LA VISION DE BACCHUS, BD de Jean DYTAR
Publié le 24 Novembre 2017
BD -Editions Delcourt - 136 pages - 16.95 €
Parution en février 2014
L'histoire : Venise 1510. Giorgione est sur le point de mourir de la peste. Il jette ce qui lui reste de force dans un ultime tableau, hommage à sa première émotion picturale. Le récit plonge dans les méandres du passé de Venise en quête de cette référence disparue. Mais comment faire surgir sur une surface plane le mystère bouleversant d'une présence ?
Tentation : Pitch et dessins
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : En empruntant cette BD à ma Bib', j'espérais aimer mais ne m'attendais pas à être conquise à ce point par cette histoire, qui est aussi l'Histoire. Une véritable pépite que cet album.
Déjà, la situation géographique et les planches qui en découlent... Venise entre les années 1475 et 1510... Les canaux, les maisons et palais vénitiens, les costumes d'alors. Un régal ! L'immersion (sans mauvais jeu de mots) est totale.
Ensuite, le sujet... Nous évoluons dans le milieu des peintres de l'époque. Certains ont déjà bâti leur renommée, d'autres sont alors méconnus, mais pas pour longtemps. Nous rencontrons du beau linge et assistons à la "naissance" de noms réputés. Certains m'étaient familiers (sans que je sache forcément situer leur époque etc...) et j'en ai découvert d'autres : Tiziano Vecellio, qui deviendra "Le Titien", Giorgio de Castelfranco (Giorgione), son père "illégitime" Antonello de Messine, Giovanni Bellini ainsi que l'aristocratie du Venise d'alors.
Nous pénétrons au coeur des ateliers des maîtres et assistons à la création de chefs d'oeuvre, signés de la main des maitres mais oublieux des élèves qui participent largement au travail ! Parmi les élèves de Bellini, on trouve le Titien, qui fut aussi élève de Gorgione. Nombre de ces chefs d'oeuvre sont reproduits ici, bien qu'adaptés aux format et couleurs BD, que ce soit des toiles ou des tableaux d'autel immenses. Bref, cette BD rend parfaitement la vie des artistes vénitiens, entre les commandes de portraits et de tableaux d'autel qui garniraient ensuite les églises italiennes... puis les musées du monde entier.
Et puis il y a cette concurrence entre Bellini et Antonello, le mystère et l'envie autour de l'art de de la technique lumineuse d'Antonello.
Mais bien sûr, le sujet principal de cet album est l'obsession des peintres d'alors : renforcer le lien entre l'espace de l'image et la réalité, l'effet de présence, de relation intime, faire apparaître l'intensité du vivant dans les oeuvres pour que "la vision fugitive" d'une toile devienne "une sensation durable, à chaque instant renouvelée."
Bref, La vision de Bacchus n'est pas un album que l'on dévore, mais que l'on déguste. Il est si passionnant, si instructif et pourtant aussi très distrayant. Une pépite je vous dis !
Retable de San Giobbe (Giovanni Bellini)
Retable de San Giobbe (par Jean Dytar dans "La vision de Bacchus"