REVE D'AMOUR, de Laurence TARDIEU
Publié le 28 Mai 2024
Roman - Editions Livre de Poche - 160 pages - 5.10 €
Parution d'origine chez Stock en 2008
Mon pitch : Alice Grangé a 30 ans. Quand sa mère est morte, elle en avait 5. Et juste avant de s'éteindre, son père lui fait un aveu... Sa mère a aimé un autre homme, Emmanuel, un peintre, dans les mois qui ont précédé sa mort.
Alors, pour retrouver sa mère et surtout se trouver elle même, Alice part à la recherche de cet homme...
Tentation : La blogo, il y a une éternité
Fournisseur : Ma PAL
Mon humble avis : Alice a grandi avec son père pour seule compagnie, pour seul amour, pour seul repère, pour seule colonne vertébrale. Ce père l'aimait sans se montrait aimant et c'est surtout le silence qui les unissait. Car après la mort de Blandine, ce père a fait table rase des souvenirs de son épouse : plus d'objets la rappelant, plus de photo, plus de conversation...
Dans la mémoire d'Alice vingt-cinq ans plus tard, sa mère n'est plus qu'une forme bleue. Et voici qu'elle apprend l'existence d'un homme qui l'a aimée passionnément, et qui peut-être pourrait lui dire qui était sa mère.
J'ai beaucoup aimé cette plume et ce texte très touchants, intimes, puissants, poétiques. Des phrases courtes, comme urgentes, et d'autres qui s'étirent, comme le temps. Des évidences qui paraissent comme telles si l'on prend le temps d'y réfléchir, mais que le commun des mortels serait bien incapable de mettre en mots. Une douce élégance émane de ces pages au sujet pourtant ardu, même si universel. D'ailleurs, il n'y a d'universel que la situation, car chacun la vivra avec ses propres armes, ses réactions individuelles : La perte, le deuil. La perte des êtres, la perte de souvenirs, la perte de ce que l'on n'a jamais su et que l'on risque de ne jamais savoir. Alice court après des rêves, des souvenirs, des désirs, une identité. Car comment grandit un enfant qui n'a plus sa mère, et que cette mère a disparu des conversations et de la légende familiale. Qui ne sait même pas s'il lui ressemble ? Et lorsque l'on a aimé passionnément, les souvenirs s'effacent ils où n'attendent ils qu'une occasion pour reprendre vie ? Comment faire d'un vide abyssal un creux que l'on chérit pour ce qu'il est, que l'on porte en soit comme une compagnie, comme une trace du vécu, de ce qui nous constitue. Le vide, c'est le néant. Un creux, c'est une place pour quelque chose, quelqu'un, ne serait-ce qu'en souvenirs.
C'est toutes ces questions que Laurence Tardieu pose dans ces pages, et tente d'apporter quelques réponses à travers l'histoire d'Alice. Avec tact, talent et délicatesse. Alice cherche la vérité, qui n'existe pas. Elle trouvera une vérité, celle d'Emmanuel, et celle-ci mettra enfin un terme à sa course. Et puis, il y a l'écriture pour vivre...
Beaucoup d'émotions. J'ai vraiment aimé accompagner Alice dans sa quête.
PAL - 1 😁