L'ÎLE DES OUBLIES, de Victoria HISLOP
Publié le 17 Septembre 2012
Roman - Editions Les escales - 429 pages - 22.50 €
Parution en mai 2012
L'histoire : En 2001, Alexis, jeune anglaise d'orgine Crétoise, passe quelques vacances en Crète. Elle rencontre Fotini, une ancienne amie de sa mère, qui selon les souhaits de cette dernière, livre enfin les clés de l'histoire familiale jusque là on ne peut plus tabou...
Tout a commencé en 1939 dans le petit village de Plaka.. Lorsque Eleni, arrière grand mère d'Alexis, remarque des tâches de dépigmentation sur sa peau. Le diagnostique tombe : c'est la lèpre. Giorgis, son pêcheur de mari, n'a d'autre choix que de conduire sa femme au delà du bras de mer, à quelques encablures de la côte... Sur l'île de Spinalonga, la léproserie Crétoise, l'île des Oubliés...
Le mauvais sort faisait ainsi son premier pas et certainement pas le dernier, dans cette famille modeste et courageuse. Ainsi s'ouvre l'histoire et ce livre, une véritable saga familiale sur plus de 60 ans et presque 4 générations.
Tentation : Cynthia et son billet
Fournisseur : L'éditeur et l'agence LP conseils. merci pour l'envoi.
Mon humble avis : A y'est, j'ai enfin achevé ce livre après plus de deux semaines de lecture ! Et pourtant, comme il m'a plu et captivée ! Mais il a un côté pavé et surtout, je l'ai entamé lors d'une période de vacances qui ne m'offrait que peu de temps pour me plonger à corps perdu dans la lecture.
Alors, le livre... Et bien on pourrait aussi l'intitulé le livre des oubliés. Il rend un vibrant hommage aux victimes et aux soignants d'une maladie que l'on oublie sous nos contrées et dont on ne parle peu ou plus, même si c'est à tort : La lèpre. Un mot qui dégoûte, effraie, révulse et semble nous renvoyer en des temps anciens ou des contrées lointaines. Et bien non. La lèpre existe encore aujourd'hui avec des chiffres effarants. Et en 1939, elle sévissait notamment en Crète, berceau de ce roman.
L'île des oubliés recelle deux atouts formidables. Sa lecture m'a tellement appris sur la Crête, son histoire, ses traditions dans les années 40 /70. La vie d'un village modeste, la guerre 39-45 qui a étendue sa haine et sa violence jusque sur cette ile.... mais qui a épargné celle de Spinalonga.... En effet, les Allemands ne cherchaient pas à se frotter à une colonie de lépreux...
La lèpre, sujet principal de cette histoire. Pour moi, elle ne représentait qu'un tronc que l'on remue chaque année et dans lequel on glisse une pièce de monnaie lors de la journée mondiale des lépreux. J'ai découvert la réalité de cette maladie ignoble même si devenue currable depuis 1957... Vitoria Hislop ne se répend pas en descriptions d'un délabrement physique abominable et insoutenable pour nos pauvres petits yeux de lecteurs confortablement installés dans un canapé avec des terminaisons nerveuses qui fonctionnent parfaitement et nous permettent de tourner les pages d'un livre. Deux ou trois cas sont un peu décrits, mais sinon, c'est aux conséquences psychologiques et sociales de la maladie que l'auteur s'intéresse. Et surtout, au courage des victimes et à leur organisation sur l'île qui fut un moment leur exil définitif et obligatoire : Spinalonga. Une île que j'ai visité lors de mon voyage en Crète il y a quelques années. Je me rappelle parfaitement de la beauté extraordinaire du site, mais n'avais gardé aucun souvenir des explications du guide. L'île des oubliés me donne furieusement envie de retourner à Spinalonga et de "visiter" cette île autrement qu'avec mon appareil photo. En général, on fustige les ghettos ou tout ce qui y ressemble. Spinalonga en était bien un... Et pourtant, il est surprenant de constater qu'après le premier choc de l'exil et de la séparation définitive d'avec la famille, nombre de lépreux s'estimaient plus heureux sur l'île qu'ailleurs. Là, ils étaient protégés du regard, du mépris, de la répulsion des autres. Ils n'avaient plus à se présenter comme impurs. Ils n'étaient plus la honte. Ils formaient une communauté, au lieu d'être des exclus. Au point même que lorsque les antibiotiques efficaces ont permis la fermeture de Spinalonga en tant que léproserie en 1957, certains malades redoudaient le retour à la vie "normale". Enfin, je n'en dis pas plus à ce sujet, le livre vous dira le reste.
Et le reste du livre d'ailleurs ? Oui, la saga familiale ? C'est une saga, sans doute comme de nombreuses autres, mais c'est un genre que je lis peu. L'histoire se déroule en Crète, donc nous sommes en pleine tragédie grecque ! D'ailleurs, il m'est arrivé de penser que Victoria Hislop s'acharnait un peu trop sur cette pauvre famille Pétrakis, que certains passages se répétaient et que des longueurs auraient pu , sans doute, être évitées. Je dis "sans doute", car j'imagine bien qu'il ne doit pas être aisé de rendre compte dans un roman d'un temps qui passe si lentement, saison après saison, mais tout de même sur plusieurs dizaines d'années ! Et l'on ne peut que saluer l'énorme travail de recherche et de reconstitution historique effectué !
Néanmoins, je me suis beaucoup attachée à 3 personnages et j'ai détestée Anna, mais c'est voulu par l'auteure. Et comme je ne suis pas aussi "sainte" que Maria, je ne pardonne pas à Anna... pas son écart de conduite, mais son caractère et sa manière d'être. Les rebondissements ne manquent pas, et même si par moment j'ai cru appercevoir la fin bien avant celle ci, et bien je dois renconnaitre que je me trompais bien !
L'erreur serait d'oublier de lire "L'île des oubliés", justement, pour ne pas oublier...
Livre lu dans le cadre de mon challenge... Pour les îles de Spinalonga et la Crète.
Plus d'infos sur Spinalonga sur ce site http://www.aly-abbara.com/voyages_personnels/Crete/page/spinalonga_lepresrie.html
Plus d'infos sur la lèpre ici http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A8pre
Le fameux tunnel qu'empruntaient les lépreux en arrivant à Spinalonga.... en sens unique... Cela me fait un peu penser à la porte du voyage sans retour, sur l'île de Gorée au Sénégal.
le golf d'Elounda, vu de Spinalonga
L'île de Spinalonga
Ces 3 photos sont des photos personnelles, et non libres de droits.