Articles avec #litterature francaise tag

Publié le 30 Septembre 2023

Roman - Editions Audiolib - 4h46 d'écoute - 17.90 €

Parution Audiolib 2015 (Stock 2014)

L'histoire  : 28 octobre 1949... Certains montent dans un avion en direction de New York, d'autres non... Cet avion, c'est le Constellation, qui s'écrasera quelques heures plus tard aux Açores... Avec à son bord, le champion de boxe Marcel Cerdan, la violoniste Ginette Neveu. Des entrepreneurs, des anonymes. Aucun survivant... Mais un lien qui unit désormais disparus et miraculés, lien fait de hasard, de coïncidences...

 

 

Tentation : Ma PAL audio

Fournisseur : Bib de Rennes

Mon humble avis : Voici un roman brillant, érudit, documenté, extrêmement bien rédigé d'une plume soignée. Un jeu d'un entre deux entre des faits réels et l'imagination de l'auteur... Comme souvent dans les romans inspirés de faits réels, les romanciers conçoivent ce que l'Histoire ne dit pas. Mais attention, le romanesque est déjà bien présent dans la réalité, aussi Adrien Bosc n'a pas dû en ajouter beaucoup je pense.

Constellation traite des sujets du hasard, des coïncidences, de la fatalité... Qui font qu'une personne se trouve dans un avion... ou pas par exemple. Car il y eut des miraculés, ceux qui ont entre autres été obligés de céder leur place pour que Cerdan et son équipe puisse avoir la leur. C'est aussi le récit d'une quête après l'accident... Celle, au fil des ans, du violon de Ginette Neveu, d'une valeur inestimable, dont ne fut à priori retrouvé que l'archet.

Adrien Bosc dresse aussi le portrait d'une époque en plein changement... Après la 2ème Guerre Mondiale, l'avion devient un moyen de transport public, et non de transport militaire. C'est l'apparition de "l'Homme pressé", celui qui prend l'avion au lieu du bateau, qui sillonne le monde... l'éclosion de la mondialisation... L'avion annule les distances, et raccourcit le temps.

Adrien Bosc alterne les chapitres traitant de l'avion, de son avancée, de l'accident, des secours, des recherches, avec des chapitres dressant les portraits des protagonistes.

Ce texte est indéniablement agréable à écouter (la voix n'y est pas pour rien) et intéressant. De cet accident, je ne savais presque rien... Sauf que Cerdan s'y trouvait et que son amour Edith Piaf l'a ensuite pleuré toute sa vie. Il est évidemment question d'Edith Piaf dans ces pages. Elle a entre autres insisté pour que Cerdan monte dans cet avion pour la rejoindre plus vite à New York. J'ai découvert aussi l'impact et la stupeur qui s'est répandue de par le monde suite à ce drame. Par contre, certains passages développant les technologies aériennes de l'époque, d'autres approfondissant des personnages qui me sont inconnus n'ont pas réussi à capter mon attention avec régularité, ni à développer un enthousiasme débordant chez moi. Ce texte me demandait peut-être une trop grande attention, que je n'ai pas su lui accorder, sans pour autant en regretter la lecture. Aucun doute, ce roman possède nombre de bons arguments pour plaire.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

Repost0

Publié le 28 Septembre 2023

Roman - Editions Folio - 194 pages - 8.10 €

Parution Folio 2021 (Gallimard 2019)

L'histoire : Marie Nimier souhaite écrire un roman, et en cherche la matière... Alors elle se rend dans une ville, s'arrange avec la mairie, la médiathèque, et quelques petites annonces affichées deci delà. 

La voilà prête, assise dans un appartement meublé d'une table, deux chaises, un philodendron. Elle se bande les yeux, pour recevoir anonymement les confidences de volontaires, libres de leur propos.

Elle va en recevoir des confidences Marie... Des remords, des regrets, des futilités, des rêves, des anecdotes, de la culpabilité... Jusqu'à l'implosion qui conduira à la dernière confidence, la sienne.

Tentation : Le pitch

Fournisseur : En librairie...

Mon humble avis : Parfois, tout se déroule à l'envers de ce qui est envisagé... Cet été, en librairie, je cherchais un livre à offrir en cadeau (mon choix s'est porté sur la carte postale d'Anne Berest)... C'était l'époque des offres commerciales estivales, un livre poche offert pour l'achat de deux. Dans la sélection des romans offerts, celui-ci, de Marie Nimier, m'a tapé dans l'oeil. Il me le fallait absolument. J'ai donc acheté un autre titre pour avoir droit à cette gratuité !

Et cette lecture m'a séduite d'entrée, et jusqu'à la dernière ligne, je l'ai savouré pleinement. Déjà par son originalité... Un livre de confidences d'inconnus, qui racontent pour se délester ou partager, ou encore, juste pour voir, pour vivre cette étrange situation. Les yeux bandés de Marie garantissent l'anonymat (celui qui libère la parole), mais permettent aussi à Marie de se concentrer juste sur la voix, de ne porter aucun jugement physique ou autre.

Et nous voilà, avec Marie, à recevoir nous-mêmes ces confidences, à en être bouleversés, remués, émus, amusés, étonnés. Ce sont des fragments de vie, des instants qui sont narrés ici. Mais certains d'entre eux ont eu des conséquences sur une vie entière. Il y a des victimes, des "coupables", des "spectateurs", des "acteurs". Des personnes que l'on voudrait serrer dans nos bras, d'autres que l'on voudrait gifler. Bien sûr, certaines de ces confidences sont plus dures à entendre que d'autres, mais à travers toutes celles-ci, c'est un véritable kaléidoscope de l'âme humaine, de la diversité des êtres, des classes sociales, d'éducation etc... De quelques phrases à quelques pages, ces confidences sont des entraperçus de mille et une vies, joies, douleurs, peurs, peines, rêves, souvenirs...

Le tout est d'une réelle intensité... Des secrets lourds sont révélés... et suivis par des confessions qui paraissent plus insignifiantes, mais qui ont leur importance pour ceux qui la disent, qui sont déjà un pas... Parfois, on devine une grande solitude aussi. Ce recueil de confidences, pendant lesquelles Marie Nimier ne prenait pas de notes, est donc forcément vu par son prisme, son interprétation, sa compréhension. Il pourrait être aussi perçu comme un recueil de 48 petites nouvelles... Mais c'est un roman, porté par une plume magnifique, délicate et juste. Une autrice vraiment généreuse que je découvre avec cet ouvrage, et qui me donne une folle envie d'en lire d'autres. 

Je conseille donc chaleureusement !

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

Repost0

Publié le 19 Septembre 2023

Roman - Editions Hugo New life - 199 pages - 14.95 €

Parution en octobre 2019 (existe en poche maintenant).

L'histoire : Juliette a 50 ans, et se remet très mal de sa rupture avec Jean-Marc. Elle part alors rejoindre sa soeur à Goa, en Inde, pour quelques vacances. Là bas, elle rencontre un médecin dont les propos la bouleversent : il lui diagnostique "une vie à l'envers". 

De retour à Paris, Juliette retrouve ses 3 chats, et décide de s'inspirer de leur comportement pour relever la tête, et à la demande de son éditrice, entreprend la rédaction d'un livre : la méthode chat.

 

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

Mon humble avis : Une sortie de PAL qui tombe à pic... L'été fut plutôt difficile psychologiquement pour moi, et comme l'autrice, j'ai la cinquantaine et 3 chats à la maison, donc allons-y !

C'est un roman, c'est du développement personnel, des méthodes de bien être... Pas forcément ma came en lecture... Parce que si la théorie énoncée est souvent alléchante et plutôt logique, la mise en pratique fonctionne rarement chez moi. Le leitmotiv "la réponse est en toi", je le trouve toujours bof bof, parce que trop simpliste, quand moult choses influences une vie, un caractère etc. Mais ça c'est mon opinion à moi !

Ce livre a déjà un très bon point : il est extrêmement bien écrit, vocabulaire choisi etc, tout en restant fluide, bref, agréable. J'ai principalement apprécié la "petite" partie qui se déroule en Inde, avec l'énoncé de préceptes de sagesse Hindouiste, qui m'ont bien parlé.

La suite, c'est une alternance d'instants de vie de l'autrice, et la rédaction des conseils de vie qui donnent l'ouvrage : la méthode chat.

Je suis la première à vanter les mérites et les avantages de la présence de félins dans un foyer, pour la douceur qu'ils apportent, leur présence réconfortante, leurs ronrons etc. Mes propres chats m'ont fait et me font le plus grand bien. Et puis je les aime, c'est tout !

L'autrice développe ainsi la sagesse du chat, sa vie dans le temps présent, sa méfiance salvatrice face à ce qui lui est étranger et nouveau, ses capacités à s'isoler pour se ressourcer etc. Je suis d'accord avec bien des propos, mais je trouve qu'il y a parfois un peu d'anthropomorphisme dans certaines analyses données sur le comportement félin. Et non, le chat n'est pas "toujours zen", il peut être anxieux sans raison apparente, j'en veux pour preuve que deux des miens sont en pelade depuis avril pour l'un et juillet pour l'autre, sans qu'il n'y ait eu de changement dans notre vie. Donc des choses nous échappe, et je trouve que l'Homme a trop tendance à penser à la place du chat, même si des expériences et des études sont menées pour comprendre cette espèce qui garde bien des mystères.

Quoiqu'il en soit, malgré quelques répétitions, "Le temps passé avec un chat n'est jamais perdu"  (Citation de l'écrivaine Colette à la base) est une lecture agréable, où l'on peut picorer quelques conseils de vie. C'est surtout une livre qui a le mérite de vous poser dans le temps, d'observer votre vie de l'extérieur, de mettre le doigt sur certains dysfonctionnements de vos attentes et de ce que vous recevez, de vous poser les bonnes questions sur vous-mêmes, vous aspirations etc, et de changer pourquoi pas quelques directions. Après, est-ce que cela se vérifie dans la durée, j'ai plus de mal avec cette idée. Bref, je ne pense pas que cette lecture bouleversera ma vie.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

Repost0

Publié le 17 Septembre 2023

Roman - Editions Albin Michel - 162 pages - 18.90  €

Parution le 23 août 2023, Rentrée Littéraire

L'histoire : L'enfance d'Amélie, sa passion pour les oiseaux, l'agression dont elle fut victime à l'âge de douze ans, ses conséquences... Puis une longue reconstruction et renaissance à travers l'écriture, puisqu'écrire, c'est voler.

Tentation : Mon évidence et RDV annuels

Fournisseur : Ma CB

 

 

 

Mon humble avis : Voilà déjà quelque temps que j'ai lu le dernier opus de ma chère Amélie (le lendemain de sa sortie en fait), et que je suis bien en peine pour le chroniquer. D'autant que nombre d'entre vous connaissent mon attachement et mon lien avec Amélie Nothomb, et attendent d'autant plus mon billet.

Depuis "toujours", je préfère qu'Amélie me raconte des histoires plutôt que la sienne. Parce que j'aime son imagination, sa fantaisie et l'originalité avec laquelle elle traite ses sujets.

Psychopompe est largement autobiographique, il est d'ailleurs reconnu par tous et même l'autrice comme étant son écrit le plus intime. C'est sûr qu'il l'est profondément.

Le premier tiers reprend son enfance, enfance migratrice de par le monde au rythme des affectations de son diplomate de père. Il y est aussi question de sa passion, de sa fascination pour les oiseaux... Là, j'ai presque pris ce roman pour une dédicace personnelle déguisée, car Amélie sait très bien la passion que je voue à l'ornithologie...

Puis, vient le viol dont Amélie fut victime à l'âge de 12 ans, dans les eaux du golfe du Bengal. Là où d'autres autrices se seraient peut-être étalées , Amélie a l'élégance d'en n'écrire que quelques mots métaphoriques...  Cette agression mènera Amélie à une anorexie sévère qui l'a presque laissée pour morte. Tout cela est décrit avec justesse, délicatesse, toujours en parallèle avec la gente ailée... Puisqu'écrire, c'est voler... Et qu'écrire, sera la reconstruction d'Amélie... Amélie développe donc, toujours avec sa plume bien à elle, l'art d'écrire et n'hésite pas à tacler les écrivains qui se plaignent de leurs souffrances d'écrivains... 

Jusque-là, tout allait parfaitement bien pour moi dans cette lecture Nothombienne, j'étais "chez moi".

Mais advient le décès de son père (lors du 1er confinement Covid), des relations post mortem qu'elle noue avec lui, et donc l'aspect psychopompe qui donne son titre à l'ouvrage. Dans la mythologie, psychopompe signifie "qui conduit les âmes des morts, qui les aide à traverser". Et là, j'étais déconcertée... Ma chère Amélie m'a perdue, tant elle était dans l'intime, que j'ai trouvé cela un peu impudique, cela m'a mise mal à l'aise. Et surtout, alors que j'attends d'Amélie qu'elle me raconte des histoires, j'ai eu l'impression qu'elle voulait soudain me vendre une croyance, me convaincre d'une pratique que je dirais "paranormale" par fainéantise de chercher le terme adéquate. Cette partie-là, je ne l'ai pas du tout appréciée, je l'ai de plus trouvée longue, j'avais hâte d'en finir.

Voilà, et bien il est écrit ce billet, certes très factuel même si l'ouvrage, et ses portées philosophiques mériteraient plus d'approfondissement. Mais il n'était pas si sorcier que cela à rédiger ce billet Psychopompe.

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

Repost0

Publié le 9 Septembre 2023

Roman - Editions Albin Michel -219 pages - 19.90 €

Parution en août 2022

L'histoire : Soeur Anne Alice est religieuse chez les filles de la Charité, rue du Bac à Paris. Une autre soeur lui prédit que la Vierge Marie lui apparaîtra en Bretagne. Dès que possible, Soeur Anne accepte une mission à Roscoff, à quelques encablures d' île de Batz. C'est là-bas, mais auprès d'un adolescent mal dans sa peau que la Madone se manifeste... Doute, folie, dévotion collective se déchaîne alors, jusqu'à l'irréparable.

 

 

 

Tentation : Mon coup de coeur pour Le Bal des folles

Fournisseur : la Bib de St Lunaire

Mon humble avis : Je commencerai par saluer l'originalité de cette histoire et donc de ce roman. En effet, quand je parcours depuis mi août les résumés des parutions de la Rentrée Littéraire 2023, j'ai l'impression que les livres battent de plus en plus les mêmes sentiers... En tous cas en apparence.

Victoria Mas interroge le sujet de la foi à notre époque, des comportements qui en découlent... Le désir ou non de voir et de croire en l'invisible, en l'inexplicable. Victoria Mas démontre parfaitement que quelle que soit la pitié d'un individu, celle-ci n'empêche pas des réactions d'orgueil, de jalousie, d'envie... qui font toutefois partie des pêchers capitaux. En fait, les réactions les plus condamnables face aux visions de cet adolescent émanent des personnages les plus pieux, avec même un certain rejet social. Il y a aussi l'effet de masse, d'hystérie collective et ses dangers que Victoria Mas démontre très bien. Pour d'autre, la foi ne suffit pas, il en faut plus, toujours plus, des preuves... La tension monte sans cesse, on sent le drame roder. Victoria Mas nous ferre bien dans le destin de ses personnages. Oui mais...

Pourquoi faut-il attendre la centième page pour parvenir au coeur du sujet, qui à lui seul était assez riche de possibilités pour occuper un roman entier. Pourquoi tant de considérations météorologiques et atmosphériques, parfaitement redondantes, d'autant que l'histoire se déroule sur quelques jours en février dans le Nord Bretagne, donc sans grands changements. A la place de ses descriptions célestes, j'aurais préféré que la romancière s'étende plus sur les ressentis des protagonistes autour de ses apparitions, se penche sur des personnages qui ne sont que dans la foule. A croire que Victoria Mas n'avait pas assez confiance en son postulat de départ pour le développer plus, et que, pour aboutir à un roman et non à une nouvelle, elle comptait sur les détails climatiques et paysagers. C'est dommage.

Parce que l'histoire est prenante, intéressante dans ce qu'elle dit de l'humain. La fin est assez remuante et tragique, mais Victoria Mas a l'intelligence de ne pas se prononcer, de laisser chacun libre d'avoir la foi ou pas, de croire en l'intervention divine ou d'y préférer le hasard... et de ne pas juger ce choix, tant qu'il ne nuit à personne.

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

Repost0

Publié le 7 Juillet 2023

Roman - Editions Buchet Chastel - 128 pages - 16.50 € 

Parution le 5 janvier 2023

L'histoire : Dans les années 60-70... Celle d'une famille paysanne, qui vit isolée de tous, là haut, dans la ferme tout près de la Santoire dans le Cantal. Elle a épousé Pierre, ensemble ils ont acheté cette ferme qui leur donne une place. Cinq enfants en trois ans la laisse exsangue dans un corps qui ne lui appartient plus, et qui n'intéresse plus Pierre, pire, qui la dégoûte...

Tentation : Un moment que je n'ai pas lu MH Lafon

Fournisseur : La boîte à livre en bas de chez moi.

 

 

Mon humble avis : Six ans que je n'ai pas lu d'ouvrage de Marie Hélène Lafon, et voici que je tombe sur ce titre, une nouveauté qui plus est, dans la boite à livres (en fait cabine de plage à livres !) en bas de chez moi. Il n'y a pas à se poser de question. Je prends !

Avant de rédiger ce billet, j'ai reparcouru ceux écrits sur les trois romans que j'ai lu de la romancière cantalienne : L'annonce, Les pays, et Joseph, histoire de me remettre ses lectures en mémoire. Avec Les Sources, je pourrais faire un mixte des trois.

Ici, Marie Hélène Lafon aborde la violence conjugale... qui plus est dans un milieu fermé, isolé où l'on est souvent taiseux mais où la réputation compte. Evidemment, l'autrice use de mots précis, sans superflu pour décrire la situation invivable mais qui paraît inexorable et sans échappatoire, l'âpreté et la rudesse du milieu. La peur au ventre et les coups mis en balance avec le rang social obtenu, et la peur du qu'en dira-t-on, les divorcées sont tellement montrées du doigts dans ces années-là. Le tout, dans une époque où l'homme, qui ne se remettait pas en question, ne pensait avoir que des droits. Et la mission première des femmes, était d'être un ventre qui donne la descendance. 

L'altération et l'éreintement du corps de la mère, le saccage de sa vie sont bien décrits, mais de façon surtout factuelle. Ce sont les gestes qui disent le reste, qui disent ce qu'il faut taire. Au lecteur de lire entre les lignes... La violence est suggérée mais pas réellement décrite.

Le texte est à la troisième personne du singulier, "elle", dont on ne connaîtra jamais le prénom. Et ce choix narratif, une fois de plus, m'a laissée assez extérieure au récit, qui se déroule dans une atmosphère étouffante accentuée par une écriture soignée certes, juste pour le propos, mais tellement monotone, et souvent répétitive... Ces impressions furent exactement les mêmes lors de mes précédentes lectures citées plus haut. Aussi j'ai cette sensation que de livres en livres, les paysages, les us et coutumes décrites, les sujets abordés (tel que l'évolution de l'agriculture et la fin d'une certaine paysannerie) sont (trop?) récurrents. Et de même, la fin (dont est extraite la quatrième de couv), et qui advient plus de 55 ans après le début de l'histoire, laisse tout à fait sur la faim, ne donnant aucune nouvelle des personnages.

Il y a sans aucun doute beaucoup d'autobiographie dans ces pages, on retrouve Claire, le personnage du roman "Les pays", qui était lui-même un double très proche de Marie Hélène Lafon. Dans les descriptions physiques d'Isabelle, on devine la romancière aussi. Elle dit être aussi dans le personnage de Gilles. Pour le reste, cette situation de violence conjugale, je l'ignore.

Après, on sait que Marie Hélène Lafon a posé son territoire littéraire dans son Cantal natal et qu'elle tourne autour du monde paysan dans ces romans. Mais je trouve tout de même que cela manque de renouvellement, de surprise. Après, bien sûr, je ne suis pas obligée de lire chacune de ses parutions, ce que je n'ai pas fait d'ailleurs. Et je me demande si je suis faite pour cette littérature. Pas sûr du tout. Car je ne la trouve en fait ni exaltante, ni bouleversante, même si elle me permet de connaître autre chose si éloigné de ma propre vie.

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

Repost0

Publié le 3 Juillet 2023

Roman - Editions Audiolib - 4h51 d'écoute - 19.90 €.

Parution Audiolib 2023 (Les éditions Noir sur Blanc août 2022)

L'histoire : « Tu ne seras jamais aimée de personne. Tu m’as dit ça un jour. Tu vas rater ta vie. Tu m’as dit ça aussi. De toutes mes forces, j’ai voulu faire mentir ta malédiction »

Il lui avait dit ça le Père... Et pourtant, quand son frère Olivier l'appelle pour lui dire que l'état de ce père va déclinant dans l'oubli qui efface les souvenirs, Isabelle rejoint les montagnes de son enfance, qu'elle a désertée depuis si longtemps. Elle y retourne mais redoute tellement les retrouvailles, la confrontation avec ce père qui n'a jamais su la regarder, lui prêter de l'attention, l'aimer comme elle en aurait eu besoin.

Tentation : Blogo + nom de l'auteur

Fournisseur : Bib de Dinard

Mon humble avis : C'est encore un texte magnifique que nous offre ici Gaëlle Josse, servi en premier lieu d'une écriture sublime, dont les mots tantôt caressent, tantôt transpercent, mais atteignent toujours leur cible, tant ils sont choisis avec soin et élégance.

Oui, malgré la dureté du sujet, le ton est plutôt doux amer, même s'il est entrecoupé des silences de distances, de maladresses, de non-dits, de décennie d'incompréhension et d'absence de communication.

Isabelle a tout fait pour fuir la maison familiale et les montagnes alentours, qui engloutissaient régulièrement ce père guide de montagnes taiseux, colérique, intransigeant, incapable de l'aimer elle qui était née fille et non garçon, et qui chaque nuit criait de terreur. Elle a maintenant la cinquantaine et a fait sa vie au fond des océans, pour les filmer.

Olivier, le frère, est resté fidèle aux racines familiales et à ce père si particulier, ce père craint, haï parfois, et pourtant aimé et respecté. Nous apprendrons pourquoi dans les dernières pages du livre.

Gaëlle Josse n'a pas son pareil pour narrer une telle histoire. On pourrait s'attendre à des règlements de compte, il n'en n'est point question. C'est une histoire de rencontre, bien tardive certes, mais de rencontre, au crépuscule de la vie, quand les souvenirs et les traumatismes sont enfin racontés par le père, avant d'être enfouis par la maladie de l'oubli. Quand enfin le silence se brise. Car le sang du père, ce caractère si invivable, a pris racine il y a longtemps, de l'autre côté de la Méditerranée, quand presque encore gamin, il s'est retrouvé malgré lui, au coeur de ce que certains ont appelé "les événements" et d'autre "la guerre".

Gaëlle Josse déploie une fois de plus son incroyable talent pour raconter l'intime, tout en restant pudique. Elle montre les conséquences de l'Histoire sur ceux qui la vivent et sur leur descendance, et comment, avec ce fardeau invisible, chacun construit au mieux sa propre histoire, son propre chemin de traverse et de survie, avant parfois, de retrouver une route commune.

 

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres audio, lectures audio, #Littérature française

Repost0

Publié le 21 Juin 2023

Roman - Editions Folio - 183 pages - 7.50 €

Parution d'origine en 1986 aux éditions P.O.L

L'histoire : Pour faire sourire sa femme et ses amis, il se rase la moustache juste avant d'aller à un dîner. Mais personne ne remarque rien, ou feint de ne pas l'avoir remarqué. Pire, quand il insiste, ses proches soutiennent qu'il n'a jamais porté de moustache. Mauvaise blague ou un début de folie ? Quoiqu'il en soit, le voilà dans une spirale infernale.

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

Mon humble avis : Connaissez-vous des livres qui rendent fous ? Et bien en voici un, qui dormait dans ma PAL depuis plus de 10 ans...

C'est avec enthousiasme que je suis entrée dans ces pages. Le postulat de départ, original, me plaisait, m'intriguait. Mais j'en attendais un tout autre développement qui n'est jamais advenu. Pas de pointe d'humour, et pas d'exclamation (genre excellent, bien vu !) de ma part.

Le texte est écrit à la troisième personne du singulier, mais d'un point de vue interne, celui du personnage principal. Pas d'autres points de vue, pas de dialogues, aucun autre protagoniste d'intervient directement. Leurs propos ne sont que rapportés.

Au début, j'ai été évidemment accrochée, me demandant bien comment pourrait évoluer cette histoire de (non) moustache.  Farce de ses proches ou réelle folie, la question demeure un bon bout de temps, avec une tension qui va croissante. On est donc dans la tête du personnage, qui semble sombrer dans une folie paranoïaque, qui paraît s'en rendre compte mais doute sans cesse, et démontre sa lucidité à force d'arguments pour les démonter ensuite et les reconstruire plus tard... Complot contre lui, folie ?  Bref, c'est là toute la prose de ce roman, et le premier tiers passé, cela devient répétitif, lassant, agaçant, exacerbant... On tourne en rond, comme un fou autour d'un poteau. On ne peut plus inconfortable comme lecture, on a qu'une envie finalement, c'est d'en finir... oui, mais finir comme cela, de manière aussi glauque, sans lueur, et avec toujours aussi peu de réponses ou autant de questions, ben, bof bof.

Après, ce roman est peut être très proche et bien représentatif de la pathologie, je n'en sais rien... J'ignore si Carrère lui-même est devenu fou à écrire un tel texte, car il y aurait de quoi. Quelque part, je dis chapeau d'avoir tenu l'écriture tout au long d'un roman, même relativement court, tout en restant cohérant apparemment (car bien sûr, étant donné le texte, on n'a vraiment pas le courage de remonter quelques pages pour vérifier certaines choses ou autres). Cependant, le format nouvelle, pour exploiter un point de départ original, aurait à mes yeux largement suffi ! Car que ce fut long, éprouvant, et finalement, décevant pour moi.

 

 

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

Repost0

Publié le 19 Juin 2023

Roman - Editions Albin Michel - 272 pages - 21.90 €

Parution le 29 mars 2023

L'histoire : Nous sommes dans le prochain quinquennat, dans le bureau du futur président de la République Française. Et nous sommes aussi dans sa tête, puisque ce texte est son journal intime.

Parvenu au pouvoir presque sur un malentendu, celui qui ne sera donc jamais nommé jongle pour régler ou que n'empirent pas les problèmes internationaux, intérieurs et personnels... Une vie sans répit, et c'est un véritable ballet qui se déroule entre autre dans ce bureau, où chaque ministre, conseiller etc, vient y déposer conseils, doléances, conséquences etc...

 

Tentation : La Grande Librairie

Fournisseur : Kdo de ma mère

Mon humble avis : Allez hop ! Coup de coeur ! Non que ce roman soit parfait, non qu'il n'ait été ce à quoi je m'attendais vraiment, mais je l'ai dévoré. Et surtout, il m'a offert un regard distancié et posé sur le monde actuel... Ce qui permet de réfléchir, d'adhérer ou pas... Sans pression ni urgence médiatique.

Avec Tsunami, nous passons quelques semaines dans la tête et dans la vie du futur président, élu depuis quelques mois... Ancien homme d'affaire richissime qui s'est lancé dans la campagne présidentielle en se disant juste "pourquoi pas", quand on le lui a suggéré. Sa richesse, il la doit à la société qu'il gérait avec son meilleur ami, le génie scientifique qui a trouvé comment rajeunir de 30 ans les cellules du corps, et donc de prolonger d'autant la vie de chacun.

Marc Dugain nous invite donc dans les arcanes de l'Elysée et du pouvoir... Il dresse un portrait sans concession (et donc guère optimiste, mais comment pourrait-on l'être) de la société actuelle et de ses dirigeants... Qui ne sont plus vraiment ceux que l'on croit de façon officielle. Mais si j'ai bien compris les propos de Dugain, dans le marasme actuel, les torts seraient partagés. Devant l'individualisme, le collectif s'efface.  Quelques soient les maux et ses maux, l'individu refuse désormais toute responsabilité individuelle et reporte toutes les causes sur l'Etat. L'être humain ne veut que plus plus plus, rajeunir rajeunir rajeunir, mais est incapable de prendre soin de son propre jardin (la planète). On prolonge la vie sur une planète plus qu'en sursit, au moins en ressources nécessaires pour assurer une vie correcte à chacun. Tout n'est que compétition dans la vie... Et quand il se repose, l'Homme regarde encore de la compétition (sport, Top Chef, Koh Lanta...).  L'Homme s'épuise de trop compétition mais s'en abreuve. L'homme qui vit en pays démocratique se plaint de la perte de liberté, sauf que tous les jours, il donne sa liberté contre de la sécurité, et surtout contre la possibilité de l'hyper consommation, celle qui nous conduit directe dans le mur, qui crée des besoins que l'on n'a pas, et qui frustre quiconque qui ne parvient pas à y participer... Ce qui crée des tensions, de la violence, de l'insécurité etc. Et, parallèlement, on n'a jamais vu autant d'opinions avec si peu de connaissances, alors que jamais les connaissances n'ont été aussi accessibles. La médecine est malade, alors que la société crée et génère encore ses maladies (stress, dépression, folie) et les besoins médicaux qui en découlent.

Le vrai pouvoir, celui qui tire les ficelles, crée les situations en fonction des besoins des industriels est plutôt à chercher du côté des GAFAM.

Donc notre président doit jongler, gérer et négocier avec les Gafam, avec Poutine, les islamistes, les américains, les espions... Et le peuple français, les manif de plus en plus violentes contre une proposition de loi Verte que les Français refusent en bloc. Et puis, il a ses propres casseroles, qui ne doivent absolument pas s'ébruiter... Genre poudre blanche etc...

J'admire les connaissances, l'ordre qu'il faut dans sa tête, la culture ou la capacité de s'informer, et bien sûr d'imagination et de talent nécessaire à l'écriture d'un roman aussi crédible et réaliste, tout en restant fictionnel. Marc Dugain nous offre ici un page turner dense, captivant, intéressant, évidemment très actuel, qui invite à la réflexion jusque sur notre système politique à bout de souffle, dans lequel plus grand monde ne croit vraiment. Il y distille de la philosophie du pouvoir, de la psychologie individuelle et sociale. Bien sûr, ces pages ne manquent pas d'ambiguïtés (qui démontrent la complexité de l'époque), de cynisme, d'ironie, et de pointes d'humour. Le narrateur présidentiel n'est pas désagréable, il est au fond simplement très humain dans ces questionnements et ses tentatives de réponses.

Marc Dugain nous propose aussi une oeuvre "interactive" puisque libre à chacun de prendre, le temps d'un roman, la place du Président de la république (personnellement je n'en voudrais pas pour un empire) et de se dire : et moi, quelle décision je prendrais dans cette situation ?

Bref, j'ai dévoré et adoré et j'ai déjà offert mon exemplaire à mon neveu, à qui j'avais bien "vendu" l'histoire !

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

Repost0

Publié le 16 Juin 2023

Roman - Editions Folio - 112 pages - 6.90 €

Parution chez Folio en Août 2019

L'histoire : Celle de Mauro... Un jeune homme qui, a 24 ans, est Chef de son propre restaurant à Paris. Quel chemin l'a mené là, quelle sera la suite de sa route, de ses projets ?

 

tentation : Pourquoi pas ?

Fournisseur : La boite à livres à bas de chez moi

 

 

 

 

Mon humble avis : J'ai trouvé ce titre dans la BAL en bas de chez moi alors que je lisais "Ce que les étoiles doivent à la nuit" qui se déroule aussi dans le milieu de la gastronomie / restauration. Je me suis dit que l'ouvrage de Maylis de Kerangal pouvait être complémentaire.

Il l'est certes car/mais tout à fait différent. On suit les pérégrinations peu communes de Mauro, qui dès l'enfance, aimaient faire des gâteaux, puis régalaient ses potes du lycée sans qu'il soit question de mal bouffe.  Il ira à la fac de Science Eco et parallèlement, travaillera dans différents types d'établissements culinaires, pour le meilleur et pour le pire, depuis l'auberge jusqu'au resto étoilé... 

A travers Mauro, c'est le secret des cuisines et de la cuisine que nous dévoile Maylis de Kerangal. Au fil des brigades dans lesquelles Mauro oeuvre, on rencontre la passion, la recherche, la créativité, la tradition, les difficultés, la pression, la fatigue, le harcèlement psychologique/physique, la solidarité autant que la violence... Un métier qui s'il est bien fait, ne laisse aucun répit, nécessite tous les sacrifices, surtout celui de la vie personnelle, et inflige un épuisement et une maltraitance du corps.

Maylis de Kerangal offre ici un bel hommage à tous ces hommes ou femmes de l'ombre, qui travaillent avec passion et abnégation pour que nos moments de distractions soient savoureux. D'ailleurs, pour les papilles gustatives, cette lecture peut s'avérer bien savoureuse pour beaucoup.

Si la lecture n'est pas désagréable, elle ne m'a pas transcendée non plus. J'ai trouvé qu'elle manquait de chaleur, d'allant, alors que le personnage de Mauro n'en manque pas pourtant. Très factuel, le texte ne permet pas forcément de s'attacher au jeune homme, même si on admire son courage et sa volonté. La narratrice reste très en retrait, d'elle on ne sait rien, on la devine juste amie avec Mauro.

Bref, un fond intéressant, mais une forme plutôt déstabilisante... Manque d'un liant pour que la sauce prenne vraiment... Et puis aussi l'impression de ne pas avoir eu de dessert.

Voir les commentaires

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

Repost0