VIDER LA CORBEILLE, BD de GNAEDIG & THIRAULT
Publié le 11 Mai 2017
BD - Editions Rackam - 60 pages -15.80 €
Parution en 2003
L'histoire : Stanislas est un jeune stagiaire récemment embauché à la Bucha, un fabricant de cheminées artificielles très "kitch". Une de ses tâches consiste à distribuer le courrier au sein de l'entreprise. Au gré de ses tournées, nous découvrons par ses yeux, des personnages hauts en couleurs, véritables galerie de bras cassés, du réparateur de l'atelier, dangereux par incompétence, au directeur général totalement inconséquent et nul en informatique. Quelques rares salariés sérieux font tourner la boutique. Pourtant une fusion avec une autre entreprise se trame...
Tentation : Titre et couv'
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Un très bon choix que cette BD, même si un peu hasardeux au départ.
L'univers impitoyable de l'entreprise ! Certes, cette BD date de 2003, mais force est de constater que rien n'a changé depuis, ou alors pas dans le bon sens.
Les deux auteurs croquent à merveille ce microcosme qu'est Bucha, une PME qui vend des cheminées on ne peut plus ringardes, ce qui met quelques touches d'humour dans ce récit.
Nous découvrons les différents acteurs et services de cette société à travers le regard de Stanislas, jeune et sympathique stagiaire, cantonné au début à la distribution du courrier. Et forcément, quasi invisible aux yeux de tous ou presque... En tout cas, des "gradés".
Au menu de ces pages en noir et blanc, et bien vous trouverez un résumé de ce qui forme, a formé ou formera un jour votre quotidien : les arcanes de l'entreprise pour le meilleur et surtout pour le pire : l'humiliation, ceux qui travaillent pour deux, ceux qui ne sont jamais là, les opportunistes, les promotions canapés, les incapables qui grimpent, les doués et dévoués qui font du sur place, la hiérarchie, l'hypocrisie, l'amitié aussi (tout de même), les amourettes ou les parties de jambes en l'air, l'assistante de direction aussi crainte et despotique que le Führer, le service minimum, la patate chaude transmise de service en service, un patron responsable des achats informatiques alors qu'il ne sait pas utiliser un ordinateur, l'opportunisme, le pouvoir, la soumission, la "grande famille où personne ne peut se blairer, l'entraide suivi d'une absence totale de reconnaissance, j'en passe et des meilleurs !
Vide la corbeille est une BD franchement sociale et réaliste, qui dénonce la machine à broyer, voire même à trahir l'autre autant que soi-même que peut être l'entreprise. Cela au travers d'un décorticage approfondi des rapports humains et une galerie de portraits de personnages hauts en couleurs (même si en noir et blanc ! ) . Si vous lisez cette BD, impossible de ne pas y reconnaître un collègue, un patron déjà croisé durant votre cursus, voire vous-même dans certaines situations.
Le sujet est tragique mais l'aspect "haut en couleur" des protagonistes, pourtant pas si caricatural que ça, amène souvent à sourire, et même à rire sous cape. C'est aussi caustique que cynique.
Une scène particulièrement parlante m'a bien plu : A la cantine, la table des commerciaux bave et se moque des assistantes... qui à leur table, se moquent elles-mêmes des secrétaires et ainsi de suite.
A savoir que les quelques pages de fin sont vraiment surprenantes et inattendues, et qu'avec elles, le titre de cette BD prend hélas tout son sens si cruel ! Toujours se méfier de l'eau qui dort...
Si vous trouvez quelque part cette BD plus toute jeune mais si actuelle et réussie, n'hésitez pas à vous ruer dessus !