VERS LA BEAUTE, de David FOENKINOS

Publié le 4 Juin 2018

Roman - Editions Gallimard - 224 pages - 19 €

 

Parution le 22 mars 2018

 

L'histoire : Antoine Duris, trentenaire, débarque à Paris et postule comme gardien de Musée à Orsay, pour devenir invisible, taiseux et mystérieux aux yeux des autres. Mais surtout, Antoine se tourne vers la beauté, et notamment vers un portrait de Jeanne Hébuterne de Modigliani, dont il a la chance d'être le gardien.

Pourtant, quelques semaines plus tôt, Antoine Duris était encore un éminent prof des Beaux-Art de Lyon. Quel traumatisme l'a poussé à changer ainsi de vie ? 

 

Tentation : Ma fanitude envers l'auteur !

Fournisseur : Bib N°1

 

 

Mon humble avis : Ce livre est sans doute le plus grave, dramatique et remuant roman de Foenkinos qu'il m'ait été donné de lire (A part Charlotte, mais qui était une biographie historique). Et pourtant, il est aussi celui qui me déroute le plus car il ne correspond pas à ce que J'attendais de l'un de mes auteurs fétiches. Je me réjouis toujours d'entamer un Foenkinos car je sais que je vais y trouver humour, situations, personnages aussi banals que singuliers, dialogues décalés et une certaine légèreté couvrant des propos profonds. Sous une certaine causticité, Foenkinos dévoile toujours un océan de tendresse, de douceur et de bienveillance. En résumé, j'ai toujours aimé l'aspect divertissant de l'oeuvre de mon chouchou. Sauf qu'avec Vers la beauté, David Foenkinos nous propose une véritable tragédie. Certes, on ne peut reprocher à un auteur, ou à tout autre artiste d'ailleurs, de vouloir se renouveler et explorer d'autres horizons. Il n'empêche, me voilà déroutée !

D'autant plus que la première partie, l'arrivée d'Antoine sur Paris et au Musée D'Orsay, est tout à fait fidèle à ce que j'aime chez l'auteur. Le personnage est curieux, fantasque malgré sa détresse apparente qui n'est alors pas du tout expliquée. On peut donc tout imaginer, même l'excentricité ou la singularité.Certaines situations et dialogues mènent à rire.

La deuxième partie paraît d'avoir aucun lien avec la première, si ce n'est son personnage principal commun : Antoine Duris. Mais il m'a semblé lire une banale histoire de rupture amoureuse, alors que pour moi, Foenkinos ne rime jamais avec banal justement.

La troisième partie met en scène Camille, ses terreurs, ses angoisses, son mal -être, et ses tentatives de reconstruction par son amour de l'art et ses velléités artistiques. Je ne donnerai aucun autre détail sur le destin de Camille pour ne pas déflorer l'histoire. Mais cette partie est terrible, bouleversante, dramatique et hélas, très actuelle et véridique.

La quatrième est courte et fait globalement office de conclusion à ce roman qui traite du traumatisme, de la culpabilité, de la violence humaine, de la destruction d'un être et de la reconstruction par la beauté, à savoir ici : l'art.

Outre le fait que cette lecture m'a déroutée, je suis aussi sceptique sur le choix de l'ordre de ses parties... L'arrivée d'Antoine sur Paris étant en fait ultérieure à l'histoire de Camille et ressemblant donc à du Foenkinos, je l'ai lu comme telle, enfin, comme j'ai lu récemment Le Mystère Henri Pick. La construction de l'oeuvre ne m'a pas permis de comprendre le désarroi d'Antoine,, de le prendre au sérieux quelque part. Je l'ai donc conçu au premier abord comme un personnage "farce". Je mets des guillemets car ce genre de personnage, dans les romans de l'auteur, a toujours bien des choses à nous dire sur nous, notre monde, nos déceptions, nos relations etc. En fait, Foenkinos nous parle souvent des "petits" drames de la vie de chacun. Ici, nous sommes dans l'ignominie.

Evidemment Vers la beauté se lit facilement et se révèle puissant quant à son sujet, mais voilà, le roman m'a paru un peu trop désordonné pour révéler pleinement cette puissance que l'on sent comme prisonnière de la construction. Elle aurait pu exploser si le romancier n'avait pas choisi cette formule d'aller-retour dans le temps. Vers la beauté est donc un Foenkinos tout à fait différent des autres, qui peut surprendre les officionados de ce fait, mais aussi conquérir les récalcitrants à l'auteur.

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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A
Il a été complètement descendu par les chroniqueurs du Masque et la plume, j'étais du coup très curieuse de ton avis (comme je sais que c'est un de tes auteurs chouchou), et je vois qu'il ne t'a pas convaincu non plus. Bon, c'est comme ça, des fois les auteurs se ratent un peu.
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K
Ah ton chouchou, je le sais (jamais lu, j'avoue)
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