RESTE, d'Adeline DIEUDONNE
Publié le 26 Mai 2023
Roman - Editions L'Iconoclaste - 282 pages - 20 €
Parution le 6 avril 2023
L'histoire : S passe quelques jours avec M, son amant, dans un chalet au bord d'un lac en montagne. Un matin, après sa baignade habituelle, M flotte sans vie sur l'eau.
S est incapable de se séparer d'M... Aussi, elle garde son corps six jours, pour que leur amour se poursuive. Et c'est son "périple" que nous suivons, à travers les deux lettres qu'elle adresse à l'épouse de son amant.
Tentation : Achat compulsif
Fournisseur : Ma CB
Mon humble avis : A la librairie, une PLV (Publicité sur lieu de vente) annonce une prochaine séance de dédicace d'Adeline Dieudonné ! Pour une fois qu'un auteur vient par chez moi... je me saisis donc du livre, sans savoir vraiment de quoi il retourne, la 4ème de couv restant assez évasive.
Finalement, je ne suis pas allée à la dédicace. Car quelle lecture inconfortable, glauque à souhait, malsaine à mes yeux, et qui du coup me divise vraiment. Donc pas envie de dialoguer avec l'écrivaine sur un livre qui ne m'a pas franchement plu, ni de jouer les hypocrites.
Nous passons donc 6 jours avec S et le corps de M, dont elle prend grands soins, qu'elle lave etc, à qui elle parle, contre lequel elle se sert, pour prolonger leur amour et éviter à M la froideur de funérailles dans une chambre mortuaire, pour éviter que des mains étrangères, qui ne le connaissent et ne l'aiment pas, s'occupent de lui. On reste un peu dans le chalet, puis on part en voiture pour un petit road trip sans destination réelle, une errance plutôt, avec quelques rencontres, S étant évidemment perdue et ne sachant où aller. Et bien sûr, pendant ce temps, la putréfaction du corps défunt s'installe...
Donc glauque oui, sans morale oui, d'ailleurs l'autrice l'annonce dès la 4ème de couv... Plus tard, les psy diront que S était en bouffée délirante. Il est bien sûr question du deuil, de l'amour conjugal et extraconjugal, de maternité et de détresse maternelle malgré l'amour pour l'enfant, de la place de la femme et des relations intersexes etc. Tous ces sujets sont abordés par S dans les 2 lettres qu'elle écrit à Camille, l'épouse, via des flash-backs sur sa vie, ses expériences, ses questionnements, ses erreurs, ses effrois.
Et pourtant, ce roman, je l'ai dévoré ou presque. Parce qu'il est très bien mené et écrit, que certains passages restent beaux. Et puis, évidemment au fil des pages, une certaine tension naît dans la tête du lecteur, qui se demande où cette histoire peut bien aller, peut bien mener, et où elle s'arrêtera. Après, je me suis demandé si ma démarche de lectrice, à rester dans ces pages qui ne me convenaient pas mais que je tournais presque frénétiquement, ne relève pas d'un voyeurisme un peu malsain, comme celui qui attire vers les faits divers, ou celui qui fait ralentir quand il y a un accident routier "pour voir"...
Ce livre reste très inconfortable pour moi, aussi, je suis bien incapable de le conseiller chaleureusement. D'autant que je n'ai éprouvée aucune empathie pour S, sauf lors des récits de ses nuits blanches et de sa fatigue post partum. Mais dans la situation qu'elle vit précisément dans cette histoire, j'ai plus eu envie de la baffer pour la réveiller un bon coup, tant pour moi tout cela va très ou trop loin, et ne fait pas partie l'envisageable, quelle que soit la situation.
C'est à chacun de voir jusqu'où il aime d'être malmené par un roman, d'être emporté loin de sa zone de confort mental et moral.