LE REVE DU JAGUAR, de Miguel BONNEFOY
Publié le 10 Janvier 2025
Roman - Editions Rivages - 296 pages - 20.90 €
Parution en août 2024 : Rentrée littéraire
Mon pitch : Antonio Borjas Romero fut abandonné lors de son troisième jour de vie sur les marches de l'église d'une rue qui aujourd'hui porte son nom. Recueillie par une mendiante surnommée "La Muette", il épousera quelques années plus tard Ana Maria, qui devint la première femme médecin de Zulia, Etat du Venezuela.
Antonio et Ana Maria sont les grands-parents de l'auteur, et ce livre est leur histoire.
Tentation : Le nom de l'auteur
Fournisseur : La bib de St Lunaire
Mon humble avis : En 2024, Le rêve du Jaguar a remporté le prix Femina et a été nommé "Prix du roman de l'Académie Française", entre autres. Je voulais lire ce livre bien avant cette pluie de récompense, car depuis mon énorme coup de coeur pour Sucre noir et la découverte de la plume et de l'univers de Miguel Bonnefoy, je recherche dans chacune de ses parutions la même révélation... En vain, hélas.
Et pourtant, d'entrée de jeu, tout y est, tout ce que j'aime chez Miguel Bonnefoy... Le côté fresque familiale généalogique, la verve inégalable de conteur, la superposition de la Grande et de la Petite Histoire, les légendes, l'Amérique du sud, les extravagances, la poésie, l'imagination débridée, les coups de théâtre, le réalisme magique propre à la littérature latino-Américaine.
C'est donc avec allégresse que j'ai lu le premier tiers, suivant les (mes) aventures d'Antonio, son enfance, son adolescence pleine de rebondissements, sa rencontre avec Ana Maria et le début de leurs carrières de médecins. Le récit était très foisonnant, et peut-être trop d'ailleurs. Les personnages se multiplient, et l'importance de certains dans ce texte est à discuter. J'ai cru remarquer des contradictions, des anachronismes et le choix de l'ordre narratif m'a souvent désarçonnée... Par exemple, la mort d'un personnage est évoquée et quelques page plus loin, on revient sur celui-ci en pleine action. J'ai trouvé des longueurs, des répétitions, et vu la densité de l'histoire, et bien la notion de survol m'est apparue, et la description des personnages sont pour moi rester bien trop factuelle, comme un peu superficielle, m'empêchant en fait de m'y attacher et éprouver de profondes émotions. C'est donc à grande peine, avec un intérêt bien émoussée que de la page 100, je suis parvenue à la page 240 environ.
Et puis, j'ai retrouvé mon allant, les repères historiques sans doute plus proches de mon époque, et surtout plus précis (malgré la mention de la date du décès de Che Guevara qui ne correspond pas, ou alors j'ai mal lu). Et là, le roman m'est redevenu tout à fait passionnant, me permettant de comprendre l'Histoire récente du Venezuela, faite de révoltes, de révolutions, de coups d'Etats, et de crises économique qui se succèdent. Miguel Bonnefoy explique ici succinctement mais clairement la genèse de celles-ci, ainsi que de celle de sa vocation d'écrivain.
Une lecture en demie teinte pour moi donc, mais qui a ravi XXL une dame de mon club de lecture.
Il n'empêche que le destin d'Antonio est complètement inouï et ahurissant !