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Publié le 23 Février 2021

Roman - Edition Livre de Poche - 356 pages - 7.10 €

Parution poche 2015, Flammarion 2013

L'histoire : Marianne a 26 ans et est professeur de Français à l'université de Nanterre. Nous sommes en 1967. Elle accepte la proposition qui lui est faite : un remplacement de 9 mois à l'UTC du Cap, en Afrique du Sud. Elle débarque ainsi, avec très peu d'informations en tête, dans un Etat en plein apartheid. Au fil de ses rencontres, Marianne ira de surprises en horreurs et sera amenée à se dépasser.

Tentation : Pitch et couv

Fournisseur : Ma CB le jour du 2ème confinement

 

 

Mon humble avis : Coup de coeur sans hésiter pour ce roman que j'ai lu, hélas pas d'une traite, mais très vite, car vraiment embarquée par son sujet. Non seulement l'histoire est rondement menée, mais aussi et surtout, ce roman est très intéressant et instructif sur l'Histoire de l'Afrique du Sud. Comme j'ai eu la chance d'aller visiter ce grand pays il y a un an et demi, j'avais vraiment bien potassé le sujet avant... On n'arrive pas les mains dans les poches en Afrique du Sud, si l'on veut comprendre et appréhender au mieux cette nation. Aussi, cette lecture fut pour moi non pas forcément un apprentissage, mais une bonne piqûre de rappel.

Ancien reporter en Afrique du Sud sous Mandela, Frédéric Couder vit encore la moitié de l'année là-bas. Autant dire qu'il maîtrise parfaitement son sujet et le rend très accessible.

La narration est menée par Marianne elle-même. Mais, à intervalles réguliers, le romancier prend sa place pour conter ce dont elle n'est pas témoin.

En 1967, Mandela est prisonnier sur Robben Island depuis 4 ans... Quatre millions de blancs dominent vingt millions de noirs, et le démantèlement du fameux District 6, à Cap Town, commence et échauffe tout le monde. District 6 est un quartier mixte, joyeux où le vivre ensemble est parfait... mais cela dérange l'Etat.

Au fil des jours et de ses rencontres, Marianne se prend de plein fouet la réalité de la vie sous l'apartheid, sous les lois aussi abjectes qu'ubuesques, et la férocité de la police secrète qui traque le moindre comportement contre le gouvernement, que vous soyez noir... ou Boer... ou blanche et française. Les différents points de vues distillés dans cette histoire permettent aux lecteurs de comprendre l'ampleur du désastre, et la complexité du pays "L'Etat policier où l'on vit le plus heureux sur terre"... Si l'on est de la bonne couleur, et si l'on est d'accord avec le gouvernement. Donc bref, si l'on tient à ses petits privilèges et que l'on classe sans honte la population noire au rang animal. Marianne rencontrera, entre autres, Denise une avocate qui défend les droits de l'homme, Victor, un chirurgien blanc à priori sans histoire et bien favorisé... Mais là-bas, Marianne apprendra à se méfier des apparences. Ses amis ont aussi leurs secrets, et ceux-ci vont mener Marianne dans de folles aventures, qui pourraient être historiques.

Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler... D'ailleurs évitez de lire la 4ème de couv, un peu trop bavarde à mon goût. Mais sachez que Frédéric Couderc ne fait que glisser des personnages fictifs dans des faits historiques. Et même cette fameuse aventure, même si elle n'a pas été réalisée, a été envisagée à l'époque.

J'ai acheté ce roman dans le rayon thriller... Une erreur d'aiguillage sans doute influencée par le bandeau signé Caryl Férey... Certes, les trente dernières pages montent terriblement en tension et en suspense, certes, on sent tout au long du roman qu'il va se passer quelque chose d'immense, de grandiose et de bouleversant, mais pour autant, je considère qu'Un été noir et Blanc n'est pas un thriller, mais un roman sur une année historique en Afrique du Sud. A lire !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 19 Février 2021

Erik Orsenna, dernières nouvelles des oiseaux, roman, avis, critique, chronique, blog

Roman - Editions livre de poche - 152 pages - 6.70 €

Parution Poche 2007, Stock 2005

L'histoire :  Un président préside à une remise de prix dans un lycée. Au cinquième très bon élève récompensé, il baille et se dit : qu'ils sont ennuyeux ces bons élèves, pourquoi ne couronner d'autres enfants, des talents cachés, des passionnés qui explore sans relâche, qui ne supportent que la liberté, que les devoirs qu'ils se donnent à eux mêmes ?

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

Mon humble avis : Suite à cette remise de prix peu conventionnelle, le président invite 7 enfants passionnés sur une île très isolée... A eux de tirer profit de cette situation et de leurs centres d'intérêt pour créer, se réaliser, grandir et vivre l'exception. Parmi ces enfants, l'un est passionné par les escaliers, l'autre par les roues, l'un par les nuages, l'une par les moteurs etc...

Ce cours roman illustré d'Erik Orsenna (de l'Académie Française) est comme une parabole. Une parabole qui pointe du doigt le système éducatif français qui enferme certains enfants dans un environnement qui ne leur convient pas, qui ne prend pas en compte leur spécificité, leur passion, leur façon d'être, leur génie tout simplement, au nom de l'apprentissage général à tout prix. Et c'est ainsi qu'un bel avenir, que des idées de génie dorment faute d'écoute, faute de vision, faute d'ouverture d'esprit et de curiosité de notre société qui préfère formater, mettre tout de monde dans le même moule. Or il est bien des êtres qui sont hors normes, qui étouffent dans ce moule, qui dépasse de partout. 

Erik Orsenna met donc en scène 7 de ces enfants, sur une île, avec pour encadrement, une animatrice excentrique qui use de son piano à tous vents et d'un ancien entraineur de foot à la retraite. Une énorme tempête va s'abattre sur l'île. Les enfants refuseront les secours et décideront de s'en sortir par eux-mêmes. Réunissant leurs savoirs faire et leurs passions, ils décident de construire un avion avec les moyens du bord...

Ce roman est un hymne à la liberté, à la différence, aux passions, aux rêves. Les passions et les rêves rendent souvent solitaires... Mais si tôt qu'une cause commune pointe le bout de son nez, c'est une formidable synergie créatrice qui se met en route. Faire confiance aux jeunes, utiliser le savoir-faire des plus anciens (via l'ancien entraineur de foot). Que des messages bien clairs pour s'assurer un avenir prometteur.

J'ai bien apprécié cette lecture (malgré mes 3 pattes), mais en tant qu'adulte, je l'ai trouvée un peu trop légère dans son format. Je pense que ce texte est peut-être plus dirigé vers un public collège lycée, même si les adultes y dénicheront tout de même de belles philosophies et leçons de vie.

"Pourquoi j'aime les cercles ? Ils n'ont ni début ni fin".

"La honte est un microbe tenace. Aucun médicament n'est efficace contre lui. Il faut de grands projets pour s'en débarrasser."

"La passion est une armure".

"Les idées sont comme les lapins : elles ne restent pas longtemps seules."

"Chaque histoire a son rythme, chaque chemin sa ramification qu'il faut respecter sous peine de manquer l'essentiel, des péripéties capitales et des personnages qui paraissent secondaires et qui pourtant sont clés."

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 17 Février 2021

Roman - Editions Ecoutez lire - 7h51 d'écoute - 20 €

Parution Gallimard en Août 2019

L'histoire : Les Farel forment un couple de pouvoir, et d'apparence parfaite. Jean est un journaliste politique très renommée. Claire est une essayiste reconnue pour ses engagements féministes. Leur fils, Alexandre étudie dans une prestigieuse université américaine. Mais un jour, tout dérape et l'équilibre social s'écroule. Alexandre est accusé de viol...

Tentation : La blogo

Fournisseur : Bib N°3

Mon humble avis : J'hésitais à me lancer dans cette lecture, pensant y trouver un énième rebondissement sur le mouvement et hashtag #meetoo, dont je sature au niveau des informations et de la presse. Mais en fait, pas du tout !

Karine Tuil (que je n'avais jusqu'ici jamais lue)  déborde ici de talent pour nous livrer un roman complètement addictif, que l'on écoute (ou lit) dans l'urgence... D'ailleurs cette dernière est très bien rendue par l'interprétation de Constance Dollé.

Il faut un certain temps pour parvenir au sujet en lui-même. Karine Tuil installe bien ses personnages dans ce qu'ils sont pour en mêmes, et ce qu'ils sont et représentent socialement. Et pourtant, point de longueur dans cette première partie. Puis arrive la nuit du drame et tout ce qui en découle, garde à vue, avocat, déchainement de la presse et deux ans plus tard, le procès, qui occupe toute la suite de cette histoire. Nous sommes presque en huit clos dans le palais de justice.  Et là, le lecteur est assez malmené dans ses convictions... Car oui, je dirais que le sujet central de ce roman sont les convictions. L'intime conviction... Qu'il est parfois difficile de ressentir sereinement quand le doute peut s'avérer raisonnable et que des vies sont en jeu. Les convictions qui dictent nos vies et nos conduites, mais qui s'effondrent sitôt que le sujet de celles-ci nous concerne d'un peu trop près... et qu'alors tout vacille. La conviction d'avoir fait comprendre qu'on ne voulait pas, la conviction de n'avoir pas perçu le moindre signe de refus... Ce roman n'est pas sur le consentement, mais sur la perception ou pas de celui-ci, en fonction de la manière dont celui-ci est manifesté ou pas.

Karine Tuil montre ici que dans certain cas de crime sexuel, tout n'est pas forcément noir ou blanc dans l'esprit du coupable présumé comme dans celui de la victime. Et qu'il en est de même pour la justice. On découvre de l'intérieur ce procès, tout ce qui est pris en compte dans la vie des uns et des autres pour aboutir à un jugement, notamment, le milieu social et le niveau d'éducation. Et le risque, pour la justice, d'accuser à tort et de gâcher une vie... Ou encore, de ne pas entendre la victime comme il se doit, et de l'empêcher ainsi de se reconstruire en ne reconnaissant pas sa douleur et son statut de victime.

Bref, plutôt que de donner des certitudes sur le sujet délicat qu'est le viol, l'abus sexuel, ce roman les ébranles plutôt, démontrant que dans certains cas, les deux parties peuvent sincèrement penser avoir raison et avoir été clair dans l'expression de leurs envies ou non envies. La subtilité des perceptions de chacun, en fonction parfois, de ce que la vie à fait d'eux.

C'est cette réflexion que nous propose Karine Tuil dans les choses humaines, en tout cas, c'est ainsi que je l'ai saisi. Tout en développant d'autres sujets (comme le milieu des médias, le jeunisme, ou encore l'impossibilité égotique pour certains de se retirer de la scène à l'âge où les autres sont en retraite), Karine Tuil maitrise parfaitement son sujet, l'analyse du comportement de ses personnages, et le rythme qu'il convient à ce roman. Captivant vraiment, à lire !

PS : Ce roman a obtenu le prix Goncourt des Lycéens 2019

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 13 Février 2021

Roman, Jean-Marie Gourio, Le contraire de l'habitude, éditions Cherche midi, avis, critique, chronique

Roman - Editions Cherche Midi - 236 pages - 17.50 €

Parution le 4 février 2021

L'histoire : Un matin, alors qu'il quitte son appartement pour se rendre au bureau, l'homme ne se dirige pas vers la droite pour prendre le métro comme il le fait tous les jours. Non, il part vers la gauche, et découvre une portion de son avenue qu'il ne connaissait pas. C'est le début d'un sacré périple, d'une aventure extraordinaire dans l'inconnu.

Tentation : Le pitch

Fournisseur : Masse critique de Babelio, merci pour l'envoi !

 

Mon humble avis : Jean-Marie Gourio nous offre ici un roman radicalement anti routine, anti morosité ! Ca fait du bien... Mais il faut aimer la "complètement barré" !

Notre homme prend donc à gauche au lieu de la droite habituelle... Il va vivre une aventure dingue faite de péripéties toutes plus ubuesques les unes que les autres. Le tout, en se laissant aller, en saisissant les opportunités quand elles se présentes, et surtout, en prenant soin de ne contrarier jamais contrarier aucune de la multitude de personnes fantasques qu'il rencontrera, dans des situations toutes aussi saugrenues que ces personnages. L'extravagance de tout cela m'a franchement amusé, les dialogues sont souvent hilarants de non-sens (parfois faux non-sens !), même si certaines scènes sont plus drôles que d'autres. Mais derrière cette gigantesque farce, pointent de l'émotion, des critiques de notre société actuelle et de nos comportements individuels. Ave l'homme, nous découvrons toutes les expériences de vie et rencontres ce que nous manquons à rester dans notre train-train quotidien.

En fait, ce roman est une ode à la fantaisie, à l'ouverture aux autres, à l'inattendu, à l'étrange, à l'inhabituel... Sortir du rang, sortir de sa ligne toute tracé, prendre un chemin de traverse, voilà à quoi nous invite Jean-Marie Gourio. Découvrir l'inconnu qui commence sur le pas de notre porte. Mais attention à ne pas tomber dans l'extrême. Et oui, l'excès de fantaisie fait d'elle une habitude, et comme toutes les habitudes, elle peut finir par lasser et fatiguer. Ne pas faire de la fantaisie une nouvelle prison, mais un espace de liberté !

Quant à moi, je sors de cette lecture vraiment admirative de l'imagination sans borne de l'auteur !

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 9 Février 2021

Delphine de Vigan, Littérature, roman, Un soir de décembre, avis, chronique, critique

Roman - Editions Points - 195 pages - 6.90 €

Parution Points 2016, JC Lattès 2005

L'histoire : Matthieu, 45 ans et père de deux garçons, mène une vie équilibrée, sans problème. Il a écrit un premier roman qui a rencontré un vif succès. Il est désormais habitué à lire le courrier de ses lecteurs. Parmi ces lettres, une missive, non signée. Une femme, qui manifestement le connais personnellement. Dans ces lignes, Matthieu reconnait Sara, avec qui il a vécu une fulgurante aventure dix ans plus tôt. L'évocation de ses souvenirs charnels foudroient peu à peu Matthieu, qui se noie dans l'écriture d'un nouveau roman.

 

 

 

Tentation : J'aime beaucoup Delphine de Vigan

Fournisseur : Ma PAL

 

Mon humble avis : Un soir de décembre est le deuxième roman de Delphine de Vigan. Je pense que si elle n'en n'avait été l'auteure je n'aurais apprécier cette histoire. Mais il y la la magnifique plume de Delphine de Vigan : soignée mais fluide, qui percute et résonne, qui n'a pas son pareil pour écrire l'intime, le rapport au corps, celui de l'autre, mais surtout, le sien, le nôtre.

Il est beaucoup question ici de l'activité de l'écriture romanesque, du lien avec la matière, le papier, le stylo, mais de la relation avec les mots, les phrases. Je pense qu'à ce titre, ce livre devrait séduire les auteurs en herbe, confirmés ou en passe de l'être. Ces passages sont très beaux et intenses, mais personnellement, ils ne me bouleversent pas plus que cela.

Comme le reste d'ailleurs... Cet homme qui va se perdre et perdre les siens lorsque ressurgit du passé une passion fougueuse qu'il a vécu dix ans plus tôt, juste avant son mariage avec Elise. Cette souvenance se fait de façon épistolaire en sens unique, il n'empêche qu'elle obsède Matthieu, qui va plonger dans une sorte de dépression obsédante, ou une obsession déprimante... Revoir Sara, elle lui avoue dans ces lettres qu'elle fréquente son quartier parisien. La chercher, mais non, pas tout de suite, il faut d'abord finir le nouveau roman...

Les faits deviennent vite redondants, lassant pour moi qui ne m'émeut pas (plus) devant les passions "amoureuses" dévastatrices. Et pourtant c'est sublimement consigné par Delphine de Vigan, qui exploite ici vraiment tous les sens du corps. Mais Matthieu ne m'a pas paru sympathique, je ne l'ai pas plaint, son histoire ne m'a pas atteinte.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 5 Février 2021

Roman, littérature, Michaël Ferrier, François, portrait d'un absent, avis, chronique, critique

Roman - Editions Ecoutez lire - 5h30 d'écoute - 18 €

Parution audio 2019 - Gallimard août 2018

L'histoire :  L'auteur a perdu un ami... François et sa fille Bahia sont morts, emportés par une violente vague sur la plage de La Graciosa, une petite île sauvage des Canaries. Alors l'auteur se rappel de l'homme, et de leur amitié... Et leur consacre cet ouvrage.

Tentation : Pourquoi pas ?

Fournisseur : La bib'

 

 

 

Mon humble avis : Ce livre est assez loin de mon genre de prédilection. Ce qui ne m'empêche pas d'en percevoir la beauté. Michaël Ferrier offre ici un texte magnifique, enveloppé dans un style envoûtant et enveloppant, qui nous fait une fois ressentir la chance d'être de langue française, et de maîtriser sa richesse, sa poésie. De plus, l'interprétation impeccable de Thibault de Montalembert  (avec cet acteur, il ne pouvait en être autrement) ajoute encore un écho à cette grandeur.

Hommage à l'ami disparu, hommage à l'amitié avec ses hauts, ses bats, ses interruptions, le roman retrace les années communes des deux amis depuis le lycée jusqu'au moment tragique. Le ton oscille entre nostalgie et mélancolie dans les souvenirs. Il y a vraiment des passages splendides, bouleversants dans le sens profond de ce qui est dit, ce genre de passages que l'on voudrait retenir, et que l'on ressent avec les tripes, qui fait échos au vécu de chacun.

Mais il y a eu aussi des longueurs, que j'ai sans doute ressenti car, comme dit plus haut, ce n'est un genre littéraire que j'affectionne particulièrement. De ce fait, mon attention d'écoute a parfois été vagabonde, en fonction de mon intérêt pour les différents sujets abordés. Aussi, je tiens à dire que selon vos goûts en lecture, vous pourriez adorer ce portrait de l'absent.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres audio, lectures audio, #Littérature française

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Publié le 3 Février 2021

Véronique Olmi, roman, les évasions particulières, avis, chronique, critique

Roman - Editions Albin Michel - 512 pages - 21.90€

Parution le 19 août 2020 : Rentrée Littéraire

L'histoire : Elles sont trois soeurs, nées dans une famille catholique modeste à Aix-en-Provence. Sabine, l'aînée, rêve d'une vie d'artiste à Paris ; Hélène, la cadette, grandit entre son oncle et sa tante, des bourgeois de Neuilly-sur-Seine, et ses parents, des gens simples ; Mariette, la benjamine, apprend les secrets et les silences d'un monde éblouissant et cruel. Comment vont elles évoluer, trouver leur voie dans une société en pleine mutation ?

 

 

Tentation : Kdo de Noël de ma soeur

Fournisseur : Ma soeur 

Mon humble : Sans me bouleverser pour autant, ce roman qui ressemble une saga m'a littéralement happée. Véronique Olmi nous offre ici une chronique sociale et familiale sur une décennie entre 1971 et 1981 et l'avènement de Mitterrand au pouvoir... La décennie qui m'a vu naître et avancer dans l'enfance. Mais dans ces années-là, je n'avais aucune conscience de ce qui se déroulait au dehors de mes jeux d'enfants, du contexte géopolitique et social particulier qui m'entourait.

Ce roman répare bien ces manquements. Effectivement, les années 70 ont été denses en bouleversements de la société, des moeurs et de bien d'autres choses, via des lois et des nouveautés qui occupaient toutes les conversations, les préoccupations et divisaient : la pilule, la légalisation de l'avortement, l'homosexualité encore considérée comme une maladie psychiatrique, les fermetures d'usines, la reconnaissance de la souffrance animale... En lisant ce livre, l'impression est curieuse. Celle que tout cela était il y a bien longtemps, que l'on en a parcouru du chemin depuis... Pour penser en parallèle qu'en fait, les choses et les préoccupations n'ont pas tant changé que ça, et qu'il en reste du chemin à parcourir pour aboutir à une société plus juste, plus égalitaire, plus tolérante, plus respectueuse de l'environnement etc... Constater tout cela m'a vraiment intéressée. Il m'a semblé qu'à cette époque-là, les idéaux étaient plus forts, plus puissants, vécus plus intrinsèquement par chacun... C'est le cortège funèbre de Sartres qui a été suivi dans le tout Paris par des milliers de gens... Dans les années 2010... C'est pour Johnny Halliday... pas vraiment les mêmes références.

Et puis il y a cette vie familiale modeste et catholique, et ces trois filles, qui tout comme la société, vont s'affranchir au fil des années. J'ai aimé la justesse et l'idée de ce parallèle : l'affranchissement du carcan tant par une nation et une génération toute entière, que par trois personnages... Il n'y a qu'en quittant le nid familial que l'affranchissement du mode de pensée et de vie peut se faire et se vivre pleinement, car les possibilités multiples se présentent enfin, on teste, on s'essaye, puis on choisit, quelques que soient les déceptions possibles, et le revirement de situations. On sent que ces trois filles étouffent dans le giron familial où Dieu et le Pape font autorité, et le respect de la vie (donc contre l'avortement) dépasse tout... Jusqu'à ce que... Bref, nous assistons aux petits arrangements bien hypocrites de certains avec la religion où le pardon de Dieu a plus de poids que celui des Hommes...

Véronique Olmi nous plonge dans l'intimité de ses personnages avec une belle justesse, montre la complexité et l'ambiguïté de chaque être et des relations familiales avec brio et délicatesse, et n'hésite pas à nous bercer pour nous assener un bon coup sur la tête ou dans le ventre quelques pages plus tard. L'écriture est belle, dynamique, elle insuffle un rythme qui ne faiblit pas, malgré le volume important du roman. Cette histoire est très dense et foisonnante d'une multitude de sujets, il y aurait donc beaucoup à dire.

Curieusement, je me suis retrouvée un peu dans chacune de ces trois filles... Sabine, la révoltée sociale et féministe, Hélène qui se révolte devant le sort qui est réservé aux animaux et l'avenir écologique de la planète, et Mariette, qui s'émancipe pour l'instant dans le rêve, dans son monde intérieur, puisqu'elle est encore trop jeune pour voler de ses propres ailes. J'ai photographié beaucoup de passages, c'est un signe !

Un beau roman sur une décennie qui fut porteuse d'espoir, l'espoir de la libération individuelle et collective, sur l'émancipation, la force des convictions très vite amoindrie dans la réalité. A lire !

 

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 26 Janvier 2021

Roman, un paquebot dans les arbres, Valentine Goby, avis, critique, chronique, littérature, tuberculose

Roman - Editions Babel - 267 pages - 7.90 €

Parution Babel en 2018 (Acte Sud 2016)

L'histoire :  Dans les années cinquante, Mathilde est une toute jeune adolescente lorsque la tuberculose pénètre dans l'antre familiale. C'est son père, Paulot qui est le plus atteint. Paulot et Odile sont très doués pour le bonheur, le partage et l'insouciance. Lorsqu'ils partent tous les deux pour un long séjour au sanatorium, ils laissent leurs deux plus jeunes enfants dans la misère et le dénuement. C'est Mathilde qui va remonter ses manches et tout faire, contre vents et marée, pour garder une famille unie. Mathilde va grandir très vite, trop vite.

 

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

Mon humble avis : Quelle pépite que ce roman ! Pendant quelques jours j'ai été aimantée par cette histoire, et la façon qu'a Valentine Goby de la conter. Depuis la formule narrative, en passant par la plume enchanteresse et le rythme qui ne faiblit jamais, je vois dans "Un paquebot dans les arbres" un chef d'oeuvre parfaitement maîtrisé... Ce qui n'empêche nullement émotions et sensation de naturel. Le texte coule comme un ruisseau qui devient torrent, et le sens ruisselle en nous comme le sang dans les veines... Et le coeur bat, très fort... D'admiration pour Mathilde, d'énervement contre ses parents insouciants qui ne se rendent jamais compte du poids qu'elle porte et de tout ce qu'ils lui demandent... D'effroi aussi quand on constate une fois de plus la béance de l'aide étatique auprès des plus démunis. Quant aux amis de la famille... Il n'en n'est plus... La peur du bacille... On fuit la famille Blanc. Elle peut bien crever de faim dans l'indifférence générale.

Le roman s'ouvre sur les pas d'une vieille femme qui foulent les ruines de l'ancien sanatorium que tout le monde appelait "le paquebot dans les branches". Pour sa forme et sa situation... perdu dans les arbres. Cette vieille dame, c'est Mathilde... Elle se souvient que plus de cinquante ans plus tôt, ce lieu a signifié l'éclatement de la famille, et la lutte de la jeune Mathilde pour lui garder la tête hors de l'eau, dans une misère inouïe, celle qui tiraille l'estomac, qui élime les vêtements etc. Pour Mathilde, ce sera des années de dévotions, de sacrifices, d'abnégation. Son courage, sa fermeté, son énergie, son acharnement tout en dignité tiennent pour moi de l'héroïsme. Plus d'une fois, on a envie de lui dire : "mais pars, vis ta vie". Pourquoi tout cela ? Par amour. Car Mathilde aime son père plus que tout. C'est une véritable vénération qu'elle lui voue depuis toujours. Alors que Paulot ne la regarde qu'à peine, et voit en elle uniquement le garçon manqué qu'elle s'efforce d'être, pour remplacer celui d'avant elle... le petit Pierre, mort peu de temps après sa naissance. Oui, Mathilde, cette ado qui devient adulte malgré elle, par la force des choses, reçoit bien peu en retour de l'oubli d'elle-même.

Un paquebot dans les arbres est donc un roman magnifique et puissant... Qui dresse un portrait bouleversant d'une jeune fille des années 50, qui donne une voix à tous ces oubliés des systèmes sociaux, aux indésirables tubards, à une France qui ne s'est jamais rendue compte que c'était alors les Trente Glorieuses. A lire !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 22 Janvier 2021

roman - Didier Van Cauwelaert - la dernière nuit au XVème siècle, avis, chronique, critique

Roman - VDB Editions - 6h27 d'écoute - 16.95 €

Parution d'origine chez  Albin Michel en 2008

L'histoire : Comment vivre une histoire d'amour avec une jeune femme du XVe siècle, quand on est contrôleur des impôts à Châteauroux en 2008 ?C'est tout le problème de Jean-Luc Talbot, qui était un homme normal, rangé et rationnel... jusqu'à la nuit dernière, où tout a basculé. Est-il rattrapé par une passion vécue au Moyen Age, ou victime du complot diabolique d'un contribuable ? 

Tentation : Le nom de l'auteur que j'apprécie

Fournisseur : Bib N°3

 

Mon humble avis : Aïe, moi qui cherchais un dernier livre audio sympa et sans prise de tête pour effectuer mes derniers trajets 2020 en voiture, et bien j'en ai été pour mes frais. Ce n'est pas compliqué, j'ai détesté ce roman. J'en ai subi l'écoute et n'ai rien saisi de l'intérêt de l'histoire qui est somme toute rocambolesque. Rocambolesque, pourquoi pas lorsque l'on est déjà dans le romanesque mais là, ça défit l'imagination... Encore une fois, pourquoi pas lorsqu'il s'agit de littérature ?!

Tout ça pour dire que ce roman a glissé sur moi sans trouver aucune accroche. Rien ne m'a pénétrée, ni la poésie de l'amour, ni les situations dantesques où se retrouve le personnage principal. D'ailleurs, je n'ai éprouvé ni empathie ni sympathique pour aucun des protagonistes de l'histoire et pour nombre d'entre eux, j'ai du mal à m'en figurer rôle précis dans le déroulement des événements.

Le roman n'est pas bien long, et pourtant, il m'a semblé interminable. J'ai entamé cette écoute un peu à l'aveugle, sans connaître le nombre de plages (chapitres). A partir de 15, je m'attendais à ce que cela se termine, et bien non, cela repartait pour un tour sans cesse.

Bref, par cette histoire de Jean-Luc Talbot, qui serait plus ou moins la réincarnation d'un certain Guillaume qui vécut au XVème siècle et dont Isabeau, son amoureuse de l'époque veut poursuivre leur amour dans le présent... j'imagine que Didier van Cauwelaert développe sans doute l'intérêt qu'il porte peut-être à l'espace-temps, aux sciences plus ou moins occultes, à la réincarnation. Sans aller aussi loin, il nous dit peut-être qu'il faut parfois se libérer de son passé pour avancer. Mais bon bref, je ne suis pas du tout convaincue, au point qu'au cours de ma lecture, je me suis dit que ce roman était peut-être l'un des tous premiers du célèbre et prolifique auteur que j'apprécie habituellement, et bien même pas.  On passe !

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 18 Janvier 2021

Irène Frain, Prix Interallier 2020, un crime sans importance, littérature, avis, critique, chronique

Récit - Editions du seuil -256 pages - 18 €

Parution le 20 août 2020 : Rentrée littéraire

Le sujet : En banlieue parisienne, une femme vêtue d'un manteau bleu noir, discrète, comme si elle n'était pas à sa place, se rend aux obsèques de Denise, une septuagénaire. Denise a été sauvagement assassinée à son domicile. Une enquête de police est bien sûr ouverte mais l'aboutissement tarde... Police et justice se murent dans un silence suspect, silence qui empêche la famille de comprendre, de faire son deuil, et de punir le criminel. La femme en manteau bleu noir est de cette famille divisée. Elle est la soeur cadette de Denise. Elle est Irène Frain. Irène Frain, qui est écrivain et a donc la parole, prend la plume pour que la mort de sa soeur ne demeure pas un crime sans importance.

 

Tentation  : La blogo

Fournisseur : Bib N° 1

Mon humble avis : Il se lit comme un roman, mais narre une histoire tragique réelle. Ce récit puissant et cruel m'a littéralement happée. J'ai même été surprise de le dévorer aussi vite. Je m'attendais à une lecture difficile alors qu'en fait, l'écriture, évidemment travaillée, est d'une fluidité merveilleuse. Elle invite, elle retient, et pour l'auteure, elle démusèle. 

Par ce récit, Irène Frain libère sa colère longtemps contenue face aux silences qui suivent le meurtre de sa soeur, de sa marraine. Le silence de la famille distendue et toxique, qui mettra 7 semaines à l'avertir de la violente agression qui a mené à la mort de Denise. Le silence de la police, qui ne confie pas le dossier à la justice... Ce qui fait que la famille n'y a pas accès et reste dans le brouillard. 

La famille est divisée, Irène Frain ne semble plus en faire vraiment partie. Des passages bouleversants sur l'enfance des deux soeurs, puis sur la vie de Denise nous expliquent pourquoi celles-ci ne se sont pas vues depuis des années.  Et pourtant, un lien très fort unit Irène et Denise... Mais il y a la maladie de Denise, et les traditions taiseuses de cette famille bretonne modeste.

Irène Frain va se battre pour savoir où en est l'enquête, pour que le meurtre de sa soeur ne tombe pas dans l'oubli judiciaire. Lors de ses recherches, elle découvre que d'autres personnes âgées des alentours ont aussi subi de terribles agressions chez elles... Et pourtant, la police ne semble pas faire le lien, là où les habitants de la ville y voient clair comme de l'eau de roche. Le policier en charge de l'enquête reste injoignable, il ne transmet pas le rapport à la justice, tout reste au point mort. La colère d'Irène Frain devant cette inertie, qui cache soit de la mauvaise volonté soit un vice de procédure caché, est contagieuse... Elle monte en nous et déborde. Mais comme le dit Irène Frain, le meurtre d'une vieille dame discrète ne déplace pas les foules comme celui d'une belle adolescente, elle ne génère pas de marche blanche... C'est sans doute un crime sans importance aux yeux de la société...

J'ai vraiment du mal à rendre hommage à ce texte aussi ahurissant que bouleversant, sincère et pudique, qui porte aussi sur le deuil en lui-même. Je ne trouve pas les mots. Mais il est à lire, d'autant qu'en parallèle, Irène Frain dresse le portrait de nos villes, de nos banlieues actuelles et d'un dysfonctionnement sociétal certain.

 

L'avis d'Aifelle et d'Antigone

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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