Publié le 21 Juin 2023
Roman - Editions Folio - 183 pages - 7.50 €
Parution d'origine en 1986 aux éditions P.O.L
L'histoire : Pour faire sourire sa femme et ses amis, il se rase la moustache juste avant d'aller à un dîner. Mais personne ne remarque rien, ou feint de ne pas l'avoir remarqué. Pire, quand il insiste, ses proches soutiennent qu'il n'a jamais porté de moustache. Mauvaise blague ou un début de folie ? Quoiqu'il en soit, le voilà dans une spirale infernale.
Tentation : Ma PAL
Fournisseur : Ma PAL
Mon humble avis : Connaissez-vous des livres qui rendent fous ? Et bien en voici un, qui dormait dans ma PAL depuis plus de 10 ans...
C'est avec enthousiasme que je suis entrée dans ces pages. Le postulat de départ, original, me plaisait, m'intriguait. Mais j'en attendais un tout autre développement qui n'est jamais advenu. Pas de pointe d'humour, et pas d'exclamation (genre excellent, bien vu !) de ma part.
Le texte est écrit à la troisième personne du singulier, mais d'un point de vue interne, celui du personnage principal. Pas d'autres points de vue, pas de dialogues, aucun autre protagoniste d'intervient directement. Leurs propos ne sont que rapportés.
Au début, j'ai été évidemment accrochée, me demandant bien comment pourrait évoluer cette histoire de (non) moustache. Farce de ses proches ou réelle folie, la question demeure un bon bout de temps, avec une tension qui va croissante. On est donc dans la tête du personnage, qui semble sombrer dans une folie paranoïaque, qui paraît s'en rendre compte mais doute sans cesse, et démontre sa lucidité à force d'arguments pour les démonter ensuite et les reconstruire plus tard... Complot contre lui, folie ? Bref, c'est là toute la prose de ce roman, et le premier tiers passé, cela devient répétitif, lassant, agaçant, exacerbant... On tourne en rond, comme un fou autour d'un poteau. On ne peut plus inconfortable comme lecture, on a qu'une envie finalement, c'est d'en finir... oui, mais finir comme cela, de manière aussi glauque, sans lueur, et avec toujours aussi peu de réponses ou autant de questions, ben, bof bof.
Après, ce roman est peut être très proche et bien représentatif de la pathologie, je n'en sais rien... J'ignore si Carrère lui-même est devenu fou à écrire un tel texte, car il y aurait de quoi. Quelque part, je dis chapeau d'avoir tenu l'écriture tout au long d'un roman, même relativement court, tout en restant cohérant apparemment (car bien sûr, étant donné le texte, on n'a vraiment pas le courage de remonter quelques pages pour vérifier certaines choses ou autres). Cependant, le format nouvelle, pour exploiter un point de départ original, aurait à mes yeux largement suffi ! Car que ce fut long, éprouvant, et finalement, décevant pour moi.