L'ECRIVAIN NATIONAL, de Serge JONCOUR
Publié le 19 Février 2015
Roman - Editions Flammarion - 389 pages - 21 €
Parution : le 27 août 2014 (Rentrée littéraire)
L'histoire : Serge, un romancier, est invité en résidence dans une petite ville du Morvan pour un mois. Juste avant son arrivée, un fait divers remue la commune et ses habitants. Le vieux Commodore a disparu. Meurtre ou disparition volontaire, les langues vont bon train malgré l'arrestation d'un suspect. Contre lui même, Serge va se laisser happer par ce fait divers, au risque de déplaire à plus d'un....
Tentation : L'auteur à LGL
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Première incursion pour moi dans l'oeuvre de Serge Joncour. L'auteur m'avait bien donné envie de me plonger dans ce roman, tant pour son sujet que sa situation géographique : Le Morvan. Le Morvan, j'y ai passé de nombreuses vacances d'enfance en camping sauvage et y suis retournée l'an dernier, comme en pèlerinage.
L'atmosphère et la topographie de la région sont très bien rendues. Cependant, j'ai mis du temps à entrer dans ces pages et cette histoire / intrigue, puisque celle-ci évolue doucement vers les pentes du polar. J'ai eu du mal à prendre pour argent comptant la fascination soudaine de Serge pour Dora, une des protagonistes supposée du fait divers, tout comme ses décisions toujours reportées au lendemain de ne plus se mêler de cette affaire... et enfin, tout comme cet espèce d'irrespect du romancier envers ses hôtes, en ne prenant aucune précaution pour éviter des retards toujours plus marqués aux rendez-vous.
Et puis l'ambiance a fini par me happer aussi, comme par m'hypnotiser quelque part. Le ton mélancolique qui se dégage de ce texte, mélangé à des dialogues au contenu parfois ubuesque (notamment ceux entre Serge et le gendarme), cela m'a plu. D'autant plus que le suspens va crescendo.
Dans cette histoire, Serge Joncour se penche sur une petite ville de province, ses habitants, ses hypocrisies, ses peurs, ses mensonges, ses rumeurs, ses non-dits, son inertie nocturne, ses projets, les manipulations des uns et des autres, les stratégies d'un maire pour regrouper ses zouaves autour d'un projet titanesque qui sépare la ville en deux camps.
Ce projet, c'est la construction d'une usine d'énergie propre et renouvelable qui détruirait l'environnement en saccageant une partie de la forêt. Ainsi, Joncour s'interroge sur un sujet on ne peut plus d'actualité : les contradictions de l'écologie à tout prix ou de l'écologie comme faire-valoir.
Même si j'ai bien apprécié les monologues introspectifs du narrateur, celui-ci m'a semblé comme étant un personnage un peu fade, comme manquant de caractère. Aussi, je n'ai pas développé de grande sympathie pour lui, sauf lorsque tout le monde lui tombe dessus dès qu'il sort des clous.
Serge Joncour évoque aussi largement le statut d'auteur, d'écrivain etc....Là, nous avons de très bons moments, bien jubilatoires, et sans doute vécus par Joncour. Les cocktails au jus d'orange et toujours les mêmes petits gâteaux, la fierté des gens de s'afficher auprès d'une célébrité dont ils ne connaissent rien, les clubs d'écriture qui tourne en eau de boudin ou encore, les rencontres avec les lecteurs, lecteurs qui n'ont, bien souvent, rien saisi de la démarche de l'auteur, ni du sens de ses livres et des messages sous-jacents délivrés par ses personnages. Bien souvent, les bras m'en sont tombés pour lui.
Et puis, il y a la fin, avec une révélation qui, pour moi, est un peu tombée comme un cheveu sur la soupe, comme si, ayant fait le tour de la situation, Joncour s'était soudainement dit : bon allez, il faut en finir ! Mais la fameuse démarche peut être tout autre. En effet, peut-être, fallait-il démontrer que rien ne sert de chercher ou de comprendre, tout finit par s'éclaircir...
L'écrivain national ne m'a pas transportée, a mis du temps à m'embarquer, mais m'a finalement bien baladée ! Je ne regrette pas du tout cette lecture étonnante et quelque part, assez originale et bien pourvue d'ironnie et de cocasseries.