CHRONIQUES BIRMANES, de Guy DELISLE
Publié le 8 Décembre 2011
BD - Editions Delcourt G - 263 pages - 16.50 €
Parution en avril 2007
L'histoire : L'auteur, Guy Delisle, arrive avec femme et enfant à Rangoon, capitale d'un pays nommé Birmanie par les Etats qui ne reconnaissent pas la junte militaire au pouvoir, et Myanmar par les autres.
Ici, il accompagne sa femme qui est médecin chez MSF. C'est donc une année d'un expatrié, dans l'une des dictatures les plus fermées, que l'auteur nous raconte ici.
Tentateur : Mon gros coup de coeur pour Pyong Yang, tome précédent
Fournisseur : la Bib' !
Mon humble avis :Cette BD est géniale, aussi, je vous conseille de la lire avant Pyong Yang, car Pyong Yang est encore plus géniale ! Et de toute façon, l'ordre chronologique dans lequel vous lirez l'oeuvre de Guy Delisle importe peu, puisqu'il n'y a pas vraiment de suite... en fait !
Tout cela pour dire que j'ai préféré Pyong Yang et que de ce fait, ces chroniques birmanes m'ont parues un peu plus ternes. Sans doute parce que l'effet de surprise XXL ressenti à la lecture de Pyong Yang ne peut pas se renouveler lorsque l'on connaît la plume, la patte, le style et l'humour de l'auteur. Même si la situation est presque aussi dramatique en Birmanie qu'en Corée du Nord, j'ai moins "ri" des étonnements et des découvertes toujours aussi aberrants de notre dessinateur globetrotter. Son sens de l'observation est toujours bien là et ses dessins simples montrent toujours par quelques traits bien placés l'étendue du pouvoir en place et l'absurdité incroyable des lois, des réglements, des décisions étatiques. Si tout cela n'était pas vrai, ce serait effectivement à mourir de rire. Hélas, tout est vrai et encore, Guy Delisle n'a vu de la Birmanie que ce que le gouvernement Birman a accepté qu'il voit. Après, Guy Delisle va à la pêche aux infos, déduit de ce qu'il observe, où plutôt de ce qui manque et cela fait toujours froid dans le dos.
Ce tome ci est plus long que Pyong Yang.... En Corée du Nord, notre dessinateur n'était resté que 2 mois, à l'hôtel, bien encadré... Ici, il accompagne sa femme qui est en mission humanitaire pour au moins une année... On intègre donc le monde des ONG et des barrages qu'elles doivent contourner pour apporter aide et soutient aux populations en difficulté. Guy Delisle nous invite aussi à une réflexion sur les limites de la légitimité et de l'utilité de ces associations, bien conscientes elles même que quelque part, elles entrent dans le jeu du gouvernement, au point d'en sortir, et de quitter le pays.
Ces chroniques ci m'ont parues moins ordonnées que Pyong Yang. Ce sont plus des images du quotidien qui défilent sous nos yeux, alors que dans Pyong Yang, on suivait vraiment la chronologie du séjour de Guy Delisle dans la capitale nord coréenne. Ici, j'ai parfois eu l'impression qu'on passait du coq à l'âne en revenant souvent au coq... Quelques redondances donc.
Ces chroniques birmanes sont donc à lire, incontournables et ainsi, vous ne pourrez plus dire que vous ne savez pas ce qui se passe là-bas. C'est une BD très intelligente... Mais n'oubliez pas de commencer par ce tome, pour ne pas subir une toute petite déception. Déception n'est même pas le bon mot. C'est juste un peu moins bien que l'extraodinaire. Ce qui reste tout de même d'un sacré niveau non ?
"Dans un pays sans journaliste, la rumeur est la reine de l'information."