KHALIL, de Yasmina KHADRA
Publié le 11 Juillet 2019
Roman - Edition Lizzie - 6h d'écoute - 19 €
Parution d'origine chez Julliard en août 2018
L'histoire : 13 novembre 2015. Des hommes venant de Belgique approchent en voiture de Paris. Dotés d'une ceinture d'explosifs, certains sont déposés au stade de France et un autre près d'une station RER au centre de la capitale. Lui c'est Khalil. A l'instant fatidique, sa ceinture ne fonctionne pas. La voilà vivant malgré lui, seul etc... Ce roman se penche sur ce personnage. Qui est- il, d'où vient-il ? Comment en est-il arrivé là ?
Tentation : J'aime bien Khadra
Fournisseur : Bib N°3
Mon humble avis : Un sujet très difficile, et si proche de la réalité... Tant de façon temporelle que dans le déroulé. 2015, c'est encore comme si c'était hier dans la mémoire collective. Aussi dans un premier temps, je me suis demandé si l'écriture d'un tel livre était adéquate, acceptable même au nom de la littérature. Et puis oui, tout à fait, même si cette lecture met vraiment à mal le lecteur, en le replongeant dans l'horreur de 2015, même si j'ai eu la chance d'en être géographiquement éloignée. Je me demandais même si j'avais envie d'en savoir plus sur mon pire ennemis, mon plus insidieux et lâche ennemi, quel que soit le prénom qu'il porte. Et encore une fois, oui.
Car Yasmina Khadra nous plonge entièrement dans l'âme, l'esprit, la vie, les convictions d'un kamikaze et au coeur d'une organisation terroriste islamiste. Il explique ce qui parait inexplicable. Après, comprenons-nous bien, expliquer et comprendre n'ont rien à voir avec justifier, excuser et/ou pardonner. Mais comprendre pourrait peut-être permettre d'éradiquer, de tuer le mal à la racine. Comme le dit l'auteur dans ces pages, l'important n'est pas comment cela finit, mais où cela commence.
Nous suivons donc le processus de radicalisation à travers les mots de Khalil le narrateur. Radicalisation pour appartenir à un groupe, être accepté, reconnu, apprécié, admiré de ses pairs "Les frères". Jusqu'au lavage de cerveau total, l'embrigadement qui ne laisse plus une place à la liberté de pensée ni au moindre discernement. Malgré l'explication, ce Khalil reste détestable d'aveuglement et d'obstination. Il donne froid dans le dos et des envies de baffes magistrales et de seaux d'eau glaciale sur la tête. Malgré son histoire, je n'ai eu aucune empathie pour lui. Même si, au cours du livre et d'un autre attentat en Belgique, il devient une victime collatérale par la perte d'un être cher, ce qui va un peu réveiller sa conscience.
Ce roman est évidemment prenant et très intéressant car il donne une des explications possible sur l'une des guerres qui n'épargne personne. Maintenant, j'avoue que le style m'a gêné. La belle plume soignée de Yasmina Khadra est évidemment là, mais est-elle adaptée au niveau socio culturel du narrateur ? Cette question m'a taraudée tout au long de mon audio lecture (d'où mes 3 pattes et non 4)