimiste. Cette histoire où il ne se passe pas grand-chose, mais qui nous fait vivre au gré des marées, hautes et basses, au sens propre comme au figuré. Il y a les marées hautes qui obligent les vacanciers à s'agglutiner sur le sable sec... Et les marées basses, qui élargissent l'horizon et qui éparpillent les gens. Et dans le coeur d'Anne, c'est un peu pareil. Flux et reflux. Espoir et joie, déception, souffrance, solitude, compagnie et souvenirs qui remontent à la surface.

Pourtant, Anne fait partie des personnages littéraires à qui j'aimerais botter les fesses, les remuer, leur ouvrir les yeux. Les tirer de tant de naïveté, de tant d'aveuglement. Mais je me suis sentie bien avec elle, dans cette petite station balnéaire nommée d'un simple "S", son Hôtel de la Plage". Toute une petite galerie de personnages dont on apprendra peu par des instants volés, des conversations captées par bribes, sans le vouloir. Et d'autres qui diront beaucoup par le regard, une attention où juste quelques mots.

J'ai vraiment adoré toutes les observations et déductions potentielles que fait Marie Sizun à travers l'oeil et l'esprit d'Anne. Sur la plage... Oui, il y a les habitués, qui se placent toujours aux mêmes endroits. Les propriétaires de villa, les locataires... Ceux du camping. Le clan des familles, celui des jeunes couples, des esseulés, des jeunes adolescentes toutes longilignes et la main clouée au portable. Il y a les nouveaux, qui cherchent une place, qui n'osent pas le centre. Il y a les discrets, les bruyants qu'on aimerait fuir de plusieurs dizaine de mettre. Ceux qui se collent à vous alors que la plage est grande. Ceux qui s'ennuient ensembles. Ceux qui lisent. Ceux qui s'assoupissent, malgré le brouhaha constant de la plage (où d'autre parviendrons nous à dormir dans un tel boucan ?). Les seniors, qui s'installent toujours dans un même cercles tellement étroit que les pieds se touchent et que seuls les dos voient la mer qui n'est qu'un décor devenu aussi habituel qu'un meuble dans un salon. Pourquoi si serrés ? Pour tout de même s'entendre quand les oreilles faillissent ? Bref, je me suis régalée de toutes ces descriptions tant j'y ai retrouvé les observations estivales annuelles.

Et Anne dans tout cela ? Car ce roman aurait pu aussi s'intituler Anne. Anne attend, cramponnée à son téléphone, l'appel puis la venue de l'être aimé. Elle est à son service, à sa disposition d'une façon on ne peut plus unilatérale. Car l'Amour d'Anne est marié, à des enfants. Donc Anne est l'autre, celle qui doit rester inexistante de l'officielle et qui de ce fait, subit tant pour quelques heures de bonheur, ou d'espoir de quelques heures... Mais Anne cheminera et réalisera la nocivité de sa dépendance affective. Elle découvrira que l'absence de sentiment rend libre, supprime la souffrance, permet d'être soi. 

Pas de grand suspens dans ce roman, mais quelques rebonds et quelques surprises qui prouvent que le monde est petit. L'écriture entraînante, jamais pesante, très agréable rend ce récit addictif... Trop d'ailleurs car pour la petite histoire, j'ai entamé ma lecture chez moi, quelques jours avant d'aller à la plage. Cela faisait un moment que je réservais ce roman pour cet été dans la ferme intention de le lire sur le sable. Pas eu le temps d'arriver à la plage que je tournais déjà la dernière page !

 

 

L'avis de Sylire

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 12 Juillet 2018

Roman - Editions le livre qui parle - 5h12 d'écoute - 15€90

 

Parution d'origine chez Flammarion en 2016. Existe aussi en poche.

 

L'histoire : Durant l'hiver 1926, la reine du crime Agatha Christie a disparu durant quelques semaines. Plus tard, dans son autobiographie, la célèbre romancière dira avoir perdu le texte relatant les faits de sa disparition, qui resta donc un mystère pour tout le monde, depuis son mari, jusqu'à la presse et tout un pays qui y alla alors évidemment de toutes les suppositions : kidnapping ? assassinat ? Suicide ? Brigitte Kernel se glisse dans la peau d'Agatha et de son imagination, tente de reconstituer la vie d'Agatha lors de cette disparition.

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : Bib N°3

 

 

Mon humble avis : Un mystère autour d'Agatha Christie, elle-même reine du mystère, voilà une lecture bien tentante. Certes, je n'ai pas lu de roman de celle-ci depuis belle lurettes, mais dans ma jeunesse, presque chacune de ses enquêtes sont passées entre mes mains !

Dans ce roman, il flotte d'ailleurs une atmosphère très proche de l'écrivaine Anglaise, et le ton à la première personne du singulier employé rappelle celui d'un de ces personnages phares : Miss Marple !

Agatha Christie a alors 36 ans quand elle choisit de disparaître volontairement des "écrans radars". Elle vient de perdre sa mère adorée et de découvrir les tromperies de son époux, Archibald Christie. Personne ne saura vraiment ce qui s'est passé à ce moment-là. Toutes les hypothèses sont avancées, même celle de l'amnésie.

Brigitte Kernel nous propose sa version, et nous accompagnons donc Agatha Christie durant ces deux semaines, depuis une fugue et une tentative de suicide ratée, jusqu'à une série de déguisements pour ne pas être reconnaissable jusqu'à une station thermale pour un couler des jours tranquilles... Quoique...Agatha Christie n'ait jamais imaginé le retentissement médiatique qui entourerait sa disparition et les complications que cela engendrerait pour elle.

Le style est simple et fluide, la lecture agréable (malgré quelques longueurs) et divertissante, bien qu'un peu trop "tea time" et linéaire pour moi. Le personnage d'Agatha Christie ne parait pas toujours agréable et compréhensible et semble parfois un peu idiote. Comme je l'ai dit, même s'il y a l'atmosphère "Miss Marple" ce roman n'atteint pas le génie de Mrs Christie, donc la disparition reste et restera "son crime le plus parfait, jamais résolu"... Un livre distrayant et original, qui replonge le lecteur dans l'Angleterre des années 20. Ne pas s'attendre à de l'exceptionnel permet de ne pas être déçu.

 

L'avis de Sylire

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 22 Juin 2018

Roman - Editions du Rocher - 344 pages - 17.90 €

 

Parution le 23 mai 2018 (Nouveauté)

L'histoire : Mathilde l'aînée et Félicité la cadette. Deux soeurs que tout semble opposer, tout est notamment l'idée qu'elles se font l'une de l'autre.

Jusqu'aux révélations qui mèneront aux retrouvailles émotionnelles des soeurs et confirmeront le vieil adage : l'union fait la force pour reconstruire ce qui est détruit !

Tentation : L'auteure

Fournisseur : L'éditeur, merci pour l'envoi

 

 

 

 

Mon humble avis : Sans être "feel good" "Là où l'on s'aime il ne fait jamais nuit" est un roman qui fait du bien. Parce qu'il reste résolument positif malgré les difficultés de vie que rencontrent les deux héroïnes. Parce qu'il y règne une atmosphère familiale chaleureuse et bienveillante malgré certains non-dits et ressentiments. Parce qu'il est facile à lire, léger dans la forme et intense dans le fond.

La couverture, étonnante au premier abord, représente finalement bien l'ambiance du roman... L'amertume, voire l'acidité du citron, comme celles de la vie... Mais s'y l'on y ajoute un autre ingrédient, ici le vert, cela devient bien plus acidulé !

L'aînée des deux soeurs, c'est Mathilde ! Celle qui semble forte, décidée, qui réussit dans la vie... mais Mathilde et son mari Germain ne parviennent pas à avoir d'enfant... Cette envie de maternité tourne à l'obsession et ils s'engagent dans la P.M.A (Procréation Médicalement Assistée). Et là, en tant que lectrice, je me suis rendue compte de quel parcours du combattant il s'agissait ! Parcours incertain, contraignant médicalement, corporellement et aussi quotidiennement, ce qui est en fait très difficilement compatible avec une vie professionnelle contemporaine... Encore une inégalité homme/femme dans le monde du travail.

Félicité, la benjamine, a deux enfants de pères différents et se fait licencier de son emploi d'assistante de vie... Bref, elle galère, n'a jamais été sûre d'elle... Etc... Le portrait à priori opposé à celui de sa soeur. L'aîné de ses enfants, Corentin, fête ses dix ans... Félicité lui avait promis alors de lui révéler l'identité de son père... Père qui reste un mystère pour tout le monde... Et manifestement un traumatisme ou une honte pour Félicité...

Bref, avec l'aide de leurs proches et l'arrivée de nouvelles personnes dans leur vie, les deux soeurs vont enfin se libérer du poids qui leur brise les ailes. L'une par le lâcher-prise, l'autre par une reprise du contrôle de soi. Deux façon opposée mais qui mènent au même résultat : se reconstruire en cessant de se détruire. Faire confiance et laisser à la vie la liberté d'écrire ce qu'elle veut sur la nouvelle page.

Certes, je suis restée un peu sceptique sur "le début de la fin" que j'ai trouvé un peu hasardeux et elliptique... Mais cette belle histoire de fraternité et d'amour familial reste très agréable à lire et un hymne à la foi, quelle-que soit cette foi et sa forme !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 18 Juin 2018

Autobiographie - Editions Audiolib - 6h14 d'écoute - 21.80 €

 

Parution d'origine chez Acte Sud en août 2016, existe aussi en format poche

L'histoire : Nous sommes en 1981 dans une cité de Toulouse. Il se passe beaucoup de chose en France, notamment l'avènement proche de Mitterrand. Et dans la cité, ça parle beaucoup, ça se révolte, ça rêve, ça subit, ça se résigne... Sauf Magyd qui prépare son bac littéraire et qui deviendra le premier bachelier rebeu de la cité !

 

Tentation : Curiosité et Pitch

Fournisseur : Bib N°3

 

 

 

Mon humble avis : Le patronyme de l'auteur ne vous rappelle peut-être rien... Sauf que si je vous dis : "Tomber la chemise", un petit air joyeux et bien entêtant vous revient en mémoire. Magyd Cherfi a en effet été parolier et chanteur du célèbre groupe toulousain Zebda !

Ici, il nous raconte sa vie, depuis son enfance en primaire jusqu'à l'obtention du fameux baccalauréat, ce drôle de truc, ce sésame pour devenir soit ingénieur soit docteur. Personne n'envisage de l'obtenir dans son entourage, puisque le bac serait réservé aux français.

Alors, c'est quoi être français, quand la carte d'identité dit que nous le sommes, que les parents ne le sont pas, qu'on vacille entre deux cultures, qu'on connaît plus "nos ancêtres les gaulois" que l'histoire de l'Algérie, que les idoles qu'on admire sont tout sauf maghrébins, que l'on a les cheveux crépus et qu'une partie de la France nous montre du doigt.

Voici la question fil rouge de ce récit de Magyd Cherfi. La question de l'identité personnelle dans l'identité nationale, de l'identité de coeur, l'identité à laquelle on veut ressembler. Magyd Cherfi offre des réponses  qui viennent du fond du coeur. Les siennes, celles de ses potes de la cités etc... Et celles-ci diffèrent évidemment. Comme pour beaucoup de sujets, il peut y avoir autant de réponses que d'individus. Mais l'auteur appuie sur la complexité de la question, à force de commentaires, d'exemples et d'arguments bien développés tous plus convaincants les uns que les autres. En dehors de ce questionnement identitaire, le sujet de la femme dans les cités, et notamment de la maltraitance, est largement développé.

Mais attention Magyd fait figure d'exception dans le quartier. C'est le littéraire, l'intellectuel, le poète, l'écrivain public, le rêveur de la cité. Celui qui, en cachette, lit Victor Hugo. Et qui se prend de la part de ses copains "Et c'est qui ce bouffon de Victor Hugo".

Au début de mon audio-lecture, j'ai vraiment cru que ce livre allait être un véritable coup de coeur pour moi. Le style, autant poétique que contemporain, m'emportait, me berçait, m'amusait, me bouleversait.

Et puis, j'ai trouvé pas mal de redondance dans les situations et les propos, et surtout, les dialogues au vocabulaire très fleuri ont commencé à être trop présents, puis envahissant à mes yeux, ou plutôt, à mes oreilles. De ce fait, j'ai fini par avoir hâte d'achever ce livre.... qui, comme vous pouvez le constater, garde néanmoins de très bons arguments pour que vous vous penchiez dessus !

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 14 Juin 2018

Roman SF - Editions Le livre qui parle - 7h26 d'écoute - 17.95 €

 

Parution d'origine en 1943

L'histoire : Nous sommes en 2052. La société est ultra électrisée, automatisée, robotisée...

Puis, un jour, tous les avions tombent en même temps... L'électricité a disparu... Plus rien ne fonctionne. Paris, puis la France entière tombe alors dans le chaos... Les réflexes humains les plus primitifs remontent alors à la surface...

 

Tentation : Curiosité, envie de culture

Fournisseur : Bib N° 3

 

 

Mon humble avis : Jeune adulte, j'avais lu quelques romans de Barjavel, sans me rendre compte que je lisais alors de la science-fiction, les différents genres littéraires m'étant alors soit inconnus, soit indifférents. J'avais adoré à l'époque et depuis 20 ans, je me disais qu'il me fallait retourner vers Barjavel. C'est chose faite avec Ravage, un classique de la SF, et bien plus sombre que les quelques souvenirs qu'il me reste de mes précédente lecture.

Ravage est une dystopie écrite en 1943, soit plus de 100 ans avant l'époque où se déroule son intrigue, qui ne se trouve plus qu'à 25 ans de notre époque... Et c'est réellement fascinant ! Je suis épatée par l'imagination dont a fait preuve Barjavel pour créer un lointain futur dont nous sommes maintenant si proches dans tous les sens du terme. L'auteur avait alors conçu des technologies et des façons de vivre qui sont hélas devenues si réelles... L'hyper connexion, le tactile, l'ultra concentration urbaine, et même la création ex nihilo de starlette à la mode téléréalité. Et nous nous approchons tellement du reste que cela en est effrayant, puisque la société imaginée par Barjavel sombre dans un chaos tel que seuls les instincts primaires et un retour en arrière dans le mode de vie permet de survivre. L'approche et le message de Barjavel jouxtent nos peurs actuelles et même les prédictions pessimistes des scientifiques, historiens, ou humanistes contemporain. Imaginez qu'en 1943, René Barjavel évoquait déjà le réchauffement climatique ! Les artistes et écrivains seraient donc des précurseurs passant pour fantaisistes alors qu'ils devraient être pris on ne peut plus au sérieux et écoutés...

Quant à déroulement du roman lui-même : 4 parties...

- Les temps nouveaux... Présente la société de 2052, surtout pour le pire mais un peu pour le meilleur, avec forte ironie et causticité de la part de l'auteur. Pour le lecteur, c'est très divertissant et amusant et pleinement satirique.

- La chute des villes... Les choses sérieuses commencent ! Plus d'électricité... le chaos commence avec ses destructions, son lot de violence humaine (par vice ou par survie)... La barbarie est de retour et touche tout le monde.

- Le chemin des cendres... François et Blanche, les personnages principaux, ont constitué une équipe qui fuit la capitale pour rejoindre le sud de la France où subsistent encore une véritable agriculture et un certain art de vivre... Cette partie ci est vraiment post(apocalyptique)... La longue route qui attend ce petit groupe est parsemée d'embûches en tout genre et les décès seront nombreux. Cette partie-là fut assez laborieuse et longue pour moi.

- Le patriarche : François et les quelques survivants de son groupe refonde une société ex nihilo, avec des bases et des règles très stricte pour repeupler le pays Cette société est basée sur la sagesse, la méfiance de tous progrès scientifiques et technologiques, pour ne pas renouveler les erreurs du passé. Seule importe réellement l'agriculture et l'autosuffisance. Par contre, il m'a semblé que le comportement de François, qui devient le patriarche, s'approche du despotisme... A l'époque où Barjavel a écrit ce roman, en France, nous sommes dans les années Pétain...

Bref, Ravage est un roman très dense, dont il est impossible d'aborder tous les sujets dans une simple chronique. Fascinant, Ravage n'est finalement pas si pessimiste que cela quand on voit où nous en sommes en 2018, et terriblement contemporain. En effet, nombre d'idéologies, de prévisions scientifiques ou de modes de vie de certains d'entre nous ne prônent-ils pas le retour à la terre et aux valeurs essentielles.

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 4 Juin 2018

Roman - Editions Gallimard - 224 pages - 19 €

 

Parution le 22 mars 2018

 

L'histoire : Antoine Duris, trentenaire, débarque à Paris et postule comme gardien de Musée à Orsay, pour devenir invisible, taiseux et mystérieux aux yeux des autres. Mais surtout, Antoine se tourne vers la beauté, et notamment vers un portrait de Jeanne Hébuterne de Modigliani, dont il a la chance d'être le gardien.

Pourtant, quelques semaines plus tôt, Antoine Duris était encore un éminent prof des Beaux-Art de Lyon. Quel traumatisme l'a poussé à changer ainsi de vie ? 

 

Tentation : Ma fanitude envers l'auteur !

Fournisseur : Bib N°1

 

 

Mon humble avis : Ce livre est sans doute le plus grave, dramatique et remuant roman de Foenkinos qu'il m'ait été donné de lire (A part Charlotte, mais qui était une biographie historique). Et pourtant, il est aussi celui qui me déroute le plus car il ne correspond pas à ce que J'attendais de l'un de mes auteurs fétiches. Je me réjouis toujours d'entamer un Foenkinos car je sais que je vais y trouver humour, situations, personnages aussi banals que singuliers, dialogues décalés et une certaine légèreté couvrant des propos profonds. Sous une certaine causticité, Foenkinos dévoile toujours un océan de tendresse, de douceur et de bienveillance. En résumé, j'ai toujours aimé l'aspect divertissant de l'oeuvre de mon chouchou. Sauf qu'avec Vers la beauté, David Foenkinos nous propose une véritable tragédie. Certes, on ne peut reprocher à un auteur, ou à tout autre artiste d'ailleurs, de vouloir se renouveler et explorer d'autres horizons. Il n'empêche, me voilà déroutée !

D'autant plus que la première partie, l'arrivée d'Antoine sur Paris et au Musée D'Orsay, est tout à fait fidèle à ce que j'aime chez l'auteur. Le personnage est curieux, fantasque malgré sa détresse apparente qui n'est alors pas du tout expliquée. On peut donc tout imaginer, même l'excentricité ou la singularité.Certaines situations et dialogues mènent à rire.

La deuxième partie paraît d'avoir aucun lien avec la première, si ce n'est son personnage principal commun : Antoine Duris. Mais il m'a semblé lire une banale histoire de rupture amoureuse, alors que pour moi, Foenkinos ne rime jamais avec banal justement.

La troisième partie met en scène Camille, ses terreurs, ses angoisses, son mal -être, et ses tentatives de reconstruction par son amour de l'art et ses velléités artistiques. Je ne donnerai aucun autre détail sur le destin de Camille pour ne pas déflorer l'histoire. Mais cette partie est terrible, bouleversante, dramatique et hélas, très actuelle et véridique.

La quatrième est courte et fait globalement office de conclusion à ce roman qui traite du traumatisme, de la culpabilité, de la violence humaine, de la destruction d'un être et de la reconstruction par la beauté, à savoir ici : l'art.

Outre le fait que cette lecture m'a déroutée, je suis aussi sceptique sur le choix de l'ordre de ses parties... L'arrivée d'Antoine sur Paris étant en fait ultérieure à l'histoire de Camille et ressemblant donc à du Foenkinos, je l'ai lu comme telle, enfin, comme j'ai lu récemment Le Mystère Henri Pick. La construction de l'oeuvre ne m'a pas permis de comprendre le désarroi d'Antoine,, de le prendre au sérieux quelque part. Je l'ai donc conçu au premier abord comme un personnage "farce". Je mets des guillemets car ce genre de personnage, dans les romans de l'auteur, a toujours bien des choses à nous dire sur nous, notre monde, nos déceptions, nos relations etc. En fait, Foenkinos nous parle souvent des "petits" drames de la vie de chacun. Ici, nous sommes dans l'ignominie.

Evidemment Vers la beauté se lit facilement et se révèle puissant quant à son sujet, mais voilà, le roman m'a paru un peu trop désordonné pour révéler pleinement cette puissance que l'on sent comme prisonnière de la construction. Elle aurait pu exploser si le romancier n'avait pas choisi cette formule d'aller-retour dans le temps. Vers la beauté est donc un Foenkinos tout à fait différent des autres, qui peut surprendre les officionados de ce fait, mais aussi conquérir les récalcitrants à l'auteur.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 24 Mai 2018

Roman - Editions Audiolib - 7h59 d'écoute - 22.90 €

 

Parution d'origine en août 2017 chez Grasset

 

L'histoire : Il s'appelle Michel. Son épouse vient de décéder d'un cancer. Alors, il largue tout et retourne sur sa terre d'origine, faite de corons et de terrils, le Pas de Calais. Quand il n'était encore presque qu'un enfant, son père lui avait écrit, comme un testament : "Venge nous de la mine". Hanté par le décès de Jo, son frère mineur, mort en ouvrier, depuis des années, Michel part donc le venger et qu'enfin payent tous ceux qui n'ont jamais été punis pour leurs crimes.

 

Tentation : Le sujet / La région

Fournisseur : Bib N°3

 

 

Mon humble avis : Par ce roman, Sorj Chalandon revient sur le drame de décembre 1974, qui vit périr 42 mineurs de fond dans un coup de grisou, dans le bassin minier du Pas-de- Calais à Liévin. 42 mineurs de la fausse 3 à Saint Amé, morts pour rien, par négligence de la sécurité dans les houillères. Parmi les victimes, Jojo (Joseph), le frère aîné de Michel, le personnage principal de cette histoire, qui mêle roman et Histoire... Histoire pour nous autres européens, mais présent pour nombre de pays africains ou asiatiques.

Cette oeuvre est avant tout un formidable hommage à ces hommes qui descendaient au centre de la terre pour en extraire le charbon, dans des conditions de vie et de travail que l'on oserait peut-être plus imaginer maintenant. Hommage aussi aux familles, femmes et enfants, de ses travailleurs forçats aux poumons silicosés et quelque part, à une région toute entière, ma région d'origine, même si j'ai grandi loin des mines et que mon arbre généalogique ne s'en est jamais approché ! 

La vie dans les Corons et le travail dans les mines sont extrêmement bien détaillés, à force de mots qui frappent et de phrases qui pénètrent. Le style Chalandon en fait ! Et une obsession récurrente chez l'auteur : écrire pour ne pas oublier, ou pour sortir de l'oubli.

Le texte, narré à la première personne du singulier, est bien sûr magnifique, d'une écriture on ne peut plus maîtrisée et adaptée au sujet. Parfois poétique, souvent rageuse... Mais, parce qu'il y a un "mais" dans mon ressenti, tellement mélancolique et triste, comme un ciel gris du nord. J'ai eu du mal à comprendre cette obsession de vengeance de la part de Michel 40 ans après les faits, même si, évidemment, cela construit la trame romanesque du livre. Alors une lassitude s'est installée en moi, comme de plus en plus souvent lorsque je lis des histoires qui disent "je suis malheureux, je l'ai toujours été, depuis l'enfance je suis traumatisé". Bref, je ne trouve plus autant de plaisir dans la lecture de roman à l'atmosphère étouffante, où la beauté est dans la souffrance mélancolique. Je préfère désormais, en littérature, une autre beauté, celle qui éblouit.

Et puis et puis...Arrive le dernier quart de mon audiolecture.... Et là, gros bouleversement, retournement de situation ô combien inattendu, rebondissement que je pense aucun des nombreux lecteurs de ce livre n'a pu imaginer.

Et là, on se dit, cette histoire n'est pas qu'une complainte, c'est un roman parfaitement construit.  On se dit que ce n'est pas un journaliste qui écrit Le jour d'avant, mais bien un écrivain, un pur écrivain.

Et au-delà du vibrant témoignage sur une époque et une profession, Le jour d'avant est surtout une histoire sur la culpabilité et l'image que l'on se crée d'une réalité pour que celle-ci devienne plus supportable. Roman bien entendu grandiose, mais qui laisse trop de place à l'accablement à mes yeux, où plutôt à mes oreilles, puisqu'il s'est agi pour moi d'une lecture audio pour en faire un coup de coeur !

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 16 Mai 2018

Roman - Editons Audiolib - 4h04 d'écoute - 19€90

 

Parution d'origine chez Julliard en janvier 2017

L'histoire : Philippe, auteur célèbre est en interview dans le hall d'un grand hôtel bordelais. Il remarque alors un jeune homme vers qui il s'élance. Ce jeune homme lui fait tant penser à Thomas, son premier vrai et grand amour, alors qu'il était au lycée. L'auteur revient sur cette époque et ses émois.

 

Tentation : Envie d'approfondir l'auteur Philippe Besson.

Fournisseur : Bib N°3

 

 

Mon humble avis : "Arrête avec tes mensonges", c'est ainsi que la mère du jeune Philippe s'adressait à lui pour lui signifier "Arrête avec tes histoires". C'est un peu sur cette phrase que commence ce roman, ce qui, évidemment donne lieu à quelques réflexions intéressantes sur l'écriture et la création littéraire, puisque bien sûr, Philippe n'a jamais cessé d'inventer des histoires au point d'en faire son métier !

Arrêtes avec tes mensonges, c'est aussi tout ce que l'on cache dans sa vie au point de se la gâcher, de se la pourrir et de moisir avec. Ce que l'on dissimule par honte, par gêne, pour ne pas décevoir, pour ne pas sortir du rang, pour ne pas être rejeté, moqué, bref, pour être comme tout le monde. Les mensonges sont donc nos mois intérieurs et profonds que l'on tait à jamais au point de n'être jamais soi.

Ici, il s'agit de l'homosexualité, que le narrateur découvre au lycée. Il y a fort à penser que ce récit est hautement autobiographique, puisque l'auteur Philippe Besson ne cache pas son orientation sexuelle. Bien évidemment, l'ouverture d'esprit de l'époque (les années 80) était à mille lieues de l'actuelle, même si celle-ci est encore à mille lieues de ce qu'elle devrait être. Mais précisons que "Arrête avec tes mensonges" est avant tout une histoire d'amour enfouie, avortée, mais jamais oubliée non plus.

Philippe Besson est un homme que j'adore écouter lors de ses passages télévisés. Il s'exprime de façon habitée, captivante et passionnante, tant dans la forme que dans le fond. Il en est de même pour ses écrits (ce roman est le deuxième, et pas le dernier que je lis de lui). Les mots claques, les phrases accrochent et l'ensemble reste tout à fait fluide et résonne de justesse.

Mais à mes yeux, ce roman a quelque chose de trop mélancolique, et cette mélancolie est encore accentuée par la lecture qui en est faite, assez monocorde. Certes, j'ai aimé me replonger dans les années 80 et de la culture d'alors (musicales en autres), années qui sont celle de ma jeunesse. Mais j'avoue que dans mes lectures, les premiers émois amoureux me touchent de moins en moins et que certaines scènes assez crues de ce récit m'ont mises mal à l'aise. Je me serais passée de certaines descriptions qui pour moi, n'apporte rien à l'émotion ni à la qualité littéraire de ce roman.

 

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 10 Mai 2018

Roman - Editions Audiolib - 5h04 d'écoute - 20 €

 

Parution d'origine en mai 2017 chez Grasset

 

L'histoire : Trois femmes, trois continents, trois combats vers la liberté.

En Inde, Smita est une intouchable.

Giulia, Sicilienne, doit reprendre l'entreprise familiale ruinée.

Au Canada, Sarah, brillante avocate apprend qu'elle est atteinte d'une grave maladie.

Le destin de ses trois femmes se tresse et va les unir, sans qu'elles ne se connaissent, sans qu'elles en aient réellement conscience.

 

Tentation : Le "tapage" autour de ce roman

Fournisseur : Bib N°3

 

Mon humble avis : Si vous n'avez pas vécu sur une autre planète, l'été dernier, vous n'avez pu échapper à ce roman. Dans la presse, sur les blogs, dans les vitrines des libraires, sur les serviettes de plage, ce livre était partout ! Suffisant pour que je me penche sur son cas... D'autant plus que la version audio figurait à ma bib N°3, la grande bib de Rennes, qui propose plein de nouveautés... Pour mon plus grand bonheur !

Le destin de trois femmes s'entrelace dans ces pages, chapitre après chapitre. Le lien qui les unit ne sera révélé qu'en toute fin, même si l'on peut le deviner quelque temps avant. Mais ce n'est pas bien grave. Ce lien est aussi infiniment petit qu'il est grand... Puisqu'il va de l'intime à la mondialisation. Et il représente bien, mais de façon originale, le fonctionnement du monde que nous ignorons parce que nous courons s'en réfléchir, submergés de tout que nous sommes.

L'histoire de Smita l'intouchable m'a particulièrement touchée. Son métier est de vider les latrines des riches. Elle vit donc de et dans la merde, comme sa mère avant elle etc... Smita refuse que sa fille ait le même avenir, souhaite la faire entrer à l'école... Mais là aussi, ça fille restera ce qu'elle est, une intouchable. Alors, Smita fuira son village avec sa fille. Destination.... (c'est dans le roman !). Smita est bouleversante et nous rappelle, dans notre petit confort d'occidentaux, qu'il est un pays puissant où subsiste encore ce révoltant système des castes, de façon légales, ancestrales, culturelles etc...

Sarah au Canada est tout aussi poignante. Brillante avocate, comme toute femme et ce toujours au XXIème siècle, elle doit tripler les efforts pour convaincre, garder sa place, concilier travail et vie de famille. Sachant que pour réussir dans son métier, sa vie de famille doit être invisible et n'avoir aucune conséquence sur sa profession. Et lorsqu'elle apprend qu'elle est atteinte d'un cancer, son monde s'écroulera... Sarah est un exemple éloquent qui prouve que pour rester dans la course, il faut être parfait, et que le monde du travail est intraitable et sans pitié quand la maladie pointe le bout de son nez, sous prétexte de représentation et de rentabilité.

Ces deux femmes sont brillamment interprétées par les lectrices. Giulia, la sicilienne, le fut beaucoup moins à mon oreille, et c'est sans doute pour cela que son personnage m'a laissée un peu plus de glace. En effet, ses chapitres sont lus avec une sorte d'urgence qui fragilise l'émotion qui pourrait émaner de cette jeune femme. Guilia reste tout de même attachante dans l'énergie qu'elle déploie pour sauver l'entreprise familiale de la ruine. Pour cela, elle doit se montrer inventive et surtout, elle doit convaincre son entourage de sortir de la tradition. Dure mission pour elle dans une Sicile où la femme se doit être soumise et de rester à sa place.

En relisant ce billet, je me rends compte que La Tresse est donc avant tout un roman sur la place de la femme dans la société à l'heure actuelle, et des efforts qu'elle doit déployer pour  s'en sortir, l'atteindre et/ou s'y maintenir.

C'est une lecture agréable, facile, divertissante mais pas que... Même si les sujets abordés auraient mérité un peu plus d'approfondissement, ils offrent tout de même aux lecteurs de beaux thèmes de réflexion et de prise de conscience sur notre époque, qui semble encore bien empêtrée dans le passé.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 8 Mai 2018

Roman - Editions Audiolib - 4h07 d'écoute - 18.50 €

 

Parution d'origine en janvier 2018 chez J.C Lattès

 

L'histoire : Hélène, professeure principale au collège, remarque le comportement étrange de Théo, son état de fatigabilité permanent. Mais elle semble être bien la seule à s'en soucier.  Théo lui rappelle elle-même, dans sa jeunesse, quand elle subissait les coups de son père. Aussi, pour Hélène, le "cas" Théo devient une obsession, qui lui fera dépasser certaines limites de l'administration scolaire.

 

Tentation : LE nouveau Delphine de Vigan pardi !

Fournisseur : Audible, merci pour le partenariat !

 

 

Mon humble avis : Les loyautés est un roman choral, ou s'expriment à la première personne du singulier les personnages adultes, et où un narrateur prend la parole quand les chapitres concernent les enfants.

Théo est fils de divorcés, garde alternée. Les deux parents n'échangent plus une parole. Il entraîne son ami Mathis sur une mauvaise pente. La mère de Mathis sent son mariage vaciller et son fils glisser là où il ne faut pas.

Hélène, professeur principale des deux ados, s'inquiète du mal être de Théo. Elle soupçonne un cas de maltraitance, mais n'est guère aidée par l'administration scolaire dans ses démarches.

Nous l'apprendrons au fil de pages, mais Théo ne subit pas de maltraitance. Son "problème" est tout autre, mais témoigne bien d'une grande détresse humaine, que personne ne prend en compte, que personne n'imagine, qu'il est seul à gérer, comme il peut. Aussi, il recherche l'évasion, pour oublier...

Ce nouveau roman de Delphine de Vigan est sombre (en même temps, on éclate jamais de rire dans les romans de Delphine de Vigan !) sobre, efficace et sacrément remuant. Il invite chacun d'entre nous à être responsable de notre prochain, de notre voisin, d'une détresse qui peut croiser notre chemin et que nous serons peut-être seuls à détecter.

Les loyautés qui donnent le titre au roman.... La loyauté peut être salvatrice comme destructrice. La loyauté envers nous-mêmes, ce que nous fûmes, ce que nous sommes, nos idéaux, nos combats... La loyauté envers les autres, c'est la fidélité, ne pas trahir un secret, ne pas dénoncer l'insupportable aussi... Il est aussi question de la loyauté envers le système et les lois... pas toujours conçus pour être efficace devant une détresse.

Dans ce roman, chaque personnage est mu ou enfermer par ses loyautés. La prof envers son élève, le fils envers son père, la mère envers son fils, l'ado envers son copain...

Evidemment, on peut compter sur la sensibilité de l'auteure et sur sa plume reconnue de tous pour décrire toutes ses situations intimes avec une délicatesse et une justesse remarquable. Delphine de Vigan sait mettre des mots là où d'autres ne les trouvent pas. Il est question de couple et de l'après-couple (et de cette haine destructrice où les enfants sont oubliés... et victime), d'amitié, d'amour maternel et filial.

Un roman coup de poing sur des sujets on ne peut plus contemporains, hélas...

 

Livre lu en partenariat avec AUDIBLE, site de téléchargement légal de livres audios, avec un abonnement mensuel possible dès 9 €90  et des livres audios en exclusivité !

 

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Rédigé par Géraldine

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