D'APRES UNE HISTOIRE VRAIE, de Delphine de VIGAN
Publié le 4 Octobre 2015
Roman - Editions JC Lattès - 484 pages - 20 €
Parution le 26 août 2015 : Rentrée littéraire
L'histoire : Delphine achève la promotion de son dernier roman "Rien ne s'oppose à la nuit" par le salon du livre de Paris. Elle est épuisée, lessivée tant cette oeuvre a rencontré de succès et généré des conflits familiaux. Lors d'une soirée chez une amie, Delphine rencontre L. Les 2 femmes vont lier connaissance, puis amitié. Delphine ne remarque pas que L. s'immisce à pas de velours dans sa vie... jusqu'à un point de non retour.
Tentation : Un de Vigan, c'est incontournable pour moi.
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Que ce billet va être difficile à écrire et pourvu que vous captiez bien "mon pourquoi du comment" sans vous détourner de cet ouvrage.
Ce billet a bien failli ne jamais voir le jour. Et pour cause, ma lecture fut laborieuse, au point de me laisser envisager l'abandon. Il m'est même arrivé de dire à mes chats "pfff, je m'ennuie, mais qu'arrive-t-il à Delphine de Vigan ? Mon professionnalisme bloguesque (!!!) et la prochaine conférence de l'auteur à Rennes m'ont aidé à poursuivre le livre... Et heureusement ! Je serai passé à côté d'un coup de génie littéraire. Mon seul regret est de ne pas avoir eu les outils nécessaires, l'information, la culture ou tout bonnement l'humeur pour réaliser plus tôt le magistral coup de bluff que nous offre ici Delphine de Vigan, pour lire ce roman avec un autre oeil sans doute. Quelques avis lus en diagonale sur Ama*on m'ont peut-être aussi désorientée, me confortant dans mes impressions plutôt que de m'avertir de l'effet roman en trompe l'oeil.
Explications, en tout cas, tentative d'explication : La narratrice se prénomme Delphine et moult détails ne sont pas sans rappeler l'auteure elle même - tant dans les descriptions de sa personne que dans des faits -.
J'ai donc lu cette histoire comme une autofiction, une de plus, lancinante et assez nombriliste. Que de fois je me suis dit " quel dommage qu'il s'agisse d'une autofiction, la même histoire sous forme de roman, avec de "vrais" personnages de roman aurait été tellement plus passionnant. J'avais envie de remuer Delphine de Vigan qui me decevait au fil des pages... Parce que je ne me suis pas aperçue, "trompée" par le titre, que je lisais effectivement un roman, et non une autofiction. Je lisais un roman proche du thriller, qui en emprunte les codes en tout cas, sans m'en rendre compte. C'est en cela que je trouve finalement du génie à cette oeuvre, qui est en fait un génial exercice littéraire qui sert à merveille le débat que mènent tout au fil des pages Delphine et la fameuse L. Le roman est il mort ? Le public ne s'intéresse-t-il qu'à la vérité dans la littérature ? Quelle part de vérité dans un roman et de fiction dans une autofiction ? Qui peut se targuer de dire la vérité et d'écrire de la pure fiction, puisque même dans une pure fiction, l'auteur laisse toujours des traces de lui même et s'inspire d'un certain réel.
D'après une histoire vraie démontre à merveille que fiction ou autofiction, peu importe, l'essentiel étant de capter et d'émouvoir le lecteur. Et ici, c'est avec le principal sujet de l'emprise psychologique que le but est atteint.
Néanmoins, ce coup de génie littéraire m'a paru tout de même comporter des maladresses qui m'ont agacée, malgré un style agréable et des passages excellents. Mais j'ai trouvé le roman très répétitif dans les pensées, les plaintes, les réflexions (...) de Delphine. Sincèrement, 50 pages en moins aurait évité ma lassitude et intensifié le suspens, au point de ne pouvoir poser ce livre avant la fin.
L'aveuglement de Delphine m'a paru exagérement romanesque et peu réaliste (et oui, je sais, mes remarques sont contradictoires. Je reproche un aspect trop romanesque alors que je crois lire une autofiction.
Enfin, cette amie mystérieuse qui ne sera nommée tout au long du livre que par son initial "L." Pour moi, mauvais choix d'initial parce que phonétiquement, ce sont (qui forme aussi le mot "elle", revenait trop souvent. Puisque que la romancière la nomme par son initial ou en usant du pronom personnel "elle", le son était le même dans mon esprit, donc beaucoup trop redondant.
Il n'empêche, quand j'ai vu clair dans le jeu de Delphine de Vigan, je n'ai pu que m'exclamer : Chapeau l'auteure, vous m'avez bien eue !"
5ème