Lectures, BD, cinéma, voyages, photos, chats, humeurs, bref mon petit monde ! .................. " C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante" (Le petit prince)
L'histoire : JMG Le Clézio revient sur son enfance africaine d'après guerre, où il retrouve un père qu'il n'a jamais connu, le conflit international et les distances les ayant séparés. Le père, médecin chirurgien en Guyane britannique, puis en Cameroun britannique et enfin au Nigéria... Vingt ans d'Afrique qui ont transformé ce père à jamais et qui ont forgé le romancier.
Tentation : Ma PAL
Fournisseur : Ma PAL
Mon humble avis : C'est simple, cet ouvrage était dans mes étagères depuis que J.M.G Le Clézio a reçu le Prix Nobel de Littérature, c'est à dire 2018, soit 13 ans. Hum Hum...
Et pourtant, quel beau texte. Simple en apparence mais consciencieux, sans fioriture, avec juste les faits et leur analyses permises par le temps, il en ressort une belle loyauté, envers ce que la vie a pris et donné, envers cette enfance ailleurs, pas comme les autres et cet inconnu que fut le père. La concision induit la pudeur et la pureté de ce récit.
JMG Le Clézio nous parle de son enfance en Afrique, et à travers elle, de son père, ce héros. Le Clézio n'a connu son père qu'à 8 ans, en arrivant en Afrique avec sa mère et son frère pour le rejoindre. C'était après la Seconde Guerre Mondiale, que les enfants et leur mère ont vécu confinés à Nice et que le père a affronté isolé, sans aucune nouvelle des siens, en Afrique occidentale.
C'est l'histoire d'une rencontre entre un père et ses enfants, mais une rencontre manquée, ratée, qui n'eut réellement lieu que bien plus tard, lorsqu'adulte, JMG Le Clézio a été en âge et en maturité pour comprendre qui était son père, ce qu'il avait vécu, ce qui l'avait transformé en père rigide, stricte et parfois violent.
C'était vingt années d'Afrique en tant que seul médecin chirurgien dans une immensité, avec peu de moyens matériels, si loin des colons huppés et ridicules des côtes que Le Clézio père, farouchement anticolonialiste, abhorrait. Vingt années à côtoyer le pire comme le meilleur, les plus belles merveilles comme de monstrueuses horreurs. L'humain et le profondément inhumain, ou en tout cas l'insupportable... Toutes les maladies, les pandémies, le manque d'hygiène et de médicaments et souvent l'impuissance. Et puis il y eu la décolonisation, des guerres, notamment celle du Biafra dévastatrice et scandaleusement entretenue par l'Occident... Comment ingurgité cette actualité quand on voit dépérir le pays où l'on a tant vécu, qui a fait de vous ce que vous êtes.
Ces vingt années d'Afrique ont fait de Le Clézio père l'africain....
L'Africain est donc un magnifique hommage à l'homme qu'il était brillement, au père qu'il n'a pas su être mais qui a tellement transmis. C'est aussi portrait de ce que fut l'Afrique de l'Ouest à différentes époques, dans une période finalement historiquement très restreinte.
C'est une ode aussi à la liberté retrouvée de l'enfance, aux grands espaces, à l'insouciance et à l'indifférence face aux différences dont sont capables les enfants.
Un très beau texte, instructif qui plus est. Elle belle leçon de mémoire... pour ne rien oublier.
L'histoire : Nous sommes au XIXème siècle... Aimée qui pour la première fois la maison familiale pour épouser Candre, un riche propriétaire du Jura... Celui-ci vit dans un vaste domaine, avec la servante Henria et le grand fils de celle-ci. Au cimetière le plus proche, gît Aleth,sa première épouse... Candre est très pieux, aimant mais distant, taciturne. Au fil des jours, Aimée sent comme un mystère tabou autour de la mort d'Aleth. Celui-ci s'épaissit et alors, le domaine devient oppressant et ses habitants semblent menaçant. C'est le début du cauchemar pour Aimée... Dont seule pourrait peut-être la sauver Emeline, sa professeur de musique, qui éveille et ouvre aussi son corps qui restait jusque là si fermé.
Tentation : Blogo et curiosité
Fournisseur : une carte KDO de mes anciennes collègues
Mon humble avis : Je n'avais encore jamais lu de roman de Cécile Coulon et pourtant ce n'était pas l'envie qui m'en manquait. Cette rentrée littéraire et les éloges lus de-ci de-là sur ce nouvel opus m'ont fait dire : le moment est venu !
Et aucun regret car quel roman ! Je découvre ici une fameuse plume, soignée, maîtrisée, qui semble sortir d'une autre époque et convient si bien au sujet du roman. Avec poésie, Cécile Coulon a l'art de rendre un environnement tantôt délicieux, tantôt menaçant. Les descriptions des mouvements de la nature, du domaine et de la maison éveillent vraiment les sens, donnent à sentir et ressentir les souffles du vent, qui tantôt caressent tantôt giflent, le silence pesant entre de hauts murs etc. La nature semble ici plus vivante que les protagonistes de chaire et d'os. L'atmosphère devient un personnage à part entière.
Evidemment, lorsqu'on lit "Seule en sa demeure", on ne peut que penser à Rebecca, de Daphné du Maurier et je pense que la romancière Cécile Coulon ne se cache pas de cette inspiration... Nous avons un domaine, une jeune deuxième épouse, un mari riche et puissant, une domestique omniprésente et une première épouse dont le décès s'entoure de mystères et de non-dits. Mais la comparaison s'arrête là... Car dans ce domaine, point de mondanité, de réceptions, mais une vie calme, ennuyeuse pour Aimée, et glaçante pour le lecteur. Et puis la fin et les révélations qui l'entourent (que je tairai bien sûr) n'ont rien à voir mais sont toutes aussi inattendues que surprenantes. Elles respectent aussi les convenances de l'époque... Et tout ceci m'a fait dire que je suis bien contente d'être une femme libre du XXème siècle !
Cécile Coulon se joue de son lecteur, en semant le trouble et le doute de façon assez subtile... dans le sens où l'on se demande si le doute est justifié, si Aimée le ressent vraiment ou si c'est l'écrivaine qui le distille pour inquiéter son personnage, le lectorat... En tout cas, la tension est bien là et va grandissante... surtout lorsque Claude, le cousin d'Aimée, lui fait parvenir un certain message... Seule en sa demeure est donc bien un hui-clos psychologique qui explore les zones d'ombres, le dévouement, la passion de ses personnages, le poids du mensonge.
S'il m'a parfois manqué un peu d'émotions (mais en même temps, au XIXème, les gens étaient bien moins démonstratifs, surtout dans les milieux huppés) je dois avouer que le dernier tiers du roman m'a littéralement ferrée.
Je suis donc ravie de cette lecture, et à coup sûr, sitôt que ma PAL aura baissé notablement, j'irai piocher à la bibliothèque les anciens titres de cette déjà jeune mais grande romancière, donc j'admire la culture et la maturité à chacun de ses passages télévisés.
L'histoire : Celle de Maria Christina, qui a seize ans lorsqu'elle quitte sa famille qui vit dans le grand nord : un père taciturne, une mère bigote et une soeur jalouse. Elle s'installe à Santa Monica, devient l'assistante de Rafael Claramunt, un auteur réputé... puis on amante. Quelque temps plus tard, c'est en écrivant un livre que Maria Christina règle ses comptes avec sa famille, le succès est énorme et retentissant. Un jour, sa mère l'appelle, il faut qu'elle vienne chercher le fils de sa soeur...
Tentation : Ma PAL audio
Fournisseur : Bib de Rennes
Mon humble avis : Encore un roman que je n'ai pas apprécié... A part un ou deux passages, il ne m'a provoqué aucune émotion, les personnages ne m'ont pas touchée, j'aurais aimé développer une certaine empathie, au moins pour l'héroïne... Mais non rien... D'ailleurs, même la romancière ne semble pas
La cause sans doute à une écriture qui m'a semblé distante, assez factuelle, et un peu comme si "rédigée au kilomètre". Point de poésie dans ces pages, pas d'analyse profonde des protagonistes, à peine celle superficielle peut-être d'une époque et d'un certain milieu... Les années 70-80 en Californie et le milieu littéraire. Mais le tout n'est qu'effleuré.
Je me demande encore ce que Véronique Ovaldé a vraiment voulu raconter ici, ce qu'elle voulait transmettre, démontrer ou expliquer à ses lecteurs à part peut-être le sempiternelle sujet qui dit : tout le monde peut réussir, quel que soit le milieu d'origine. Un peu léger et pas très flagrant dans la manière dont est mené le texte que j'ai trouvé désordonné, sans âme ni axe tangible, sans harmonie.
De même, la lecture qui en est faite dans cette version audio est froide, trop rapide pour laisser une place potentielle à une quelconque émotion...
Je pense qu'en version papier, j'aurais sans doute abandonné cette lecture... Mais, en audio et en voiture, je l'ai terminée et n'en tire absolument rien. Dommage.
L'histoire : Dans la ville du Trou, il fait beau 365 jours par an. Mais quand on n'a que soixante ans, on est une jeunette... C'est ce que constate Nicole, jeune retraitée qui s'est installée ici, après une vie de labeur à La Poste dans le Nord. Autour d'elle, tout le monde est au moins octogénaire. Il y a les vieilles bigotes, les vieilles qui s'emmurent, les vieilles acariâtres, les vieilles qui picolent, les vieilles qui oublient, qui espèrent ou qui regrettent. Et puis il y a un très vieux, qui se prépare toujours pour le marathon. La vie de tout ce petit monde est bien huilée... jusqu'à ce qu'une catastrophe mondiale imminente ne soit annoncée... Chacun réagira à sa façon.
Tentation : La blogo a l'époque de la sortie
Fournisseur : Ma PAL
Mon humble avis : C'est avec entrain que je suis entrée dans ce livre et avec soulagement que j'en suis sortie. Mon intérêt et mon plaisir se dont vite érodés pour laisser place à l'ennui en fait. La vraie quatrième de couv' était pourtant alléchante, je m'attendais à plus de légèreté et de causticité.
Pourtant, il y a quelques bonnes réparties, des réflexions pertinentes sur notre société contemporaine, notamment la vieillesse, notre rapport à la mort, et nos liens avec nos ainés, liens malmenés et distendus par le rythme trépident du quotidien. Il y a par exemple ce fils qui installe des téléphones (dernières générations spéciales vieux) partout dans la maison de sa mère, mais qui n'est jamais là... C'est assez parlant...
Mais j'ai trouvé que l'ensemble manquait terriblement de structure, que tout partait un peu dans tous les sens... D'ailleurs, difficile de repérer vraiment les personnages et de s'y attacher, puisque l'on passe sans cesse de l'un à l'autre. Qui plus est, tout ici est très répétitifs, dialogues comme situations. Certes, c'est une satire de la vieillesse, donc il faut bien rendre compte du train-train quotidien, des absences, de la mémoire qui flanche... Au début, on trouve ce procédé narratif amusant, et puis l'on s'en lasse très vite.
La quatrième de couv annonçait une histoire "irrésistible de fraîcheur et qui bouscule les idées reçues sur la vieillesse". Et bien pour moi, ce fut plutôt une lecture tristoune, qui dégouline de la solitude de ses protagonistes et qui, au contraire de l'annonce, enfonce bien le clou sur les poncifs du grand âge. Tous les personnages sont plutôt caricaturaux, pas une "petite vieille" qui sortirait du lot par son dynamisme, son optimisme, sa joie de vivre, ses projets, sa vie active... Alors que quand je regarde autour de moi, ce sont parfois des vieux plus jeunes que certains jeunes que j'observe.
L'idée de départ était bonne, mais n'a pas tenue la route à mes yeux. Dommage, une rencontre ratée pour moi. Mais bon, PAL - 1, c'est déjà ça !!!
L'histoire : Antonio vit à Paris. De temps en temps, il revient à Vitry sur Seine, voir ses parents. Un jour, il croise Dario, un ancien ami, qui lui est resté "un italo de Vitry. Dario lui demande de l'aider à rédiger une lettre d'amour bien curieuse... Quelque temps plus tard, Dario est assassiné... Surprise, par testament, il lègue à Antonio une vigne qui fait du mauvais vin en Italie., dans le village d'origine de ses parents. Pour Antonio, c'est le début des problèmes et d'une mésaventure ubuesque !
Tentation : La réputation du livre
Fournisseur : La bib de Rennes
Mon humble avis : Voici un roman qui ne date pas d'hier, mais qui n'a pas pris une ride. Qui sait, peut-être s'est il même bonifier avec le temps, comme le vin.
Lors de sa sortie, La Commedia de ratés a été multi primée, dans le domaine de la littérature policière. Et pourtant, certes, il y a un mystère, certes il y a des truands mais je n'ai pas eu l'impression d'écouter spécifiquement un polar. Mais un bon roman, oui. Et je pense que l'interprète principal (Robinson Stevenin) n'est pas étranger à mon engouement pour cette version de découverte.
Il y a un peu ici un savoureux mélange de tragédie grecque et de comédie à l'italienne. Le burlesque côtoie le drame qui s'annonce. Il y a une ambiance d'Italie ici... L'Italie de la région Parisienne, avec les émigrés pas toujours intégrés, les accents qui persistent comme les traditions des pastas et de la Mama.
Et il y a l'Italie de là-bas, où tout le monde se regarde en silence... en apparence et où les légendes ont valeur de lois. La mafia s'en mêle et même le Vatican doit se prononcer... Et au milieu de tout ce monde, Antonio essaie de s'en sortir au mieux, et ce ne sera pas sans arcades sourcilières ouvertes. Des personnages touchants et/ou haut en couleurs, du mensonge qui devient vérité mais qui arrange tout le monde ou presque. Un père distant mais finalement jamais bien loin. Et le pouvoir de l'argent qui rode et qui s'impose malgré tout !... Et enfin, un retour aux racines qui ne laissent pas indemne.
Impossible d'en dire plus, sous peine de spoiler, mais franchement, cette lecture est divertissante, prenante, et franchement originale dans son déroulé. On se demande si Benacquista se moque un peu de nous, lecteurs crédules, et puis non, finalement, tout se tient, si on aime la farce !
PS : Il y a quelques années, un film a été adapté de ce roman, avec Robert de Niro ;) mais je ne l'ai pas vu.
L'histoire : Anna mène une vie à l'abri et organisée entre sa pharmacie, sa famille qui vit dans une belle villa surplombant la mer.
Un jour, son fils Léo, lycéen tranquille, commet l'irréparable. Lors d'une manifestation où il se trouve par hasard, il bat un policier et le blesse gravement.
C'est le début du cataclysme pour Anna et les siens et le jaillissement des vérités... Les masques tombent, les maquillages coulent, les souvenirs remontent.
Tentation : Une romancière que j'apprécie
Fournisseur : la bib' de Dinard
Mon humble avis : Un fois de plus, Valérie Tong Cuong nous propose un roman que l'on ne lâche pas, sauf pour répondre aux impératifs quotidiens.
Les apparences de ce récit sont glaçantes car, évidemment, nul ne pourrait prétendre être tout à fait à l'abri d'un tel dérapage, ou de tout autre accident involontaire qui marque une vie pour toujours et la dévaste.
Il y a donc le cas de Léo, presque encore enfant, qui s'apprêtait à passer son bac pour intégrer une bonne école. Il se retrouve dans les rouages de la machine justicière, des médias, et est incarcéré en préventive, malgré son profil qui semblait l'en protéger... C'est que le climat en France est tendu, les gilets jaunes, les bavures policières... Léo devra servir d'exemple.
Il y a le couple, les parents, Anna et Hugues... Qui vont réagir différemment devant l'acte de Léo... Naissent entre eux des fissures, qui pourraient devenir des crevasses infranchissables.
Et puis il y a l'environnement, les amitiés qui s'évanouissent, la réputation à maintenir, seule base de leur notoriété... qui leur ouvre les portes du gotha, c'est si important pour Hugues. Et c'est cette notoriété qui peut leur garantir encore un avenir.
Le tout, dans un Sud qui subit une canicule étouffante...
Enfin et surtout, il y a Anna, le personnage principal de cette terrible histoire. Avec elle, on dépasse les apparences glaçantes pour plonger dans les racines du passé, dans l'indicible, l'effroyable. Au fil des pages, on apprend que depuis toujours, Anna a construit sa vie et sa personnalité, telle une architecte, avec des plans, pour arriver précisément là où elle est parvenue, pour s'extraire de sa condition modeste, mais surtout, pour fuir et survivre à une enfance et une adolescence traumatisantes, qu'elle a tues et muselées au fond d'elle-même. La femme qui paraît si forte tient en fait sur un pied d'argile... qui menace de s'écrouler de nouveau.
Valérie Tong Cuong déploie une écriture incisive, efficace, qui démontre à merveille la violence et l'urgence de la situation. A distance, elle observe. Elle dresse ainsi, avec maestria et extraordinaire justesse le portrait d'une femme devant l'impensable, prête à tout pour protéger et sauver son fils d'une très mauvaise situation, par amour pour lui, car il est hors de question qu'il subisse une once de ce qu'elle a vécu elle par le passé. Une femme qui se dresse et puise toute son énergie devant l'adversité, et qui s'épuise... Mais c'est aussi un livre sur la violence... Qu'elle soit silencieuse, celée et personnelle, qu'elle soit bruyante et collective, sociale. La vie carcérale et la "lutte" des classes.
Une histoire réaliste et inconfortable mais qui captive et bouleverse, comme sait les écrire cette romancière que je suis désormais, depuis ses 3 derniers romans. j'ai beaucoup aimé et ai ressenti une vive empathie pour Anna.
Roman - Editions Livre de poche - 120 pages - 6.40 €
Parution en 1994
L'histoire... Celle d'Aziz... Un bébé français "trouvé et sauvé" par des Tziganes... Maintenant, il a 19 ans et sa spécialité, c'est les autoradios dans les quartiers nord de Marseille. Sans papier d'identité, il s'est acheté un faux passeport... Marocain car c'est moins cher... Sauf que quelque temps plus tard, il est arrêté par la police... Et pour l'Exemple, il doit être reconduit à la Frontière du Maroc, pays où il n'a jamais mis les pieds. Pour cela, et toujours pour montrer le meilleur de la France dans la politique migratoire, l'Etat lui adjoint un "attaché humanitaire". Jean Pierre est donc chargé d'accompagner Aziz dans son lieu de vie d'origine, de le réinsérer dans ses racines, de lui trouver en emploi etc... Commence alors pour Aziz et Jean-Pierre un voyage pas comme les autres, où l'accompagnateur se retrouve accompagné, et l'aidant se retrouve l'aider.
Tentation : Ma PAL
Fournisseur : Ma PAL
Mon humble avis : Mais quel roman ! Fabuleux et merveilleux, voici les termes qui lui conviennent le mieux ! Et dire que ce titre dormait dans ma PAL depuis 13 ans, sans doute parce qu'étant donné le sujet, je craignais une histoire dramatique... Et dire que ce n'est qu'en 2021 que je lis cet ô combien mérité Prix Goncourt 1994...
Il y aurait tant à dire sur ce roman, notamment sur le portrait dressé de notre société, de nos banlieues insécurisées, de la politique migratoire de la France dans la première partie. Mais là n'est pas l'essentiel, même s'il est important de préciser que celui-ci est dressé avec humour, délicatesse et une impertinence très pertinente !
Passons directement au voyage d'Aziz et de Jean-Pierre... Jean Pierre demande à Aziz de lui montrer son village d'origine sur la carte du Maroc. Au hasard, Aziz pointe le doigt sur un coin reculé du Haut Atlas... et il complète par une description méticuleuse de ce lieu qu'il n'a jamais foulé. Pour cela, il s'inspire d'une légende qu'il a lu dans le seul cadeau qu'il ait reçu dans la vie : un Atlas des Légendes offert par son professeur de 6ème, juste avant qu'il ne quitte l'école. Aziz a tellement lu cet atlas que celui-ci est devenu son pays, et ses légendes, ses racines.
Jean Pierre est émerveillé par le récit d'Aziz et prend tout au pied de la lettre, il y croit dur comme fer ! Mieux encore, il veut absolument sauver cette vallée perdue et secrète mais en danger d'après Aziz... L'insipide Jean-Pierre retrouve ainsi goût à la vie ! Et Aziz le voit... Il voit comment cette vallée imaginaire devient primordiale dans la renaissance de son nouvel et improbable ami. Aussi, Aziz va déployer toute son énergie pour amener Jean-Pierre (toujours persuadé de tenir son rôle d'attaché humanitaire), dans cette vallée imaginaire.
C'est avec beaucoup d'émotions, mais surtout le sourire aux lèvres que l'on suit nos deux protagonistes dans cet étrange voyage initiatique, parsemé d'embuches, de malentendus et de situations cocasses, voire ubuesques. Avec humour et tendresse, Didier van Cauwelaert nous propose de redonner vie à une morne vie, une vie qui s'est déviée de son objectif et de ses valeurs, bref une vie morose que l'on n'a pas voulue... Pour cela, il suffit d'une bonne dose d'imagination et d'imaginaire, d'amitié, de rêve et d'une improbable rencontre ! Et enfin, chaque être peut construire et écrire sa propre légende.
Bref, j'ai adoré ce très court roman qui a tout d'un grand. Drôle et bouleversant à la fois, simple et très subtile aussi, qui garde son lot de surprises jusqu'à la toute dernière page. Ce qui pourrait paraître pour une farce devient une véritable fable sous la plume de l'auteur. Comme si de rien n'était, Didier van Cauwelaert nous ferre avec cet étonnant duo de personnages (qui deviendra trio), et nous emmène dans une très très belle histoire, qui nous dit tant sur la vie, les autres si on sait les regarder. Un livre riche d'humanité et qui fait temps de bien ! A lire, si ce n'est pas déjà fait !
L'histoire : Le jour de la naissance de son fils, Julien a décidé d'aller bien, pour lui, pour nous, pour ne pas encombrer le monde d'un pessimisme de plus. Lorsque l'enfant a balbutié ses premières syllabes, la guerre était en fond sonore... Les attentats de Paris venait d'avoir lieu. Julien n'allait pas laisser l'air du temps ternir son bonheur. Alors voilà ce roman, sur une vie qui commence !
Tentation : Auteur incontournable pour moi
Fournisseur : La bib' de Dinard
Mon humble avis : Cette fois-ci, ce n'est pas vraiment le grand voyageur qui nous parle, mais le père, le parisien, le français alors que la France pleure les victimes des attentats et qu'une atmosphère très particulière gagne du terrain. Et malgré un sujet de fond particulièrement douloureux et dramatiques, Julien Blanc Gras réussit une fois de plus le tour de passe d'être un fabuleux remède anti morosité !
Le ton oscille évidemment entre gravité et légèreté, aussi, le lecteur vit toutes les émotions possibles, des plus dures aux plus agréables. Ce roman, parsemé des bouleversants témoignages sur la deuxième Guerre Mondiale des deux grands pères du romancier apporte une comparaison intelligente et intéressante sur la vie en temps de guerre en occident en 39-45 et au XXIème siècle... Il permet à Julien Blanc Gras de s'interroger sur l'héritage familial et transgénérationnel et évidemment de transmettre. Quand il sera grand, son fils lira ce livre, et connaîtra la vie de ses arrières grands-parents.
Et puis il y a aussi les cartes postales touchantes que le père envoie à l'enfant lors de ses voyages.
On trouve aussi les craintes de l'auteur devant la possible crise de la quarantaine, la vie de jeunes parents aussi démunis que débordés devant l'ampleur que représente la tâche d'élever un enfant à notre époque mais émerveillés de la moindre mini évolution de celui-ci. Il y aussi Paris, sa folie, son pluriculturalisme... Mais au fait, c'est dangereux Paris ??!!!
C'est vraiment un chouette roman que nous offre ici Julien Blanc Gras, avec une histoire aussi intime qu'universelle, le tout servi par sa gouaille légendaire ! Un réel plaisir de lecture. Que du bonheur, de la tendresse, et ce qu'il faut d'optimisme, tout en restant réaliste ! Une analyse plaisante et souvent drôle de notre société et de notre époque. Vivement son prochain bouquin !
Sa grammaire encore imparfaite (il persistait à dire 'ils sontaient' pour 'ils étaient') se hissait légèrement au dessus de celle de certains footballeurs.
La bouche pleine de loukoums, [mon fils] a demandé : - Papa, tous les gens, ils sont gentils ? Dans ma tête : non, pas tous, loin de là. Il y en a qui torturent, tuent et mangent d'autres gens, et il y en a même qui ne trient pas leurs déchets.
Mes parents me laissaient rentrer de l'école tout seul à six ans. Impensable de nos jours. Le monde n'est pas devenu plus dangereux, notre conscience du danger s'est accrue.
La guerre, c'est le sentiment d'humiliation sublimé dans l'orgasme de la conquête. On oublie souvent de mentionner ce paramètre plaisir. Ce que nous enseigne la moindre bagarre de rue : l'agresseur se paye en endorphines. Il agresse parce qu'il le peut. Il agresse parce que c'est bon.
Le voisin, c'est la représentation la plus achevée de l'Autre. On ne l'a pas choisi et on partage une planète, une cage d'escalier en l'occurrence. Pourquoi nous opposer sans raison valable ?
Je savais, au moment de devenir père, que ma mission sur cette planète consisterait à assurer la survie de mon enfant. Je découvrais, à l'usage, que c'était lui qui me protégeait.
J'avais affaire à un public écœuré par les programmes scolaires, je les comprenais, comment voulez-vous recevoir Chateaubriand à seize ans, il ne faisait pas le poids contre YouTube, c'était le meilleur moyen de les détourner de la littérature.
La croyance montre la voie, simplifie les visions, permet d'interpréter le monde à travers le prisme d'une seule obsession. C'est en général sincère, parfois utile, souvent intolérant.
Dans les dictatures, les gens ont un flic dans la tête. Désormais, nous aurons un terroriste dans la tête. On pouvait parler de petite défaite.
L'histoire : Dans un futur plus ou moins proche... La Terre a été colonisée par des nomades stellaires, ressemblant étrangement aux hommes, au point qu'ils peuvent en prendre les us et les coutumes, mais soi-disant en mieux, sans abuser et user ce qu'offre la planète... De dominants, les hommes sont devenus dominés par cette autre espèce... et se sont vus prendre la place qu'occupaient auparavant les animaux, et classés en trois catégorie : il y a les humains ouvriers, qui travaillent dans des usines sans en sortir, des humains de compagnie, et des humains d'élevage, destinés à la boucherie et la consommation.
Malo est un de ces nomades, qui fera tout pour sauver Iris, son humaine de compagnie blessée suite à un accident. Ce qui n'est pas simple, car Iris est en fait une humaine d'élevage cachée sous une fausse identité d'humaine de compagnie. Hors, la loi est claire : tout animal (humain) d'élevage blessé doit être euthanasié.
Tentation : Ma PAL
Fournisseur : Ma PAL
Mon humble avis : Ce n'est pas une claque que nous met se roman, mais une véritable gifle... Une gifle qui brûle, qui fait mal, qui laisse une trace pour longtemps, qui est assenée sous le coup de la colère. La colère, celle de Vincent Message, devant l'influence désastreuse de la présence humaine sur notre planète, le comportement inconséquent de l'Homme, comportement que l'on sait non viable sur le moyen et le long terme, et que peu ou prou tentent de modifier dans le bon sens, celui de l'avenir.
Ce n'est pas un roman que l'on dévore, en tout cas, ce ne fut pas le cas pour moi... Il faut l'ingurgiter, le ruminer, puis le digérer et ce n'est pas chose facile. Etrangement, je fais de ce livre un coup de coeur alors que sa lecture ne m'a pas été agréable. Elle fut au contraire pesante, étouffante, tant elle m'a poussée dans mes propres retranchements et mes ambiguïtés d'humaine. C'est aussi une lecture assez cérébrale, donc pas très fluide qui a été épuisante pour moi. Jamais un roman ne m'a autant bousculée je pense. Et si j'élève cette histoire au rang de mes coups de coeur, c'est parce qu'elle est affreusement audacieuse et dérangeante, osée presque, mais absolument nécessaire.
Défaite des maîtres et des possesseurs est une fable dystopique, éthique, engagée et écologique... qui dénonce notre manière de nous placer au sommet de l'échelle du vivant, d'agir comme maitres et possesseurs de la terre et de ses habitants, en oubliant que nous ne sommes que colocataires minoritaires, alors que nous nous octroyons le rôle principal et élargissons sans cesse notre "territoire" au dépend du reste du vivant.
Alors, pour que l'on saisisse bien les conséquences de tout cela, Vincent Message nous propose une expérience unique et très inconfortable... Une vue de notre société sous un autre angle... En inversant les rôles... Les humains deviennent les animaux et subissent le sort que nous réservons à ces derniers. Par les êtres stellaires désormais dominants, ils sont classés en trois catégories : les Hommes qui travaillent pour eux dans des conditions d'exploitations intolérables, jusqu'à l'épuisement, sans jamais sortir de leur usine, et que l'on méprise sitôt qu'ils ne sont plus exploitables. Des humains de compagnie, que l'on dresse et éduque comme on le souhaite, à qui l'on renie le droit de vivre libre dans leur environnement naturel, qui nous distraient, nous tiennent compagnie... Et que l'on euthanasie à la moindre maladie, au moindre accident ou handicap... C'est la loi... Et la loi limite l'âge des humains de compagnie à 60 ans. Enfin, il y a les humains d'élevage, ceux qui finiront à la boucherie puis dans les assiettes des nomades stellaires. Vincent Message nous emmène donc dans un abattoir d'humain et ne nous épargne rien, aucune étape, tant dans l'élevage en batterie, que dans les charniers, que dans l'étourdissement pas toujours réussi, et le découpage... sur des humains parfois encore vivants. Et évidemment, la viande de jeunes humains (enfants) étant considérée comme meilleure, plus tendre, elle coûte plus cher sur le marché. C'est absolument étouffant et glauque, mais c'est le reflet inversé de la réalité que nous ignorons, ou que nous choisissons d'ignorer, ou que nous entretenons plus ou moins consciemment par confort.
Vincent Message dénonce aussi le comportement des politiciens et les façons de gouverner. Ce sont dans les hémicycles que se décident le sort des invisibles, de ceux qui ne parlent pas, où de ceux à qui, par principe, on se refuse à donner la parole. Il est également question d'argent, de fin de vie (et d'euthanasie) d'injustices sociales et sociétales, d'inégalités... bref, de notre société dans toute sa "splendeur".
A travers la colonisation des Hommes par l'espèce stellaire, Vincent Message revient aussi sur les diverses colonisations menées par les Hommes, tant sur des espaces naturels qu'envers d'autres hommes, d'autres sociétés, et les dégâts que cela a occasionnés... Introduction de virus sur des populations fragiles, morts, guerres, ruine de l'environnement naturel. Cette partie du roman évoque aussi les mouvements migratoires passés et actuels, qui n'ont pour conséquences que d'élever encore plus les frontières...
Je ne pense pas que Vincent Message soit dans le prosélytisme végan. Non, il nous redit haut et fort, brutalement qu'il est plus que temps de modifier nos comportements, de quitter notre certitude de supériorité, de cesser l'ultra consommation, de tendre de plus en plus vers l'antispécisme, de diminuer drastiquement notre empreinte écologique, de revoir notre relation au reste du vivant, de ménager les ressources terrestres sous peine d'aller droit dans le mur, à notre perte, à notre disparition, à notre défaite de n'avoir su entretenir "notre jardin" sur la durée. Ce n'est pas la planète qu'il faut sauver... Car elle nous survivra. C'est notre possibilité de vivre agréablement sur celle-ci qui est à sauver. Pour cela, il ne faut pas penser que présent, il ne faut pas penser que confort personnel et individuel... Mais collectif et avenir... Toutes espèces, tous vivants confondus.
Bon, il y a tout de même Malo qui essaie de faire bouger les choses, de faire modifier les lois. Il se rend compte que son espèce ne fait guère mieux que la précédente, la nôtre... D'ailleurs, le titres pourraient être au pluriel... Et semble nous dire que comme en politique, qui pourrait se targuer de faire vraiment mieux que les précédents, sans un changement radical de la mentalité collective. Un Malo parmi tant d'autres, ce n'est pas suffisant hélas pour inverser la tendance... Même s'il y a l'amour de l'autre, de la différence, de la vie.
Un roman dur, sombre, glaçant, froid, implacable mais magistralement maîtrisé, mené, rédigé. On n'en sort vraiment pas indemne et pourtant, ce roman devrait être incontournable, tant il est riche, puissant et percutant. A lire, à faire lire, mais pas forcément aux plus jeunes... je dirais ok à partir du lycée. Ce roman devrait être un ouvrage de référence dans son domaine.
Ce billet est plus long que d'habitude, mais il mériterait de l'être encore plus, tant il y a dire et à retenir de ce roman.
"On fait souvent le mal qu'on ne veut pas. Souvent on vise l'ennemi et ce n'est pas l'ennemi qui tombe. Parfois on ne vise même pas et il y en a qui tombent quand même."
"Aimer les animaux ce n'est pas moins aimer les hommes ; aimer les hommes ce n'est pas moins aimer les gens de notre espèce. Car si on aime la vie avec une passion folle, alors on peut aimer tous les vivants, reconnaître partout leur souffle, et ce qu'il a de fragile, et sa capacité à se détraquer en peu de temps, et se mettre à haïr, en regard, toutes les violences qui leur sont faites."
"Il faut du temps pour déconstruire les évidences, le cadre social, le cadre de pensée dans lequel on a vécu."
"Lorsqu'on croit comme moi à l'égalité, on ne veut pas de traitement de faveur, bien sûr, on tient à être traité comme les gens ordinaires, jusqu'à ce qu'on se rende compte à ses propres dépens qu'ils sont traités comme de la merde. Alors j'ai ravalé mes beaux principes."
"L'intérêt général, il ne peut pas rivaliser, le pauvre, quand se trouve menacé un bonheur si palpable et concret qu'on tenait entre ses mains."
"Car c'est notre condition, sans honte et sans fierté que d'être une espèce mimétique. Ou c'est la condition plus large de tout peuple nomade. S'il ne veut pas être chassé du nouveau territoire qu'il découvre et où l'envie le saisit de séjourner, il lui faut se fondre dans le décor - sous peine de voir son nomadisme reprendre plus tôt qu'il ne le voudrait."
"Sauver ce n'est pas sauver, de toute façon : c'est prolonger le sursis."
"Et cette inconséquence, d'une constante tout à fait remarquable, elle tenait pour beaucoup à leur emprisonnement dans le chaos des intérêts particuliers. Pour rien au monde ils n'auraient accepté quelque chose qui favorise plus le pays voisin que le leur, ou consenti des efforts substantiels pour des gens qui n'étaient même pas encore nés."
"Qui veut être le maître se perd ; qui veut par-dessus tout compter au nombre des possesseurs ne se maintiendra qu’en dépossédant tous les jours, tous les autres."
L'histoire : C'est par hasard qu'Irène Frain découvre, chez un bouquiniste, deux fascicules, rangés dans le rayon "textes grivois". Ces textes, de 1911, évoquent l'attaque virulente qui s'abattit à l'époque sur Marie Curie, lorsque le tout Paris sut qu'elle avait pris un amant, un homme marié du non de Paul Langevin. L'adultère était un l'époque un crime punit par le code pénal.
Irène Frain entreprend alors une enquête d'historienne et nous livre un récit captivant de cette affaire, et de l'époque qui la précéda.
Tentation : La blogo a l'époque de la sortie du livre
Fournisseur : La bib de Rennes
Mon humble avis : Ce livre est une reconstitution d'une partie de la vie de Marie Curie. Il est construit à partir d'une recherche sur des matériaux avérés (articles, écrits, parutions scientifiques), et surtout, les livres de comptes de Marie Curie qui disent beaucoup de sa vie et des événements qui la ponctuèrent. L'intuition de l'écrivaine et ses suppositions font le reste.
Je ne connaissais pas grand-chose à propos de Marie Curie et de son époux... A part la science, la chimie, le radium et le(s) Nobels. Bref, ils étaient pour moi des personnages historiques bien flous. Leurs portraits sont désormais bien plus nets pour moi, et bien entendu, après une telle lecture, on ne peut que les trouver fascinants.
On croise beaucoup de personnages illustres dans ce texte, et il ne m'a pas toujours facile de m'y retrouver et d'établir clairement les liens plus ou moins familiaux, amicaux ou professionnels qui les unissaient. Mais il n'empêche, il y a dans ces pages une sacrée collection d'hommes illustres, Nobel ou futurs Nobel à l'époque, dont les découvertes influences et allègent encore nos vies actuelles plus d'un siècle après, sans que nous en ayons conscience.
Irène Frain maitrise l'art de captiver ses lecteurs avec des histoires vraies qui pourraient être linéaires et rébarbatives. Mais avec Irène Frain, il y a du rythme, des analyses, des questionnements, un zest d'humour ou d'indignation. Et bien sûr, de la passion et de l'admiration pour les hommes et femmes sur lesquels elle écrit.
C'est la première partie qui m'a le plus intéressée, celle qui évoque l'arrivée de Marie en France, sa rencontre avec Pierre Curie, leur travail acharné, passionné, dévoué... Leur abnégation... Les rencontres avec d'autres scientifiques de l'époque, leur vie de famille. Leurs enfants de l'amour... Le radium et leurs deux filles, Irène et Eve. Le Polonium baptisé ainsi comme clin d'oeil au pays de naissance de Marie.
La deuxième partie porte sur la relation adultérine entre Marie Curie et Paul Langevin, qui fut un des premiers et de plus fidèles disciples de Pierre Curie. Cette relation débuta cinq ans après le tragique décès de Pierre, suite à un accident de la circulation. Le portrait de Paul Langevin que dresse ici Irène Frain est tout aussi intéressant que celui des autres protagonistes. J'ignorais tout de cet homme de génie, jusqu'à son nom !
A travers la description de cette relation amoureuse et de ses conséquences, c'est toute une époque qui se dessine sous la plume délicieuse, efficace et soignée d'Irène Frain. La place de la femme alors, le mépris des étrangers (ce qu'était Marie), le doute sur les découvertes de Marie que certains s'acharnent à attribuer à Pierre... Et le déchainement médiatique qui découla sur cette affaire, et qui fut l'un des premiers scandales "people" qui passionna les foules de l'histoire... alors que se jouait à l'époque un fait bien plus important pour Marie : l'obtention d'un deuxième prix Nobel... qui la presse aurait pu remettre en question !
Irène Frain met le doigt et développe ce que la grande Histoire a choisi d'oublier et d'ignorer. Ce qui rend ce texte unique et particulièrement facile à lire, enrichissant et instructif. Même s'il reste avant tout le portrait d'une femme particulièrement hors du commun, tant par son caractère que par ses découvertes scientifiques. Une femme autant honnie qu'admirée !
Un petit plus... A la fin du livre... Irène Frain nous dévoile qu'elle fut le destin des protagonistes.