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Publié le 8 Janvier 2023

Roman - Editions Belfond - 220 pages - 19 €

Parution en 2020 (Existe en poche)

L'histoire : A 53 ans, Alice est fraichement divorcée. Et sa dernière fille quitte le foyer pour aller étudier. Après avoir voué sa vie à sa famille, Alice se retrouve devant... rien, devant ce qu'on appelle le syndrome du nid vide. 

Un post de styliste d'intérieur lui file sous le nez, et elle se retrouve vendeuse dans une boutique de déco.

Un bon coup de déprime, puis rebond après rebond, Alice va prendre un nouveau départ et réinventer sa vie.

 

 

 

 

Tentation : Pourquoi pas ?

Fournisseur : Trouvaille à la déchetterie 

Mon humble avis : Je connaissais Lisa Azuelos comme réalisatrice de cinéma (LOL, Dalida etc...) Alors je me suis dit, si elle écrit comme elle réalise, il y a de quoi passer un bon moment. 

Et effectivement, je me suis sentie très bien dans cette lecture. Oh, ce n'est pas de la grande littérature à battage médiatique de rentrée littéraire, mais qu'est-ce qu'on s'en fiche ! Surtout que je sortais d'un titre phare de cette dernière rentrée, titre dont je n'étais parvenue à la fin que très laborieusement.

A première vue, je n'ai pas grand-chose en commun avec Alice...  Je n'ai jamais été mariée, donc je n'ai jamais divorcé, et je n'ai pas eu d'enfant, donc pas de nid vide non plus ! Mais la vie ne m'a pas fait de cadeau au niveau médical et finalement, comme Alice, j'ai dû prendre de nouveaux départs (A chaque galère médicale) et, pour finir, me réinventer une nouvelle vie, loin ce celle d'une personne de mon âge (à peu près le même qu'Alice)... A savoir, une vie sans travail. Aussi, j'ai aimé suivre la reconversion d'Alice, sa résurrection, tel un phénix, qui trouve en elle les ressources qu'elle a toujours eues, mais qui étaient enfouies par ses devoirs familiaux !

Ce roman est à mi-chemin entre le feel good et le développement personnel. Avec de bons conseils à saisir en passage, ou à se remettre en mémoire... Ne pas se laisser écraser par les autres, ne pas accepter de tout subir sans s'exprimer, ne pas tolérer ce qui nous dérange chez l'autre juste par peur de perdre une amitié, une affection etc... Il y a l'adage quand on veut on peut, que Lisa Azuelos corrige et pousse plus loin : Quand on le décide, on peut, et c'est une sacrée nuance. Vouloir ne suffit pas ! Il faut oser !

Certains passages peuvent paraître un peu gnan gnan, peu importe, ils s'intègrent bien dans la narration et le style de l'histoire.

Je pensais me séparer du livre après lecture, mais la vie en ose va peut-être rester chez moi un moment, pour pouvoir m'y replonger en cas de besoin. Dans son genre, Alice est vraiment un personnage qui accompagne.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 20 Décembre 2022

Roman - Editions Grasset - 352 pages - 22 €

Parution le 17 août 2022 : Rentrée littéraire 

L'histoire : Des échanges épistolaires entre Rebecca, actrice dans la cinquantaine, que l'âge éloigne des plateaux. Oscar, romancier reconnu, qui traîne une casserole #metoo. Ils ont grandi dans la même ville populaire et ne se sont revus depuis.... Jusqu'à ce qu'Oscar livre sur Instagram un pamphlet contre Rebecca. Celle-ci lui répond et ouvre sa lettre par un : Cher connard... Leurs échanges dureront des mois, avant, pendant et après les confinements covid et changeront leur vie.

 

Tentation : Le passage de Virginie Despentes à LGL

Fournisseur : La bib de Dinard

Mon humble avis : Vingt ans que je n'avais pas lu Virginie Despente, qui lors de son passage à la Grande Librairie à la rentrée m'a donné envie de rejeter un oeil à sa plume.

Je vais être honnête, cette lecture m'a été laborieuse, vraiment, pendant les deux premiers tiers, au point que j'ai songé à l'abandon, mais comme de toute ma vie je n'ai pu m'y résoudre que deux fois, j'ai persévéré... Souvent épuisée car sollicité par les avis différents des deux protagonistes, auxquels je tentais à chaque fois de voir si j'adhérais à l'un plutôt qu'à l'autre...  Et ce sur tous les sujets évoqués par Rebecca et Oscar : l'évolution du monde, des systèmes de pensées, la politique, le Covid et les comportements qui s'en suivent, le cinéma, le féminisme, les masculinisme, #meetoo, le viol, l'agression sexuel, le sexisme, le machisme,  la littérature, l'ultraprotectionnisme ambiant, la parentalité, l'homosexualité, la vieillesse, la morale, la drogue, l'alcool, l'addiction, la désintox, re l'alcool, re la drogue etc... n'en jetez plus ! En fait, plus qu'un roman où il ne se passe pas grand-chose, la forme épistolaire ne semble être que le prétexte pour disserter sur tous les sujets actuels, à la mode, tout en se contredisant, sans vraiment répondre à l'autre et sans vraiment approfondir ni sortir des lieux-communs. Je me suis beaucoup ennuyée, malgré des passages fulgurants, intéressants et qui méritent d'être lus, qui posent les bonnes questions. Mais pas assez nombreux pour me précipiter chaque soir vers mon livre.

J'ai tout de même eu l'impression de lire la complainte de deux parvenus (certes, leur jeunesse n'a pas été drôle, mais ils ne sont pas les seuls) qui se posent en victime de tout ou presque, alors qu'ils ont fait des choix et sont responsables d'eux-mêmes. Deux personnes qui brûlent la vie et semble s'y ennuyer à mourir malgré les lumières et des métiers choisis et rêvés d'un grand nombre. Rebecca crache sur tout le monde ou presque. Difficile de s'identifier aux personnages, aucun ne semble vraiment sympathique, plutôt nombriliste, même si Oscar progresse au fil des pages. J'ai bien souvent eu envie de les baffer dans leurs "pleurnicheries"

Ces échanges sont très irréguliers, tant dans le fond que dans la forme. On passe du simplisme, du poncif à des logorrhées indigestes destinées à un public intellectuel qui aime la "masturbation intellectuelle". Et entre les deux, quelques arguments intéressants et plaisants à lire. De plus, dans un même courriel, les personnages emploient un langage châtier, presque littéraire, pour basculer trois lignes plus loin dans un style de collégien agrémenté de vulgarité inutile. Et puis leurs propos et leurs vicissitudes sont bien souvent redondants. Bref, sur bien des sujets, on tourne en rond.

Le problème est que ce texte n'a pas de portée universelle... Rebecca et Oscar évoluent dans des métiers artistiques, un certain microcosme parisien pseudo bobo, et ne parlent que de leur milieu, leur argumentation tournant autour de leur propre expérience et sentiment, sans apporter la moindre nuance qui pourrait nous rapprocher d'eux. D'ailleurs, à travers Rebecca Virginie Despentes dit : "A 50 ans, 9 femmes sur 10 se droguent, prend quelque chose". Désolée, mais j'ai 50 ans, et la plupart de mes amies aussi, et je ne connais personne qui se drogue. Ce qui est peut-être vrai pour une minorité artistique parisienne ne l'est pas forcément pour tout le territoire.

Bref, je suis arrivée au bout, je ne le regrette pas, mais si c'était à refaire, je ne m'arrêterais pas sur ce titre racoleur vers laquelle la presse s'est empressée ! Par ce qu'au final, et bien vraiment pas grand-chose. J'ai été curieuse, c'est parfois un vilain défaut !

 

L'avis enthousiaste d'Antigone

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 14 Décembre 2022

Roman - Editions Audiolib - 5h13 mn d'écoute - 19.40 €

Parution d'origine aux Editions du Seuil en 2016

L'histoire : Un soir de Noël, alors qu'il rentre chez après un repas entre ami, Edouard rencontre dans la rue Reda. Ils discutent un peu puis Edouard lui propose de monter chez lui. Entre rapports consentis, confidences et rire, la nuit passe. Puis vers 6h00, Reda sort un révolver et le menace de mort. Il l'insulte Edouard, le vole, l'étrangle, le viole...

Le lendemain, pour Edouard, c'est le début des démarches médicales et judiciaires.

 

 

Tentation : Ma PAL audio

Fournisseur : Bib de Rennes

Mon humble avis : Il y a quelques années, le premier roman d'Edouard Louis ( En finir avec Eddy Bellegueule) m'avait tellement chamboulée et mise à mal que je n'avais pas réellement apprécié cette lecture, tant elle m'avait été inconfortable. Mais j'avais bien noté la justesse des mots et le talent de l'auteur. Voilà pourquoi j'ai mis tant de temps à me décider à audiolire ce titre ci : Histoire de la violence.

Mon sentiment est tout à fait différent mais plus net. Ce texte ne m'a pas violentée et remuée de façon déplaisante, car j'en suis restée extérieure. Il n'a provoqué en moi aucune émotion, et autant j'avais éprouvé une profonde empathie pour Eddy Bellegueulle, autant ici, rien... Peut-être que je suis trop vieux jeux parce qu'au fond de moi, je me dis "voilà ce qui arrive quand on fait monter un inconnu chez soi". Je ne dis pas que le narrateur mérite son sort, loin de là, mais j'estime qu'un minimum de bon sens et de prudence ne nuisent pas.

Bref, j'ai écouté cette autofiction sans y pénétrer. J'ai trouvé le style ainsi que l'interprétation qui en est ici faite d'une froideur médicale. Le choix de la narration alternée (entre le narrateur et sa soeur qui raconte ce qu'il lui a raconté) ne me semble pas judicieux, car l'alternance tombe à chaque fois comme un cheveux sur la soupe et alourdit le texte. De plus, le langage qu'emploie la soeur n'est pas maîtrisé : très populaire au point de faire d'énorme fautes de syntaxe,  (les si n'aiment pas les ré, que ça fait mal aux oreilles) elle en vient aussi à user d'un vocabulaire ou d'expressions châtiés peu crédibles au milieu du reste.

L'ensemble m'a paru plutôt désordonné, souvent redondant dans les propos, et la petite analyse sociale / raciale qui découle de cette agression ne mène pas bien loin, reste en surface. Quant au violeur qu'Edouard continue de penser victime à cause de la violence raciste ambiante, je n'adhère pas tout, même si cela reste de la littérature. Quelqu'un viole parce qu'il est mauvais ou fou, mais pas en fonction de ses origines raciales.

A mes yeux, Edouard Louis a ici oublié de sortir du nombrilisme de son propre vécu pour le mener à l'universel, ce qu'il était parvenu à faire avec son premier roman. On ne lâchait pas Eddy Bellegueule, on survole Histoire de la violence, dont le titre est franchement mal choisi. A la limite, Histoire d'une violence aurait déjà été plus adéquat.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 6 Décembre 2022

Roman - Editions Ecoutez lire - 3h10 d'écoute - 12.99 €

Parution aux Editions de la Table ronde en 2019

L'histoire : Le narrateur est éducateur spécialisé au chômage, près de Lorient. Mais il faut bien payer les factures. Alors, il va travailler à l'usine, en intérimaire. Celle du poisson, puis les abattoirs. En trois huit, à la chaîne, à la ligne... Et il raconte le bruit, la fatigue, l'usure du corps, la cadence infernale, le sang des bêtes, l'odeur qui s'immisce partout... Il pourrait devenir fou... Sauf que quand il travaille, c'est Charles Trainet, Appolinaire, Hugo, Dumas qui le sauve. Les longues études faites il y a des années ne sont pas vaines... Elles lui permettent d'avoir cette culture, cet échappatoire, et surtout d'écrire... à la ligne, comme il travail.

Tentation : La blogo

Fournisseur : La bib de Rennes

Mon humble avis : Lors de sa sortie en 2019, ce roman a rencontré un énorme succès, tant en prix littéraires qu'en visibilité sur la blogosphère... Les billets que j'ai lus à cette époque précisaient que ce texte ne comportait aucune ponctuation, ni point, ni virgule.... Ecrit au kilomètre, à la ligne, comme le travail du narrateur. J'ai donc attendu pour audio lire "A la ligne" voulant être chez moi et non en voiture pour cette écoute... J'avais peur d'être perdue sans ponctuation... Et en fait, pas du tout ! En tous cas, l'interprétation qu'en fait Jacques Bonnaffé est excellente ! Certes, il est bien obligé de respirer ! Mais les tons, les modulations de voix ont été pour moi comme une ponctuation... et une cadence... Comme à la chaîne. Et de plus, le texte est tout de même découpé en courts chapitres. Donc aucun problème d'écoute sur la forme !

Quant au roman en lui-même, et bien il est magistral ! L'univers, le quotidien, la réalité racontés par le narrateur sont pourtant sombres, durs, limite glauques, et pourtant, il émane de ce texte une belle lumière, même si elle reste tamisée, on va dire qu'elle adoucit les moeurs ! Parce que même si le narrateur est colère, est triste, est douloureux, est épuisé, il n'est jamais aigri, ne manque vraiment pas d'humour - même si décalé ou noir, on ne se tord pas de rire, (ni de sarcasme pour dénoncer les injustices ou certaines situations ubuesques) et déborde de poésie. Quelle écriture, mais quelle écriture ! Décrire des usines, des machines, des tonnes de poissons ou des pièces de viandes et y mettre autant de poésie rend tout plus fort, tout plus percutant, voir transperçant. La douceur, la force et la joliesse des mots pour décrire la laideur, c'est assez inédit pour moi et tellement bien mené ! Un fond qui s'adapte à la forme, tous deux si bien maîtrisé. Il y aurait tant à dire sur ces lignes !

A la ligne est un formidable hommage aux invisibles qui triment en trois huit à l'usine pour que l'on puisse avoir notre crabe sur la table... Un hommage aux ouvriers qui subissent parce qu'ils n'ont pas le choix, et qui sont fiers d'avoir un travail, aussi dur et inhumain soit-il. C'est un texte sociétal, sur les rapports sociaux entre cols blancs et cols bleus, les absurdités du monde du travail, et la soumission "volontaire". C'est aussi une belle déclaration d'amitié, de respect, de fraternité et d'amour, envers les collègues d'infortunes et la femme du narrateur. Certains passages sont bouleversants d'humanité, d'humilité, de vérité sans fard. Lorsque le narrateur s'adresse à sa mère, ma gorge s'est nouée.

Lisez ce livre, point à la ligne !.

Fort possible qu'à la ligne soit fortement autobiographique puisque l'auteur à lui-même été ouvrier spécialisé dans l'industrie agroalimentaire. Hélas, cette plume talentueuse ne nous régalera et ne nous remuera plus... Joseph Ponthus est décédé il y aura bientôt deux ans. A la ligne est donc son premier et son dernier roman. Mais tellement unique ! Joseph Ponthus a tout de même assisté à l'énorme succès de son texte, cela me console... juste un peu.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 28 Novembre 2022

Roman - Editions de Minuit - 160 pages - 16 €

Parution le 1er septembre 2022 : Rentrée littéraire

L'histoire : Claire est une enfant d'une famille modeste, où l'on compte chaque sou. Le père travaille en trois huit à l'usine. Et pendant les vacances, le summum, le graal pour les enfants est le repas au fast food.

Des années plus tard, étudiante, Claire effectue un job d'été, dans un fast food. C'est ce grand écart et l'usure du corps, la répétition des gestes, la soumission que la romancière narre ici.

 

 

Tentation : Le billet d'Alex 

Fournisseur : La bib de Dinard

Mon humble avis : Si j'ai voulu lire ce roman, c'est parce qu'une bonne partie s'y déroule dans un fast food (Mc Do, BK, peu importe) et que l'auteur y détaille les conditions de travail des petits employés négligeables et négligés... Il y a quelques années, suite à un licenciement économique et des problèmes de santé, j'ai fait le choix d'aller travailler au Mc Do... Il me fallait un job qui ne demande pas trop à mon cerveau abimé par un AVC, un poste à temps très partiel, sans responsabilités et où on fait les choses à l'instant T. J'ai donc bossé au Mc Do entre 43 et 45 ans... A l'âge où j'avais au moins le double de celui de mes collègues, et de certains de mes supérieurs hiérarchiques. Le fast food, honnêtement, ce n'est pas la mine ni les urgences d'un CHU débordés... Mon travail, sans être passionnant, aurait pu ne pas être désagréable, les rushes ont quelque chose de stimulant. Certes, je ne vendais plus de voyages à la carte aux Seychelles mais des Big macs. Beaucoup moins stressant... En cas d'erreur, rien de grave, ce ne sont pas des centaines ou des milliers d'Euros qui sont en jeu.

Quid donc de ce roman ? Je n'ai pas adhéré tant que ça au projet de la jeune romancière, celui de faire le parallèle entre sa jeunesse et la vie de son père à l'usine avec son expérience en fast food. Les passages de l'enfance sont très elliptiques et souvent implicites, décrits avec un style sec, aux phrases courtes, qui laissent peu de place à l'émotion et m'ont un peu laissé de marbre. Je ne suis pas sûr que ce parallélisme entre l'usine du père et le fast food de la fille soit très judicieux... L'usine pour le paternel, c'est toute la vie. Le fast food, en général, on ne fait qu'y passer... Et entre ces deux récits, il manque un coeur central qui donnerait à cette oeuvre un aspect plus abouti, un objectif plus limpide.

Mais là ou Claire Baglin excelle, c'est dans la description du présent, du microcosme social qu'est un fast food. Chapeau ! C'est là que se trouve l'originalité et l'utilité de ce roman. C'est avec minutie, exactitude, humour, ironie, lassitude, révolte, sens de l'observation et de l'analyse comportementale que Claire Baglin décrit le travail d'une équipière polyvalente ! Tout y est, depuis la répétition des gestes, l'usure du corps, la rapidité et la fatigue, la concurrence entre équipiers, les us, coutumes et langages inhérents aux fast foods et bien souvent ridicules, qui se prennent très aux sérieux, comme sur un front de guerre. Mais surtout et là je bénis Claire Baglin, elle met les mots, l'atmosphère, les expressions très justes pour évoquer ce qui ne se voit pas à l'oeil nu, qu'il faut vivre pour le savoir. Les humiliations, le harcèlement psychologique, l'aliénation, la lobotomie du petit personnel. Dans un Fast food, il ne faut pas penser, pas proposer. Il faut obéir. Certains managers nous parlent comme si nous étions des ados en camps de redressement. Equipier, c'est obéir, ne surtout pas chercher quelque autonomie de travail, même si vous connaissez votre mission, et éviter toutes initiatives.  De toute façon, soit elles seront reprochées, soit elles ne seront pas remarquées. Etre manager, c'est donner des ordres à quelqu'un qui sait déjà, la plupart du temps, ce qu'il doit faire. Tout cela, Claire Baglin le démontre parfaitement. 

J'ai quitté le Mc Do parce que je subissais le harcèlement psychologique de 3 connasses qui étaient mes N + 1. Evoqué auprès du chef du restaurant, il n'a pas été pris en compte, mes crises d'angoisses sont revenues, j'ai dit "stop".

Contrairement à l'auteure, j'aimais être en salle, le plus loin possible du comptoir et des managers... Là, je pouvais un peu plus être moi-même, développer le service client et travailler à l'évidence, et non sous les ordres. Et j'étais plus libre dans ma tête.

Petit exemple d'humiliation vécue : Devant une poubelle, une manager de 21 ans me demande : "Géraldine, sais-tu pourquoi il faut vider les poubelles ?". Je cherche une réponse subtile, me disant qu'on ne peut pas me poser une question aussi basique, donc je n'ose pas dire l'évidence : "Pour qu'elle ne déborde pas"... Donc je dis non... Et là, victorieuse devant mon ignorance, la manager me déclare fièrement : "pour qu'elle ne déborde pas". Des exemples comme cela, j'en ai à la pelle... La situation est tellement ubuesque que j'en reste coi... Je subis, je me soumets.

J'ai fini pour un temps mon poste officiel, celui de préparer les salades du déjeuner. Inoccupée, je ne vois personne au Mc Café alors que la vaisselle sale s'y accumule... Donc je vais mettre de l'ordre, je me démène... Un manager m'appelle, Géraldine, tu fais quoi là, ce n'est pas ton poste, revient derrière le comptoir. J'obéis...A peine derrière le comptoir, il réalise qu'il n'a rien à me faire faire donc me renvoie au Mc Café...

Je nettoie les vitres de l'espace jeux enfants... A court de produit vitres, je traverse le restaurant pour aller chercher un autre vaporisateur. Et là, un manager me surprend donc "sans rien faire".  "T'es sur quoi là Géraldine".... 

Bref, ce n'est pas le travail qui est archi pénible, je pense qu'il y a pire. Ce sont les conditions psychologiques, qui sont insupportables, inhumaines, intolérables et qui détruisent. Après, il ne faut pas s'étonner des difficultés de recrutement. Qui veut d'une telle pressurisation psychique dans un job où, quoiqu'il se passe, il n'y a jamais mort d'homme...

Par honnêteté, je mets un dièse à mes propos précédents.... Tout dépend évidemment des individus. Quand j'ai commencé au Mc Do, le chef de mon restaurant était un gars génial, humain, chaleureux, intelligent, confiant... Tout se passait pour le mieux. Quelques mois plus tard, il est parti... et avec lui, tout est parti à vau l'eau, les petits chefs se sont pris pour des grands chefs, et le vrai chef pour un saint, Dieu étant le propriétaire de tous les resto Mc Do des environs. Une fois, je me suis faite engueulée parce que j'avais osé parler à Dieu normalement, comme s'il était juste humain... Mais Seb et Charlotte, vous n'étiez pas comme les autres ;). C'est con, j'étais contente de pouvoir tout de même travailler malgré mes défaillances cérébrales et médicales... Mon passage au Mc Do a réduit en miette le peu de confiance professionnelle et sociale qui me restait. Depuis, je n'ai plus travaillé, je fais du bénévolat.

Tout ça pour dire que l'intérêt de ce roman se situe dans la description littéraire et dénonciatrice de la "vie" dans un fastfood. Si cela pouvait changer les choses, même d'un chouilla, ce serait déjà bien.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 22 Novembre 2022

Roman - Editions Livre de Poche - 160 pages - 7.20 €

Parution Poche 2010 (Ed. Héloïse d'Ormesson 2008)

L'histoire :  Pascaline, la narratrice, vient juste de divorcer. A 40 ans, elle s'installe seule dans un nouvel appartement parisien, un deux-pièces qu'elle trouve charmant. Dès les premiers jours, un profond malaise l'envahit, ainsi que des cauchemars. Elle apprendra par une voisine bavarde qu'un véritable drame s'est produit dans sa chambre il y a des années de cela. Pascaline réalise qu'elle est sensible à la mémoire des murs. Ce drame et ceux qui l'entourent vont devenir une obsession pour elle, et faire remonter sa propre tragédie, enfouie depuis 15 ans.

 

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

Mon humble avis : Dans ma PAL, j'ai des pavés... Et aussi des livres fins... L'un de mes plaisirs est d'en choisir un comme je le ferai d'une séance de cinéma ou d'une activité d'après-midi, pour passer quelques prochaines heures...

La mémoire des murs nous emprisonne donc pour un soir, et les pages se tournent toutes seules, tant l'intrigue est prenante, obsédante, que la tension monte...

Le drame qui s'est déroulé dans nouvelle chambre de Pascaline est le meurtre d'une jeune femme par un tueur en série... Inutile de chercher bien loin, Tatiana de Rosnay fait référence à Guy Georges. Donc en tout, ce n'est pas une, mais sept victimes. Obsédée par ses malaises, Pascaline va en fait enquêter, presque sous forme de pèlerinage sur ses sept jeunes femmes. Elle va même errer autour de la prison où l'assassin purge sa peine...   Cette obsession va tourner à la folie et faire rejaillir le drame qu'elle a elle-même vécu : le décès de sa petite fille, de la mort subite du nourrisson, un soir où elle était absente, où son mari veillait la petite.

Tatiana de Rosnay, d'une écriture fluide et limpide, tout à fait adaptée au sujet, a le talent de nous inclure dans le malaise de son héroïne, et de rendre très palpable des faits divers qui ont fait la une des journaux mais qui, pour la plupart d'entre nous, sont restés à leur place de fait divers. Dans ce roman, ils redeviennent réalité proche, sous le prisme d'une personne comme vous et moi, qui n'était en rien liée ni aux victimes, ni au coupable, ni à la justice etc... A travers l'enquête de Pascaline, Tatiana de Rosnay, au-delà d'un nom et d'une fin terrible, redonne une identité, et une vie à ces jeunes femmes. Et par delà, à toutes les personnes oubliées, victimes de drames, ou au contraire heureuses, qui ont vécu dans les lieux que nous fréquentons et piétinons sans y penser, qu'ils soient réputés ou à priori anodins (La romancière évoque les bâtiments qui remplace le Vel d'Hiv, à Grenelle.) Le message est clair : n'oublions pas le passé... mais que cela ne devienne pas une idée fixe.

Et puis, toutes ces victimes avaient des parents... hors Pascaline a eu une fille... Cette histoire fait rejaillir ce deuil inachevé, enfoui, la perte, l'inconcevable... Nous assistons donc à la descente aux enfers de Pascaline, sans que nous ne puissions rien faire, jusqu'à la toute fin glaçante qui laisse sans voix.

Cette histoire est sombre, mais parfaitement menée, elle ne s'étend pas en longueur pour rien. Tout est dense, et très prenant, mais pas trop long. En même temps, heureusement, car c'est une lecture qui remue et met plutôt mal à l'aise. J'ai vraiment bien aimé ! J'ai dévoré !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 18 Novembre 2022

Roman - Editions audiolib - 3h48 d'écoute - 17.10  €

Parution Audiolib 2018 (L'iconoclaste 2017)

L'histoire : Eté 1965. Shell a 10 ans... et est différent. Il en a marre des moqueries, ou qu'on lui dise qu'il n'est pas assez grand, pas un homme etc... Alors, c'est décidé, il part faire la guerre ! Il s'enfuit donc de la station service où il vit avec ses parents. Ses pas ne le mèneront pas à la guerre, mais là-haut, sur le plateau... Là, il se battra contre le silence et le maquis, contre lui-même et grandira. Et surtout, il rencontre Viviane, une curieuse adolescente, qui apparaît et disparaît. Viviane devient sa meilleure amie, sa première amie, sa seule amie. Sa reine.

 

Tentation : Pourquoi pas ?

Fournisseur : Bib de Dinard

Mon humble avis : C'est un beau roman, une belle histoire, touchante. Shell est handicapé mental : il grandit dans son corps mais pas dans sa tête. Il est moqué à l'école, fait des bêtises qu'il ne comprend pas... Et ses parents songent à l'envoyer loin près de chez sa très grande soeur, mais dans un institut spécialisé. Alors Shell fugue de chez lui, dans l'idée d'aller faire la guerre pour montrer sa force, devenir un homme et mériter le respect. C'est là-haut, sur le plateau, qu'il rencontre Viviane. Viviane qui le prend tel qu'il est, qui le fait rêver, et à qui il a promis d'obéir et de ne pas poser de question, comme à une reine.

L'amitié décrite est belle et rend l'histoire onirique et poétique et puise ses ressources dans l'imagination sans borne de l'enfant... On s'attache évidemment au petit Shell, à ses défaillances, à ses rêves, à son entêtement. A travers lui, Jean-Baptiste Andréa raconte une histoire initiatique qui porte sur la différence. L'acception de celle des autres, de la sienne. La différence sous toutes ses formes, car également dans le mode de vie etc... Car la différence amène le rejet. C'est aussi le passage de l'enfance à l'adolescence, avec les premiers émois, que conte ici l'auteur.

Je n'ai pas totalement adhéré à ce roman et à son aspect un peu magique, peut-être parce qu'à la base, je ne suis pas adepte des livres dont les narrateurs sont des enfants. Et puis quelque chose dans les intentions de l'écrivain m'a peut-être échappé... En effet, il est sujet de l'acceptation des différences... Mais alors pourquoi Viviane est elle aussi cruelle (à mes yeux) avec Shell, l'obligeant à lui obéir au doigt et à l'oeil,  plus tard, en l'ignorant et enfin en lui demandant l'impossible... Ceci aurait dû être plus développé à mon goût, peut-être en donnant la parole à Viviane, ce qui aurait interrompu parfois le récit de Shell, que j'ai trouvé long par moment, et puis un peu répétitif. Mais la plume est belle et adaptée au sujet.

La fin m'a laissée très perplexe, voire désemparée.

Bref, comme je ne suis pas très sensible à ce genre roman, je vous laisse vous faire votre propre idée, votre lecture pourrait très bien vous enchanter.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 4 Novembre 2022

Roman - Editions Pocket - 306 pages - 6.95 €

Parution Pocket 2009, Julliard 2008

L'histoire : Celle du Marquis de Montespan, qui vit sa femme, sublime et adorée, devenir la favorite du rois Louis XIV. Ce qui à l'époque était une source de privilège inépuisable rend le marquis fou de douleur. Il n'acceptera jamais, jamais que épouse, la Marquise de Montespan partage la couche du roi, et sa haine contre l'homme le plus puissant du monde le mènera dans une "guerre" sans fin pour récupérer son amour.

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

Mon humble avis : Il m'a fallu le récent décès de Jean Teulé pour me décider à sortir ce titre de ma PAL... Le Montespan, qui lors de sa parution, fut multi primé et reçut entre autrse le Prix du roman historique de l'année 2008.

J'ai bien apprécié ma lecture... Qui m'a instruite, divertie (cette histoire est follement romanesque) et amusée (les situations cocasses de manquent pas, et la plume de Jean Teulé amplifie encore cet aspect comique.

L'ouvrage est évidemment très documenté. Mais pour les petits détails de l'action et certains dialogues, j'ignore où se tient la limite entre vérité historique et facéties du romancier. Quoiqu'il en soit, les pages se tournent toutes seules.

Les vocables et locutions d'antan sont bien sûr présents et parfois mêlé à un style plus contemporain et plus cru. Qui sait, cette crudité était peut-être déjà d'usage à l'époque. La lecture en est agréable et joviale.

C'est curieux comme les mots de Teulé m'ont permis de me créer des images sur la vie des Français, des gueux comme des nobles déjà désargentés, ou encore autour de la cour du roi. Franchement, et à tous niveaux (hygiène, pauvreté, monarchie à plein pouvoirs) cette époque ne donne pas envie !

Chapeau à Jean Teulé qui est parvenu à faire de ces personnes historiques des personnages de roman plus vrais que nature, des personnages auxquels on s'attache, ou dont on se détache... même si les "juger" par le prisme de nos valeurs contemporaines n'est pas très rationaliste ! Quoiqu'il en soit, Le Marquis de Montespan nous parait d'abord badin, looser et malchanceux (Il part à 3 guerres pour faire fortune et deux d'entre elles n'ont pas lieu !), très naïfs (il ne voit pas les dangers de la cour, même quand son épouse le supplie de l'en sortir). Et puis, c'est un homme qui grandit sous nos yeux, qui devient courageux, combatif, d'une intégrité absolue, et surtout, passionnément amoureux de La Montespan, à une époque où l'amour était rarement le socle du mariage, et s'il l'était, ne durait jamais plus que quelque temps.

J'ai donc passé un agréable moment avec ce personnage haut en couleurs et me suis instruite sur le XVIIème siècle et ses usages. Si vous ne connaissez pas ce roman, je vous le conseille donc chaleureusement !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 21 Octobre 2022

Roman - Editions Rivages - 198 pages - 19.50 €

Parution le 22 août 2022  : Rentrée littéraire

L'histoire : A l'heure actuelle, il n'est plus connu de personne... Et pourtant, Augustin Mouchot connu son heure de gloire et remporta même une médaille d'or à l'Exposition Universelle de Paris en 1878...

Augustin Mouchot a découvert l'énergie solaire. Et ses travaux aussi acharnés que titanesques démontraient son efficacité, sans l'usage d'aucun combustible. Oui, mais voilà, l'ère du charbon est arrivée et la communauté scientifique s'est détournée de Mouchot, qui finit ruiné et oublié de tous.

Miguel Bonnefoy raconte ici son histoire et par la même occasion, lui rend sa place au soleil !

Tentation : Nom de l'auteur

Fournisseur : Bib de Dinard 

Mon humble avis : Une petite virée à la bib pour trouver un titre de la Rentrée littéraire... Ceux que j'avais en tête n'étaient pas disponibles... Mais cette couverture violette qui même de loin dit "Miguel Bonnefoy" m'a attirée. Et je garde un si bon souvenir de ma lecture de Sucre Noir, que retrouver la plume de Miguel Bonnefoy me ravissait d'avance.

Force est de constater que l'enthousiasme n'est pas le même que pour Sucre noir. Et pourtant, dans un premier temps, ma lecture fut vraiment enjouée et intéressée. Quelle bonne idée de sortir de l'ombre ce personnage ô combien romanesque qu'était Augustin Mouchot et de le remettre à la lumière... Surtout dans notre époque actuelle où l'on court autant après l'énergie qu'à son économie. A l'heure où les énergies fossiles sont fustigées pour leurs dégâts écologiques et dont la disparition à moyen terme est déjà annoncé. C'est au court du 18ème siècle qu'Augustin Mouchot découvrit l'énergie solaire et ses usages possibles. Même Napoléon III s'est intéressé aux travaux de Mouchot... En effet, ceux-ci auraient permis par exemple aux militaires en campagne de cuire leurs aliments sans combustibles et surtout, sans créer de fumer trahissant leurs positions. Alors oui, l'intérêt est là et reste, car Miguel Bonnefoy nous plonge également dans la France depuis 1825 jusqu'à l'avant-guerre 14-18. Les conditions de vies sont là, les conflits et changements politiques constitue une toile de fond et situent l'avancée du récit. Et puis nous côtoyons d'autres scientifiques, découvreur et inventeur de l'époque, même si certains ne sont qui cités.

L'on retrouve aussi la plume imaginative, vivace, élégante de Bonnefoy qui parvient, au début, à nous faire croire qu'il s'agit là d'un conte, tant le ton y est. L'écrivain se permet même des petits clins d'oeil à ses précédents romans ! J'ai trouvé celui sur Le voyage d'Octavio, et sur Héritage. Le clin d'oeil à Sucre noir m'a échappé !

Mais, mais... L'aspect conte a disparu progressivement... Les descriptions des appareils construits par Mouchot sont très nombreuses et ne m'ont pas parlé... Dommage qu'il n'y ait pas eu un petit croquis ajouté de-ci-delà... (Bon, en même temps, j'aurais pu me rendre sur Google, mais c'est une chose que je fais très rarement en lisant). Je n'ai pas retrouvé l'onirisme et la fantaisie présents dans Le voyage d'Octavio ou Sucre noir. A mi-parcours, j'ai une l'impression d'une histoire contée de façon de plus en plus linéaire, comme une suite d'événements. L'auteur semble parfois annoncer des choses, des basculements, qui n'adviennent pas. Et puis sur la fin, j'ai trouvé le récit un peu embrouillé, concernant les ressources financières de Mouchot, les brevets etc. Donc un avis en demi-teinte malgré un personnage vraiment hors du commun, dont j'ai été contente de faire la connaissance.

Une lecture intéressante mais qui ne m'a pas passionnée, d'autant que dans ces biographies romancées, je me demande toujours ce qui tient de la vérité ou ce qui émane de l'imagination de l'auteur. J'ai tout de même été "amusée" de constater toutes les objets ou technologies créés au 19ème siècle, et cités dans ce roman, que j'utilise quasi quotidiennement sans réfléchir, comme s'ils avaient toujours existé.

Si vous n'avez jamais lu Miguel Bonnefoy, je ne vous conseille pas ce titre pour entrer dans son univers. Mais si vous êtes férus de sciences et de découvertes, ce roman pourrait vous séduire plus que moi.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 15 Octobre 2022

Roman - Editions Pocket - 148 pages - 5.95 €

Parution Julliard 2022, Pocket 2010

L'histoire : Dans les ruines brûlantes de Kaboul, la mort rode, un turban noir sur la tête. Lapidations, exécutions publiques, les Talibans veillent et sont partout.

Atiq a été un courageux Moudjahid contre les russes, il est maintenant géôlier. Il traine sa peine, sa femme Mussarat est malade, il refuse de se questionner sur le régime taliban.

Moshen et son épouse Zunaira ont tout perdu avec l'arrivée au pouvoir des talibans. Elle était avocate, il avait le goût de vivre dans la modernité.

Leurs destins vont se lier, de manière tragique.

 

Tentation : Auteur que j'apprécie

Fournisseur : Ma PAL

Mon humble avis : Ce livre a paru en 2002, il a donc dû être écrit entre 2000 et 2001...A l'époque, les Talibans étaient au pouvoir en Afghanistan depuis 1996... pour se voir renversés en 2001.

Encore un livre que pioche dans ma PAL et qui date sacrément... Qui devrait être une tranche de l'Histoire, mais qui est redevenu affreusement actuel depuis un an, et le retour de l'Etat Islamique en Afghanistan. L'Histoire n'est hélas qu'un perpétuel recommencement...

C'est donc une plongée glaçante dans l'obscurantisme religieux qui nous fait vivre Yasmina Khadra ici. C'est le quotidien de quatre personnages principaux, d'origines sociales différentes, parmi moult autres, nommés ou anonymes, que nous partageons ici. Le quotidien, et les conditions de vie. La pauvreté, la peur, la menace de la délation venant de n'importe qui, les Talibans qui sont à chaque coins de rue, vous observent, vous obligent, décident de votre sort de façon arbitraire si votre comportement est suspect et ne leur plait pas. Et plus aucune liberté... Même rire dans la rue est proscrit, comme y tenir la main de sa femme. Les manifestations de joies, considérées comme impudiques, sont rangées au rang des péchés capitaux.

Nous autres occidentaux, on sait vaguement ce qu'il se passe là-bas, mais le lire clairement est effroyable, et nombre de propos de certains personnages, à propos des femmes, font froid dans le dos. Car la femme est évidemment moins que rien derrière son Tchadri. Pour certaines, la mort parait libératrice. 

Tout cela est parfaitement décrit par Yasmina Khadra et orchestré dans une histoire terrible dont on ne peut pas imaginer une fin heureuse vues les circonstances. Mais il y a vers la fin des passages sublimes de don de soi, d'amour suprême font vriller le ventre. Yasmina Khadra nous dit aussi les conséquences des guerres interminables et des régimes extrémistes, d'autant plus quand ils sont religieux... C'est la folie qui guette ceux qui n'adhèrent pas aux préceptes imposés. Des lois créées par des fous de Dieu, qui rendent fous ceux qui étaient sains d'esprit dans un pays en proie aux pires folies humaines. Je pense que la folie, individuelle ou collective, est le thème principal de ce roman puissant.

Néanmoins, j'ai quelques réserves sur le style de Yasmina Khadra. Chacun sait qu'il écrit merveilleusement bien, avec des mots choisis, un vocabulaire soutenu et châtier, et des envolées poétiques. Mais cela m'a paru souvent un peu trop, comme mielleux. Inadapté au sujet peut-être. Un style plus claquant, plus vif, plus direct et tranchant aurait, à mes yeux, plus convenu à cette terrible histoire. De même, dans les dialogues, les personnages s'expriment avec un langage très soutenu, qui pour moi, n'est pas réaliste. Mais ce n'est que mon humble avis !

A lire, pour prendre bien conscience de ce qui se déroule de nouveau à l'autre bout du monde, et de notre chance extrême d'être nés à l'Ouest. 

 

"- Je ne les laisserai pas vous tuer.
- Nous avons tous été tués. Il y a si longtemps que nous l'avons oublié."

"Ne me demande pas de renoncer à mon prénom, à mes traits, à la couleur de mes yeux et à la forme de mes lèvres pour une promenade à travers la misère et la désolation ; ne me demande pas d'être moins qu'une ombre, un froufrou anonyme lâché dans une galerie hostile."

"Elle ne représente pas grand-chose en dehors de ce que tu représentes pour elle. Ce n'est qu'une subalterne. De plus, aucun homme ne doit quoi que ce soit à une femme. Le malheur du monde vient justement de ce malentendu."

"D'un autre côté, je refuse de porter le tchadri. De tous les bâts, il est le plus avilissant. une tunique de Nessus ne causerait pas autant de dégâts à ma dignité que cet accoutrement funeste qui me chosifie en effaçant mon visage et en confisquant mon identité."

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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