PHILOSOPHONS UN PEU AVEC RAPHAEL ENTHOVEN
Publié le 9 Octobre 2011
Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien". (Socrate). Voici l'essentiel de la naissance de la philosophie, une recherche de la vérité.
Il y a quelques jours, je me "plaignais" d'avoir pris un coup de vieux devant mon peu d'enthousiasme face à un film américain ultra formaté.
Le 4 octobre, je faisais une cure de jouvence ! Et je récupérais mes 18 ans alors que, devant moi, Raphael Enthoven partait dans des démonstrations philosophiques avec une énergie et un enthousiasme captivants, fascinants. J'étais 20 ans en arrière, en cours de philo au lycée, avec certes, un côté charismatique non négligeable chez ce professeur du jour ! Et franchement, c'était jouissif. Finalement, la philo, ça rajeunit. C'est même je dirais un truc de jeunes capables encore d'une certaine gymnastique de l'esprit. Bon, manifestement, Raphael Enthoven a encore la jeunesse et un sacré entraînement.
Tout d'abord, qui est cet homme inconnu du grand public :
Raphaël Enthoven, né le 9 novembre 1975, est un professeur agrégé de philosophie (agreg obtenue en 1999) , sur Lyon, Caen et Paris 7, Science Po et polytechnique. Il est (ou été) aussi animateur de radio et de télévision (sur Arte), chroniqueur à l'Express, pour le magazine Philosophie et enfin, producteur de plusieurs émissions TV où l'esprit de conversation est mis en avant, "la conversation, premier de tous les arts' d'après le philosophe Alain.
Auprès du grand public, il est aussi l'ex de Justine Levy et de Carla, devenue première dame de France....
Raphael Enthoven a fait un rapide passage à la librairie Mollat de Bordeaux. J'y étais, j'ai écouté, j'ai oublié des choses, ai été dépassée par d'autres et en ai noté certaines. Le motif de cette conférence était la promotion d'un coffret de DVD reprenant certaines de ces émissions "Philosophie" sur Arté le dimanche à 13h30.
Voici donc un compte rendu ( que j'espère le plus fidèle possible) désordonné et de miettes de cette rencontre vitalisante :
R.E voulait faire de la télé pour démontrer qu'il était possible d'y faire de la philosophie en étant détaché de l'actualité et des impératifs télévisuels. Son émission ne bénéficie pas de montages savantsou de multiples prises. C'est dans une certaine improvisation que se déroule les tournages.
"Quand on fait de la télé, on parle aux yeux et le chemin est plus long. La télé est un outil formidable mais mal employé, car on a oublié que c'était juste un outil et non une finalité. Je préfère la radio, média socratique par excellence. Il n'y a pas de plaisir comparable à la radio. On parle directement aux oreilles, donc au coeur. Pas besoin de passer par le fltre du cerveau et on supprime l'inconvénient de l'image qui sature l'imagination. Je me méfie du média internet, qui est l'occasion pour chacun de brandir son expérience comme une norme, ce qui est contraire à la philosophie."
Nietzsche disait à Flaubert "Les bonnes idées sont celles qui viennent en marchant".
R.E se dit apprenti "Nietzschéen". "J'ai toujours fait cours en marchand, donc là, j'ai du mal à rester assis ! (A savoir que lors de son émission, R.E marche avec son invité). Lorsque l'on marche, on s'endort moins sur ce que l'on pense, la possibilité d'un dialogue sur un objet commun est plus forte, cela facilite l'improvisation, qui elle même est possible quand on a confiance au problème et à son infinité. Tout cela est moins évident sur un plateau de télévision statique.
"La confiance repose sur le doute. Moins on a de certitudes, plus on a la possibilité de faire confiance"
"On ne connaît pas la vérité, on ne la détient pas. En revanche, on peut être sincère"
Portrait de Flaubert
"Je suis un immanentiste. (extrait wikipédia :Immanentisme provient de immanence, mot qui signifie : « qui réside dans le sujet agissant », contenu dans la nature d'un être. L'immanentisme est, à partir de là, une doctrine philosophique qui affirme l'immanence de Dieu à la nature. L'antithèse de l'immanence est l'idée que la nature est bénévolement soumise à Dieu ), on ne peut pas être et être au delà. J'ai tendance à croire que le monde est un être entier, unique et sans miroir. Ce qui a été ne peut pas ne pas être. Le fait de vivre précède les raisons qu'on lui donne".
Pour R.E, une des façons de s'étonner est de s'intéresser au monde au delà du besoin que l'on en a. Comme un objet peut être très intéressant quand il devient inutile.
"Un pouvoir démocratique est un pouvoir qui peut faire l'économie de l'apparat. Pas besoin de sceptre. Alors que Sarkozi peut apparaître en short et baskets après un jogging sur le perron de l'Elysée, Fidel Castro ne peut apparaître en pyjama... Sans son treillis militaire, Castro se dépouille de son pouvoir, ce qui est impossible dans un régime tyrannique."
" Le but de la philosophie, si but il y a, c'est le réel, dans sa nudité qu'il faut aimer tout de même. C'est ce que nous savons sur ce que nous ne voulons pas savoir. D'ailleurs, nombreux Dieux et dogmes naissent de ce savoir que nous refusons. Pour savoir ce que l'on sait, il faut se vaincre soit même, ce qui est très difficile. Alors que quand on ne sait pas, on peut toujours apprendre. Philosopher, c'est inviter les gens à savoir ce qu'ils savent, c'est aussi penser au delà de soi même. C'est la conversion d'un savoir en interrogation. C'est une démarche vers... Plus on avance, plus les interprétations du monde sont multiples.
Ensuite, il fut sujet des romans...
" Les romans ne sont que des bras armés et pacifistes de ce passage à la connaissance du réel. On ne s'éloigne pas du monde quand on en donne une traduction littéraire, au contraire, on opère à des rapprochements, on serre l'objet, la réalité, l'art difficile de faire simple". La littérature a une vitesse d'exécussion supérieure à la philosophie. Un récit explore ce que le monde a de singulier, dans sa dureté."
" To be or not, that's the question ? (Etre ou pas, c'est la question) (et non pas to be or not to be...) C'est l'émerveillement face au monde tel qu'il est, c'est ainsi qu'Orson Welles traduit Hamlet."
Je me suis souvent demandé pourquoi, à la TV, animateurs, journalistes et stars, qui manifestement se connaissent bien ne se vouvoient pas... Voici la réponse de RE :
" Le tutoiement à la télévision est excluant"
A propos de l'enseignement :
R.E : Le droit d'être préremptoire et arrogant est aussi une façon d'enseigner, cela permet parfois de gagner du temps.
Enfin, je ne sais plus par quel chemin, mais nous en sommes venus aux scarifications. Une collègue de R.E voit autant de scarification dans un tatouage que dans les veines saillantes d'un alterophile (ici, Schwarzy pris comme exemple)...
R.E : "Le tatouage, c'est la fixité dans un élément mouvant, une revendication d'identité. Le tatouage tiendrait plus de l'orphisme (mouvement de la Grèce antique qui se rattache à Orphée et qui a affirme que le salut dépend de la vie sur terre. Seule une vie ascétique peut sauvegarder la pureté de l'âme de l'impureté du corps). D'où le goût de la performance.
Alors que les veine saillante de Terminator sont plus issue de l'idéal de la perfection et du Prométhéisme (croyance en l'homme et en l'action; Prométhée était un Titan Grec)
Et voilà, je n'ai pu hélas noter "les délires et démonstrations philosophiques" , tant Raphaël Enthoven s'emballait pendant que je m'emmêlais et réfléchissait. J'en étais encore à la deuxième inconnue de l'équation quand il concluait par un brillant CQFD !
Alors pour celles et ceux qui sont arrivés au bout de ce billet, une récompense : 'Une tête bien faite dans une tête bien pleine" et j'ajoute, pas vilaine, contrairement celle de Socarte qui lui était très laid parait il.
(vous pourrez revisionner le podcast complet de cette conférence ici http://www.mollat.com/ecoutervoir/index.html