LE MONDE DU BOUT DU MONDE, de Luis SEPÛLEVEDA
Publié le 30 Septembre 2024
Roman - Editions Points - 123 pages - 6.55 €
Parution d'origine 1989 (Poche France en 2010)
4ème de couv : Encore émerveillé par la lecture précoce de Moby Dick et son périple de jeunesse sur les mers antarctiques, un journaliste chilien repart à l'aventure. Aux côtés du capitaine Nilssen, il sillonne cet océan légendaire, traverse les fjords enneigés, dépasse les récifs du cap Horn. Croisant les baleines majestueuses qui tentent d’échapper à la pêche industrielle, il s’en prend aux nouveaux pirates du sud de la Patagonie...
Tentation : Roman adéquat pour le Challenge Book trip en mer
Fournisseur : Trouvaille à la braderie de la bib de St Lu
Mon humble avis : Bonne trouvaille, qui me donnait l'occasion d'une retrouvaille avec la plume d'un des plus fameux auteurs chiliens, à qui l'on doit le non moins réputé Le vieux qui lisait des romans d'amour.
Hélas, mon enthousiasme est bien moindre pour ce titre. Pourtant, il démarre fort agréablement, par le road trip d'un jeune durant ces vacances scolaires, qui finit en sea trip, puisque celui-ci, habité par sa lecture de Moby Dick, réalise son rêve d'embarquer sur un chalutier de pêche à la baleine. Remué par ce qu'il voit, il déclare aimer la navigation, mais pas la chasse... Cette ouverture initiatique laisse une place méritée à la poésie, aux descriptions de paysages titanesques, aux rencontres hautes en couleurs qui, du port, mènent à bord.
Puis Luis Sepûlveda m'a perdu de ses filets, le harpon s'est brisé à force de longueurs et de répétitions, malgré la faible épaisseur du roman. Un journaliste chilien exilé en Allemagne reçoit un appel mystérieux de son pays d'origine... Qui l'incite à prendre un avion direction Santiago pour y retrouver son interlocuteur... Et le voici, comme des années plus tôt, embarqué non plus pour participer à une chasse à la baleine, mais pour constater et témoigner de l'étendue des dégâts de cette même chasse. Et là, les pages ne sont qu'une succession de noms de détroits, d'iles, de fjords, de canaux... Succession qui devient vite indigeste, malgré la carte en début de l'ouvrage, et qui n'apporte rien, si ce n'est cette impression de long voyage.
Le monde du bout du monde est clairement un roman de militantisme écologique. Il y est d'ailleurs régulièrement question de Greenpeace, du Rainbow warrior etc. Le pillage des mers, notamment par les chasseurs pêcheurs scandinaves et japonais et leurs méthodes plus que barbares, leurs répercussions sur la faune marine, sa diminution, sont clairement le sujet principal de cette histoire. Ce qui est dommage à mes yeux, c'est que Sepûlvada multiplie les topiques dénonciateurs (certes louables, mais de trop ici) : la déforestation, les essais nucléaires en Polynésie, le génocide des indiens etc...
Si le premier tiers m'a plu, la suite, pour être honnête, me fait dire que je serais bien descendue du bateau pour rester tranquillou sur une île, le temps que l'histoire se termine. Mais dans ce coin-là de la planète, les îles sont loin d'être des havres de paix, tant l'océan est tumultueux.
Bref, avec un tel titre, je m'attendais à une magie épique que je n'ai pas trouvée dans ces pages qui sont, d'après ce que j'ai pu lire, assez autobiographiques. Peut-être qu'à l'époque de sa parution (1989), ce texte a pu être impactant... Trente cinq ans plus tard, nous sommes tous bien sensibilisés à ces causes, et notamment par des reportages sur des associations comme Seasheperd etc... Le retentissement d'une telle lecture est donc bien moindre.
+ 1 point + 2 pts car lecture hors Europe et USA
Soit 18 au total, toujours quartier maître.