JOSEPH, de Marie-Hélène LAFON
Publié le 19 Août 2017

Roman - Editions Audiolib - 3h00 d'écoute - 16.90 €
Parution d'origine du roman en 2014
L'histoire : Joseph est ouvrier agricole, dans le Cantal. Il semble être là depuis toujours, à travailler dans différentes fermes. Joseph ne change pas, mais le monde agricole, lui, est en constante mutation. A travers l'histoire de Joseph, c'est aussi celle de toute une région que nous vivons. Une région et ses habitants, aussi reculés que résolument modernes.
Tentation : Ma PAL audio
Fournisseur : Sylire, merci pour le prêt !

Mon humble avis : A l'été 2013, alors que je passais une semaine chez mon oncle et ma tante dans le Cantal, j'ai eu la chance de rencontrer Marie-Hélène Lafon alors qu'elle était en écriture de ce roman. Marie Hélène Lafon avait accepté l'invitation de mon oncle à partager un apéritif en présence de sa nièce blogueuse : Moi ! Evidemment, c'est un souvenir mémorable et unique !
Alors, qu'en est-il de Joseph ?
Deux mini bémols pour commencer. La profusion de personnages m'a parfois égarée, mais cela n'empêche en rien d'apprécier vivement ce roman. En effet, nous sommes ici dans la chronique de la vie de Joseph parmi les siens, les autres, ses patrons, ses collègues, les rumeurs des villages alentours, les us et coutumes d'un pays et par-delà, ceux de la paysannerie. Donc on ne peut pas dire qu'il y ait vraiment une histoire à suivre. Nous sommes plus ici dans le portrait d'un homme et de son environnement.
Et puis, j'ai aussi trouvé le récit un peu trop court, trop vite terminé, qui aurait pu déployer des ailes bien plus larges et poursuivre ce vol délicieux pour les sens au-dessus autant qu'au -dedans de ce pays cantalien.
Joseph le taiseux est un solitaire. Mais il entend et voit parfaitement, et sa mémoire est infaillible. Surtout pour les chiffres, les dates. Il est donc le témoin idéal pour raconter le Cantal, les fermes, les fils qui partent à la ville, les saisons, les bêtes, le fermage, le respect et la personnalité forte des patrons et bien entendu des patronnes. Les discussions des patrons, et des autres aussi, sur l'évolution du métier, qui oblige à s'agrandir, à d'adapter, à se connecter... Et puis il y a aussi l'alcool, son abus, les trous dans une vie. Et surtout, Joseph raconte ce qui ne se voit pas, ne se dit pas, ce qui s'enterre.
Marie-Hélène Lafon dépeint donc cette ruralité, ces différences sociales avec une langue et une écriture poignante, ciselée tout en restant simple, aussi minutieuse que concise, sans mots inutiles. Et ceci s'en oublier le sujet, la région et le milieu traités, avec les expressions populaires... Une écriture qui laisse entendre, sentir, toucher, voir, goûter. Et, évidemment, l'excellente lecture qu'en fait Marie-Christine Barrault n'est pas étrangère à ses douces sensations de lectrice audio !
Dommage que ce roman soit si court, car il laisse une impression de faim non rassasiée !
