KILILANA SONG (tome 1 & 2/2), BD de Benjamin FLAO
Publié le 8 Juillet 2014
BD - Editions Furupolis - 133 pages et 20 €/tome
Parution du 1er tome en avril 2012
L'histoire : Naïm connaît mieux les ruelles de Lamu que les versets du Coran. Le jeune orphelin n'a que faire des conseils de son grand frère. À onze ans, il n'a plus envie d'être traité comme un enfant. Ses nombreuses escapades l'amènent à coudoyer des personnages pittoresques plus ou moins honnêtes. Touristes naïfs, trafiquants, prostituées, promoteurs immobiliers et djihadistes... Et puis un jour, il croise le chemin du vieil Ali, le gardien de l'arbre sacré, là où repose le corps géant de Liongo Fumo, le dernier héros de son peuple...
Tentation : Ma bibliothécaire
Fournisseur : La bib' !
Mon humble avis : Kililana Song est ce que l'on peut appeler une belle BD, tant dans son contenu que dans son apparence. L'objet est magnifique, les couleurs chatoyantes nous mènent dans une Afrique vivante, animée. Plus exactement au Kenya et plus précisément encore, sur l'île de Lamu. Nous y cotoyons toute une petite communauté bigarrée dont les chemins se croisent pour le meilleurs et pour le pire. Il y a là les Kenyans pure souche, un capitaine de navire sud africain, fort en gueule et louche à la cargaison encore plus suspecte, des pêcheurs, des investisseurs français, des trafiquants de drogue, des somaliens, armés jusqu'aux dents, pro des kidnapping et proches d'Al Qaïda, un vieil infirme qui se souvient de son glorieux passé sur la mer, un grand frère qui court partout à la suite de son petit frère pour le mener de force à l'école coranique, et des gamins. Parmi eux, Naïm, le héros de cette bande dessinée. Sympa le môme, malicieux, courageux, intrépide et attachant, celui qui rencontrera le vieil Ali, gardien de l'arbre sacré, avec qui il vivra de curieuses aventures.
Cette BD, qui est dite initiatique, est inspirée de fait réelle. Je suis assez dubitative sur cet aspect initiatique, pas assez développé à mon goût, et qui ne se ressent pas vraiment dans l'épilogue. D'ailleurs, cette épilogue, heureusement qu'elle existe quelque part. Car elle justifie tout le reste, cet imbroglio de personnages trop nombreux dans cette intrigue, et parfois peu reconnaissables entre eux et dont on se demande ce qu'ils vont bien avoir en commun dans cette histoire pour justifier leur présence.
Cette BD n'est pas avare de légendes africaines et l'atmosphère de l'île de Lamu est sympathiquement retracée. Kililana Song a aussi le mérite de dénoncer les investissements étrangers à tout va, au mépris des coutumes ancestrales et des dégats collatéraux qui en découlent. On promet des emplois à la population locale. Il en résulte des eaux poluées, une baisse de la pêche, des catastrophes écologiques à la chaîne, le tout sous couvert d'une belle corruption tant locale qu'internationale.
Le but de cette BD est donc tout à fait louable, malheureusement, l'auteur a pour moi développer trop de sujets et j'ai eu par moment l'impression de partir dans tous les sens, sans lien apparent, au premier abord. Et ces liens apparaissent trop tard pour que cette lecture soit inoubliable. D'autant que certains personnages semblent avoir été abandonnés en route, et ne figurent pas dans l'épilogue, en point de suspension donc...
La couv du tome 2
Un aperçu du graphisme :