SEULE LA MER S'EN SOUVIENDRA, d'Isabelle AUTISSIER
Publié le 14 Juillet 2024
Roman - Editions Livre de Poche - 288 pages - 8.40 €
Parution en 2011 (Grasset en 2009)
Mon pitch : En 1969, Peter March, bon père de famille et électronicien fantasque, prend le départ pour la première course autour du monde en solitaire et sans escale... Sur un trimaran construit par son équipe, ce qui, à l'époque, était révolutionnaire. Son but : se construire un destin, relever un défi, et inscrire son bateau, le Sailahead, dans les annales de l'histoire maritime. Oui, mais... Tout ne se passe pas comme il l'espérait... Et pour garder la tête haute, Peter March décide, tout au long de la course, de mentir sur ses positions. Car son tour du monde ne l'emmènera pas plus loin que l'Atlantique. C'est donc un roman sur une grande tricherie, mais pas que...
Tentation : Trouvaille bien appropriée pour le challenge en rangeant les rayonnages A et B de ma médiathèque !!!
Fournisseur : La bib de St Lunaire
Mon humble avis : Pour écrire ce roman, Isabelle Autissier s'est inspirée d'un fait divers réel. S'ajoutent ses propres expériences de grande navigatrice en solitaire et sa jolie plume font le reste : un roman captivant, émouvant, "questionnant" et quelque part remuant, dans tous les sens du terme. Car ce Peter March on ne peut pas dire qu'on l'apprécie vraiment dès le début de la course, car une chose est sûre, il a un côté prétentieux qui fait vite surface. Et puis on apprend à le connaître, on suit pas à pas sa plongée dans la folie et là, il touche qui sait lire entre les lignes... Peter March a sans doute toujours été malade, même si son enthousiasme, sa fantaisie, ses délires, son allant le rendaient sympathique à son entourage qui à l'époque, ne s'est sans doute rendu compte de rien. Mais la mer révèle la profondeur, la vérité et réalité des êtres.
Les chapitres alternent. Tantôt ils retranscrivent le journal de bord de Peter March, que sa fille a retrouvé des années après. Les autres émanent d'Eva, la fille de Peter March, qui n'avait que 13 ans lors de cette interminable course. Elle y raconte la vie à la maison, l'absence, l'inquiétude, la pression médiatique etc... Puis, bien plus tard, alors qu'elle vient de mettre au monde son premier enfant, la voilà partie en pèlerinage sur les traces de son père.
Et nous, nous accompagnons Peter March dans sa dérive, dans ses sursauts d'énergie et de motivation, dans ses questionnements, dans son approximation maritime, dans son mensonge qui le place là où il n'est pas, dans ses déliriums, dans ses émerveillements, dans ses peurs, dans ses questions, dans sa galère. Isabelle Autissier nous dit bien que la mer se prépare, se mérite, qu'elle est très exigeante et ne supporte aucun à peu près.
Cette lecture est tout le contraire de ma précédente pour le challenge Book trip en mer... Dans Le tour du monde avec mon Baluchon, Yann Quenet s'est préparé des années, part vraiment pour le plaisir sans aucun chrono, et aime la solitude, taiseux qu'il est... ici Peter March part pour le défi, pour gagner et déteste la solitude... Les conséquences ne se font pas attendre.
Quand je dis que ce roman peut être remuant, c'est parce qu'il vous envoie une déferlante de questionnements en plein visage... En tous cas, ce fut le cas pour moi qui du coup, me suis hélas sentie assez proche, par moment, de ce Peter March... pourquoi fait-on les choses ? Pour le plaisir ? Pour gagner ? Pour prouver ? Pour exister aux yeux des autres ? Il est question aussi de pression sociale, d'exigence du toujours plus vite, toujours plus technique etc dans notre monde qui va au naufrage...
Evidemment, je ne vous révèle rien du parcours et de la finalité de ce périple en mer, ni si le mensonge sera découvert. Sauf que le bateau tiendra finalement bon, mais l'homme sombrera... mais là, c'est écrit dans mon billet !
Avec ce livre, je gagne 2 points, ce qui me mène à 8 points
Je suis toujours Mousse !