Fin 1986. Après trois mois passés avec les MSF en Afghanistan, Didier Lefèvre, le Photographe, décide de rentrer seul en France. Juliette, la chef de mission, s'y oppose ; sans la protection de l'équipe, sans parler la langue, c'est trop dangereux. Didier insiste. Juliette, finalement, lui cède la responsabilité qu'elle exerce sur lui : " Tu es majeur et vacciné. Si tu veux partir, pars ". Et c'est le retour. Un retour riche en péripéties et en rencontres, léger et heureux dans les premiers jours, âpre et pénible à l'extrême les jours suivants. Ses photos et sont récit en témoignent. La mission et le chemin du retour marqueront sa vie à jamais. De la même façon que longtemps encore après avoir refermé ce livre poignant, merveilleusement écrit, photographié et dessiné, les lecteurs auront l'Afghanistan chevillé au coeur, et qu'ils n'oublieront jamais ces hommes et ces femmes qui " tentent de réparer ce que d'autres détruisent ".
Mon humble avis : Comment ne pas mettre 4 étoiles à ce 3ème et dernier tome de la série, même s'il est un tout petit peu moins intéressant que les deux autres ? Le 2ème tome terminait alors que Didier venait de décider de rentrer seul au Pakistant, puisque sa mission de photographe au sein de l'équipe d'MSF s'achevait. Ce tome ci est donc plus centré sur le personnage de Didier et son long, plus long que prévu chemin du retour, et bien sûr, sur l'Afganistan, pour le meilleur comme pour le pire, au niveau humain, puisque nous sommes toujours en période de guerre. Il y a des gens qui le raquette, d'autres qui le laisseraient pour mort en bord de chemin, d'autres qui le ramassent, et le sauvent.
Ce tome est "moins" dur à lire, puisque nous n'affrontons "que" les conséquences secondaires de la guerre sur le comportement humain. Mais la nature n'en n'est pas moins hostile et face à cela, même le plus grand homme peut y perdre la raison. C'est ce qui arrivera à notre photographe, pendant quelques heures. La peur, entre autre celle de mourir là alors qu'il voulait juste rentrer, l'amène a faire l'inimaginable. Impossible de juger bien sûr, mais au contraire, on ne peut que demeurer admirative devant la force de ces gens qui vont au fond d'eux même et du monde pour témoigner, sauver, réparer.
Histoire d'alléger un peu l'atmosphère, il y a des passages assez comique lors des rencontres de 2 cultures, avec 2 langues différentes qui ne se comprennent pas. Les Afgans que Didier croisera en chemin lui demanderont, en guise d'introduction, quelle est sa religion. Heureusement, il est chrétien et non juif... Car il est bien expliquer que nos occidentaux assistent alors à l'émergence de deux Islam..... L'Islam radicale et l'Islam nationaliste.... Car au fond de l'Afganistan, en ces temps de guerre, les seules écoles qui restent un tant soit peu ouvertes sont les mosquées. Et Juliette, la chef d'MSF afganistan, de s'interroger sur la possibiliter de reconstruction du pays un fois que la guerre sera terminée. Comment, des gosses qui auront grandi une kalashnikov à la main et des versés du Coran dans l'autre, pourront ils rebâtir un pays ?
Il faut tout de même savoir que Didier ne sortira pas indemne de ses quelques mois Afgans et de se retour très éprouvant. Entre fatigue extrème, effort, manque d'hygiène et sous-nutrition, il perdra par la suite 14 dents....
En post face de cet album, un portrait de chaque personne rencontrée au cours des 3 tomes, ce qu'ils étaient, ce qu'ils sont devenus... La bande d'MSF a depuis longtemps quitté l'association... Certains sont devenus vignerons dans le Sud Ouest.... Quoiqu'il en soit, c'est une équipe unie pour la vie, qui, loin des horreurs de la guerre, vivent de bons moments ensemble. Ces dernières pages sont une belle bouffée d'oxygène et un sacré gage sur la grandeur humaine.
Ces 3 tomes m'auront profondément marquée. Jamais je n'oublierai ces bénévoles, ces hommes et ces femmes que le mot "admirable" ne suffit pas à décrire.