LE RAPPORT CHINOIS, de Pierre DARKANIAN

Publié le 28 Août 2022

Roman - Editions Anne Carrère - 298 pages - 19.90 €

Parution le 20 août 2021 

L'histoire : Dans un commissariat parisien, comme chez des experts, comme dans les cours de justice, il est un rapport qui rend fou quiconque tente de le lire. Il fait 1084 pages et s'intitule le Rapport Chinois... Il est issu de l'étrange cabinet Michard & Associé et a été rédigé par Tudgual Laugier. Ce roman est l'histoire de celui-ci.

Tentation : Le billet de Luocine (plus enthousiaste que moi)

Fournisseur : La bib de Dinard 

 

 

Mon humble avis... ou mon rapport sur le Rapport chinois !

Le rapport rend fou, et le livre presque autant ! Et pourtant, il y a du génie dans ce roman de Pierre Darkanian... En effet, je pense que c'est à dessin que l'auteur use de la vacuité pour évoquer le grand vide sur lequel repose notre monde et notre époque... 

L'histoire débute quelque temps avant la crise des Sub primes... A Paris, Tugdual, jeune homme sorti des études, est embauché suite à une étrange procédure, comme consultant dans un grand cabinet de conseil parisien, qui brasse des millions. Le salaire net de Tudgual : 7000 € par mois... Il prend son poste... et tout se passe dorénavant comme s'il était dans une quatrième dimension, bien balisée par le règlement intérieur qui prône la discrétion et le secret à outrance. Difficile d'en dire plus sans spoiler et le déroulement de l'histoire et l'atmosphère très particulière qui y règne.

L'idée est franchement bonne, maintenant, je suis un peu plus mitigée sur son développement. Nous y côtoyons des personnages qui sont des crétins XXL, des abrutis de première classe, tant dans leur comportement que dans leur mentalité. Alors au début, c'est drôle, et puis ça lasse tant c'est haut perché et ubuesque... C'est une plongée profonde dans l'absurdie. Mais j'ai trouvé cela très répétitif et trop scatologique...Les dialogues de nos abrutis sont très récurrents et tournent en boucle... trop longtemps, trop souvent pour ne pas m'avoir agacée. Ils m'ont même horripilée ! Après, comme je le suppose, c'est peut-être un effet de style de l'auteur pour montrer que l'on peut tout remplir, tout vendre, tout justifier avec du "vide".

Ce que Pierre Darkanian dénonce ici, ce sont les bulles spéculatives, les mouvements bancaires, financiers et fiscaux loin d'être étiques mais légaux ou accessibles en jonglant avec les failles du système, le tout "rapport" ou "commission" qui règne dans notre pays de bureaucrates, les salaires mirobolants du milieu de la finance, la lenteur du système judiciaire, le machisme, l'égocentrisme, la cupidité, la crédulité, la vacuité... Du monde, du système, des vies de certaines personnes qui misent tout sur leur réussite professionnelle et financière.

C'est poussé à l'extrême dans la loufoquerie, à force de cynisme et de sarcasme au 3ème degré, mais c'est certainement très réaliste hélas !

J'ai aimé le fond et les ressources d'idées, mais suis bien mitigée sur la forme, qui souffre de maladresse de dosage à mes yeux, et qui, de ce fait, ne m'a pas fait rire comme prévu. Mais je reconnais que c'est très bien écrit,

Et force est de constater que cette phrase majeure du roman est bien vraie : le monde ne repose que sur des promesses de "plus".

"Zhou l’avait initié à sa conception de l’économie : l’argent était qu’une croyance, qui n’avait ni plus ni moins d’existence que Dieu, la démocratie où les droits de l’homme. Si personne n’y croyait, l’argent n’existerait plus. Mais puisque l’essence même de l’argent était une croyance, il n’y avait rien de malhonnête à faire croire qu’on en avait. À force d’y croire, les gens finissaient par vous en accorder, espérant en recevoir davantage en retour, et vous donnaient ainsi raison. Une banque prêtait bien de l’argent qu’elle n’avait pas sur la seule certitude qu’on lui en rendrait d’avantage". 

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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A
Ah zut, c'est un roman que j'avais noté depuis un moment suite à une recommandation libraire. Mais bon, loufoquerie et cynisme, c'est ma came, donc peut-être que j'y trouverai davantage mon compte que toi.
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A
Ce n'est pas un milieu qui m'attire beaucoup et avec tes réserves sur la forme, je préfère passer.
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