JURE N°2, film de Clint EASTWOOD
Publié le 10 Novembre 2024
Film de Clint Eastwood
Avec Nicholas Hoult, Toni Collette, Zoey Deutch
Synopsis : Alors qu'un homme se retrouve juré d'un procès pour meurtre, il découvre qu'il est à l'origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer.
Mon humble avis : Depuis le temps qu'on le dit, ce film est sans doute vraiment la dernière réalisation de Clint Eastwood, 94 ans... Et quel final ! Quel film ! Quelle puissance psychologique ! On en sort K.O, avec besoin de parler, de se questionner, de se rassurer sur la justice en général et... sur soi-même... Peut-on savoir jusqu'où va notre éthique, voilà la grande question du film.
Car oui, ce film s'adresse d'abord au plus profond de notre être, à la bonne opinion que nous avons en général de notre morale personnelle, sans que jamais nous n'ayons été confrontés au pire, à un cas de dilemme aux conséquences potentielles dévastatrices pour soi, notre entourage, ou pour l'autre. Il y a dans ce film l'éternelle question que résume parfaitement JJ. Goldman dans sa chanson culte "Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt"... Sur ce sujet, Juré N°2 est vraiment un film magistral, qui bouleverse, remue... Et donne peut-être les limites de la moralité... et de la justice... Qu'un homme soit de suite jugé pour ce qu'il est et non pour ce qu'il a peut-être fait et qu'un autre ne le soit pas parce qu'il est "bien sous tous rapports". La moralité fait pencher dans un sens... mais... Eastwood laisse chacun se débrouiller avec l'ambiguïté morale.
Juré N°2 est un film de procès, mais surtout de délibération du jury, puisque c'est là qu'il s'étend le plus, c'est là que tout peut basculer dans un sens ou dans l'autre, c'est là que la tension, le suspense et l'inconnu montent, montent, montent... Et Eastwood de pointer du doigt la faillibilité d'un système judiciaire dont dépend le reste de la vie d'un homme : Enquête bâclée, jurés qui n'ont pas envie d'être là et ne pensent pour certains qu'à retourner au plus vite chez eux, visées et conséquences politiques pour un magistrat... Eastwood démonte l'ordre établi, les certitudes d'une justice et de son système pensées pour les privilégiés, distille du doute là où la société n'en met plus... Et montre que la justice, sans preuve irréfutable, est parfois bien illusoire.
La réalisation de ce huis clos est parfaite, épurée mais ne néglige aucun détail. Tout est limpide pour le spectateur qui n'est jamais perdu ni dans la procédure, ni dans ce qui est dit. Et pourtant, le trouble est partout, jusque dans les expressions faciales du jurés N°2 qui ne peut partager avec personne son effroi et son débat intérieur.
En fait, ce film donne le vertige... Le vertige devant ce qui s'y passe, et devant ce dont personne n'est à l'abri, où qu'il soit assis dans le tribunal. Et moi, je me dis que jamais ô grand jamais, je ne voudrais être juré d'un procès.
Un film captivant, implacable et magistral, à ne pas manquer !
A noter tout de même, tout ce drame prend naissance à cause d'un téléphone portable dans une voiture... 2 secondes d'inattention et...