LA NUIT DE FEU, d'Eric Emmanuel SCHMITT
Publié le 27 Août 2015
Récit - Editions Albin Michel - 183 pages - 16 €
Parution le 2 septembre 2015 - Rentrée Littéraire
L'histoire : L'année de ses 28 ans, Eric Emmanuel Schmitt n'est pas encore l'auteur que l'on connait, mais philosophe et enseignant en cette matière. Il s'engage avec un ami dans un voyage dans le sahara. Ceci, dans le but de repérer les lieux pour le tournage prochain d'un film sur Charles de Foucault. Au cours de se périple, Eric Emmanuel s'égare seul dans le désert pendant 24 heures. L'athée qu'il était alors ne sera plus jamais le même. Il a une révélation. Désormais, "il ne sait pas si Dieu existe mais il y croit"
Tentation : Le pitch, la couv, le lieu, l'auteur !
Fournisseur : Gilles Paris, Merci pour l'envoi.
Mon humble avis : Si le désert vous laisse de glace, si votre esprit est fermé au point que tout questionnement et discussion ouverte autour de l'existence de Dieu vous agace, j'ignore si ce livre vous plaira. En cas contraire, je n'en n'ai aucun doute !
Eric Emmanuel Schmitt met son âme à nu dans cette nuit de feu. Avec humilité, enthousiasme, simplicité, honnêteté. Il nous narre son voyage au coeur du Hoggar Algérien avec un groupe de 10 personnes menées par un Touareg. Entre les paysages grandioses et infinis, le froid glacial de la nuit, le rythme lent des dromadaires, la majestuosité et la sagesse targui; l'étroitesse de certains occidentaux, nous retrouvons la plume délicieuse et jamais prétentieuse d'Eric Emmanuel Schmitt : De la poésie, des réflexions, des passages philosophiques et d'autres plus cocasses.
Il est question ici de la découverte et de l'acceptation de la foi et non d'une conversion à une religion quelconque. C'est sans doute ce qui m'a plu aussi dans ce livre, qui ne laisse pas la place au prosélytisme. Même si Schmitt témoigne et espère transmettre sa confiance, il avoue en épilogue qu'il ne se fait guère d'illusion à ce sujet.
D'ailleurs, le chapitre de "la révélation" est le seul que ne m'ait pas convaincu ! Pourquoi donc ? Je vais d'abord répondre avec les mots d'Eric Emmanuel Schmitt :
"Face au questionnement sur l'existence de Dieu, se présentent 3 types d'individus honnêtes, le croyant qui dit "je ne sais pas mais je crois que oui", l'athée qui dit "je ne sais pas mais je crois que non" et l'indifférent qui dit "je ne sais pas et je m'en moque". L'escroquerie commence dans l'affirmation: je sais que Dieu existe/je sais que Dieu n'existe pas".
Je suis à mi-chemin entre le 2ème et le 3ème type car rien ne me prouve que Dieu n'existe pas mais de toute façon, peu m'importe. Je n'ai pas vécu Dieu, j'ai vécu la religion, la religion tellement obligation qu'elle ne permet pas la réflexion intime et personnelle de Dieu ou peu importe le nom qu'on lui donne. Et de toute façon, je déteste ce que les religions monothéistes font de Dieu s'il existe, leur façon de se l'accaparer, de l'imposer, de l'interpréter et d'établir des lois là où il ne devrait y avoir que liberté personnelle.
"Les amis de Dieu restent ceux qui Le cherchent, pas ceux qui parlent à Sa place et prétendent L'avoir trouvé. ...Les certitudes ne créent que des cadavres"
Alors, que l'on soit croyant ou athée, ce livre est un formidable accompagnateur de réflexions individuelles ; sur nos croyances, leur pourquoi et leur comment, sur nos importances, sur nos rapport à l'autre, au temps, à la nature, au ciel étoilé, à l'infiniment grand, au dénuement, à nous même. Cette nuit de feu est aussi un livre de sage qui prône l'union, le respect, la tolérance. Très actuel à une époque ou comme par le passé, les religions séparent le monde plutôt que de l'unir.
"Nous devons reconnaitre et cultiver notre ignorance. L'humaniste pacifique coûte ce prix là. Tous, nous ne sommes frères qu'en ignorance, pas en croyance. Ce ne sera qu'au nom de l'ignorance partagée que nous tolérerons les croyances qui nous séparent."
And last but not the least pour moi, même first dans l'absolu... L'Algérie, le Hoggar, Tamanrasset, l'Ermitage du Père de Foucault, l'Assekrem, le sable, les dunes, les ergs, les regs, les oueds à sec, les petites plantes rachitiques, le feu de camps allumé par les Touaregs, la galette de pain des Touaregs, les bivouacs, le soleil, la nuit froide, le ciel étoilé dépollué de tout éclairage artificiel, le vide à l'infini mais le paysage qui change constamment. Tout cela je l'ai vécu il y a exactement 10 ans, au même endroit, lors d'une randonnée d'une semaine dans cette majestueuse et splendide région du monde. Alors Monsieur Schmitt, merci de m'avoir permis de marcher dans vos pas, sur mes propres pas, dans mes souvenirs, d'avoir accueilli le désert et sa magie dans ma chambre !
Alors, en cadeau pour vous, si vous manquez d'image durant votre lecture...