LES AMES FEROCES, de Marie VINGTRAS
Publié le 8 Novembre 2024
Roman - Editions de l'olivier - 272 pages - 21.50 €
Parution le 19 août 2024 : Rentrée littéraire
Mon pitch : Leo n'est pas rentrée chez elle la veille... Elle n'a pas 18 ans, et l'adjoint de la shérif retrouve son corps sans vie au bord de la rivière, au milieu des iris. C'est la sidération pour tout le monde. Car à Mercy, petite ville de moins de 4000 âmes en Pennsylvanie, il ne se passe jamais rien. Qu'en est il quand on gratte le vernis ?
Tentation : Mon coup de coeur pour Blizzard, le précédent roman de l'autrice
Fournisseur : La bib de St Lunaire
Mon humble avis : Ce deuxième (et attendu) roman de Marie Vingtras vient de remporter le Prix du roman Fnac 2024. Et pourtant, à mes yeux, on n'y retrouve ni la même force, ni la tension croissante présente dans l'excellent Blizzard.
Le corps sans vie d'une adolescente est découvert, dans une ville petite ville si calme... Où en faits les habitants s'ennuient tellement que les uns ne rêvent que d'en partir, les autres observent tout depuis leur fenêtre, commentent ou inventent... C'est le piquant de leur vie.
Le roman est divisé en quatre parties, quatre saisons, et s'ouvre sur le printemps, la découverte du corps, l'enquête de la shérif Lauren, dont le sexe et l'homosexualité ne sont pas acceptés. Et quatre narrateurs différents illustrent ces saisons. Lauren, Benjamin Chapman (le professeur de Français bien trop proche de certaines de ses élèves), Emmy, la meilleure amie de Léo, et enfin, Seth le père endeuillé.
Dans chacune de ces parties, Marie Vingtras gratte le vernis et livre les bagages des protagonistes, leurs secrets, leurs tourments, leurs traumatismes, la raison de leur présence dans cette ville perdue. En cela, Âmes féroces, ressemble à Blizzard. Marie Vingtras nous décrit parfaitement une Amérique profonde, avec une diversité de personnages (certes un peu caricaturaux), depuis la bimbo qui ne veut pas vieillir au propriétaire d'un garage automobile, qui a tout perdu lors de la crise des subprimes. Endetté, expulsé de sa maison dont il ne peut plus payer les traites, sa femme partie, le voilà seul avec Leo, sa fille unique et chérie.
Les âmes féroces est donc une histoire post subprimes, qui évoque ceux qui ont coulé alors que leurs voisins ou amis sont restés debout. Il est question de jalousies, de secret, de mensonges, de prédation sexuelle, de non-dits, d'adolescence, d'exclusivité, de possessivités, de trahison, bref, tout ce qui a mené au drame dans cette petite ville où il ne se passe jamais rien.
La lecture est agréable et les styles varient légèrement en fonction des narrateurs, sans tomber dans ce qui pourrait être excessif et inharmonieux. Mais à partir de l'automne, et donc de la confession d'Emmy, ces monologues m'ont paru un peu longuets et parfois répétitifs. Et puis reste des "mystères", comme la raison de l'arrivée aux USA de la mère de Leo, ou pourquoi et comment, en fin de compte, Lauren s'est-elle décidée à attendre un bébé. Je n'ai pas eu l'occasion de m'attacher à l'un ou l'autre des personnages. De même, nous ne suivons pas l'enquête de Lauren, et de ce fait, ignorons comment elle parvient à la bonne conclusion. C'est dommage à mes yeux.
L'ambiance est certes un peu étouffante (puisque meurtre et petite communauté il y a) mais pas oppressante comme dans Blizzard. Je suis un peu restée sur ma faim en fait, attendant plus de rythme et sans doute d'originalité dans ce deuxième roman de Marie Vingtras. Et quid du titre ?