LA LEGERETE, BD de Catherine MEURISSE
Publié le 31 Octobre 2017
BD - Editions Dargaud - 136 pages - 19.99 €
Parution en avril 2016
Le sujet : Dessinatrice à Charlie Hebdo depuis plus de dix ans, Catherine Meurisse a vécu le 7 janvier 2015 comme une tragédie personnelle, dans laquelle elle a perdu des amis, des mentors, le goût de dessiner, la légèreté.
Après la violence des faits, une nécessité lui est apparue : s'extirper du chaos et de l'aridité intellectuelle et esthétique qui ont suivi en cherchant leur opposé – la beauté.
Afin de trouver l'apaisement, elle consigne les moments d'émotion vécus après l'attentat sur le chemin de l'océan, du Louvre ou de la Villa Médicis, à Rome, entre autres lieux de renaissance.
Tentation : Pourquoi pas ?
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Catherine Meurisse était à toute proximité de Charly Hebdo lors de l'attentat du 15 janvier 2015. En fait, ce jour-là, elle était en retard de quelques minutes. Elle aurait pu être parmi les victimes du carnage, mais non, le sort en a décidé autrement. Dans cette BD, elle retrace son long chemin de reconstruction personnelle après ce drame. Car évidemment, au-delà de la tristesse, il y a le choc, l'effroi, le traumatisme, l'amnésie, le stress post traumatique avec dissociation, et l'impossibilité de rependre un crayon, de redessiner, de poursuivre la vie. A côté de cela, Catherine Meurisse nous montre aussi le poids de la protection policière, le pistage d'une autre presse, et comme une célébrité soudaine...
Alors que la France entière scande "Je suis Charly", Catherine Meurisse ne sait plus qui elle est. Alors, elle se perd et se recherche auprès des siens, de son psychiatre, dans le calme d'un bord de mer ou d'un paysage d'enfance, dans quelques sorties parisiennes. Mais rien n'y fait, jusqu'à la révélation : Après l'horreur, ce n'est qu'auprès de la beauté de l'art que Catherine pourra se retrouver, retrouver son goût de vivre, de rire et de dessiner.
Aussi, elle parcourt les Musées et s'envole même jusqu'à Rome et la Villa de Médicis espérant être elle aussi, heureuse victime du syndrome de Stendhal, puisque "c'est la beauté qui sauvera le monde" (Dostoïevski)
Tout ceci est écrit et dessiné avec beaucoup d'émotions, de profondeur, de questionnement sur la nature humaine et notre monde actuel, sans aucun apitoiement ni pathos, même si c'est la tristesse logique qui émane de cet album. .Et évidemment, univers Charly "oblige", beaucoup d'humour, même si parfois assez noir.
J'ai été quelque fois un peu égarée par les planches flash-back et/ou rêves ou illusions. Mais quoiqu'il en soit, cet album de reconstruction est magnifique, nécessaire, intense. Un bel hommage aux défunts de Charly Hebdo et surtout, un cri d'amour et de nécessité pour l'art et la beauté, celle qui bouleverse, qui fait que l'on se retrouve et qu'on existe. La culture salvatrice...