KIOSQUE, de Jean ROUAUD
Publié le 24 Mars 2024
Roman - Editions Grasset - 288 pages - 19 €
Parution en janvier 2019 (existe en poche)
L'histoire : de 1983 à 1990, Jean Rouaud aidait à tenir à kiosque de presse rue de Flandre à Paris. Un travail d'appoint, alors qu'il s'escrimait à écrire "Les champs d'honneur" qui reçut le prix Goncourt... en 1990. Le kiosque, une place centrale pour observer le monde.... voilà ce que ce livre nous raconte.
Tentation : Le blog de Keisha
Fournisseur : La bib de St Lunaire
Mon humble avis : Il y a "peu", Keisha présentait le dernier titre de Jean Rouaud, que j'ai eu envie de lire... Et presque simultanément, à la bib de St Lu, je suis tombée sur Kiosque... Donc commençons par ce qui est devant nous et dispo !
Kiosque, une lecture éprouvante pour moi, sitôt passé l'enthousiasme du début et l'excitation face à l'inconnu. J'en suis sortie saoule, mais pas enivrée... Pour tout dire, j'ai même lu quelques pages en diagonale, voir omis certaines d'entre elles, et je ne me faisais plus une joie de rejoindre ma couette pour poursuivre ma lecture.
Et pourtant... J'ai aimé nombre de chose dans cet ouvrage... La description du dur métier de marchand de journaux dans un kiosque, les explications sur le déclin de la presse écrite (avec l'apparition des journaux gratuits, puis bien plus tard, du numérique, des smartphones et tablettes), les portraits haut en couleur des collègues de Jean Rouaud, ou des clients etc qui donnent ensemble une étude sociologique et sociétale... Car depuis son kiosque, Jean Rouaud était aux premières loges pour observer les individus, le quartier, la France et le monde, dans ce 19ème arrondissement très cosmopolite. Il y a le monde décrit dans les journaux et le monde dont témoignent les clients du kiosque, qui ancien boat people, qui rescapé de la Shoa, qui Yougoslave exilé etc.. J'ai aimé que le choix d'un journal ou magazine, que la façon de s'en saisir, que le temps passé au kiosque disent tant de chacun. Oui, cet aspect-là, ce côté "instantanés", les discussions autour de l'actualité, m'a vraiment plu.
Et puis il y a les longues, très longues parenthèses sur les questionnements stylistiques et sémantiques de l'auteur, sur ses ambitions poétiques et littéraires. Celles-ci m'ont laissée de glace, pire, elles m'ont agacées... Peut-être aussi parce qu'elles m'ont paru un peu méprisante pour la littérature populaire... Dommage que Jean Rouaud ne se soit pas contenté du sujet évoqué par le titre. Il aurait alors remporté mon enthousiasme je crois.
L'enchaînement est parfait pour évoquer l'écriture de Jean Rouaud. Je n'ai pas la culture nécessaire pour en préciser le courant ou l'appartenance à une "certaine école". Elle est très soignée, très érudite, et rend évidemment hommage à la richesse de notre langue. Mais elle est à mes yeux alambiquée, désarmante, déstabilisante. Et de ce fait, elle ne parvient pas dans mon cerveau avec assez de fluidité pour me procurer des émotions, pour dépasser l'écriture et me régaler du sens. Au final, ce ne m'a pas été agréable à lire. Sans compter la longueur infernale de certaines phrases, ce genre de plume n'est pas pour moi du tout. Voilà pourquoi je suis sortie fourbue de cette lecture, avec juste l'envie d'en finir au plus vite et de passer à autre chose. Après Rouaud, j'aurais presque eu envie de me reposer dans un Musso !
L'avis enthousiaste de Keisha
Etant donné le sujet principal de ce roman, j'intègre cette lecture dans le challenge d'Inganmic