VIVANTS, film d'Alix DELAPORTE
Publié le 18 Février 2024
Film d'Alix Delaporte
Avec Roschdi Zem, Vincent Elbaz, Alice Isaaz
Synopsis : Gabrielle, 30 ans, intègre une prestigieuse émission de reportages. Elle doit très vite trouver sa place au sein d’une équipe de grands reporters. Malgré l’engagement de Vincent, leur rédacteur en chef, ils sont confrontés au quotidien d’un métier qui change, avec des moyens toujours plus réduits, face aux nouveaux canaux de l’information. Habités par leur passion pour la recherche de la vérité, leur sens de l’humour et de la solidarité, ils vont tout tenter pour retrouver la foi de leurs débuts et se réinventer.
Mon humble avis : J'ai beaucoup aimé ce film, peut-être parce que son sujet m'intéresse particulièrement. A la sortie de la salle, d'autres ont dit que cela se regardait bien, quand un autre le trouvait raté.
Pour ma part, j'ai adoré découvrir l'envers du décor de ces émissions de grands reportages. Vivre au sein d'une équipe de journalistes et caméramans aguerris, couvrir les sujets les plus graves (guerre fratricide en Afrique), au plus "léger", comme la fashion week en passant par le très contemporain sujet d'actions d'activistes végans m'a fascinée... Une immersion dans une rédaction de grands reportages, ce n'est pas tous les jours que cette expérience nous est offerte.
Par-delà cette expérience, ce film donne à réfléchir sur le rapport mouvant que nous avons avec l'information, à l'époque des réseaux sociaux, des fake news et de l'immédiateté, possible dorénavant grâce aux téléphones portables que chacun dégaine pour filmer et publier, sans analyse et sans expliquer le contexte, tout et n'importe quoi... Et c'est tout et n'importe quoi qui captive dorénavant bien plus le public, car parcouru en quelques secondes, que les reportages d'une heure ou plus, qui ont nécessité enquêtes, rencontres etc...
Le personnage de Vincent Elbaz dit une phrase qui résume assez bien la situation : "On nous demande du rêve alors que les trois quarts de la planète est en train de crever". Ces grands reporters, qui se sentent vivants sur le terrain, qui couvrent les conflits et les sujets dangereux et vraiment sociétaux, se retrouvent à couvrir la fashion week. On comprend leur malaise, leur mal-être devant une profession de plus en plus dirigée par les chaines, l'argent, l'audimat.
Moi qui suis assez passionnée par l'image (via la photo notamment), j'ai apprécié les quelques courtes, mais marquantes leçons sur ce qui fait une belle image... Quelle que soit la taille du lieu, l'important et ce et ceux qui l'animent. C'est cela qu'il faut réussir à saisir, avec un angle le plus inédit possible.
J'ai aimé suivre cette équipe qui tient presque de la famille. Même si les caractères sont parfois un peu trop marqués, on sent l'unité, la complicité, mais surtout le soutien et la passion du métier, de l'adrénaline, de la vérité, du témoignage.
Et puis il y a Roschdy Zem... Toujours aussi charismatique. Et la relation qui nait avec la stagiaire Gabrielle. Relation pas si téléphonée que cela, malgré ce qu'en disent certains. Je me suis demandé si elle tenait du paternalisme, de la transmission d'un mentor à son élève ou du sentiment amoureux.
Gabrielle, interprétée par Alice Isaaz, est d'une belle justesse. De par sa position de stagiaire qui lutte pour se faire une place dans cette équipe, elle est souvent en retrait... Mais son regard grand ouvert est partout, pour ne rien manquer, pour tout apprendre, pour tout saisir, telle la grand reporter qu'elle se destine à devenir.
Un film, presque chronique documentaire, s'il n'y avait l'importance des liens entre les personnages, qui traite bien de son sujet, et que j'ai beaucoup aimé... Avec un casting de premier choix... on y croit vraiment, on y est. C'est vibrant et poignant, une réussite originale dans le PAF actuel. Un bel hommage à ces hommes et femmes qui, parfois, risquent leur vie pour témoigner de l'état du monde... Et qui, s'ils font bien leur boulot, restent garants et preuve de la démocratie et de sa liberté d'expression.
Dommage, le film est un peu court, je serai bien restée un peu plus longtemps avec cette équipe, mais les aléas financiers de l'époque en ont décidé autrement.