LES REPUTATIONS, de Juan Gabriel VASQUEZ
Publié le 19 Juillet 2015
Roman - Editions Seuil - 188 pages - 18 €
Parution le 21 août 2014 (rentrée litt sept 2014)
L'histoire : Javier Mallarino est le plus célèbre caricaturiste contemporain de Colombie. Une véritable légende vivante qui, armée d'une plume et d'encre, peut faire tomber un députer, faire abroger une loi etc. Il est l'âme du pays, craint par certains, encensé par d'autre. Le pays lui remet une récompense suprême. C'est alors qu'un visage oublié depuis 28 ans réapparaît. Que c'est il passé il y a 28 ans pour que Mallarino soit si chamboulé et remette tout en cause...
tentation : Le pitch
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Première incursion pour moi dans la littérature Colombienne. La Colombie, pays que je connais très peu, qu'à travers des clichés sans doute éculés.
C'est le pitch qui m'a attirée vers ce livre. Il y est question d'un célèbre caricaturiste et de réflexions autour de cet art qui est aussi un contre-pouvoir. Et comme l'actualité Française de Janvier 2015 a été tristement liée à ce moyen d'expression...
Dans ce roman, le contexte est bien différent. Il n'est point question de terrorisme, et les cibles du caricaturiste semblent plus nationales et politiques. Mais Juan Gabriel Vasquez développe de façon très intéressante la manière d'observer, de travailler de ces hommes à la plume très parlante et efficace. Sur quels traits physiques ou comportementaux un caricaturiste va s'appuyer pour construire son dessin...
Il est évidemment aussi question de sujets bien abordés en janvier dernier lors de l'attentat de Charlie Hebdo. Les conséquences et les répercussions d'un tel métier, notamment sur la vie familiale. Les menaces, la haine, l'adulation, la célébrité. L'intégrité des uns et les réputations des autres, qui se font et se défont au fil des traits d'encre. Le pouvoir, parfois dévastateur ou informatif du dessin et de son auteur, qui est là pour dire la vérité autrement.
La vérité justement, tel est le sujet réel de ce roman. La vérité et la responsabilité individuelle devant cette prétendue veritée. La certitude d'hier qui devient l'incertitude d'aujourd'hui. Ce que l'on pense avoir vu il y a 28 ans, même si "tout le monde était là", était-il la vérité. Mallarino se pose la question alors que resurgit de nulle part celle qui fut la jeune Samantha. Est-ce que le dessin de Mallarino n'a pas influencé et dirigé ce que tout le monde pense avoir vu. Un dessin fait par un seul homme qui devient vérité aux yeux de tous, personne ne le remet en cause, et les conséquences sont dévastatrices. Cette partie là du roman, la 2ème en fait, traite pour moi de la presse en général, et pas de la caricature en particulier. La presse, qu'elle soit quotidienne nationale ou à scandales, qui se fiche bien souvent des frontières entre vie privée et vie publique. Les "lecteurs" qui prennent pour exactes les moindres grands titres ou photos des couvertures.
Vous l'aurez compris, on s'éloigne du sujet précis qui m'avait dirigée vers ce livre. Il n'empêche que Les réputations est un roman très intéressant, une lecture très agréable servi par une plume autant soignée que fluide, et une construction littéraire assez originale, qui oscille entre le Bogota d'il y a 30 ans et le Bogota d'aujourd'hui. Javier Mallarino est un personnage loin d'être lisse, bien creusé et subtil et quelque part, fichtrement attachant et très universel.
En fait, mon plus gros bémol dans cette histoire, c'est la fin, que je n'ai pas aimé. Mais le goût pour certains types de fin (ouvertes, fermées, ni l'une ni l'autre) est on ne peut plus subjectif !
Aussi, je vous conseille chaleureusement de vous pencher sur ses réputations (qui sortiront en poche en septembre ;) )
12ème, donc j'atteins mes 2% alors que s'annonce la rentrée littéraire 2015 !
La Colombie