LES SOURCES, de Marie Hélène LAFON
Publié le 7 Juillet 2023
Roman - Editions Buchet Chastel - 128 pages - 16.50 €
Parution le 5 janvier 2023
L'histoire : Dans les années 60-70... Celle d'une famille paysanne, qui vit isolée de tous, là haut, dans la ferme tout près de la Santoire dans le Cantal. Elle a épousé Pierre, ensemble ils ont acheté cette ferme qui leur donne une place. Cinq enfants en trois ans la laisse exsangue dans un corps qui ne lui appartient plus, et qui n'intéresse plus Pierre, pire, qui la dégoûte...
Tentation : Un moment que je n'ai pas lu MH Lafon
Fournisseur : La boîte à livre en bas de chez moi.
Mon humble avis : Six ans que je n'ai pas lu d'ouvrage de Marie Hélène Lafon, et voici que je tombe sur ce titre, une nouveauté qui plus est, dans la boite à livres (en fait cabine de plage à livres !) en bas de chez moi. Il n'y a pas à se poser de question. Je prends !
Avant de rédiger ce billet, j'ai reparcouru ceux écrits sur les trois romans que j'ai lu de la romancière cantalienne : L'annonce, Les pays, et Joseph, histoire de me remettre ses lectures en mémoire. Avec Les Sources, je pourrais faire un mixte des trois.
Ici, Marie Hélène Lafon aborde la violence conjugale... qui plus est dans un milieu fermé, isolé où l'on est souvent taiseux mais où la réputation compte. Evidemment, l'autrice use de mots précis, sans superflu pour décrire la situation invivable mais qui paraît inexorable et sans échappatoire, l'âpreté et la rudesse du milieu. La peur au ventre et les coups mis en balance avec le rang social obtenu, et la peur du qu'en dira-t-on, les divorcées sont tellement montrées du doigts dans ces années-là. Le tout, dans une époque où l'homme, qui ne se remettait pas en question, ne pensait avoir que des droits. Et la mission première des femmes, était d'être un ventre qui donne la descendance.
L'altération et l'éreintement du corps de la mère, le saccage de sa vie sont bien décrits, mais de façon surtout factuelle. Ce sont les gestes qui disent le reste, qui disent ce qu'il faut taire. Au lecteur de lire entre les lignes... La violence est suggérée mais pas réellement décrite.
Le texte est à la troisième personne du singulier, "elle", dont on ne connaîtra jamais le prénom. Et ce choix narratif, une fois de plus, m'a laissée assez extérieure au récit, qui se déroule dans une atmosphère étouffante accentuée par une écriture soignée certes, juste pour le propos, mais tellement monotone, et souvent répétitive... Ces impressions furent exactement les mêmes lors de mes précédentes lectures citées plus haut. Aussi j'ai cette sensation que de livres en livres, les paysages, les us et coutumes décrites, les sujets abordés (tel que l'évolution de l'agriculture et la fin d'une certaine paysannerie) sont (trop?) récurrents. Et de même, la fin (dont est extraite la quatrième de couv), et qui advient plus de 55 ans après le début de l'histoire, laisse tout à fait sur la faim, ne donnant aucune nouvelle des personnages.
Il y a sans aucun doute beaucoup d'autobiographie dans ces pages, on retrouve Claire, le personnage du roman "Les pays", qui était lui-même un double très proche de Marie Hélène Lafon. Dans les descriptions physiques d'Isabelle, on devine la romancière aussi. Elle dit être aussi dans le personnage de Gilles. Pour le reste, cette situation de violence conjugale, je l'ignore.
Après, on sait que Marie Hélène Lafon a posé son territoire littéraire dans son Cantal natal et qu'elle tourne autour du monde paysan dans ces romans. Mais je trouve tout de même que cela manque de renouvellement, de surprise. Après, bien sûr, je ne suis pas obligée de lire chacune de ses parutions, ce que je n'ai pas fait d'ailleurs. Et je me demande si je suis faite pour cette littérature. Pas sûr du tout. Car je ne la trouve en fait ni exaltante, ni bouleversante, même si elle me permet de connaître autre chose si éloigné de ma propre vie.