CORPORATE, film de Nicolas SILHOL

Publié le 17 Avril 2017

Corporate : Affiche

Film de Nicolas Silhol

Avec Céline Sallette, Lambert Wilson, Stéphane De Groodt, Violaine Fumeau

 

Synopsis : Emilie Tesson-Hansen est une jeune et brillante responsable des Ressources Humaines, une « killeuse ». Suite à un drame dans son entreprise, une enquête est ouverte. Elle se retrouve en première ligne. Elle doit faire face à la pression de l’inspectrice du travail, mais aussi à sa hiérarchie qui menace de se retourner contre elle. Emilie est bien décidée à sauver sa peau. Jusqu’où restera-t-elle corporate ?

 

 

CMon humble avis : Ce film met parfaitement en scène ce que je déteste le plus dans le monde (A part la guerre, il va de soi). Ce qui fait que tant qu'elle ne changera pas dans l'âme, notre société n'ira pas mieux, quelques soient le pouvoir d'achat, les perturbateurs endocriniens, la sécurité routière ou autre.

Le monde de l'entreprise où il n'y a plus de valeurs morales, ou tout n'est que jeunisme, profit, rentabilité, pro-activisme, "corporate". L'Entreprise qui, bien à l'abri dans ces bureaux et ses visio-conférence, pratique un terrorisme vicieux. Puisque ces pratiques dénoncées ici ne sont que cela, du terrorisme camouflé, sans bombe ni cri de guerre. Ce terrorisme qui pressurise, qui déshumanise, qui broie, qui pousse à bout, qui fait tout pour que ce soit l'employé qui démissionne pour ainsi ne pas avoir à verser d'indemnités de départ après des années et des années de bons et loyaux services.

Dans ce film, Emilie, RH trentenaire, a été recrutée dans une multinationale juste pour cela : pour aller au bout du projet A16, à savoir pousser au départ "volontaire" les salariés qui ne sont plus assez rentables, ou plus assez corporate ! Sauf qu'ici, avec l'un de ses salariés, cela finit par un suicide... et donc des enquêtes, notamment par l'inspection du travail...

Ensuite, la question pour Emilie est de savoir si elle reste "corporate" et sauve ainsi sa peau et sa carrière, ou si elle dénonce ce système dont elle est partie-prenante. Quoiqu'il en soit, il est clair qu'elle se "réveille", prend conscience qu'elle n'est même plus elle-même dans ce travail où elle ne respecte même pas ses propres valeurs morales. On sent parfaitement ce dilemme pour Emilie : "trahir l'entreprise en parlant" ou se trahir elle-même en restant silencieuse.

Ce premier film, sur un sujet délicat est parfaitement réussi. Il se regarde autant comme un thriller psychologique, tant la tension monte, qu'un drame on ne peut plus contemporain. Il est interprété à merveille par Lambert Wilson (ce n'est plus un surprise) et surtout, par Céline Sallette, que je ne connaissais pas, et qui se trouve être à mes yeux une véritable révélation. N'oublions pas aussi Violaine Fumeau,formidable inspectrice du travail, qui donne à voir ce qu'est vraiment l'inspection du travail, cette espèce de mère Fouettard si méconnue, si craint...alors que...

Dommage que le cinéma ne change pas vraiment le monde et que le plus souvent, ceux qui vont voir ce genre de film sont le plus souvent déjà convaincus du message qu'il délivre. Car si le cinéma changeait vraiment le monde et chaque spectateur, nous vivrions dans un monde magnifique, ou presque !

 

Rédigé par Géraldine

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R
Je ne pense pas le voir. Mais merci pour cette belle chronique! ;)
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A
Ah corporate; je déteste ce mot ! Déjà parce que pour moi c'est synonyme de "conditionné", et puis il y a autre chose dans les entreprises françaises dont tu ne parles pas mais que je trouve ridicule au possible, c'est cette tendance à utiliser des mots anglais pour tout. Bon, "planning" ok, mais "c'est touchy", "il faut être corporate", tout ça dit avec un affreux accent français, pffff... Risible...<br /> Bon, sinon je n'ai pas vu le film encore.:-)
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S
J'ai bien l'intention d'aller le voir (en tant que responsable Rh, je n'ai pas été confrontée à une situation aussi extrême, heureusement)
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