S'ENFUIR, RECIT D'UN OTAGE, BD de Guy DELISLE
Publié le 11 Octobre 2017
BD - Editions Dargaud - 432 pages - 27.50 €
Parution en septembre 2016
Le sujet : En 1997, alors qu'il est responsable d'une ONG médicale dans le Caucase, Christophe André a vu sa vie basculer du jour au lendemain après avoir été enlevé en pleine nuit et emmené, cagoule sur la tête, vers une destination inconnue. Guy Delisle l'a rencontré des années plus tard et a recueilli le récit de sa captivité – un enfer qui a duré 111 jours. Que peut-il se passer dans la tête d'un otage lorsque tout espoir de libération semble évanoui ? Un ouvrage déchirant, par l'auteur de "Pyongyang", de "Shenzhen", de "Chroniques birmanes" et de "Chroniques de Jérusalem".
Tentation : La blogo qui m'a informé par un billet que cette BD existait !
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Quel plaisir de retrouver l'univers de Guy Delisle, même si c'est à propos d'un sujet aussi grave et oppressant qu'une prise d'otage.
Même si l'introduction au récit nous rassure sur son issue, puisqu'il s'agit d'une BD inspirée des rencontres de Guy Delisle avec Christophe André, les pages se tournent avec une sensation de suffocation tant l'on ressent les sentiments de l'otage, entre désarroi et terreur.
L'enfermement et le temps qui passe sont admirablement bien retranscrits par Guy Delisle par des dessins (comme d'habitude) très épurés. Le vide de la pièce où Christophe est enfermé avec pour "seule distraction visuelle", une pauvre ampoule dénudée qui pend au plafond. Le temps qui passe, c'est un petit rai de lumière qui passe à travers les planches qui occultent la fenêtre, et e petit rai qui se déplace sur le mur au fil des heures.
Un commentaire sur Amazon me choque. Le voici : "Le livre est pourri!!!! Les jours s'enchainent, on lit 100 fois les mêmes pages. Super déçue, c'est d'un ennui..."
Et bien c'est que cette lectrice n'a rien saisi du sujet qu'elle lisait. Car évidemment, chaque nouvelle journée d'un otage ressemble à la précédente. C'est cela qui est démontré dans cette ouvrage : l'ennui, l'inactivité des otages laissant libre cours à toutes sortes d'imaginations scénaristiques sur leur avenir et parfois, un petit détail qui fait que la journée est différente. Le petit détail peut prendre la forme d'une simple gousse d'ail et le plaisir de la déguster.
Mais dans ce néant et cet ennui de l'otage, reste l'espoir d'être libéré, l'angoisse que peut-être personne ne le cherche et l'effort pour rester en contact avec une certaine réalité : surtout bien compter les jours, surtout connaitre la date du jour, ne pas se tromper.
Bref, cet album de Guy Delisle est une fois de plus diablement efficace, réaliste puisqu'on ne peut plus vécu, un coup de poing à l'estomac marquant et inoubliable. A lire évidemment !