SOUS LES COUVERTURES, de Bertrand GUILLOT
Publié le 27 Décembre 2014
Roman - Editions Rue Fromentin - 176 pages - 16 €
Parution le 18 septembre 2014 - Rentrée littéraire
L'histoire : Quand, le soir venu, le libraire tire le rideau de fer de sa librairie, on imagine celle ci plongée dans un silence immobile jusqu'au lundi matin... Il n'en n'est rien. Les livres se réveillent, se parlent, se racontent des histoires, se rendent visite d'une étagère à l'autre. Bref, ils vivent ! Et devant l'arrivée des nouveautés et autres bestsellers, certains se désespèrent de trouver un jour des mains qui les emmèneront et des yeux qui les liront. Alors, une solution devant ce dictat commercial : La révolution !!!
Tentation : La blogo et Price Minister
Fournisseur : Price Minister, merci pour l'envoi
Mon humble avis : N'ai-je jamais lu de roman aussi original, audacieux et bien pensé ? Je ne pense pas ! Ou alors, "c'était y'a longtemps, ou alors, j'ai oublié" !
C'est pour cela que j'estampille sans hésiter "Sous les couvertures" de mes 4 étoiles, pour féliciter l'auteur de sa trouvaille mais surtout, d'avoir atteint l'objectif que l'on sent fixé. Bref, voici un livre à la hauteur de l'ambition de son auteur, Bertrand Guillot.
Pourtant, je l'avoue, sur la fin, une petite lassitude s'est installée en moi, devant les récits des stratégies révolutionnaires de nos amis les livres. Mais peu importe, car en même temps, l'analogie du comportement livresque avec le comportement humain potentiel en de telles circonstances est troublante et bien amusante ! Normal ! Les livres ne sont ils pas écrits par des humains et qui plus est, pour plaire à d'autres humains ?!
Bertrand Guillot donne donc vie, parole, sentiments et émotions aux résidents d'une certaine librairie. Et cette librairie, et bien elle est une micro société où cohabitent des êtres bien différents et pas souvent d'accord ! Il y a les Best Seller et les nouveautés, qui ont le droit d'être sur la table, tant convoitée, près de la caisse, relégant les autres livres vers d'autres rayonnages où l'on se sent serré comme dans une boite à sardines ! Pas évident ainsi de séduire le public. Ainsi, Premieroman, Douleur-d'écrire, Rouge, Mauve, Polar, Conteur, Veille Gloire, l'Académicien, Grand réluquent avec envie cette table et se donnent 2 jours pour la conquérir, afin d'éviter les cartons du lundi qui les mèneront au pilon. Et pendant ce temps, chez lui, le vieux libraire se morfond devant la mort annoncée de son commerce, alors que sa jeune employée se ronge les ongles devant l'inertie conservatrice de son patron.
Cette histoire est un véritable conte qui ferait merveille en étant adaptée en film d'animation. Le style narratif m'a fait pensé aux Schtroumpfs qui parlent Schtroumpfs ! LOL ! Car ici, les bouquins parlent livre aussi, descriptions et dialogues sont truffées de métaphores et parallèles avec le vocabulaire "bouquinesque" savoureux, drôles, touchants, hilarants, mimis tout plein, en tout cas, bien trouvés et qui prouvent un sacré travail et une géniale imagination de la part de l'auteur.
Quelques exemples pris aux hasard :
- Des livres qui ne voient pas plus loin que le bout du chapitre (bout du nez)
- Des livres qui sont avides d'encre fraiche (chair fraiche)
- Ils pointent un coin de page discret (pointer du doigt) ou frissonnent de leur page 110.
- Ils haussent ni le ton ni l'accent circonflêxe de leur couverture.
J'en passe et des bien meilleures que je ne retrouve plus et qui prennent tout leur sens et leur humour dans le context !
Bien entendu, ce roman n'est pas qu'une jolie histoire extraodinaire. Sous les couvertures est aussi et surtout un fabuleux outils de réflexion et de constatation sur le monde littéraire d'aujourd'hui et d'hier. Bertand Guillaud se moque gentillement de certains écrivains si grandiloquents qu'ils n'atteignent aucun lecteur, si ce n'est les journalistes, de romanciers qui deviennent leur propre nègre, des réacs qui ne voient pas que le monde bouge....
Tout est passé en revue, depuis les prix et les salons littéraires, en passant par la Rentrée, les chiffres de vente, l'arrivée de la liseuse, l'évolution du comportement du lecteur, les stratégies édirotiales et commerciales, le phénomène de la blogosphère littéraire, le tout, sous l'ombre menaçante du grand A, qui n'a rien à voir avec l'Amour, mais plutôt avec un grand fleuve Sud Américain.
Ici, ce sont les livres qui essayent de trancher entre eux sur les éternelles questions : Qu'est ce que la littérature ? Qu'est-ce qu'un grand livre ? Qu'est-ce qu'un livre utile ? Un livre a-t-il le droit d'être inutile et de mériter tout de même l'admiration ? Quel style de livre nécessite le plus de talent, le plus de travail ? Et... y'a-t-il de la place pour tout le monde ?
Cela tombe bien, les réponses qui se laissent deviner sous les couvertures sont assez raccord avec les miennes ;)
Bref, vous voulez de l'original, du frais, du mimi tout plein avec une bonne dose de réflexions sans aucune leçon de morale, glissez vous Sous les couvertures et réchauffez vous au fil de ces pages insolites !
J'ai lu ce livre dans le cadre de :
Ma note : 19/20
7/6