LES RUES DE SABLE, BD de Paco ROCA

Publié le 30 Octobre 2020

BD, Paco roca, Les rues de sables, éditions delcourt, avis, chronique, critique

BD - Editions Delcourt - 96 pages - 15.50 €

Parution en 2009

L'histoire : Pour gagner quelques minutes, un homme pressé prend un raccourci en coupant par la vieille ville. Très vite, il se perd dans le dédale des rues et le voici pris dans un labyrinthe ponctué par de curieuses rencontres. Ce quartier n'a aucun sens, ses habitants non plus, qui semblent tous prisonniers ici depuis belle lurette. L'homme pressé, qui devient l'homme sans nom, réalise qu'il est lui aussi captif de cet étrange hôtel, dans ce quartier dans issue.

 

Tentation : Le nom de l'auteur

Fournisseur : Bib N°3

 

Mon humble avis : Excellente BD qui pourrait paraître "complètement barrée" mais qui ne l'est pas du tout. Ici, Paco Roca nous propose un voyage au fin fond de l'absurdie ! Il règne dans ses pages une atmosphère kafkaïenne et "Eaglelienne", genre hôtel California (you can check out whenever you want, but you can never leave !)

Notre personnage, homme plus ou moins mature, est en retard pour un rendez-vous bancaire avec sa chérie, rendez-vous qui doit aboutir à la signature d'un prêt pour l'achat d'un appartement. Lui est tranquillement entrain d'acheter une statue "Tintin" pour décorer le futur logement. Pressé donc, il entreprend de "couper" à travers la vieille ville. Il y sera encore le lendemain soir et les jours d'après, même s'il se pose dans le seul hôtel où il semble y avoir un peu de vie. Etrange vie tout de même, mais de la vie. Il y croise une factrice qui écrit elle-même les lettres qu'elle poste, un homme qui préfère se préparer et s'habituer à la mort en passant toutes ses saintes journées dans son cercueil, des chaudières qui ne tombent en panne que le dimanche, un homme qui collectionnent les portraits de lui-même par millier, un vieillard qui se prépare tous les jours ou presque pour s'échapper de l'hôtel depuis trente ans... J'en passe et des meilleurs. 

Certains voient dans cet album une mise en page et en images de la folie, une parabole quelque part. Certes, symboles et métaphores sont abondantes et sans doute libres d'interprétation pour les lecteurs. Pour moi, c'est une merveilleuse mise en abyme de l'Homme lui-même... L'Homme qui souffre de solitude alors qu'il vit en "circuit fermé". L'Homme qui attend que toutes les conditions idéales soient réunies pour avancer, réaliser un projet, foncer et qui, de ce fait, s'enlise dans le quotidien. L'Homme qui prétend s'enhardir mais qui n'ose rien. L'homme qui collectionne les objets en guise de souvenirs et qui oublie que ces derniers ne se résume pas à cela, mais qu'ils comportent des émotions, des partages, des sensations multiples. L'Homme qui à force de fermer les yeux, ne voit pas que souvent, la solution est devant lui. L'homme individualiste qui néglige le rôle qu'il a à jouer dans la vie de la collectivité. Et une collectivité vivante, c'est plein de solutions, mais surtout, plein de possibilité !

Il y a tout cela dans cette histoire "délirante" et très divertissante. Une BD aussi intelligente et enrichissante pour tout lecteur qui consentira à se poser, et à réfléchir sur la façon dont il aborde les événements, les non-événements, la vie, les envies et les rêves, tout comme les actes manqués ! Bref, cette BD est porte avant sur l'asservissement psychologique que la société et nous même nous imposons, et que parfois de mauvaise foi, nous portons pour responsable du carcan spatial dans lequel nous évoluons.

 Je conseille donc sans restriction ! 

Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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G
Alors je note sans restriction !
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S
Hum, pas trop mon genre mais tu es enthousiaste alors je ne dis pas que je ne jetterai pas un oeil.
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C
un auteur que j'aime bien aussi. pas lu celui-ci par contre, je note!
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V
j'avais lu et apprécié La maison du même auteur, celui-là donne très très envie !
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A
Aaah mais c'est tout à fait mon genre d'histoires. L'Absurdie c'est mon pays !^^ J'avais beaucoup aimé Ride aussi tiens. Noté !
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K
Lu, bien sûr, je la relirais bien, tiens. Même si j'avais encore plus aimé celle sur l’homme qui perd la mémoire, très très belle
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G
Tu veux parler de Ride. C'est l'une des premières BD que j'ai lue quand je m'y suis vraiment mise sur mon blog. Le sujet de ride est moins distrayant !