SOIF, d'Amélie NOTHOMB
Publié le 28 Août 2019
Roman - Editions Albin Michel - 152 pages - 17.90 €
Parution le 21 août 2019 : Rentrée Littéraire !
Le pitch : Pour éprouver la soif, il faut être vivant !
Tentation : l'attente de 364 jours comme d'hab'
Fournisseur : Ma CB, comme d'hab aussi !
Mon humble avis : Eh bien, quelle surprise ! Quel changement de cap ! Quel renouvellement ! Enfin, c'est que qui m'a semblé lors de ma lecture, même si l'écriture d'Amélie Nothomb reste reconnaissable entre mille !
Pour la première fois, Amélie Nothomb s'exprime en "Je" mais sans être "Elle". En fait, elle s'exprime pour ou à travers Jésus, depuis son procès, jusqu'à la résurrection, en passant par le chemin de croix, la crucifixion et la mort. J'avoue que je suis restée baba devant une telle audace, une telle idée (non mais où mon écrivaine bien-aimée trouve-t-elle toutes ses idées ?!).
Au début, je me suis tout à fait amusée, comme d'habitude, de cette parodie de procès où, en présence de Pilate, les témoins à charge défilent à la barre... Lazare, l'ancien aveugle, les mariés de Cana. Bref, les 37 miraculés officiels de Jésus viennent tous se plaindre de quelque chose lié au miracle dont ils ont bénéficié... Ben oui, quand on fait, il y a toujours des gens pour se plaindre de ce que l'on n'a pas fait, ou de ce que l'on aurait pu faire. Même si nous sommes en l'an 33, on se croirait vraiment en 2019, sur les réseaux sociaux ou autre, où chacun déverse sa haine, son idiotie, et surtout son ingratitude envers et contre tout et tous ! Très contemporain tout cela.
Puis vient la nuit que Jésus passe au cachot, le chemin de croix, la crucifixion, l'agonie interminable, la mort et la résurrection. Tout au long de ces étapes, nous sommes dans la tête de Jésus, dans ses pensées, dans celles que suggère Amélie Nothomb. A travers toutes ces pensées, c'est l'être humain qui est vu et revu sur toutes les coutures, pour le pire comme pour le meilleur, des pires vices aux plus grandes bontés, de ses besoins vitaux à ceux on ne peut plus superflus. Et parmi ses besoins, il y a la soif ! Et la soif, ce peut être un grand verre d'eau, le nectar d'un vin... mais aussi, l'envie de... l'envie, le projet, le besoin, l'énergie.
Ce nouvel opus d'Amélie Nothomb est vraiment rondement mené et maîtrisé dans une logique nothombienne parfaite. J'en loue vraiment l'originalité Oui mais... Cette année, je n'ai pas trouvé dans le roman que j'attends le plus, le divertissement intelligent, cynique, drôle malgré le tragique des situations. Et puis aussi, évidemment, on connait la fin de l'histoire. J'en profite pour préciser que les très très cathos risquent de crier au blasphème ! En fait, l'agonie de Jésus m'a paru interminable, tout comme son monologue qui m'a perdue durant quelques pages. J'ignore si la parution du roman "Ainsi philosophait Amélie Nothomb" a influencé ma romancière favorite, mais j'ai souvent eu l'impression que nombre de phrases par page auraient pu, à elles seules, être un sujet pour le bac de philo... Aussi, point de repos pour l'esprit, si l'on veut apprécier pleinement tout ce qui y est dit, il faut être concentré. Mais comme les paroles importantes qui méritent réflexion, voire dissertations, sont très denses et se suivent avec certaine cadence, ben, je n'ai pas pu prendre le temps de méditer vraiment sur ces sujets.
Conclusion : Je pense que Soif est le roman d'Amélie Nothomb le plus original de ces dernières années, mais que, pour le coup, il ne m'a pas offert ce que j'attendais : cette lecture succulente, divertissante dans laquelle je me retrouve à chaque fois. Mais cela ne m'empêche pas de dire : vivement l'année prochaine !