LE VIEUX QUI LISAIT DES ROMANS D'AMOUR, de Luis SEPULVEDA

Publié le 6 Juillet 2020

Luis Sepulveda, chili, littérature, Equateur, Amazonie, Le vieux qui lisait des romans d'amour, avis, chronique, blog

Roman - Editions Points - 121 pages - 7.90 €

Parution d'origine aux Editions du Seuil en 1997

L'histoire :  Antonio José Bolivar, dit "le vieux" connaît les profondeurs de la forêt amazonienne et ses habitants, le noble peuple des Shuars. Lorsque les villageois d'El Idilio les accusent à tort du meurtre d'un chasseur blanc, le vieil homme quitte ses romans d'amour - seule échappatoire à la barbarie des hommes - pour chasser le vrai coupable, une panthère majestueuse...

Tentation : La blogo il y a une éternité

Fournisseur : Ma PAL

 

 

 

Mon humble avis : Un grand classique de la littérature sud-américaine qui prenait la poussière depuis des années dans ma PAL... Et voilà que récemment, l'auteur chilien Luis Sepulveda est décédé du Covid 19... Encore donc un écrivain que j'aurais dû lire de son vivant et que je découvre défunt. Mais heureusement, ses romans lui survivront.

La réputation de ce roman qui nous emmène en Amazonie Equatoriale est on ne peut plus méritée. Le vieux qui lisait des romans d'amour est un grand roman, comme un conte atemporel et malheureusement toujours plus actuel, malgré les années qui passent et ont passé depuis son écriture (1995).

Luis Sepulveda installe son histoire dans une mini bourgade de l'Equateur, au bord d'un fleuve, en pleine forêt primaire... En apparence, tout y semble hostile et inhospitalier : la nature, le climat, les hommes rudes et vite violents, dont certains ne sont mus que par la cupidité, la soif de l'or et de photos exceptionnels, à tous prix. Hostile en apparence, mais en y regardant de plus près, tout serait d'un équilibre parfait si ce territoire n'avait pas été envahi par l'Homme dit civilisé.

Le vieux est un personnage attachant, qui pourtant, avant de savoir, a commis des erreurs. Mais il a appris la forêt, notamment grâce à ses relations très amicales avec les Jivaros. Désormais domicilié à l'Ilidio, il mène une vie tranquille et découvre les secrets, les miracles et les possibilités que donne la lecture : ressentir, aimer par procuration, imaginer, deviner... Oui, le Vieux lit des romans d'amour. Jusqu'au jour où des chasseurs peu scrupuleux tuent les petits d'une panthère et blesse son mâle. La panthère se venge... Et Le vieux sera mandaté par le Maire pour tuer la bête. Le vieux s'acquittera contraint et forcé de cette tâche, mais dans un combat qu'il voudra le plus d'égal à égal. Et ce combat noue le coeur du lecteur, tant pour le Vieux que pour la bête.

Dans ce roman, Luis Sepulveda offre un magnifique hommage à la littérature et à la lecture et la puissance des mots. Mais surtout, il lance un cri d'alerte sur les dégâts de la déforestation, il dénonce les actions insensées de l'Homme civilisé et leurs répercussion tant sur la vie sauvage, que sur la vie végétale. Des vies qu'il exhorte à protéger de la bêtise, pour le bien de tous. Le romancier oppose aussi deux savoirs qui hélas ne se rejoignent que très peu sur terre : le savoir livresque et éducationnel qui donne le pouvoir mais ne protège pas de la bêtise... Et le savoir de la vie, du terrain, de la nature, qui vous fait passer pour un inculte offre la survie dans les milieux les plus hostiles, sans besoin de personne, et en respectant sa source de vie. Et tout cela, Sepulveda le dit avec un style délicieux, non dénué de facéties et d'humour. Notre homme aime se moquer !

Un roman dense, très riche, qui dit tant de choses en si peu de pages. A lire, inévitablement.

Quant à moi, quand je serai venue au bout de ma PAL, c'est avec intérêt et plaisir certains que j'approfondirai l'oeuvre de ce grand chilien.

 

"Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse. Il savait lire."

"Antonio José Bolivar essayait de mettre des limites à l'action des colons qui détruisaient la forêt pour édifier cette oeuvre maîtresse de l'homme civilisé : le désert. "

 

PS : Si vous voulez en savoir plus sur les Jivaros et les Shuars , je vous conseille chaleureusement de lire le superbe album "Anent" d'Alessandro Pinocchi

 

 

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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G
Un beau coup de coeur, et quelle couverture !
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A
Moi aussi j'ai ce roman sur ma LAL depuis des années... Et maintenant que l'auteur est décédé, je crains qu'il n'y reste encore un moment... Mais bon, j'aurais quand même déjà lu un livre de l'auteur de son vivant, dans la veine non-fictive par contre.
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C
Et dire que je ne l'ai pas encore lu.... il va falloir que j'y remédie un jour ;)<br /> Bonne journée !
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K
Lu bien bien avant la blogo, et je devrais bien le relire, tiens!
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